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comme le tems eft précieux & court, j'ai formé une petite idée avec Mr. le Maréchal de Marfin, que j'envoie au Comte de Monafterol, fuppliant V. M. de le vouloir écouter là deffus; fi Elle approuve notre pensée, je prends la liberté de repréfenter à V. M. de donner fes ordres, pour que le tout s'exécute de bonne heure, & que les Ennemis n'ayent pas le tems de nous prévenir, & d'affembler toutes leurs forces..

A Munich, le 6 Février 1704..

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART à Munich, le 7 Février 1704.

Depuis la Lettre que j'ai eu l'honneur de vous écrire Dimanche dernier, j'ai reçu le fecond Duplicata de la vôtre du 28 Décembre, qui en contenoit une pour Mr. l'Electeur de Baviere, que je lui rendis auffitôt, qui eft la réponse à celle qu'il avoit écrite au Roi par le Comte d'Albert fur la prife d'Ausbourg. Comme il a le cœur bon, il a été plus fenfible que je ne faurois vous l'exprimer, à la fatisfaction que le Roi lui té

moigne par fa Lettre, de cette Conquête & de fa conduite; & le defir que S. M. lui marque en même tems de la prife de Paffaw, ne lui a pas fait moins de plaifir, puifqu'il femble qu'il ait déviné fes intentions.

Trouvez bon que j'aie l'honneur de vous dire, Monfieur, que cette Expédition qui a été plus heureufe qu'on ne le devoit efpérer, n'auroit pas été fi aifée qu'elle vous le paroiffoit de loin, fr les Ennemis n'avoient pas été contraints par les progrès des Rebelles de Hongrie, à retirer les Troupes qui gardoient les Lignes, qui couvroient cette Ville qui met le pays de Mr. l'Electeur de Baviere de ce côté fort à couvert, & renforcera fon Armée d'un bon nombre de Troupes qu'il étoit obligé d'y tenir. Enfin cette entreprise a été auffi heureuse dans toutes fes circonftances, qu'on pouvoit le fouhaiter.

Je vous rends milles graces, Monfieur, de la Nouvelle que vous avez eu la bonté de m'apprendre, en me faifant l'honneur de me mander que l'on travaille fans perdre un moment, à tout ce qui eft néceffaire, pour mettre inceffamment les Troupes du Roi, qui font en ce paysei, en état d'entrer en Campagne com

plettes, bien armées & bien habillées; ç'a été un grand fujet de joie pour Mr. I'Electeur de Baviere; ne foyez point en doute, Monfieur, du rétabliffement de l'union & de la confiance; cela eft au point que vous pouvez le defirer pour le bien du Service du Roi, & je vous donne ma parole que je vous tiendrai bien réguliérement, s'il plaît à Dieu, que cela ne dépérira point. Il n'eft pas même difficile de convenir avec un Prince auffi bien intentionné. Je ne puis affez vous remercier, Monfieur, de l'opinion avantageafe que vous avez bien voulu lui donner de moi; il m'a fait la grace de m'en faire part; & ne pouvoit affurément me faire un plus fenfible plaifir; je tâcherai de ne vous pas donner lieu de vous repentir du bien que vous avez bien voulu lui mander de moi.

J'attends avec impatience le projet que vous marquez par votre Lettre du 28 Décembre, qui eft la derniere que j'ai reque, que vous me devez envoyer; j'ai cependant l'honneur de vous adreffer cijoint un Mémoire que j'ai fait de concert avec Mr. l'Electeur de Baviere, touchant l'ouverture de la Campagne, qui eft ce qui nous a paru de plus faifable, & con-venant le mieux au bien des affaires de

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la Guerre en ce pays-ci. Quoique je croye inutile de vous parler encore de la néceffité des Recrues, conduites par un affez gros Corps de Troupes, pour que nous n'ayons pas befoin d'aller à leur rencontre, je ne puis m'empêcher de vous le répéter.

Le Marchand Suiffe qui vous fera tenir cette Lettre, Monfieur, s'eft offert à en faire paffer une fois toutes les femaines de France ici, & d'ici en France moyennant 800 Livres par chaque mois; comme je vois qu'il y a préfentement plus d'un mois qu'il ne m'en eft venu par la voie de Schaffoufe, il me femble qu'il eft à propos de réformer les correfpondances que j'y avois établies, puifqu'elles font devenues inutiles, ce qui fe peut faire dès ce préfent mois de Février, & en employer l'argent à ce Marchand Suiffe nommé Jean Conrard Fricz Rurich, à qui l'on a promis que l'on lui payeroit réguliérement ces 800 Livres par mois, à compter de celui ci, tant qu'il ferviroit bien; je ne vois pas qu'il y ait grand risque à courir de le hafarder; ces fortes de marchés n'étant que tant tenu tant payé; il s'eft chargé de vous faire favoir où & comment il faudra adreffer vos Lettres.

Je ne dois pas omettre de vous infor mer, Monfieur, qu'en arrivant ici, j'ap pris par Mr. l'Electeur de Baviere, qu'un Mr. Stadion homme d'efprit & intriguant, envoyé de celui de Mayence, devoit venir inceffamment, & qu'il croyoit que c'étoit pour le tâter encore de la part de fon Maître, ou pour mieux dire de cellede l'Empereur indirectement, pour tâcher par toutes fortes de propofitions les plus avantageufes de le détacher des intérêts du Roi; il arriva effectivement à deux ou trois lieues d'ici le lendemain. & Mr. l'Electeur de Baviere ne voulant rien faire fur ce fujet fans ma participation, & m'ayant demandé fi je croyois qu'il convint d'envoyer quelqu'un de fa part pour le trouver, comme il le demandoit, pour apprendre de lui le fujet de fon Voyage, fur ce que je lui dis que, je n'y voyois point d'inconvénient, il lui envoya un homme, qui ne nous doit pas être fufpect, par lequel nous apprîmes à fon retour, que le fujet de la Miffion de Mr. Stadion, n'étoit que pour ce que je viens d'avoir l'honneur de vous dire. Mr. l'Electeur de Baviere s'en étant fait rendre compte en ma préfence, & de l'Envoyé de S. M. Son Alteffe Electorale me chargea de la réponse qui ne fut pas dif

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