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ficile, puisqu'elle confifta à dire que Mr.. l'Electeur de Baviere étoit incapable d'écouter des propofitions particulieres, au préjudice des engagemens qu'il avoit pris, & qu'on devoit le connoître affez, pour pouvoir être certain de l'inutilité de ces fortes de tentatives auprès de S. A. E.,. qui ne font que marquer le mauvais état. des affaires de l'Empereur & fa foibleffe. Il eft certain que l'on ne peut tenirun procédé plus droit, & meilleur que celui de ce Prince. Le Roi peut & doit compter fur fa fidélité, fans craindre d'être trompé; c'eft un bon Allié & bien für. Plût à Dieu que nous en euffions plufieurs femblables! Auffi mérite-t-il beaucoup d'égards & de confidérations: de la part de S. M. à quoi je vois qu'il est infiniment fenfible, & que rien ne l'a touché fi vivement que d'avoir pu être foupçonné un moment, d'être capable de lui manquer. L'on peut avoir hardiment l'efprit en repos fur ce sujet; j'ai fu de lui que ce Mr. Stadion, est le même qui a été dans les tems précédens, employé plufieurs fois auprès de lui, de la part de l'Empereur, directement & indirectement. Mr. l'Electeur de Baviere a voulu que pendant ce féjour-ci, je fuffe auffi informé, par le Miniftre qu'il tient

à Ratisbonne, de ce qui regarde la Diette ; fur quoi l'on a pris des réfolutions convenables, pour empêcher qu'elle ne forte de cette Ville, ce qui feroit très préjudiciable, & pour faire en forte en même tems que S. A. E. ne foit point obligée d'en tirer fes Troupes, ou du moins quand Elle le fera, que ce ne foit qu'à des conditions qui ne laifferont rien à craindre; il a été préfentement queftion de cette affaire, au fujet d'un nouveau Rescrit de l'Empereur fur ce fajet, qui n'eft qu'illufoire.

Par la même occafion j'ai appris de ce même Miniftre de Mr. l'Electeur de Baviere, appellé le Baron de Kintt, qui me paroît très bien intentionné, & homme de mérite & de capacité, qu'il avoit été tâté plufieurs fois, & avec empreffement, par le Miniftre de l'Electeur de Brandebourg, réfidant à Ratisbonne, pour faire en forte de mettre fur pied quelque efpece de Négociation entre l'Electeur de Baviere, & celui de Brandebourg, dont la paffion dominante eft d'être reconnu Roi. Le Baron de Kintt eft perfuadé que fi fon Maître lui offroit fa médiation auprès de S. M. & auprès du Roi d'Espagne, pour lui procurer cet avantage de la part des deux Couronnes, cè

ce

feroit prefque un moyen infaillible de le détâcher du parti des Ennemis qui feroit un très grand gain pour nous, & une furieufe perte pour eux. Comme li ne m'a paru aucun inconvénient qu'il écoutât ce que veut dire le Miniftre de l'Electeur de Brandebourg, les deux Rois n'étant compromis en rien, nous fommes convenus avec S. A. E. qu'à fon retour à Ratisbonne, où il s'en va demain, il agiroit fur ce pied-là; ce n'est pas une chofe à négliger, fur-tout dans le tems où nous fommes menacés, pour le commencement de la Campagne prochaine, d'une augmentation confidérable de Troupes de Brandebourg en ce pays-ci, puifque quand même cette Négociation n'auroit pas tout le fuccès que nous pouvons defirer, elle ne laifferoit pas peut-être, d'être fuffifante pour arrêter, ou du moins fufpendre leur marche, dans le defir fage & bien fondé de finir cette Guerre onéreufe, & de parvenir à une paix générale & glorieufe; outre que je remarque encore par un mot de votre Lettre, Monfieur, du 28 Décembre, qu'il n'y a rien à négliger, les moindres chofes pouvant n'être pas indifférentes.

La Nouvelle que nous avons apprife

depuis peu de jours, de la mort de ce Prince de Wolffenbuttel qui nous étoit op pofé, me paroît fort confiderable, puifque fes Etats tombent entre les mains de celui que l'on dit avoir été toujours bien difpofé en notre faveur; le Miniftre qui réfide à Ratisbonne de la part du Défunt, dit, il y a quelques jours, à celui de S. A. E. que, fi ce Prince venoit à mourir comme il y avoit apparence, ils pourroient bien rentrer en Négociation enfemble. Il ne doute pas que l'on n'ait déjà pris des mefures convenables fur ce fujet de la part de S. M. & je vous demande feulement pardon de me mêler de chofes qui ne font pas de mon Miniftere. J'en aurois encore beaucoup d'autres à vous mander, Monfieur, mais je les garde pour une autre Lettre, faute de loifir; car notre Marchand Suisse veut abfolument partir; je vous fupplie de ne pas négliger la propofition qu'il m'a faite pour faire paffer fûrement les Lettres une fois par femaine, dont j'ai l'honneur de vous rendre compte par celle-ci; il faudroit pour cela lui faire toucher fes 800 Livres, dès ce préfent mois de Février, pour l'exciter à bien faire; il vient de m'en affurer encore tout préfentement; ce n'eft pas d'aujourd'hui que vous favez,

Monfieur, que point d'Argent point de Suiffe. Je m'en retourne aujourd'hui à Ausbourg, accablé des honnêtetés, & des marques de confiance & d'amitié de Mr. l'Electeur de Baviere, dont je ne m'enivre point: car fi je m'appercevois qu'il n'agît pas bien, cela ne m'empêcheroit pas de vous le marquer avec la même fincérité. J'ai l'honneur d'être &c.

*3**3*3**:32++9++:32++38++32++3+3 MEMOIRE

Sur les Opérations de la Campagne prochaine, envoyé à Mr. de CHAMILLART par Mr. de MARSIN, du 9 Février 1704.

La difpofition plus avantageufe des Affaires de ce pays-ci à la fin de cette Campagne, ayant fait qu'il n'eft plus question de répondre aux Articles du Mémoire inftructif, qui me fut envoyé en ce paysci, lorfque j'y paffai, touchant la difpofition des Troupes pendant l'hiver; il refte à traiter le feul Article qui regarde le paffage des Recrues, que S. M a promis d'envoyer avant le commencement de la Campagne, accompagnées de toutes les chofes néceffaires, portées par le

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