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fon éloquente fageffe. La quatriéme eft fur faint
Irenée dont les écrits, dit-il, font pleins de l'an-
cienne vigueur évangelique. La cinquiéme fur S.
Cyprien ; Erafme dit, que ce pere vaut autant lui
feul que plufieurs autres, de quelque maniere
qu'on le confidere, foit par rapport à fon éloquen-
ce, foit par rapport à fa doctrine, foit à caufe de
fon cœur tout enflammé de la vigueur de l'efprit
de Dieu, foit à caufe de la gloire de fon martyre.
L'éloge de faint Cyprien eft fuivi de la vie d'Ori-
gene, & du jugement qu'il porte fur fa doctrine,
& fes écrits. La fixiéme fur l'édition Grecque de
faint Bafile, qu'il appelle le Demofthene chrétien,
un orateur celefte qui touche les cœurs par la
force de l'efprit faint qui l'animoit & qui parloit
par fa bouche. La feptiéme eft fur faint Hilaire;
Erafme convient que cc pere
eft fort obfcur, &
ajoûte, que quand il auroit écrit fur des fujets plus
aifez à être expofez clairement, il étoit d'un ge-
nie à ne pas fe faire entendre plus facilement. Il Y
a encore des prefaces fur Arnobe, qu'il croit fauf-
sement être le même que le maître de Lactance;
fur le livre d'Alger touchant l'euchariftie; fur le
commentaire des pfeaumes par Haymon; fur le
fermon de faint Chryfoftome touchant faint Ba-
bylas, & d'autres.

Les ouvrages de pieté d'Erasme sont le manuel du foldat chrétien; un difcours pour exhorter à embråffer la vertu ; de la vraïe théologie, une exhortation à l'étude de la philofophie chrétienne; de la maniere de fe confeffer; explication de quelques pfeaumes; de la pureté de l'église de Jesus

AN. 1536.

Chrift; un difcours de la mifericorde ; une conful

AN. 1536. tation fur la guerre des Turcs ; de la concorde de l'églife; un fymbole ou catechisme ; la comparaifon d'une vierge & d'un martyr ; un sermon fur l'enfant Jefus ; une lettre de confolation à des vierges; une inftruction fur le mariage chrétien ; la veuve chrétienne; fon ecclefiafte dont on a rapporté l'analyse; un difcours de la crainte de Jefus-Chrift; du mépris du monde, & d'autres opufcules de devotion tous compris dans le cinquième

tome.

Ses apologies & fes traités de contestations perfonnelles, renfermés dans le neuviéme tome font, lettre apologetique à Dorpius, pour le traité de l'éloge de la folie, apologie contre le Fevre d'Etaples; écrit à Latomus fur les langues; écrit à Clichtoüe pour la défense de fon traité du mariage; apologie fur cette verfion des premieres paroles de l'évangile de faint Jean, in principio erat fermo. Trois apologies contre les notes d'Edouard Lée; écrit à Jacques Lopez Stunica fur plufieurs paffages de l'écriture; écrit contre Caranza fur trois paffages de l'écriture & celui-ci, nous reffufciterons tous. Supputation des erreurs de la cenfure de Noël Beda contre Erasme, fur divers paffages de l'écriture; réponse aux notes de Beda; apologie contre les emportemens de Sutor avec deux additions, l'une contre l'antapologie du même, l'autre contre les écrits de Clichtoüe; déclarations contre les theologiens de Paris; apologies fur divers points de doctrine & de difcipline, contenus dans les points de la cenfure contre Erafme; réponse aux

demandes d'un jeune homme fur l'écriture; apologie à des moines d'Espagne fur des paffages de l'é- AN. 1536. criture; réponse à l'exhortation d'Albert Pio prince de Carpi, & à fes vingt-quatre livres fur plufieurs points de doctrine & de difcipline. Traité du libre arbitre, & des loix humaines. Deux livres intitulés, Hiperafpiftes, pour la défense de ce traité. Réponse à une lettre de Luther. Réfutation d'un libelle intitulé, conformité du fentiment de Luther & d'Erafme touchant la céne. Ecrit contre les Pfeudo-évangeliques fur la réforme. Ecrit aux freres de l'Allemagne. Eponge contre Ulric Hutten. Ecrit contre le fiévreux ou contre Louis Carvajal. Avis contre le menfonge & la calomnie. Traité des Antibarbares. Ecrit contre des Geais fuperbes. Réponse à Pierre Curius. Nous ne disons rien des ouvrages qui ne concernent point les matieres ecclefiaftiques.

LXXXIX. Honneurs que ceux de Roterdam ont rendus à

On ne doit point omettre avant que de finir son article, les grands honneurs que la ville de Rotterdam a rendu à fa memoire. Elle a voulu pre-memoire. mierement que la maison où ce grand homme étoit né, fut décorée d'une infcription qui apprît à tout le monde cette glorieufe prérogative. En fecond lieu, que le college où l'on enfeigne le grec, le latin & la rhetorique portât le nom d'Erafme que l'on voit écrit au frontifpice. Enfin elle fit ériger en 1549. une statuë de bois à l'honneur de ce fçavant. On y en mit une de pierre en 1557. mais les Efpagnols l'aïant renversée en 1572. le magiftrat en fit faire une autre de bronze qui fut pofec l'an 1622. La populace de Rotterdam s'étant foulevée

:

en 1672. ôta cette statuë de la place publique, préAN. 1536. tendant que les honneurs qu'on lui rendoit étoient défendus. On délibera même de la fondre les habitans de Bâle firent tous leurs efforts pour l'empêcher, & chargerent leurs correfpondans en Hollande de l'acheter à quelque prix que ce fut. Mais les seditieux aïant change de sentiment, convinrent entre cux qu'il ne falloit ni la fondre ni la vendre, mais la remettre en fa place. Ce qui fut executé peu de temps après, & la statue y fubfifte encore; elle eft dans la grande place de la ville, au bord d'un canal, fur un piedestal orné d'inscriptions, & entourré d'un baluftre de fer.

XC.

ques propofitions

Fis.

lectio jud. de no

136. & feq.

La faculté de Paris cenfura cette année treize Cenfures de quel propofitions qui lui furent adressées par le chapipar la faculté de tre de léglife du Mans. La 1°. étoit conçue en ces theologie de Pa- termes. Quand on demande pardon à Dieu de fes D'Argentré col- pechez, il les pardonne & quant à la peine & vis error. t. 2. p. quant à la coulpe. J'entens, quand d'auffi bonne affection on demande pardon de la peine, comme de la coulpe, parce que c'eft plus de remettre la coulpe que la peine. La faculté dit que la propofition ainfi énoncée en termes generaux eft heretique, tendante à détruire le purgatoire & la priere pour les morts, qu'elle abolit les œuvres fatisfactoires. La 2°. quand le pere & la mere propofent de faire baptifer leur enfant, & font des prieres pour lui, fi par accident il meurt fans baptême, je ne voudrois pas dire qu'il fut damné, parce que Dieu cit plein de mifericorde, & ne fe lie point par les loix qu'il a établies. La censure dit que Dieu eft tellement mifericordieux, qu'il eft juste

:

en même temps, & ne laisse pas les pechez impunis, & qu'ainfi c'eft par un jufte décret qu'il punit de la damnation les enfans qui meurent fans baptême; ce qui eft conforme à l'écriture & aux faints peres. C'eft pourquoi la propofition est témeraire, impie, oppofée à la loi divine. La 3o. il ne faut pas entre les chrétiens établir des reglemens humains, parce qu'ils font reglez par la doctrine évangelique cette propofition eft héretique, dit la cenfure, & anéantit la police chrétienne en voulant ôter la vigueur des loix humaines: Elle eft auffi contraire à l'écriture, & n'a été puifée que dans les erreurs des Aëtiens, des Vaudois & de Luther. La 4°. c'eft judaïfer que de prêcher & d'obferver les dix commandemens de Dieu; ce que j'entens quand on ne prêche point les articles concernant Jefus-Chrift. Cette propofition eft condamnée comme fauffe & contraire à l'évangile, où Jesus-Chrift enfeigne que pour obtenir la vie éternelle, il faut obferver les commandemens, lefquels n'excluent pas ce qui concerne Jefus Christ. La se. dans la chrétienté il y a plus de judaifme que de chriftianifme. La cenfure dit que cette propofition, en tant qu'elle défigne que les faintes loix de l'église appartiennent au judaisme, eft faufse, impic, ennemie de la religion, ouvertement lutherienne & fchifmatique. La 6a. le falut de l'ame ne confifte pas dans les ceremonies, & on ne gagneroit pas le paradis par elles. Cette propofition cft cenfurée comme impie, fchifmatique, conforme aux erreurs de Wiclef & de Luther, parce que les céremonies contribuent à la pieté,

AN. 1536.

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