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au culte divin, à la pureté de l'ame, & à faire acAN. 1536. complir plus facilement les préceptes. La 7o. com

me un double vaut fon prix, & un écrit fon prix, aufli les céremonies valent leur prix. La cenfure dit que cette propofition rélativement à la préce– dente dont elle est la fuite, semble ne tendre qu'à inspirer du mépris pour les céremonies. La 8o. du temps de Jefus-Chrift, on ne difoit point d'heures, aïcz fi vous voulez, un breviaire, mais ne le dites pas. Cette propofition, dit la faculté, enfeignant que les heures canoniales ne doivent point être récitées, & qu'elles ne fervent de rien aux fideles, ne tend qu'à introduire un fchifme dans l'églife, elle eft héretique & conforme aux erreurs de Wiclef & de Luther; parce qu'il eft certain que l'églife infpirée par le Saint-Efprit a établi ces heures qui viennent de Jefus-Chrift, des apôtres & de leurs premiers fucceffeurs. La 9°. c'eft bien fait de prier les faints, mais nous n'y fommes pas obligez, & il fuffit de s'adreffer à Dieu. Cette propofition eft cenfurée comme fauffe, impie, qui prive les Chrétiens d'un grand avantage, tirée de l'hérefie de Vigilance, des Vaudois & de Luther, enfin oppofée à la tradition de l'église fondée fur l'écriture fainte, La 10°. nous devons prier *C'eft le pa- Dicu pour faint Julien, mais c'eft feulement thedrale du Mans. pour accelerer le dernier jugement, & faire plûtôt reprendre à ce faint fon corps glorieux. Cette propofition eft qualifiée fauffe, injurieuse aux faints, & avancée avec temerité & fcandale, La 11°. la fainte Vierge mere de Jesus-Chrift n'a pas merité de le porter en fon fein, Cette propofition cft traitéc d'erronée,

tron de l'églife ca

I

d'erronée, de fcandalcufe, d'injurieuse à la trèsfainte mere de Dieu, de contraire à l'ufage de l'églife, & déja condamnée par la faculté. La 12°. la vierge Marie portant Jefus-Christ dans son sein étoit comme un vafe rempli de pierres précieuses, qui ne demeure plus que vafe dès qu'elles en font dehors. Ainfi la Vierge dès qu'elle eut mis Jesus-Chrift au monde, n'étoit pas plus qu'une autre femme. La cenfure condamne cette propofition, comme héretique, & remplie de blafphêmes contre JesusChrist, & fa fainte mere ; la fainte Vierge mere de. Dieu aïant toûjours été Vierge, très-pure, pleine de grace, reine du ciel, benite entre toutes les femmes, devant & après fon enfantement, en forte qu'aucune ne l'a égalée. La 13°. il y en a qui croïent que Joachim eft le pere de la Vierge, non; & faint Auguftin tient le contraire. Cette propofition est fauffe, dit la cenfure, & on ne l'appuïe de l'autorité de faint Auguftin, que parce qu'on entend malce faint docteur. Cette cenfure fut rendue dans une affemblée generale aux Mathurins le septiéme Mars 1536.

Cependant le zele de la faculté de théologie à condamner les erreurs qui s'élevoient dans le roïaume, n'arrêta pas l'hérefie qui y prenoit de jour en jour de nouvelles racines. Calvin eut la hardieffe non-feulement de publier fon livre de l'inftitution dont la preface eft dattée de Bâle du premier d'Août 1536. mais encore de le dédier au roi François I. pour fervir d'apologie aux prétendus reformez qu'on accufoit en France d'être Enthousiastes & Anabaptistes.

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AN. 1536.

XCI.

Calvin publie

fon livre de l'in

ftitution.

Spon. hift. de Ge

neve liv. z.

plal.

Calvin, praf. in Beze in vita CalMaimbourg hift.

vini.

du Calvinifme

v.1.

Papifme tom. I. • 4.16 p. 447.

Quelques-uns ont dit que Calvin avoit compofe AN. 1536. la plus grande partie de cet ouvrage à Claix, dans Furieu b ft. du la maifon de Loüis du Tillet qui en étoit curé, & en même temps chanoine d'Angoulême, frere de Jean du Tillet greffier du parlement de Paris. Les fectaires regardent ce livre comme une théologie ou une meditation la plus forte qui ait jamais été. On ne peut nier qu'il ne foit très-bien écrit, que le ftile n'en foit très-pur, foit en françois pour le fié cle où il vivoit, foit en latin; & qu'on n'y découvre un esprit subtil, & affez pénetrant dans les matieres de théologie; mais il eft souvent très-faux dans fes fentimens, & pour le moins fort témeraire dans fes décisions; fans compter toutes les hére fies dont fon ouvrage est semé.

XCM.

Plan & deffein de

cet auteur dans fon inftitution.

Chrift. Calvini

1654

Dans la preface Calvin expose d'abord les motifs qui l'ont obligé à écrire. C'étoit pour défendre, dit-il, la foi orthodoxe, & répouffer les calomnies Inftitut. relig: de ceux qui veulent engager le roi de France à la edit. Lug.Bat.an. détruire, par leurs violences, leurs fourberies & leurs menfonges. Et comme ce qu'on objectoit à ces novateurs fe réduifoit à fix chefs. 1°. Que ce qu'ils enfeignoient étoit nouveau, 2°. qu'ils ne confirmoient leur doctrine par aucun miracle, 3o.qu'ils étoient contraires aux faints peres, & aux anciens théologiens, 4°. qu'ils ne fuivoient pas des coûtumes approuvées, so. qu'ils font un procès à l'église qu'ils fuppofent morte & enfevelie, 6o. enfin que leur doctrine eft caufe d'une infinité de troubles & de révoltes, Calvin dans cette preface répond à toutes ces objections..

Il entre enfuite en matiere, & divife fon ou

vrage en quatre livres, dans le premier defquels il établit la connoiffance de Dieu comme créateur; dans le fecond comme rédempteur; dans le troifiéme, comme celui qui nous fanctifie par le faintEsprit; & dans le quatrième, il parle des moïens exterieurs dont Dieu nous invite, & nous conferve dans la focieté avec Jefus-Chrift par le moïen de fon églife. Et pour arriver à fon but, il s'attache à fuivre la méthode du fymbole des apôtres, comme connu de tous les chrétiens ; & dans lequel il trouve les quatre parties qui font le sujet de fes quatre livres ; parce que ce fymbole traite de Dieu comme pere tout puiffant, de Jesus-Christ comme fon fils, du Saint-Efprit, & de l'églife.

AN. 1536

XCIII. Premier livre des > inftitutions de

Comme donc dans le premier article du fymbo le, il eft parlé de Dieu le pere comme créateur confervateur, qui gouverne toutes chofes, ce qui Calvin, est renfermé dans la toute-puiffance; le premier livre des inftitutions nous reprefente Dieu fous ces mêmes idées. Il montre d'abord la liaison neceffaite qu'il y a entre la connoiffance de Dieu & la nôtre; que la premiere eft naturelle à l'homme, & qu'elle paroît dans la structure du monde & dans fon gouvernement; que ce n'eft pas là toutefois où il faut la chercher, parce que les hommes ont étouffé cette idée naturelle d'un Dieu par leur ignotance ou par leur malice, & qu'ils font fi ftupides qu'ils ne font aucune attention aux connoiffances qu'ils pourroient tirer des créatures. Il faut donc chercher Dieu dans fes écritures, dont le témoignage eft infaillible, aïant été dictées par le SaintEsprit, & c'est là où il traite de reveries & d'in

!

vention humaine, le dogme qui établit la foi & l'au

AN. 1536. torité des écritures fur le témoignage de l'églife, contre la regle de toute la tradition, & en particulier de faint Auguftin, qui dit qu'il ne croiroit pas à l'évangile, s'il n'y étoit porté par l'autorité de l'églife, paffage que Calvin tâche d'éluder à fa maniere. Le chapitre neuviéme cft emploïé à détruire le fyftême des fanatiques qui ont recours à la révclation. Il explique enfuite ce qu'eft Dieu, il fait voir l'impieté de ceux qui lui attribuent une forme vifible & corporelle, & par occafion, il parle des idoles, de lear origine, du culte des images qu'il condamne, traitant de ridicule la diftinction des cultes de latrie & de dulie. Dans le treiziéme chapitre il parle de la Trinité qu'il réduit à expliquer le mot de perfonne, à prouver la divinité du fils, ensuite celle du Saint-Esprit; enfin à expliquer ce qu'on doit penfer de la Trinité, & combat les hérefies qui fe font élevées contre elle dans ces derniers fiécles, en réfutant les antitrinitaires. La feconde partie de ce livre qui concerne la connoissance de l'homme, traite d'abord de la création du monde, enfuite des bons & des mauvais anges', de l'état de l'homme avant sa chute, de l'immortalité de fon ame, de ses facultez, & de la premiere integrité de fa nature. Il fait voir que Dieu gouverne le monde. par fa providence, qu'il n'eft point auteur du mal, qu'il fe fert des impies & tourne leur efprit de telle maniere pour executer fes décrets, qu'il ne participe nullement à leur malice. On verra dans la fuite que fes principes combattent dicement cette maxime, & rendent Dieu auteur

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