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AN, 1936.

tut. lib. 4. c. 17.

ceci efi

mon corps. Par tout il ne parle que de fens figuré, d'interpretation figurée, & de la figure metonymie qui met le figne pour la chofe façon de parler qu'il nomme facramentelle, à laquelle il veut que les apôtres fuflent déja tout accoûtumez quand Jefus-Chrift fit la céne. La pierre étoit le Chrift, l'agneau eft la Pâque, la circoncifion est l'alliance, ceci eft mon corps, ceci eft mon fang: ce font felon lui des façons de parler femblables. Mais il ne laiffe pas de marquer fon embarras; dans un endroit il rejette la figure avec mépris, comme quand il écrit Dilucid.expof. contre Heshufius miniftre Lutherien: un moment arsit, 361. Inli- après il y rentre, enforte qu'il ne peut rien dire de certain, & qu'il a honte de fa propre doctrine. Après avoir établi que le figne eft pris pour la chofe, il en eft fi peu fatisfait, qu'il dit en d'autres endroits, que ce qu'il a de plus fort pour foutenir fon opinion; c'cft que l'églife eft nommée le corps de Notre-Seigneur. C'est bien fentir la foibleffe que de mettre là fa principale défense. L'église est-elle le figne du corps de Jesus-Chrift, comme le pain l'eft felon Calvin ? Nullement, elle eft fon corps comme il eft fon chef par cette façon de parler fi vulgaire, où l'on regarde les focietez, & le prince qui les gouverne comme une efpece de corps naturel qui a fà tête & fes membres. Le refte de la doctrine ne lui donne pas moins de peine, & les expreffions violentes dont il fe fert, le font assez voir. Auffi fes difciples ont été contraints de l'abandonner dans le fonds; en forte que', felon eux, recevoir la propre fubftance du corps de Jefus-Christ, c'est

feulement le recevoir par fa vertu, par fon efficace,
fon mérite; toutes chofes
jettées comme infuffifantes.

par

que

Calvin avoit re

Un troifiéme article qui acquit beaucoup de crédit à Calvin, parmi ceux qui fe piquoient d'avoir de l'esprit, fut la hardieffe avec laquelle il rejetta les céremonies. Il condamnoit Melanchton qui trouvoit à fon avis les céremonies trop indifferentes; & fi le culte qu'il introduifoit parut fi nud à quelquesuns, qu'ils l'ont appellé un fquelette de religion, qui n'avoit ni fuc, ni onction, ni ornement, ni rien qui fentît & qui infpirât la devotion; cela même fut un nouveau charme pour les beaux efprits, qui crurent par ce moïen s'élever au-deffus des fens, & fe diftinguer du vulgaire..

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CII. Autres erreurs

Calvin foutient encore en termes formels qu'Adam n'a pu éviter fa chute, & qu'il ne laiffe de Calvin. pas d'en être coupable, parce qu'il eft tombé volon- Institut. lib.3.0. tairement. Ce qu'il entreprend de prouver dans fon 23.7-8.2. inftitution: & il réduit toute fa doctrine à ces deux

principes ; l'un
que la volonté de Dieu apporte dans
toutes chofes, & même dans nos volontez, fans en
excepter celle d'Adam, une néceflité inévitable;
l'autre que cette néceflité n'excufe pas les pecheurs.
On voit par là qu'il ne conferve du libre arbitre
que le nom; même dans l'état d'innocence : & il
ne faut pas difputer après cela, s'il fait Dieu auteur
du peché, puifqu'outre qu'il tire fouvent cette con
féquence, on voit trop évidemment par les princi-
pes qu'il pofe, que la volonté de Dieu eft la feule
caufe de cette néceffité impofée à tous ceux qui pé-
chent..

ux.qui

Rüj

AN. 1536

CIII.

Ce qu'il a écrit

fur les vœux & autres fujets.

Inftitut. lib. 4. c.

Quand il parle des vœux monaftiques & des religieux qui les ont fait, il dit que leur aveuglement étoit d'autant plus déplorable, qu'ils fe trouvoient dans une condition qui les rendoit malheureux en ce monde, & les damnoit dans l'autre : que leur 13. n. 8. 9. & feq. engagement dans le cloître étoit abfolument nul; & que comme il n'étoit pas au pouvoir des hommes de défunir ce que Dieu avoit joint, il ne l'étoit point auffi de tenir dans l'esclavage ceux que la loi divine mettoit en liberté : Que les vœux en general étoient de purs ouvrages de la fuperftition, & qu'en particulier celui de la pauvreté étoit à charge à l'état, que celui de la chasteté l'affoiblissoit, & que celui de l'obéiffance établiffoit fur les confciences un joug, que les loix divines & humaines n'avoient pas jugé à propos d'imposer.

2. n. 9. 10. 11. lib. 3. c.16.22.

12. lib. 2. cap.1.

23.

Inftitut. lib. 3. 6. Les autres erreurs de Calvin repandues dans fon inftitution, consistent à vouloir que la foi foit toûjours mêlée de doute & d'incrédulité, que le pere éternel n'engendre pas continuellement fon fils, & que le fils n'a pas fon effence du pere, ni le SaintEfprit du pere & du fils; que Jesus-Chrift n'a rien mérité à l'égard du jugement de Dieu; qu'il a cu de la crainte pour le falut de fon ame; que Dieu a créé la plupart des hommes pour les damner, non qu'ils l'aïent mérité pour leurs crimes, mais parce qu'il lui plaît ainfi, & qu'il n'a prevû leur damnation, que parce qu'il l'a ordonnée avant que de prévoir leurs crimes, ce qui détruit abfolument toute l'idée qu'on doit avoir de Dieu.

CIVI

Calvin va en Ita

Auffi-tôt que Calvin cut fait imprimer fes lilie auprès de la vres de l'inftitution à Bâle, il s'en retourna à Straf

rare.

CV. Calvin arrive à

Bezein vita Cal

bourg où il prit auffi-tôt la refolution de paffer les Alpes & d'aller trouver la ducheffe de Ferrare, Re- AN. 1536. née de France feconde fille du roi Louis XII. & de ducheffe de Ferla reine Anne de Bretagne. Cette princeffe que la Theod. Beze in vi nature n'avoit pas beaucoup favorifée du côté du 14 Calvini. corps, avoit en récompenfe beaucoup d'efprit fçavoit la philofophie, les mathématiques, & raifonnoit aflez bien d'aftronomie. Elle avoit déja fait venir à fa cour Clement Marot, qui lui avoit infpiré beaucoup d'inclination pour la nouvelle reforme: Et en effet elle panchoit beaucoup pour le parti de Luther. Mais Calvin aïant acquis quelque credit fur fon efprit, tâcha de la mettre de fon cô- Ferrare & inftruir té & n'omit rien de ce qui pouvoit l'attirer à lui. la duchesse. Il lui infinua que Luther avoit été trop timide & vini. qu'il étoit demeuré au milieu du chemin, que Zuingle étoit allé trop loin, que Melanchton travailloit inutilement à concilier ces deux partis avec les catholiques, parce qu'il entretenoit les abus dans l'églife en voulant rétablir l'épifcopat; quoiqu'il ne le réconnut que de droit humain, qu'enfin pour arracher tous ces abus jufqu'à leurs racines & rétablir la foi & la difcipline dans toute leur pu reté, il falloit d'un côté ôter à l'euchariftie la prefence corporelle de Jefus-Chrift; & de l'autre y fubftituer la verité & la felidité des fruits de la rédemption. La ducheffe de Ferrare entroit affez dans toutes ces nouveautez; mais le duc de Ferrare craignant que le féjour de Calvin dans les états ne le mit mal lui-même avec le pape de qui il rélevoit, obligea cet héretique de s'en retourner inceffamment dans fon païs, & lui fit craindre de le

CVI. Le duc de Ferrare le fouffrir dans fes

ne veut pas

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AN. 1536.

CVII.

Calvin s'arrête à

blit avec Farel.

Theodor. Beze in wita Calvini.

déferer à l'inquifition s'il ne partoit promptement. Calvin chaffé de Ferrare vint en France pour y mette ordre à ses affaires, on ne dit pas dans quelGeneve & s'y éta- le ville il s'arrêta, fi ce fut à Paris ou à Noyon, mais le féjour qu'il y fit ne fut pas long; & la même année il prit le chemin de Strasbourg par la Savoïe, & s'arrêta à Geneve, où Farel & Viret avoient commencé à établir la religion proteftante. Farel qui sçavoit la réputation que Calvin s'étoit acquife parmi les proteftans de France, fit tant qu'il lui perfuada de s'établir à Geneve pour l'affifter dans le gouvernement de l'église prétenduë qu'il y avoit fondée, & partager entre eux les emplois du miniftere. Sur le refus que Calvin faifoit de fe rendre, fous prétexte qu'il avoit quelques études à faire qui l'occuperoient assez, Farel lui dit : le prétexte que vous m'allegués eft frivole, & je vous annonce au nom du Dieu tout puiffant, que fi vous refusez de travailler avec nous vous attirerés fur vous la malediction du Seigneur, parce que vous préferés vos interêts à ceux de Jefus-Christ. Calvin accepta donc la commiffionde prédicateur, & de profeffeur en theologie, que le magiftrat & le confiftoire de Geneve lui adrefferent du confentement du peuple, & il commença d'entrer en exercice au mois d'Août de cette année 1536.

CVIII:

neve vient trouver l'empereur.

Pierre de la Baume évêque de Geneve connoifL'évêque de Ge- fant enfin la faute qu'il avoit commise en quittant fa ville, fit plufieurs tentatives pour y rentrer mais le parti des héretiques groffiffant tous les jours, elles furent inutiles, la réputation de Calvin atti

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