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foient obligés de fe partager. Mr. de Légal & Mr. de St. Victor font avec moi. Un mot de plus eft inutile, hors pour vous fupplier d'affurer S. A. E. de mes refpects & du defir fincere que j'ai de le fervir. Je fuis, &c.

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Mr. le Maréchal de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à Ausbourg, le 9 Juillet 1704.

Je n'avois point reçu de Lettres de vous,

Monfieur, depuis notre retour de Villin gen, quand celle que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 15 du mois de Juin, me fut rendue avant-hier, dont je fis auffitôt part à Mr. l'Electeur, qui eft toujours perfuadé, comme il le doit, de l'attention du Roi pour ce qui le regar de; mais qui fent plus vivement que je ne puis vous l'exprimer, la violence de l'état où il fe trouve, & le béfoin preffant qu'il a du fecours qu'il attend avec la derniere impatience, pour toutes les raifons que je vous ai marquées par mes précédentes, & dont vous aurez été plus particuliérement informé par Mr. de Légal; de forte qu'il eft inutile de vous

fatiguer de la répétition des mêmes cho-. fes. J'aurai l'honneur de vous dire feulement, Monfieur, qu'il eût été à défi rer que l'Armée que Mr. le Maréchal de Tallard amene à Mr. l'Electeur, comme je l'ai appris depuis deux jours feulement par fa Lettre du 22 Juin, eût pu arriver plutôt, puifque fon retardement, pour peu qu'il dure encor, peut entraîner nonfeulement la perte des Etats de Mr. l'E lecteur, qui faute de Places fortifiées, font toujours ouverts à celui qui eft maître de la Campagne, comme je vous l'ai représenté tant de fois; mais auffi celle de l'Armée du Roi, étant dépourvue de toute Communication, & prête à manquer de fubfiftance.

Une Lettre de Meffieurs les Maréchaux de Velleroy & de Tallard, qui me fut rendue le 19 du mois de Juin, par un Exprès, nous avoit affuré que l'Armée. commandée par le premier devoit paffer le Rhin, au-deffous de Manheim le 23 ou le 24 de Juin, pour s'avancer par le Wirtemberg au fecours de Mr. l'Electeur, ce qui auroit remédié à tout, les Ennemis. n'ayant pas alors encore affemblé tou-tes leurs Troupes, & n'étant pas non plus encore en état d'agir. Cette reffource nous ayant manqué, & les affaires

n'étant plus dans la même fituation, il n'eft plus queftion que de trouver les moyens de nous joindre avec Mr. le Maréchal de Tallard, ce que j'efpere encore qui réuffira, & fe feroit fait avec plus de fureté & plus de facilité, fi Mr. l'Elec teur avoit pu fe réfoudre à perdre de vue fes Etats qu'il ne peut foutenir préfentement, & s'il avoit pu fe déterminer à aller fous Ulm, attendre l'Armée qu'il ne devoit pas douter que le Roi n'envoyât à fon fecours, & qui étoit fon unique reffource, pour revenir enfuite chaf fer les Ennemis de fon Pays. C'étoit non feulement mon fentiment, mais encore celui de tous les Officiers Généraux de l'Armée du Roi, & de celle de S. A. E. ce que je n'ai pas manqué de lui repréfenter plufieurs fois, avec la derniere inftance. Cependant je vous répete, Monfieur, que j'ofe me flatter que nous trouverons les moyens de joindre cette Armée à celle de Mr. le Maréchal de Tallard, enfuite de quoi il y a lieu d'espérer que les affaires de ce Pays-ci, pourront. prendre une face différente de l'état vio· lent où nous fommes.

Pour abréger cette Lettre j'aurai l'honneur de vous envoyer la copie de celleque j'écris à Mr. le Maréchal de Tallard,,

qui vous informera affés amplement de ce qui s'eft paffé le 2 du préfent mois fur la hauteur de Donnawert, dont les Rétranchemens n'étoient pas encore en état de défense, fous les ordres de Mr. le Comte d'Arco, que S. A. E. y avoit envoyé avec une partie de fes Troupes pour diligenter un peu plus ce travail; il n'y a eu de celles du Roi à cette Ac tion que les deux Bataillons du Régiment de Nettancourt, le premier de celui du Régiment de Touloufe, le deuxieme de celui du Régiment de Nivernois, & le Régiment de Béarn, avec les deux Régimens de Dragons de Liftenois & de Frontboifard. Ce Détachement que je n'avois

pu

refufer à Mr. l'Electeur étoit commandé par Mr. de Lée Maréchal de Camp, qui s'y eft comporté à fon ordinaire c'eft-à-dire avec beaucoup de diftinction, tous les Officiers tant des Troupes du Roi que de celles de Mr. l'Electeur, y ont fait des prodiges de valeur. Mr. de Nettancourt eft dangereufement bleffé, Mr. de Liftenois & fon Frere qui fe font extrêmement diftingués, font bleffés auffi. Mr. d'Hautefort à la tête du premier Bataillon du Régiment de Toulouse qu'il commande, a fait parfaitement bien fon devoir, & Mr. le Chevalier de Monten

dre, dont le Régiment a été fort expofé dans cette affaire, s'y eft acquis beaucoup de réputation, s'étant comporté avec toute la valeur, & toute la diftinction poffible; & ce n'eft qu'au grand nombre que les Troupes qui, fe font trouvées à cette Action, ont été enfin obligées de céder, après avoir repouffé les Ennemis trois fois, & avoir foutenu pendant trois heures entieres les efforts de toute leur Armée, à qui il en a couté de leur aveu même près de fix mille hommes tués ou hors de Combat, & plufieurs de leurs Officiers-Généraux tués ou bleffés, du nombre defquels eft Mr. le Prince Louis de Bade qui l'eft légérement au pied. Mr. l'Electeur qui ne put être averti que le lendemain de cette Action qui ne finit qu'à la nuit fermée, s'y porta auffitôt avec toute l'Armée, & fe trouva dans la néceffité de retirer la Garnifon de Donnawert la nuit fuivante, après en avoir fait rompre le pont, cette Place qui donne l'entré dans fes Etats n'étant de nulle défenfe, & étant même infultable quand on a gagné la hauteur qui la commande abfolument. S. A. E. a jugé à propos, en attendant les Nouvelles de Meffieurs les Maréchaux de Villeroy & de

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