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parce qu'il lui fuffifoit qu'il y eût un concile, &
qu'il lui feroit aifé de changer tout ce qui ne lui plai-
roit pas, & de faire confentir la plus grande partie
de l'Allemagne, à la tenue & aux conditions du
même concile. L'empereur étant fur le point de par-
tir de Rome, y fut vifité par deux envoyez de Fran-
́ce Velli, & l'évêque de Mâcon qui étoient à Rome.
Ces deux envoyez ayant appris que le pape formoit
un obftacle à l'inveftiture du duché de Milan en
faveur du duc d'Orleans, parce que Catherine de
Medicis fa femme deviendroit par-là en poffeffion
de ce duché, ce que le pape ne vouloit pas,
le trouver, pour tacher de lui faire changer de fen-
timent. Mais le pape qui n'aimoit pas la famille de
Leon X.& de Clement VII.& qui ne vouloit pas ce-
pendant paroître trop oppofé à ce qu'on lui deman-
doit, répondit qu'autant qu'il avoit pu connoître
les deffeins de Charles V. ce prince ne lui avoit pas
paru difpofé à donner le Milanez au duc d'Orleans,
& qu'il falloit s'attendre à une rupture, file roi ne
vouloit point d'accommodement là-deffus. Velli &
fon collegue qui fentoient affez ce que ce difcours
vouloit dire,ne laifferent pas d'aller trouver l'empe-
reur,qui leur repondit, qu'ils n'avoient qu'à le fuivre
tous deux chez le pape, où il les inftruiroit de fes
intentions, & en même temps il fit dire aux ambaf-
fadeurs de Venife qui étoient dans l'antichambre,
'de s'y trouver.

Il entra auffi-tôt après dans la chambre du confiftoire, où le pape avoit affemblé ce jour là les cardinaux, les ambassadeurs, & tous les principaux préats de Rome, les grands & les plus confiderables

ffiociers de la cour imperiale : car le pape croïant que le deffein de Charles V. qui avoit demandé cette affemblée, étoit de faire en public des remercimens des honneurs qu'il avoit reçus à Rome, avoit donné les ordres neceffaires pour la rendre la plus nombreuse qu'il feroit poffible. Le confistoire, à la referve de quatre cardinaux qui demeurerent avec le pape, alla recevoir l'empereur jufqu'à fon appartement, & l'ayant conduit au lieu ordinaire, le pape averti de sa venuë defcendit pour le recevoir : l'empereur après l'avoir falué, lui dit qu'il avoit à parler d'affaires d'une extrême importance devant tout le facré college, & même publiquement, & qu'ainfi -il demandoit qu'on ne fit fortir perfonne. Aufli-tôt les cardinaux s'approcherent de même que les ambaffadeurs de France, ceux de Venife derriere eux, & un peu au delà plufieurs autres ambaffadcurs, & un grand nombre de perfonnes de qualité de la cour de l'empereur, & de celle du fouverain pontife. Enfuite l'empereur fe leva de fon fiege, & le bonnet à la main, commença un difcours en Espagnol dans lequel il repandit toute fa bile contre les François.

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XVI.

Difcours de l'em-
Confiitoire.

pereur en plein

Daniel hift. de France tom. 5. in 4. pag. 664.

Belcar. in com

Il dit d'abord que deux chofes l'avoient obligé de venir à Rome, l'une pour rendre les refpects au pape, & le fupplier de vouloir affembler un concile general; ce que fa fainteté lui avoit accordé, en nommant le lieu, & lui marquant le tems de fa convocation. L'autre pour faire entendre faire entendre au fouverainment. pontife, le defir qu'il avoit toûjours eu pour le bien general de toute la chrétienté, d'entretenir une bonne amitié & fincere correspondance avec le roi François I. qu'il avoit taché par toutes fortes de

prà.

ibid ut fu

Mem. hift. & pod'Autriche com.1. Raynald. annal. tom. 21. ad hune

ltig.de la maison

pag. 256. & fuiv.

Ann. n. 6.

moïens d'engager ce prince, à le feconder dans les AN. 1536. deux deffeins que Dieu lui avoit inspirez, d'étouffer l'hérefie & d'arrêter les progrez des Turcs, & qu'il l'avoit toûjours trouvé fi contraire à l'un & à l'autre, qu'il ne lui reftoit plus d'autre voie pour le reduire à la raison, que de fe plaindre de lui devant la plus augufte affemblée de la chrétienté. Il entra enfuite dans le recit de fes plaintes, & rapporta tout ce qui s'étoit paffé depuis les traitez faits entre l'empereur Maximilien fon ayeul, & Louis XII. pour l'union des deux maifons. Il dit que le roi lui avoit enlevé Claude de France; qu'il lui avoit manqué de parole en faveur de Renée qui lui étoit promise; qu'il l'avoit engagé dans une ligue contre l'Angleterre pour l'abandonner enfuite; qu'il avoit employé toutes fortes de moïens pour troubler fon élection à l'empire; que la France lui avoit fufcité Robert de la Mark, & le duc de Gueldres pour ennemis, & qu'elle avoit fomenté les guerres civiles d'Efpagne. Que le roi lui avoit declaré la guerre, dont il avoit été puni par la perte de fa liberté, & que pour fortir de prifon il lui avoit juré d'observer exactement le traité de Madrid, quoiqu'il l'eut violé en tout auffi-tôt qu'il s'étoit vû en liberté. Qu'ayant enfuite terminé leurs differends par le traité de Cambray, le roi de France ne l'avoit pas long-temps obfervé, qu'il avoit attaqué vigoureusement le duc de Savoye beau-frere de fa majefté imperiale, & s'étoit emparé de fon païs. Qu'il avoit fufcité contre fa perfonne le landgrave de Heffe, le duc de Virtemberg, & les autres princes Lutheriens, jufqu'à leur fournir de l'argent pour les mettre en état d'entreprendre la guerre,

Il vint enfuite à la mort du duc de Milan, & dit le roi avoit demandé les états du défunt com-que me échus à fes enfans par la fucceffion de leur mère, quoiqu'il eut reconnu Francois Sforce en qualité de poffeffeur legitime de ce duché; que cependant on avoit promis. de les en gratifier, pourvû que le roi s'expliquât nettement fur ce qu'il avoit deffein de faire par reconnoiffance pour la ruine de l'herefie pour la tranquillité des Italiens, & pour le recouvrement de la Hongrie. Que depuis fur une lettre de la reine de France, qui portoit qu'encore que le roi fon mari eut mieux aimé l'inveftiture pour fon fecond fils, il feroit néanmoins content qu'elle paffât au troifiéme, on avoit affuré le roi que le duc d'Angoulême feroit invefti à ces trois conditions; & que nonobftant cela, ce prince dans le même temps qu'il attendoit cette inveftiture, avoit ufurpé les états du duc de Savoye feudataire de l'empire. L'empereur ajouta que malgré cette conduite fi peu raisonnable, il vouloit bien lui offrir encore ce duché, fuppofé qu'en le donnant on établît une paix folide & durable dans la chretienté, ce qui ne pouvoit arriver fi le duc d'Orleans en étoit invefti, à caufe des prétentions de Catherine de Medicis fa femme, fur les duchez de Florence & d'Urbin, parce que toutes les rénonciations qu'il y pourroit faire, ne feroient pas meilleures que celles que le roi fon predeceffeur avoit faites du duché de Bourgogne, & qu'il avoit toutefois retenu,

L'empereur conclut en difant qu'il offroit de trois chofes l'une au roi de France en prefence de route l'assemblée, ou le duché de Milan pour fon

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troifiéme fils, à l'exclufion du duc d'Orleans, & à AN. 1536. condition que François I. l'affureroit du nombre & Paul Jove kit. de la qualité des forces, que lui empereur demanBelcar. ut fuprà, doit pour aller contre les Turcs ou les heretiques :

lib 31.

ou un duel par lequel ils vuideroient ensemble, & feul à feul toutes leurs querelles, afin d'épargner le fang de leurs fujets, & que ce duel fe feroit dans une ifle, fur un pont, ou dans un bateau, l'épée, ou le poignard à la main, & en chemise fi le roi de France le vouloit, pourvû qu'on mît en depôt d'un côté le duché de Milan, de l'autre le duché de Bourgogne au profit du vainqueur,& que les troupes des deux couronnes s'uniffent enfuite, pour rendre l'églife Romaine maîtreffe des heretiques, & la mettre en état de ne pas craindre le Turc. La troifiéme chofe que l'empereur offroit, étoit qu'en cas que le duel vint à manquer la guerre fe continueroit entre eux à toute outrance, jufqu'à ce que l'un eût reduit l'autre à l'état de fimple gentilhomme: il ajoûta que tout lui promettoit la victoire, ayant de fon côté la juftice & la raifon, fes affaires en bon état, une heurcufe difpofition dans fes fujets, du courage dans fes foldats, de l'experience & de la valeur dans fes capitaines au lieu que les affaires de François I. étoient ruinées, fes fujets mal intentionnez, fes troupes très-peu confiderables, & fes officiers fi peu capables de commander, que fi les fiens n'étoient pas plus habiles, il iroit la corde au cou fe jetter aux pieds du roi, pour tacher d'obtenir de fa clemence mifericorde & pardon. En finiffant il s'étendit beaucoup fur les miferes que cause la guerre, & protefta que quoiqu'il ne fut pas accoutumé à propofer

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