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nerale. 4°. Que durant la même treve, l'empeAN. 1839. reur fufpendra toutes les procedures & profcriptions faites contre les Proteftans par la chambre imperiale, fur ce qui concerne la religion, en quelque lieu que ce fut. °. Que tout ce qui pourroit feur être fait au fujet de la religion, feroit nul, & n'auroit aucune force. 6°. Que la juftice leur feroit renduë fans aucune acception de perfonnes, & fans qu'on leur pût faire aucun reproche en matiere de religion. 7°. Que durant la treve les Proteftans ne recevroient perfonne, aucun prince, état, ni ville dans leur confederation. 8°. Qu'ils feroient obligez d'accorder au clergé catholique la permiffion d'exiger les revenus annuels des biens dont il étoit en poffeffion. 9°. Que fous le bon plaifir de l'empereur, on conviendra d'affigner un jour auquel les Catholiques & les Proteftans s'affembleront à Nuremberg pour les affaires de la religion, & qu'il n'y aura dans cette affemblée que des perfonnes pacifiques & tranquilles, portées à la moderation, auxquelles fe joindront d'autres perfonnes prudentes & judicieuses qui ne feront pas théologiens. 10°. Que dans cette affemblée on n'appellera point le légat du pape ; que l'empereur & le roi des Romains pourront y avoir leurs ambassadeurs pour y affifter de leur affifter de leur part, & qu'on rapportera aux états abfens tout ce qui aura été decidé. 11°. Que les décifions feront foufcrites par l'empereur & le roi des Romains, ou en leur absence par leurs ambaffadeurs. 12°. Que durant la treve on s'abftiendra de part & d'autres de tous préparatifs de guerre ; & que fi quelqu'un a interêt de

le faire, il en déclarera le fujet, étant jufte que chaque particulier pourvoïe à fa jufte défense, & jouiffe de la liberté de l'empire. 13°. Qu'on ne comprendra dans ce traité aucun Anabaptiste, ni Sectaire, mais feulement ceux qui fuivent la confeffion d'Aufbourg. 14°. Enfin que les Proteftans & les Catholiques tiendront prêts le fecours pour la guerre contre le Turc, & que le dix-huitième de Mai précisement, ils envoïeront leurs ambassadeurs ou leurs députez à Wormes, felon les ordres de fa majefté imperiale; ce que feront auffi les électeurs, princes & états, pour déliberer & conferer fur les vrais moïens de faire la guerre aux Turcs en Hongrie. Ces articles furent unanimement reçûs.

On convint encore de donner fix mois à l'empereur, à commencer au premier jour de Mai, pour ratifier ce traité, pendant lequel temps tout ce qui y étoit marqué demeureroit en vigueur, & l'on ajoûta que fi ce prince ne déclaroit pas fes intentions durant cet intervalle, on ne laifferoit pas de s'en tenir à l'accord de Nuremberg, qui auroit son effet comme auparavant. Un article fur lequel l'électeur de Saxe infifta, fut qu'il ne vouloit pas reconnoître Ferdinand pour roi des Romains, voulant s'en tenir aux accords faits à Cadam & à Vienne; mais l'affaire s'accommoda dans la fuite. Guillaume duc de Cleves prefenta aux Proteftans un écrit, pour montrer fous quels titres il poffedoit le païs de Gueldres, & les prioit d'interceder lui au

pour

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près de l'empereur, & de recommander cette affaire AN. 1539. à fon ambaffadeur. Ulric duc de Wirtemberg re-. çut auffi des lettres du roi de France, pour l'engager à ne point faire la guerre à certains évêques d'Allemagne, comme le bruit fe repandoir qu'il s'y preparoit. Ulric remercia François I. & fe juftifia auprès de lui, en lui marquant que ce bruit étoit fans fondement, & qu'il avoit été répandu en Allemagne par les ducs de Baviere qui ne lui vouloient pas de bien, ce qui fut confirmé par l'électeur de Saxe & le lantgrave, qui juftifierent Ulric au roi de France par leur lettre du dix-neuviéme Avrik

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L'empereur s'ex

cue de ratifier le

traité de Franc

fort.

lib. 12. p. 396.

hoc ann. 8. 3.

On envoïa deux copies du traité à l'empereur en Espagne, l'une par terre & l'autre par mer, avec ordre aux deux gentilshommes députez, de Stidan in comm. faire ce voiage avec toute la diligence néceffaire, Spond in annal. & de hâter leur rétour avec la ratification dudit traité. Mais ce prince fe trouva fort embarrassé fur le parti qu'il prendroit. En défapprouvant ce traité, il fe voïoit obligé de paffer au plûtôt en Al femagne, afin de remedier par fa prefence aux défordres que la diéte avoit prétendu éviter, & cependant les affaires particulieres de la monarchie d'Espagne ne permettoient pas alors qu'il s'en éloignât. D'un autre côté en confirmant l'arrêté de la diéte, il hazardoit de perdre ce qui lui restoit d'autorité dans l'empire, bien-loin de recouvrer ce que l'hérefie lui en avoit ôté. Ainfi il prit le parti de ne point s'expliquer.

Il avoit alors un prétexte affez plausible pour tenir cette conduite, fans qu'on put l'en blamer ou

vertement. Il venoit de perdre l'imperatrice Ifabelle fa femme qui étoit morte en couches le premier de Mai, âgée de trente-fix ans,& il étoit trèsnaturel de penfer que cette mort caufoit à l'empereur une douleur affez vive pour l'empêcher de . s'occuper alors d'aucune autre affaire. On dit que François Borgia héritier du duc de Gandie & neveu du pape Alexandre VI. aïant jetté les yeux fur le cadavre de l'imperatrice, & l'aïant trouvé extrémement défiguré, il fe fentit dès ce moment un fi grand dégoût pour les chofes du monde, & qu'il hit de fi fericufes reflexions fur le néant & l'inftabilité des grandeurs humaines, qu'il prit fur l'heure la refolution d'y renoncer, & en effet il entra quelque-temps après dans la focieté d'Ignace de Loyola.

Le pape aïant été informé des articles de la diéte de Francfort, en fut très-mécontent, prétendant qu'on y avoit favorifé les héretiques au préjudice de la religion. Il s'en prit fur-tout à l'archevêque de Londen que Charles V. y avoit envoïé, & il s'en plaignit à ce prince avec une amertume qui montroit la douleur que la refolution de cette diéte lui avoit caufée; il accufa l'archevêque de s'être laiffe gagner par argent afin de favorifer les héretiques, pour lefquels, difoit-on, il avoit toujours eu beaucoup de penchant. L'empereur tâcha d'excufer le prélat; mais comme la diete ne lui plaifoit. pas plus qu'au pape pour d'autres raisons, il n'eut garde de la ratifier, ce qui irrita fortement les Proteftans & augmenta les broüilleries.

Pendant ce temps-là les Catholiques perdirent

AN. 1559%

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V.

Mort du prince

lib. 12. p. 395.

par

le prince Georges de Saxe, fouverain de Misnie AN. 1539. & de Thuringe, qui mourut le vingt-quatrième d'Avril, un peu après le prince Frederic fon fils Georges de Saxe. decedé fans enfans; ainfi Georges n'aïant point Sleidan ut fuprà d'enfans qui puffent lui fucceder, laiffa teftaRaynald, hoc ann. ment fes états à fon frere Henri de Saxe, & à fes deux fils Maurice & Augufte, tous trois Lutheriens, à condition qu'ils ne changeroient point la religion Catholique qui y étoit établie, & en cas qu'ils l'entrepriffent, il donnoit fes états à l'empereur & à Ferdinand roi des Romains,jufqu'à ce que son frere, ou ses enfans, ou quelqu'un de sa famille executât la condition.

n. 19.

Son teftament ainfi fait, il voulut le communiquer à la nobleffe & enfuite au peuple, auxquels il reprefenta qu'étant vieux & infirme, il étoit temps qu'il pensât à fe donner un fucceffeur; il leur expofa les conditions; & les pria de les ratifier, avec ferment qu'ils les feroient accomplir, ce qu'ils refuferent d'executer, jufqu'à ce qu'ils cuffent appris la volonté du prince Henri, & qu'ils lui euffent envoïé des députez pour lui faire agréer la clause du teftament, efperant qu'il confentiroit volontiers à ne faire aucun changement dans la religion. Ces députez étant arrivez auprès d'Henri emploïerent plufieurs raifons pour le faire condefcendre aux volontez de fon frère; ils lui reprefenterent qu'il trouveroit beaucoup d'argent, un palais garni de meubles pretieux, que toutes ces chofes lui appartiendroient, pourvû qu'il confsentît à la claufe. Votre députation, leur dit-il, me rappelle ce qui eft marqué dans l'évangile, lorfque fatan pro

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