Images de page
PDF
ePub

te; mais comme il ne fe vit point foutenu il revint prendre fon terrein; fi dans ce tems-là, Monfeigneur, dis-je, il s'étoit trouvé un Officier-Général, pour faire marcher toute l'Infanterie foutenue de la Cavalerie, j'ofe vous affurer que nous n'aurions pas perdu la Bataille, & fi chacun des Officiers - Généraux y avoit fait fon devoir, comme Mr. de Zurlaube, & Mr. de Blainville qui fut blessé à la Brigade de Poitou; mais il y arriva un peu trop tard.

Je puis affurer votre Grandeur qu'on n'entend parmi les Officiers de cette Armée, que des plaintes continuelles contre eux; & je me trouve, Monseigneur, du fentiment de plufieurs Officiers, confommés dans le fervice du Roi, qui difent que S. M. devroit, fans conféquence, dans toutes les occafions de Combat, ordonner que le Maréchal de Camp qui a toujours fervi dans la Cava. lerie, ait fon pofte pour commander la Cavalerie, & celui qui vient à ce degré pour avoir fervi dans l'Infanterie, doit commander l'Infanterie.

De plus je dirai à votre Grandeur, que fi le Roi oblige les Capitaines d'Infanterie qui viennent de ce Pays étranger, de faire leurs recrues, la moitié

refte.

refteront chez eux, n'ayant point, difentt-ils, affez de bien pour faire une nouvelle Compagnie ; & j'entre affez dans. leurs raifons, Monfeigneur, les voici; nous prévoyons qu'avant que nous foyons en France, menant à tire d'aile nos Compagnies, qui ne font qu'à vingt hommes, les unes portant les autres avant que d'être arrivées, elles ne feront pas à. quinze tout au plus, & vous voulés que nous les remettions à quarante cinq: c'eft faire une nouvelle Compagnie.

[ocr errors]

Lettre de Mr. de 5.*** fur la Bataille d'Hochftett à Mr. de *** au Camp de Duttlingen, du 21 Août 1704.

e vous envoye, Monfieur, là Copie des la Lettre anonime que j'écris à Mr. de Chamillart je lui ai déjà écrit pour lui. demander la charge de Commissaire-Général de la Cavalerie, & je lui fais un petit détail de ce qui s'eft paflé de moncôté.

Mr. le Maréchal de Tallard qui eft pri fonnier, ayant affez de choses à mander fur fon compte, fans parler des particu liers, je m'en fuis chargé. Il m'a vu

charger trois fois avec ma Brigade, & fit l'honneur de me dire qu'il étoit content, & qu'il auroit fouhaité que la Gendarmerie qui étoit fur ma droite eût fait de même.

Je n'ai pas vu d'Officier-Général pendant toute l'affaire à ma tête. Toute l'Armée crie fort contre la difpofition de Mr. le Maréchal de Tallard, & effectivement je crois qu'il auroit mieux fait de ne pas mettre toute fon Infanterie dans le Village, où fa droite étoit appuyée, & de mettre plus de Troupes à fon Corps de Bataille, qui eft l'endroit par où les Ennemis ont gagné la Bataille.

On peut dire auffi fans médifance que Meffieurs les Officiers Généraux n'ont été d'aucun fecours à Mr. le Maréchal.. Ils ont laiffé paffer un Marais, un petit Ruiffeau que nous avions devant notre Camp, aux Ennemis, fans le deffendre; & les Ennemis étoient en deçà fur trois Lignes, avant que perfonne eût chargé.

Mr. le Maréchal de Marfin de fon côté n'a pas voulu aider de fes Troupes l'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard, quoiqu'il lui en ait envoyé demander pendant l'Action.

Je ne vous ferois pas tous ces détails, fi je ne vous envoyois ma Lettre par

Mr. de Rieux, qui eft de mes amis, & qui a bien voulu s'en charger.

Je vous prie de ne la montrer à perfonne. Ce qu'il y a de plus malheureux dans cette Action, c'eft que Mr. de Clerembault Lieutenant-Général, qui commandoit les 27 Bataillons qui étoient dans le Village de fa droite, & 12 Efcadrons de Dragons, n'ait pas fongé à fe retirer avec ce Corps; il s'eft noyé dans le Danube à 4 heures du foir, 2 heures avant la fin de l'Affaire, la tête lui ayant tourné.

On condamne fort Mr. de Blanfac qui commandoit fous lui, de ne s'être pas retiré, & d'avoir fait une Capitulation auffi honteufe. Si ce Corps s'étoit retiré, comme il n'y avoit rien de plus poffible, les Ennemis perdoient autant que nous, & nous n'aurions pas été obligés de quitter le Pays.

L'Armée de Mr. le Maréchal de Tallard perd 20000 hommes dans cette occafion, tués ou pris, & les Ennemis avouent avoir perdu 10000 hommes, tant tués que bleffés.

Les Ennemis avoient plus de 25000 hommes plus que nous de leur propre aveu. Le Canon a commencé à tirer de part & d'autre entre 8 & 9 heures du

matin, & cela a duré jufqu'à 6 heures du foir: voilà en gros le détail de cet: te Affaire.

Comme je ne fais pas fi mon Pere eft en Auvergne, je vous prie de lui envoyer ma Lettre, avec l'état des Offi ciers du Régiment tués ou bleffés; fon pauvre Régiment d'Infanterie a été tout tué. Je vous ferai très obligé de vouloir bien écrire à Mr. de Chamillart en ma faveur: quoique je fois bien perfuadé qu'il ne me donnera pas cette charge, je ne veux pas avoir à me reprocher de ne l'avoir pas demandée.

Je viens de faire une Campagne bien fatiguante & bien périlleufe, & qui, vous affure, fera prendre à bien des gens le parti de la retraite.

[ocr errors]

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, au Camp de Duttlingen, le 22 Août 1704.

Fi l'honneur de vous envoyer encore,

Monfieur, un Duplicata de ma Lettre du 15 de ce mois, ne fachant pas fi les Exprès que, j'en avois chargés, feront arrivés à bon port à Schaffoufe, le Pays étant

« PrécédentContinuer »