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confequent forcés à un grand éloigne. ment. Il ne peut y avoir de Communication utile que par-là. Car quand V. M. auroit pris Fribourg, elle n'en tireroit aucune utilité effentielle, il faut tenir pour certain que l'Armée de Baviere, ne peut être tenue en toute fûreté, que lorfque l'Armée du Rhin pourra communiquer par Huilbron & par Phorzheim, ce qui ne peut arriver fans avoir pris Philisbourg; mais auffi l'ayant fait, elle ne courrera aucun rifque, quelque changement qu'il puiffe arriver; c'eft ce qui doit détermi ner Votre Majefté à faire un effort pour y réuffir. Si Elle veut faire réflexion fur la maniere dont les Villes d'Allemagne font compofées, & qu'il n'y a que Phi lisbourg de fortifié, Elle verra bien clairement que les deux Armées fe pouvant ainfi communiquer, réduiront l'Empire à faire la paix, & que ce qui fe paffera dans ces lieux entraînera tout le refte, & que c'eft dans ces lieux-là qu'il faut faire tous les efforts, parce que ces coups fe feront reffentir par tout où les Enne mis ont des Troupes; & la raison qui doit obliger à le faire très promtement, eft bien fenfible, qui eft que l'on doit profiter de la Bataille de Spire qui a confterné ces l'ays-là au point que l'on ne fauroit naturellement l'exprimer, & ils

n'en font pas même encore revenus; & il ne faut pas leur donner le tems de fe reconnoître, & enfin l'Armée de Baviere ne peut fe foutenir au continu que par la Communication de celle du Rhin qui en eft la base & le fondement; & tous les efforts que l'on fera ailleurs ne feront point décififs quoiqu'ils réuffiffent, & n'obligeront point à faire la paix promptement. 11 eft néceffaire de remplir Landaw & le Fort- Louis de Munitions de guerre & de bouche abondamment pour la Campagne & pour toute entreprise. Si l'on trouve trop de difficulté pour aller à Mayence, ou pour faire un Pont devant les Ennemis, l'on peut fe fervir de l'occafion des paffages des Recrues de l'Armée de Baviere, & pour cet effet il faudrait choifir les meilleures Troupes, & pour la facilité de la marche, y féparer toutes les Recrues qui apparemment feront armées, & laiffer en BaffeAlface les Troupes que l'on ne meneroit pas, en ayant tiré les Grenadiers & laiffer tous les Equipages à Strasbourg; faire defcendre des batteaux au Fort-Louis pour des Ponts, & faire démonftration à Landaw d'un grand préparatif de fiege, pour perfuader que l'on ne veut que faire paffer les Troupes, & revenir promptement

en Alface, pour aller affiéger Mayence; le tout difpofé, faire mener du Pain par les Chariots du Brifgaw, avec du Biscuit s'il y en a de bon. Pour n'être pas embaraffé de leur retour en les renvoyant feuls, l'on pourroit faire porter de la Farine par la Cavalerie pour prévenir le befoin. Les Ennemis s'opposeroient au paffage, ou refteroient dans leurs Lignes; s'ils s'y oppofent, ils occuperont depuis Haflack jufqu'à Hornberg avec beaucoup de Troupes, & en laifferont toujours dans leurs Lignes, ainfi ils feront divifés.

En entrant dans la vallée d'Offembourg il faut faire trois Détachemens, deux de tous les Grenadiers parmi lefquels l'on peut mêler des Fufilliers, & l'autre des Piquets de l'Infanterie, qui marcheront tous à la tête de l'Armée; en approchant le premier Pofte des Ennemis, faire femblant de l'attaquer par le Détachement du Piquet qui doit être fort, & faire marcher des Grenadiers fur la gauche comme fi l'on vouloit gagner toute la hauteur pour prendre les Ennemis par derriere, & en même tems faire prendre à l'Armée tout le Pain & Biscuit qu'elle peut porter pour une néceffité, & de même aux Détachemens.

Il eft à propos de remarquer que juf

qu'à préfent tous les Bifcuits que l'on a donnés n'ont rien valu, & que les Troupes les ont tous jettés, comme il arrive fouvent pour le Pain, fans qu'il y en ait eu aucun châtiment; & cela étant de la derniere conféquence, il faudroit que le Général affifté des Commandans des Corps fe donnaflent la peine de les vifiter eux-mêmes, avant de le faire char ger, afin, s'il fe trouvoit mauvais, d'y remédier & de faire faire un châtiment fi févere & fi exemplaire, qu'il pût corriger pour la fuite, tant pour les Bif cuits que pour le Pain, n'y ayant aucun crime quelque énorme qu'il foit, qui doive être puni fi févérement.

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Le Pain étant pris, faire marcher l'Armée, favoir la Cavalerie dans les che mins, & l'Infanterie à droite & à gau che, le pouvant faire dans les Montagnes, en obfervant d'avoir des gens dé tachés à la tête de toutes les colomnes avec des outils pour faire ou accommoder tous les paffages, un des Détachemens des Grenadiers marchant fur les hauteurs à la tête de l'Armée prêt à occuper les Poftes, ou à attaquer ceux qui pourroient fe trouver fur le chemin, & l'autre Detachement marchant pour cou vrir le flanc, en cas que les Ennemis qui

feroient vers Hornberg, vouluffent entreprendre fur la marche, & le Détachement du Piquet qui auroit fait femblant d'attaquer le Pofte des Ennemis, feroit l'Arriere-Garde avec le Détachement de Cavalerie, destiné pour cela, & continuer ainfi jufqu'au chemin de Phorzheim, dans lequel l'Armée fe pourra étendre, étant fort ouvert.

Si les Ennemis étoient restés fur leurs Lignes, il ne faudroit avoir de l'attention que de leur côté, & après être forti des Montagnes, s'aller ranger au-deffous du Fort Louis, pour en tirer de la fub. fiftance, & après s'être un peu raffraichi, & avoir fait joindre les Equipages, le refte des Troupes marcheroit à Philisbourg pour en faire le fiege, étant plus à propos de commencer par-là que par le Fort, que les Ennemis ont fait devant le Fort-Louis, lequel ne peut pas tenir dans la fuite; & Philisbourg pris, faire joindre les Recrues de Baviere, pendant que les Troupes feroient dans les Montagnes, il faudroit que celles restées en Alface fe préfentaffent pour faire un Pont afin d'occuper les Ennemis.

Il y a une chofe à remarquer, après être forti des Montagnes, qui font entre le Fort-Louis & Philisbourg: il y a un

endroit

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