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avant qu'il fe pourra dans la Franconie, & s'il eft poffible j'enleverai quelques uns de leurs Quartiers, fans pouvoir vous en affurer; mais c'eft du moins un moyen de les contenir, & d'empêcher qu'ils ne traversent l'entreprise de Mr. l'Electeur de Baviere, avec lequel j'agis de concert. J'ai été pour cet effet ces jours paffés à Munich. Pendant le même tems Mr. le Marquis de Blainville qui commande à Ulm, paffera le Danube avec 2450 hommes de pied & 1000 Chevaux, détachés de fa Garnifon, & des Quartiers les plus à portée, pour tâcher d'enlever quelqu'un de ceux des Ennemis, ou faire quelque courfe qui nous vaille des Contributions.

Nous fommes bien heureux d'être maî-tres d'Ausbourg, puifque l'ayant je ne puis encore répondre de trouver la fubfiftance néceffaire pour cette Armée jufqu'au printems; le pays que nous occupons ayant été entiérement ruiné & pillé pendant la Campagne, fans y avoir fait un feul Magafin. Il faut faire de fon mieux & s'abandonner à la providence; mais il faut dès à préfent fonger très férieufement, Monfieur, aux fecours du printems, qui ne pourront nous joindre qu'en Corps d'Armée, & fans lefquels nous ne ferons

pas en état de nous mettre en Campagne. Nous n'avons d'argent, en le faifant filer le plus qu'il eft poffible, que jufqu'en Avril, & je ne fais par où vous en ferez paffer autrement qu'avec les Troupes: car tous les chemins font barrés ; j'aurai l'honneur de vous écrire au premier jour plus amplement fur ce feul projet, qui est digne d'une très grande attention. Je fuis, &c.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à Ausbourg, le 4 Janvier 1704.

J'ai appris, Monfieur, que le Comte d'Al

bert, que S. A. E. a dépêché au Roi, pour Jui porter la nouvelle de la prife d'Ausbourg, avoit paffé heureusement, de forte que vous aurez reçu la Lettre dont je le chargeai pour vous, Monfieur. Je me fuis donné l'honneur de vous écrire depuis; mais comme je viens d'apprendre par un de mes Correfpondans de Schaf foufe, qu'une de mes Lettres avoit été interceptée par les Ennemis, par laquelle je vous mandois, un jour devant le départ du Comte d'Albert, qu'Ausbourg demandoit à capituler, & que vous le deviez compter dès lors pour pris, j'appréhende bien que

ces.

ces dernieres n'aient eu le même fort. I ne faut pas pour cela fe dégouter de nos Correfpondans; car il fe fauve plufieurs Lettres par leur moyen, fans quoi il n'en viendroit pas une feule. De plufieurs que j'ai reçues de vous, Monfieur, il n'y en a aucune qui foit écrite depuis que vous avez appris que j'avois joint heureusement Mr l'Electeur de Baviere, avec l'argent qui étoit à Schaffoufe, non pas fans beaucoup de hafards & de peines.

Si un homme que Mr. d'Uffon envoya à la Cour, deux jours après mon arrivée à l'Armée & par lequel j'eus l'honneur de vous en informer, Monfieur, a passé heureufement comme on m'en a affuré, vous aurez vu par ma Lettre, que j'avois été ponctuel à ne pas ouvrir le paquet qu'il m'étoit ordonné de ne décacheter qu'a, près avoir joint Mr. l'Electeur de Baviere.

Quoique j'euffe trouvé Mr. le Maréchal de Villars à la porte de Schaffouse, je ne l'ouvris même que le lendemain de mon arrivée à l'Armée; & vous pouvez compk ter certainement, Monfieur, qu'en toutes chofes, depuis les plus confidérables jufqu'aux moindres qui dépendront de moi, vous me trouverez la même exactitude pour tout ce que vous me prefcri

rez. J'ai eu l'honneur de vous faire mes très humbles remercimens de la dignité que vous m'avez procurée fans l'avoir méritée, ni defirée avec aucun empreffement; & je vous fupplie de me permettre de vous renouveller encore les affurances d'une reconnoiffance & d'un attachement inviolables, & qui dureront autant que ma vie.

Cette Lettre eft la réponse à celles que j'ai reçues de vous jufqu'à préfent: dans celle qui a été prife par les Ennemis, jevous temoignois ma joye de l'efpérance que vous me donniez, de voir la Campagne prochaine, Mr. de la Feuillade en cette Armée. Il y a longtems qu'il m'honore de fes bonnes graces, je n'oublierai jamais rien de ce qui pourra dépendre de moi pour les mériter. Il nous est revenu ici, qu'il va commander en Dauphiné cet. hiver, & que le Roi l'a fait Lieutenant Général.

J'ai l'honneur de vous écrire aujourd'hui féparement & par deux voies différentes,. une Lettre en petit volume de l'état préfent des chofes en ce Pays-ci..

P. S. Je prends la liberté de joindre une Lettre de Mr. le Comte de Brun à cel.

le-ci, qu'il m'a prié de vous faire tenir; je crois que c'eft pour vous supplier de lui accorder votre protection.

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MEMOIRE.

Les raifons pour conferver Neubourg, font que tant que les Ennemis auront Fribourg, il paroît utile d'avoir un lieu entre Brifack & Huningue, qui protege la haute Alface contre les Partis qui pourroient fortir de ce premier lieu; d'autant plus que toutes les Opérations de la Campagne fe font d'ordinaire au delà de Landau, & qu'il y a un éloignement très confidérable de ces lieux-là à ceux dont je viens de parler.

Il faut encore ajouter que le côté du Rhin fur lequel eft Neubourg, eft entiérement fupérieur au bord d'en-deçà ; qu'ainfi c'eft une fituation avantageufe pour l'Ennemi qui voudroit paffer ce Fleuve. Les raifons pour le rafer, font que la Place ne vaut rien, qu'un Ennemi fupérieur, en plaçant des Batteries fur le bord du Rhin, peut rompre le Pont, occuper les Iles, & enfuite faire le Siege de cette Pla

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