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taille devoit les foutenir. Le refte de l'Infanterie devoit attaquer le fecond Bourg de Pleintheim. L'aile droite de l'Infanterie fut obligée de marcher fort vîte, & de paffer plufieurs Défilés, jufqu'à ce qu'elle eût pu gagner les hauteurs & le Bois, ce qui fut caufe qu'on ne put donner l'attaque qu'à midi, & qu'on demeura 3 heures fous le Canon des Ennemis.

La fituation ne permettoit pas de fe fervir du nôtre, fi ce n'eft du côté de l'aile gauche, où il y en avoit quelques pieces fur une hauteur.

Après toutes ces difpofitions faites, on marcha aux Ennemis, & l'aile gauche qui étoit du côté de la plaine chargea un peu en avant la droite.

L'Infanterie de cette premiere Ligne paffa le Ruiffeau, fans qu'on le lui dif putât.

L'Infanterie de l'aile droite fut obligée de paffer plufieurs Ruiffeaux & Défilés, de forte qu'elle ne fut à portée d'attaquer qu'à 2 heures après midi.

Tous les obftacles ayant été furmontés, on commença l'attaque de tous côtés avec un affez heureux fuccès, puisque l'Infanterie fit plier du côté droit les Ennemis, quoiqu'elle leur fût beaucoup

inférieure; la Cavalerie de l'aile droite eut auffi quelque avantage.

L'Infanterie Angloife attaqua premiérement les deux Bourgs, & leur Cavalerie paffa le Ruiffeau, & occupa affez de terrein pour pouvoir fe former. L'on étoit mêlé de tous côtés avec l'Ennemi; la Cavalerie de notre aile droite fut repouffée par la feconde Ligne des Ennemis, pendant qu'on rallioit leur premiere que nous avions enfoncée; notre Infanterie fut auffi obligée de ce côté-là de reculer 3 ou 400 pas jufqu'au Bois; on la ramena à la charge, & pendant ce tems-là notre Cavalerie fut repouffée encore une feconde fois; mais en la rallia bientôt après.

L'aile droite demeura une demie heure éloignée de 600 pas des Ennemis, & les deux partis étoient occupés à donner de nouveaux Poftes à leurs Troupes.

Nous les chargeâmes enfuite pour la troifieme fois, & notre Cavalerie fut encore repouffée. Notre Infanterie fe mit entre deux, & donna fur les Ennemis avec une valeur furprenante.

Les Généraux & les Officiers s'appercevant de la confufion des Ennemis, & voyant le courage de nos Troupes, les

attaquerent de rechef avec toutes leurs forces du côté de la Montagne, de la Plaine, des Ruiffeaux & des Défilés, & les repoufferent une lieue loin jufqu'au delà du Bourg de Lutzing, qui eft fitué au bout de la Montagne & du Bois, où l'Ennemi s'étoit retiré. Mais on n'avança pas plus loin, jufqu'à ce que la Cavalerie eût joint.

On continua enfuite à faire marcher l'aile droite, qui fit reculer les Ennemis encore une lieue ou deux, jufques par delà le Bourg de Muefling, où ils firent femblant de vouloir tenir ferme; afin de gagner du tems pour paffer un grand marais, & gagner Dillingen & Lawingen. Mais nos Troupes me furent pas plutôt avancées, qu'ils prirent la fuite avec précipitation. L'aile gauche a toujours combattu avec un peu de fuccès.

Le Duc Milord Marlbourough forma la plus groffe partie de fon Armée au delà du Ruiffeau, & donna plufieurs fois fur des Ennemis avec beaucoup de valeur; les Officiers- Généraux & fubalternes le feconderent avec la même vigueur.

On fit alors un grand carnage des Ennemis, dont une partie fe jetta dans le Danube, & évita par ce moyen, la fureur des autres Troupes.

Il en étoit refté derriere un fort petit nombre pour bloquer les 26 Bataillons & les quatre Régimens de Dragons, qui dès le commencement de l'Action s'étoient retirés à Pleintheim, & s'étoient rendus Prifonniers de guerre, auffitôt qu'ils avoient vu que leur Armée avoit été battue.

Les deux ailes fe joignirent ensemble, auprès du Bourg de Merlingen, & elles s'y camperent le mieux qu'elles purent.

Mr. le Maréchal de Tallard fut fait pri fonnier, auffi bien que plufieurs autres Officiers-Généraux & fubalternes de l'ai le gauche, & 9000 hommes avec eux.

On ne peut pas favoir encore bien pofitivement le nombre des Drapeaux, & Etendarts, l'Artillerie, ni les Muni tions qui ont été pris.

Nous avons perdu beaucoup de monde dans cette Action; il n'y a aucun Battaillon, ni Efcadron qui n'ait été plufieurs fois à la charge.

On enverra au plutôt un état précis des morts, bleffés & prifonniers.

Les Ennemis font affez connoître d'eux-mêmes, que leur perte monte en morts, prifonniers ou bleffés à 25000 hommes, parmi lefquels font plufieurs de leurs Généraux.

Le

Le 14, l'aile gauche de l'Armée vint à Steimheinb, & la droite à Mildeslingen, ayant devant elle la petite Riviere d'Ege.

On occupa auffi le même foir Dillingen, que les Ennemis avoient abandonné, & où il y avoit plufieurs de leurs bleffés, on s'empara auffi d'un Pont de Radeaux qu'ils avoient fait.

La Garnifon d'Hochftett fe rendit Prifonniere de Guerre, le 15. Les Ennemis abandonnerent Lawingen, après avoir brûlé le Pont du Danube. On s'en empara & de quelques pieces de Canon, des Munitions & des Provifions. Il y avoit auffi plufieurs de leurs bleffés.

Tous nos Efpions confirment qu'ils marchent à Ulm, & que la confternation eft extraordinaire parmi eux.

Mr. le Maréchal de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, au Camp près d'Ulm, le 15 Août 1704.

Mr. le Maréchal de Tallard vous ayant informé, Monfieur, par fes dernieres Lettres des raifons qui l'avoient engagé à prendre le Pofte où l'Armée arriva Tom. I. O

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