Images de page
PDF
ePub

Janiffaires, & qu'ils avoient été témoins que ce sultan aïant affiegé Conftantinople en 1453. l'em- A N. 1538. pereur des Grecs Conftantin XV. s'étoit rendu volontairement, & avoit apporté au vainqueur les clefs de sa ville. Ce témoignage fut reçu, on revoqua l'ordre qui commandoit la destruction des églifes, & le patriarche fut affuré pour l'avenir. Jeremie étoit alors patriarche de C. P.

[ocr errors]

LIII.
Le pape travaille

reconcilier l'empereur & le roi de

Raynald. ad hunc annum n. 8. Pallavicin. kıst. conc. Trid. lib. 4. c. 6. n. 1. & feq.

LIV.

Le pape, l'emFrance s'atfem

pereur & le roi de

Paul III. voulant empêcher les obftacles qui pouvoient arrêter la tenue du concile qu'il avoit indiqué à Vicenze, crut qu'il étoit important de reconcilier l'empereur & le roi de France, dont les divisions nuifoient beaucoup aux interêts de l'églife. A cet effet, il envoïa les cardinaux Chriftophle Jacobatii & Renaud Carpi pour moïenner cette affaire, & l'on obtint que ces deux princes, fçavoir,l'empereur & le roi de France auroient une entrevûë avec le pape à Nice en Savoie. Paul III. s'y rendit le dix-huitiéme du mois de Mai. Le vingt huitiéme fuivant l'empereur fe rendit à Ville-Franche qui appartenoit au duc de Savoïe, & quelques jours après François I. fe trouva à Ville-Ant. de Vera Neuve avec la reine fon époufe. Ce qu'il y eut de p. 106. particulier dans cette entrevûë, eft que les deux 8. p. 407. princes ne se virent point; ils virent en particulier le pape, & traiterent avec lui feparément; Paul III. portant la parole de part & d'autre, pendant tout le temps que la négociation dura; avant que de parler d'affaires, on fe rendit des civilitez réciproques.

On entra enfuite en négociation, & quinze jours le passerent sans qu'on eut pu rien conclure.

blent à Nice. Sadolet l. 2. ep.4.

hift. de Charles V.

Du Bellay liv.

LV.

On entre en negociation, qui finit

par une treve.

Lib. 22. 23. 25.

François I. s'obstina à vouloir pour préliminaire, AN. 1538. que l'empereur lui remît le duché de Milan, & Belear. in comm. Charles V. n'y vouloit confentir qu'à certaines conditions que le roi réfufoit d'accepter. Le pape voïant qu'il ne pouvoit réuffir à accorder ces deux princes, penfa à travailler pour lui même; il tira parole du roi, qu'il feroit réuffir le mariage d'Antoine de Bourbon premier prince du fang avec Victoire Farnefe fille du duc de Parme & niece de Paul III. mais ce projet ne réuffit pas. Enfin le pape voïant qu'il ne pouvoit accorder les deux princes, obtint d'eux, qu'ils confentiroient à une treve de dix ans ce qui faifoit à peu près le même effet que la paix. Cette treve fut ratifiée fur le champ & publiée. Après quoi le pape aïant pris congé des deux princes, s'embarqua fur les galeres. de France, & arriva à Genes le troifiéme de Juillet.

LVI.
Le pape & l'em
pereur arrivent à
Genes.

[ocr errors]

L'empereur qui y étoit arrivé deux heures avant lui, alla loger au palais Doria, bâti fur le bord de la mer hors de la ville, où il fut reçu D. Anton. de Ve- & traité magnifiquement. Le & lui pape

ra hift. de Charts.V. p. 207.

y

ref

terent cinq jours, pendant lefquels ils fe virent deux fois incognito, & conclurent entre eux plufieurs affaires particulieres. Enfuite Paul III. prit la route de Rome, & Charles V. s'embarqua pour l'Espagne. Mais le vent qui paroiffoit trèsfavorable étant devenu contraire, il fe vit obligé pour éviter la tempête, de prendre terre dans Lifle de fainte Marguerite. Ce que le roi François I. qui étoit pour lors à Marseille, n'eut pas -tôt appris, qu'il lui dépêcha un ambassadeur

pour le prier de vouloir fe tranfporter à Marfeille, afin de s'y remettre des fatigues de la tempête, & y attendre le vent favorable; Charles répondit d'une maniere très-obligeante à cette civilité, & s'excufa fort fur ce que le temps le preffoit de s'embarquer. Il s'embarqua en effet auffi-tôt après mais une nouvelle tempête étant furvenue, il fut jetté pour une feconde fois à Aigues mortes, ville du bas Languedoc à deux lieues du Rhône.

:

François I. fçachant l'empereur dans cette ville, monta promptement dans une barque legere, accompagné du cardinal de Lorraine, & de douze de fes principaux officiers pour aller le faluer. Et après s'être entretenus quelque-temps enfemble, le roi partit. Le lendemain au matin l'empereur fit avancer la galere vers le port de Marfeille, où il fut reçu en débarquant par la reine fa fœur, le dauphin, le duc d'Orleans, le cardinal de Lorrai ne & autres, & à la porte de la ville par le roi même. Ces deux princes avant le repas eurent une conference enfemble de plus d'une heure, & après, une autre qui en dura deux, & à laquelle la reine affifta, mais on ne fçait point quel fut le fujet de leur converfation..

L'empereur après cette entrevûë partit, & arri va heureufement à Barcelonne où il trouva le prin ce Philippes fon fils alors âgé de douze ans. Ensuite il alla à Madrid où l'imperatrice étoit malade, & dès qu'elle fut parfaitement guérie, il s'en alla avec toute la cour à Tolede, pour y tenir une affemblée des états, & y traiter des fubfides né

A a iij

[blocks in formation]

A N. 1538.

LVIII.

On commence

gue contre le

Turc.

Annum n. z. & 6.

ceffaires pour la
guerre contre le Turc.
Les conditions de la ligue conclue entre le pape,
l'empereur & les Venitiens, & publiée à Rome,

à executer la li- étoit qu'on equipperoit une flotte de deux cens galeres, dont le pape en fourniroit trente-six, Raynald. ad hunc l'empereur quatre-vingt-deux, & les Venitiens autant qu'outre cela l'empereur armeroit cent vaiffeaux pour conduire les foldats, les provisions & les armes, & païeroit la moitié de la dépense. Qu'il y auroit cinquante mille hommes d'infanterie, d'Allemagne, d'Italie & d'Espagne, avec quatre mille cinq cens chevaux pour être tout prêts au commencement du printemps. Que le pape contribueroit à la fixième partie des frais, Charles V. au tiers, & les Venitiens la moitié. Qu'André Doria feroit géneraliffime de toute la flotte, & commanderoit en particulier les vaiffeaux de l'empereur, Marc Grimani patriarche d'Aquilée ceux du pape, & Vincent Capello ceux des Venitiens; & qu'en cas qu'il y eut une armée de terre, Ferdinand de Gonfague viceroi de Sicile en auroit le commandement. Que de toutes les conquêtes qu'on feroit,les alliez rentreroient dans leurs anciennes poffeffions; que Rhodes feroit renduë aux chevaliers de Malthe, qu'on cederoit au faint fiege quelques provinces confiderables, & que le refte feroit partagé fuivant la dépense qu'on auroit

LIX.
La lâcheté de

faite.

Cette ligue auroit peut-être cu un heureux fucDoria arrête les cès, fi Doria n'eut pas laiffé échapper l'occafion d'une victoire certaine, & n'eut point fait perPentyone hift. 1. dre aux Venitens & aux Genois par de longs dé

.conquêtes des

Chrétiens.

$7.

lais & une lâche fuite la réputation qu'ils avoient
acquife fur mer. On avoit emploïé beaucoup de
temps à équiper une flotte, & à déliberer fur la
maniere de commencer la guerre ; & cette flotte
nombreuse compofée d'environ cent cinquante ga-
leres, foixante navires de charge & beaucoup de
brigantins, ce qui faifoit en tout deux cens cin-
quante vaiffeaux, aïant abordée en l'ifle de Cor-
fe, on avoit réfolu d'aller combattre Barberouffe
qui commandoit l'armée navale des Turcs au gol-
fe d'Ambracie, & qui n'avoit que cent cinquante
vaiffeaux. Barberouffe étonné d'abord du grand
nombre de celles des chrétiens; ne laiffa pas de
vouloir en venir à une action; mais les galeres
qu'il avoit envoïées à la découverte des ennemis,
aïant été mises en fuite par l'avant-garde des al-
liez, & les Chrétiens pouvant aifément profiter
de ce trouble; Doria quoique follicité puiffam-
ment par le patriarche d'Aquilée qui commandoit
l'efcadre du pape,
& par
les chevaliers de Mal-
the, réfufa opiniâtrement d'avancer fur les infi-
deles, fous prétexte que ses vaiffeaux manquoient
de vent, & vit tranquillement échapper Barbe-
rouffe.

Ainfi la conduite ou lâche ou politique de
Doria arrêta les conquêtes de l'armée des Chré-
tiens, & les infideles en devinrent fi fiers, qu'ils
prirent ou coulerent à fonds quelques vaiffeaux
qui n'avoient pu fuivre cet amiral dans fa fuite
& ils auroient caufé beaucoup plus de dommage,.
fi une tempête furvenuë ne les eut arrêtez; &
fi la flotte des alliez ne fe fut retirée à voiles dé-

A N. 1538.
Maurocenus 1. §.
Juftinians 1. 13.

Raynald. ad hune.
annum n. 26.

« PrécédentContinuer »