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Fétat où elles étoient ces dierniers jours, que je ne regarde à cette heure, que comme un orage qui eft paflé; mais dont on pourroit craindre le retour.

Les Ennemis font toujours campés de l'autre côté du Leck, fur cette Riviere; couvrant Rhain dont ils font le siege, qui apparemment ne fera pas de longue durée, la place ne valant rien du tout, ainfi que toutes celles de Baviere excepté Ingolftatt, & étant gardée par un trèsfoible Garnifon Bavaroife. Les Ennemis firent avant hier un Détachement de leur Armée, que l'on dit être de 9 ou 10000 hommes, favoir, 5 ou 6000 Chevaux, & 4000 hommes de pied qui pafferent le Danube à Donnawert, & ont pris la route de Wirtemberg. Le bruit de leur Armée eft qu'ils vont joindre Mr. le Prince Eugene, qui fuit Mr. le Maréchal de Tallard, auquel cas il pourroit être fuivi pareillement de Mr. le Maréchal de Villeroy. Mr. l'Electeur attend avec une impatience très- vive, l'approche de l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard. efpérant que cela délivrera fon Pays, des fâcheux hôtes qui y font: ce qui lui cause une peine inexprimable. Je comp te en avoir des nouvelles inceffamment, & cependant je ne puis encore vous dire

quel parti nous prendrons, auparavant que d'avoir concerté avec lui. Pardonnez moi, Monfieur, l'importunité de cette longue Epitre, que le fujet qu'elle traite n'a pas permis d'abréger, &c.

P. S. Rhain eft pris, après s'être deffendu autant qu'on pouvoit l'efpérer d'une Place qui ne mérite pas d'en porter le nom.

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༡ དུང་བ་དྲུང༤༩༠་༠༩ .

Mr. de CHAMILLART à Mr. de MARSIN, à Versailles, le 18 Juillet 1704.

J'ai reçu, Monfieur, la Lettre que vous

m'avez fait l'honneur de m'écrire le o de 2 ce mois, il feroit bien difficile de vous parler jufte, fur les différens partis qu'il y auroit à prendre, pour faire agir l'Ar mée que vous commandez, & celle des Mr. le Maréchal de Tallard, qui a du ê tre à Willingen le 16. Elle eft compofée: de 40 Bataillons & de 60 Efcadrons, la vôtre de 50 Bataillons & de 60 Efcadrons: il me femble que quand vous vous trouverez en état d'employer des forces auffi nombreuses, vous n'aurez pas beaucoup à craindre les Ennemis, en quelque nombre qu'ils puiffent être. Mr. l'Electeur peut employer fon Infanterie à gar

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dër fon Pays. Mr. le Maréchal de Villeroy tient Mr. le Prince Eugene dans une néceffité abfolue d'avoir un Corps confidérable, pour garder les Lignes de Sto-loffen, & tout ce qui eft au-delà du Rhin. Toute cette diftribution paroît devoir occuper entiérement les Ennemis. Si vous voulez bien profiter de la Commu-nication qui fubfiftera, du moins pendant quelque tems, & inftruire le Roit plus à fond qu'il ne l'a été depuis longtems, cela pourroit être fort utile, & fervir à prendre des mefures juftes pour prévenir bien des inconvéniens, dans lefquels on peut tomber manque: de connoiffance. Si celles que nous a-vons font véritables, l'Armée de Mr. le · Prince de Bade doit être de 33 Batail-lons & de 85 Efcadrons, celle de Mr. le Duc de Marlborough de 48 Bataillons & de 67 Efcadrons: les deux en- · femble n'ont pas tant d'Infanterie, que vous en avez avec Mr. le Maréchal de.: Tallard; & Mr. l'Electeur de Baviere peut aifément vous rendre égaux en Cavalerie, en faifant joindre quelque peu de la fienne. Je ne faurois croire que Mr. le Prince Eugene ait plus de 20 ou 25 Batail-lons pour garder les Lignes, & encore moins de Cavallerie à proportion, dont

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il ne feroit pas grand ufage, Mr. le Ma réchal de Villeroy avoit 54 Bataillons fous fes ordres, ou ceux de Mr. le Comte de Coigny, & 70 Efcadrons. Le Roi en détache quelques uns pour repaffer en Flan dres, S. M. étant perfuadée qu'un Corps auffi confidérable eft inutile de ce côtélà. Il devient néceffaire à celui de Namur, où les Ennemis font un mouvement confidérable. Il reftera encore du moins 42 Bataillons & 60 Efcadrons, à Mr. le Maréchal de Villeroy, qui a dans le nom, bre de fes Troupes, toute la Maison du Roi; il me paroît qu'avec cela, il peut aifément conferver l'Alface, la Communication avec Willingen, & donner de l'inquiétude à Mr. le Prince Eugene. Si vous pouvez être mieux inftruit que nous, de ce qu'il fait & des forces qu'il a avec lui dans les Lignes de Stoloffen, vous nous foulagerez beaucoup de nous en informer: car il eft impénétrable de ce côté-ci.

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testostextestasta stastaste sto stacto.

Mr. de MARSIN à Mr. de TALLARD, au Camp près d'Ausbourg, le 18 Juillet 1704Tout eft préfentement, Monfieur, dans les meilleures difpofitions du monde,. mais elles ont befoin d'être foutenues par

votre préfence, & vous ne fauriez faire trop de diligence pour venir. Car les Ennemis profitent cependant du tems pour ruiner la Baviere, à quoi l'Electeur eft, avec raifon, infiniment fenfible. Ils ont pris Rhain & il paroît qu'ils marchent vers Munich. Comme ce torrent ne peut être arrêté que par une force fupérieure, au nom de Dieu, venez le plus diligemment qu'il vous fera poffible: car dès que votre Armée & la nôtre feront en état d'a gir de concert, certainement les Ennemis non feulement ne nous réfifteront pas, mais ils ne nous attendront pas un moment, & ne resteront point en Baviere. J'apprends avec un extrême plaifir, par un Lettre datée d'Ulm, aujourd'hui à fix heures du matin, de Mr. de Cheyla→ det, que vous prenez la route de Moeskirk, d'où je compte que vous tomberez fur Bibrack, & delà fur Illerchen, für Mindel heim & ici. Mr. de Légal que je crois avec vous, Monfieur, connoît parfaitement tous ces Pays.

Mr. de Cheyladet me mande qu'il vous fera tenir du pain le 20 à Bibrack, ne le pouvant plutôt. Il y a déjà longtems que j'ai mandé à Mr. de Garman Commandant à Memmingen d'envoyer à votre rencontre pour en faire faire fuivant les

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