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endroit facile à garder, & qui eft tel que fi les Ennemis avoient quelques jours pour y faire des Lignes le Pofte feroit très fort; ainfi il ne faut pas les y laiffer retrancher, & il faut paffer diligemment à Philisbourg, en ayant donné l'avis à l'Armée de Baviere, pour qu'elle y ait attention, dans la crainte que les Ennemis ne fe raffemblaffent pour y faire un effort; & quoique la Place foit difficile à fecourir, toutes les difficultés font pour avoir des Troupes fuffifamment, & c'est pour ce fujet que V. M. doit avoir une grande attention pour examiner ce qui peut approcher le plus de la paix, afin qu'Elle puiffe profiter du bien préfent fans attendre le bien à venir, & fur ce fondement qu'Elle prenne des Troupes foù elles font le moins néceffaires, pour les porter où elles le font le plus.

Si V. M. veut bien faire un effort fur le Rhin, il eft à propos de n'en donner aucune connoiffance, pour que les Ennemis demeurent dans la croyance où ils font, qu'il n'y aura qu'une foible Armée.

Il y a une chofe à craindre pour l'Armée du Rhin, qui eft que l'Infanterie ne foit pas rétablie pour la Campagne, & les Régimens étrangers qui fe font faits complets par les Prifonniers, courent Tome I. N

rifque de ne l'être pas longtems en Cam pagne, fervant fur le Rhin.

Si V. M. fait prendre le chemin des Montagnes, il faut que tous les prépa ratifs pour le fiege de Philisbourg foient faits, & les ordres donnés avant de fortir de l'Alface, fous prétexte de celui de Mayence, pour ne pas perdre un moment de tems.

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Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, au Camp près d'Ausbourg, le 5 Août 1704. Je dépêche cet Exprès à Huningue, Monfieur, pour vous faire paffer ces Lettres plus furement & plus promptement que par le Courier que le Sr. Foulon vous enverra au plutôt, pour vous informer que la Jonction de Mr. le Maréchal de Tallard fe fit le 2 de ce mois, étant à portée dès ce jour de n'être plus féparée d'avec la nôtre par les Ennemis, qui n'ont fait aucune démarche pour s'y oppofer. Mr. le Maréchal de Tallard eft venu depuis voir S. A. E. hier & aujourd'hui, avec qui il a été réfolu de marcher demain pour s'approcher du Danube, le paffer à Lawingen, & tâcher de prévenir les En

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nemis fur la Wernitz, qui ont décampé aujourd'hui, & paroiffent prendre la route de Neubourg, où il y a lieu de croire qu'ils pafferont le Danube, s'ils prennent la réfolution de quitter la Baviere, comme on peut l'efpérer, ne l'ayant pas traitée comme un Pays, où ils ayent eu deffein de demeurer, l'ayant brûlée & devaftée autant qu'il leur a été poffible, & n'y ayant encore aucun Etabliffement que Donnawert, Rhain & Neubourg, qui font trois Places fortifiées à peu près comme St. Denis. Je fuis perfuadé, comme Mr. le Maréchal de Tallard, que fi nous pouvions les devancer fur la Wernitz & nous placer entre Nordlingen & eux, nous les embarafferions extrêmement pour les fubfiftances, qu'ils tirent toujours de Nuremberg & de la Franconie, dont la Communication leur deviendroit, par ce moyen, très difficile, ainfi qu'avec le Pays de Wirtemberg; de forte que, fi après cela ils prenoient le parti de refter en Baviere, ce feroit nous abandonner toute l'Allemagne. Le Prince Eugene cependant s'eft avancé à grandes journées, fuivi de 20 Bataillons, & de 39 ou 40 Efcadrons. Nous croyons que la plus grande partie de ce Corps, eft compofée des Détachemens que Mr. le Prince Louis

lui envoya, il y a quelque tems, fur le Rhin qui doit être préfentement fort dé garni. Ce Corps eft arrivé aujourd'hui à Hochftett, & felon les apparences joindra inceffamment la grande Armée. Ce renfort oblige cependant Mr. le Maréchal de Tallard à preffer autant qu'il lui eft poffible Mr. l'Electeur, de rappeller une partie de fes Troupes qui font en Baviere, pour rendre cette Armée égale en nombre à celle des Ennemis, & même s'il fe peut fupérieure, afin d'être en état de fe porter par tout où l'on trouvera à propos. Mr. l'Electeur a 35 Bataillons & 45 Efcadrons, le tout de bonnes Troupes, dont il n'y a à l'Armée depuis l'entrée des Ennemis en Baviere que 23 Efcadrons & 5 Bataillons, le refte étant répandu dans fes Etats, féparé en petites parties qui ne font pas grand effet, & qui feroient beaucoup plus utiles au Service du Roi & de S. A. E., en renforçant l'Armée; mais l'attachement qu'il a pour fon Pays, quoiqu'il le garde mal de cette maniere, fait qu'il ne peut fe réfoudre à le dégarnir. Il a promis ce pendant à Mr. le Maréchal de Tallard, de faire venir jufqu'à la concurrence de 15 ou même 18 Bataillons, lorfque les Ennemis feroient fortis de fes Etats, &

en attendant il a envoyé des ordres à Munich, pour en faire venir inceffamment 4 Bataillons & 4 Efcadrons. Avant que les Ennemis fuffent entrés en Baviere, il avoit toujours eu à l'Armée depuis le commencement de la Campagne, 15 Bataillons & 34 Efcadrons.

Au refte je dois vous dire, Monfieur, que Mr. l'Electeur eft plus confirmé que jamais dans fon attachement aux inté rêts du Roi, fur quoi vous pouvez compter certainement tant que S. M. le foutiendra puiffamment comme Elle fait: car je le connois affez, pour favoir, à n'en pouvoir douter, que le feul doute de voir arriver une Armée en ce Pays-ci, à fon fecours, & le défaut d'en avoir des nouvelles certaines, l'avoient porté à écou ter des propofitions d'accommodement avec l'Empereur; ce qui doit être regardé préfentement comme chofe non avenue, & qui ne doit faire nulle impreffion dans l'efprit du Roi pour la fuite; car depuis la certitude de l'arrivée de l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard, je ne l'ai pas vu héfiter un moment.

J'ai appris depuis peu qu'un Exprès que j'avois dépêché à Schaffoufe avec des Lettres du 18 & du 19 du mois paffé, a été arrêté & fa dépêche perdue. Je vous en

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