Images de page
PDF
ePub

de l'autre côté du Ruiffeau jufqu'à la fin de, l'Action, dont it m'eft impoffible quand à préfent, de vous rendre compte plus en détail. Je ne puis non plus vous informer de ce qui s'eft paffé à la droite, compofée de l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard, & je n'ai pu m'y tranfporter, étant plus que fuffifamment occupé à celle que j'ai l'honneur de commander, dans laquelle il fe trouve 30 Drapeaux ou Etendarts pris fur les Ennemis dans cette Action.

Nos forces n'étant plus fuffifantes pour fe maintenir dans ce Pays, après la perte de l'Infanterie de l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard, & étant facile aux Ennemis de nous ôter les moyens de nous retirer, en ruinant entiérement la nôtre, après avoir affemblé par l'ordre de Mr. P'Electeur & en fa préfence, tous les Officiers-Généraux, pour fe déterminer au parti que l'on devoit prendre dans cette occafion, on eft convenu inceffamment que le plus conforme aux intérêts du Roi étoit de rapprocher cette Armée de celle de Mr. le Maréchal de Villeroy, pour la conferver à S. M., étant le feul moyen de fauver fa perte totale, tant par la grande fupériorité des Ennemis nombre, que par le défaut de fubfiftance.

En conféquence de quoi, après avoir difpofé ici les Vivres pour la Marche, il a été réfolu d'en partir dans un jour ou deux, pour s'approcher des Montagnes, en attendant les ordres du Roi.

Mr. l'Electeur a pris le parti de fuivre 'Armée, laiffant fa Femme & fa Famille à Munich, & menant avec lui le peu qu'il avoit de fes Troupes à l'Armée, le refte étant difperfé dans fon Pays, comme vous en avez été informé ci-devant, & par conféquent hors d'état de pouvoir nous joindre.

Comme il nous eft refté un grand nombre de bleffés de confidération & autres dans la Ville d'Ulm, & que cette Place, quoique mauvaife, ne laiffe pas de coûter un fiege confidérable aux Ennemis, on a trouvé à propos d'y faire ref ter une Garnison de 3 à 4000 hommes, compofée pour la plus grande partie des Troupes de Mr. l'Electeur, & de 4 des moindres Bataillons de l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard, qu'il y avoit laiffés en paffant, qui ne font au plus que 10 ou 1200 hommes, ce qui eft fuffifant pour procurer en cas de fiege une Capitulation pour nos bleffés, & les préferver d'être Prifonniers de Guerre.

Comme je ne puis encore rendre la ju

[ocr errors]

a

ftice qui eft due à chacun de ceux qui fe font diftingués dans cette Action, en vous en informant en détail, je vous fupplie cependant, Monfieur, de ne pas rendre cette Lettre publique par cette raison, en attendant que je puisse vous en rendre compte plus exactement, dans un tems où je ferai plus particuliérement inftruit, & moins accablé d'em barras, & de douleur de la perte que le Roi vient de faire. Je fuis, &c.

****:*****************

Mr. de LAUBANIE à Mr. de CHAMILLART, à Landaw, le 17 Août 1704..

Monfeigneur, fur le bruit des triples

falves de Moufquetterie & de Canon que l'on a entendu la nuit paffée, j'ai envoyé un Poftillon à Spire, à Mr. de Garimond, pour favoir de Mr. le Baron de Raville, à quel fujet elles étoient faites. Il lui a écrit la Lettre, dont je joints ici l'original qui mérite confirmation; je ne crois pas que l'on y doive ajouter foi, fans en avoir un détail. Dieu veuille que le contenu en cette Lettre foit faux, & que l'Action fe foit paffée à l'honneur & l'a

vantage des Armées du Roi & de la Nation Françoife. J'ai l'honneur, &c.

Mr. de RAVILLE à Mr. de GARIMOND à Spire, le 15 Août 1704.

On a mandé, Monsieur, hier de Philisbourg que Milord Duc de Marlborough, & Mr. le Prince Eugene, avoient battu l'Armée de France & de Baviere; mais comme on y a avancé que Mr. le Maréchal de Tallard y avoit été fait Prifonnier de Guerre, & que Mr. le Maréchal de Marfin avoit été tué, je ne l'ai pas cru, & moins voulu le débiter. Mais comme on a tiré le Canon partout, il faut croire qu'il en eft quelque chofe. Il faut voir quelles particularités & certitu des la Pofte d'aujourd'hui en apportera..

Mr. de LAUBANIE à Mr. de CHAMILLARY, à Landaw, le 18 Août 1704.

Monfeigneur, la Nouvelle de Mr. le

Baron de Raville, ne fe confirme que

trop, & ce que je craignois du Paffage n'eft que trop vrai. Mr. le Maréchal de Tallard a été furpris, comme il fortoit du Retranchement de Lawingen, s'éten dant du côté d'Hochftett, par les deux Armées de Mr. le Prince Eugene & de Milord Duc de Marlborough, avec 100 pieces de Canon à leur tête. Il s'en eft enfuivi ce que vous verrez par la Lettre que m'a écrite un Marchand de Wormes. Dieu veuille que la perte ne foit pas fi grande! Elle fe confirme encore par des imprimés de Francfort & de la Haye dont je vous en envoye un qui annonce de terribles chofes.

Six Batteaux chargés de Canon ont remonté le Rhin à Manheim, où ils ont pris le Necker pour aller en Baviere, il n'y a rien de nouveau en deçà du Rhin.

Lettre d'un Marchand de Wormes à Mr. de LAUBANIE, & Wormes, le 13 Août 1704.

Monfieur, ce matin entre 8 & 9 heu res, les Impériaux & Anglois fous le Commandement de Mrs. le Prince Eugene & Milord Duc de Marlborough, fe font avancés avec leurs Armées jointes au Re

« PrécédentContinuer »