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avantage, & porter peut-être le Duc de Wirtemberg à fe détacher en particulier du parti des Alliés, au cas qu'il ne fût pas poffible de venir à bout de la féparation de tout le Cercle; je fais que ce Miniftre a beaucoup d'afcendant fur l'efprit du Duc de Wirtemberg, & un grand pouvoir dans fon Confeil. Si cela ne réuffit pas, du moins nous ne rifquons rien.

Je vous fuis obligé, Monfieur, des foins que vous prenez de m'informer des difpofitions, que vous avez faites du nouveau Fort, qu'on doit faire à Ausbourg, & du lieu qu'on a choifi pour cela; c'eft un effet de votre prévoyance ordinaire; je vous prie, Monfieur, de continuer à y tenir la main.

Je n'ai pas reçu la Lettre de Mr. le Maréchal de Tallard, dont vous me parlez dans la vôtre, elle ne s'eft pas trouvée dans le dit paquet, que vous m'avez envoyé.

J'ai appris avec plaifir, la diligence que vos Officiers font, pour rétablir leurs Troupes. Je vous envoye ci-jointe l'ordre que vous m'avez demandé pour la fortie des Chevaux; de mon côté l'on ne perd pas de tems non plus, pour étre prêt d'entrer de bonne heure en Campa. gne. Je fuis, &c.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART,
à Ausbourg, le 7 Mars 1704.

Comme
omme le point capital, qui mérite
toute l'attention du Roi, & la vôtre,
Monfieur, eft la jonction des Recrues;
je crois autant que je fuis en état d'en
juger par moi-même, depuis le peu de
de tems que je fuis en ce Pays-ci, & par
ce que je puis apprendre de tous ceux
qui en ont une plus exacte connoiffance,
y étant depuis plus long-tems, qu'une
des meilleures voies pour les faire venir
feroit de les faire paffer à Huningue, &
de-là à la Maifon-Rouge, où l'on dit qu'il
n'y a qu'un très petit Fort très ailé à
prendre, préfuppofant que les dites Re-
crues feront accompagnées pour les efcor-
ter, d'un Corps de Troupes affez confi-
dérable, avec du Canon, qui les condui-
ront jufqu'au Haut Danube; & pendant
ce tems le refte de l'Armée du Rhin cou-
vriroit leur marche, en s'avançant par
Offembourg, ou par Walkirch jufqu'à Hor-
neberg, pendant lequel tems Mr. l'Elec-
teur de Baviere pourroit s'avancer avec
fes Troupes du côté de Nordlingen, pour
contenir les Ennemis qui font de ce côté.
On pourroit même peut-être l'engager à

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s'avancer jufques fur la Brentz, & s'approcher méme, un peu davantage d'Ulm, à quoi il ne fe réfoudroit pas peut-être fans peine, à caufe de l'inquiétude continuelle qu'il a pour fon Pays qui est tout ouvert; & pendant ce tems avec le refte de l'Armée, je pourrois m'avancer jufqu'à Riedlingen, & enfuite me porter jufqu'à Mingen, qui eft le lieu où Mr. l'Electeur de Baviere envoya un gros Détachement à ma rencontre, lorfque je le joignis; d'où je pourrois détacher un Corps pour aller recevoir les Recrues, qu'il eft néceffaire, pour en tirer toute l'utilité qu'on en doit attendre, d'accompagner de beaucoup d'Argent, tant pour la fubfiftance des Troupes du Roi, que pour celles de l'Electeur, & de toutes les autres chofes néceffaires à une Armée qui eft depuis long-tems fans Communication avec fon propre Pays.

Mr. de MARSIN à Mr. de CHAMILLART, à Ausbourg, le 13 Mars 1704.

Je ne e ne reçois que dans cet inftant, Monfieur, la Lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 11 Février, par

la

laquelle j'apprends la réception de la mienne du 17 Janvier, qui vous informoit du fuccès de l'heureufe entreprise de S. A. E. fur Paffaw, & de la Diverfion que j'avois faite du côté de la Franconic pendant ce tems.

Je ne manquerai pas de faire favoir à Mr. l'Electeur de Baviere, comme vous me l'ordonnez, l'intérêt fincere que vous prenez à tout ce qui le regarde, & je puis vous affurer qu'il reçoit toujours avec beaucoup de plaifir, tout ce qui lui vient de votre part, Monfieur.

Votre même Lettre du 11 Février me fait voir encore, la perte prefque certaine des paquets contenant les vues du Roi,, fur la Campagne prochaine, dont Mr. Electeur de Baviere & moi, fommes dans une inquiétude qui ne fe peut exprimer.

J'ai eu l'honneur de vous mander par mes deux dernieres Lettres des 7 & 10, de ce mois, ce que je pourrois faire avec cette Armée, pour aller à la rencontre des Recrues, en cas qu'elles viennent par la Route que j'avois l'honneur de vous marquer; il feroit bien difficile, pour ne pas dire impoffible, que je puffe m'avancer davantage, étant bien certain qu'il faudra pour cela, nous féparer en Tom. I. E

deux, comme j'ai eu l'honneur de vous le dire par les dites deux dernieres Lettres, desquelles la derniere du 10 qui eft allée par la pofte, par celle des adreffes que j'ai ici, que je crois la plus fûre, n'eft que le Duplicata de l'autre du 7, dont j'ai chargé un Officier de Baviere, qui s'eft trouvé affez entendu, ou d'affez bonne volonté pour vouloir bien fe hafarder à la porter, m'affurant qu'il étoit certain de paffer & repaffer. Je prenois la liberté de vous prier en même tems, Monfieur d'avoir la bonté d'ordonner qu'il foit récompenfé graffement de fon voyage; ces fortes de gens étant difficiles à trouver, & ayant befoin d'être excités par le véhicule de l'intérêt. J'efpere en trouver! un autre, mais qui eft François, que jel compte vous envoyer ces jours: ci, puifque je ne vois plus de jour à espérer l'arrivée de ce Projet, que vous m'avez marqué, Monfieur, m'avoir envoyé par cinq différentes voies; j'avois toujours différé à le faire partir, le deftinant à vous porter ma réponse; il me fait auffi efpérer qu'il paffera & repaffera heureusement : le retour est le plus difficile. L'atten

tion des Ennemis pour empêcher le Commerce des Lettres eft étonnant, y ayant plus de trois mois que Mr. l'Electeur de

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