quoiqu'il fubfiftât toûjours, enforte qu'il ne tenoit

AN. 1539. qu'au roi de le faire exccuter, ce qui lui attira une complaifance aveugle de la part des deux partis, chacun aïant à craindre fa propre ruine.

XXIV. Deux évêques

véchez & font envoiez à la tour.

roît

Mais toutes ces complaifances n'empêcherent quittent leurs é pas la punition de deux évêques, Schaxton évêque de Salisbury & Latimer de Worchefter. Comme ils ne pouvoient se refoudre à donner leur approbation au ftatut des fix articles, ils crurent qu'en quittant leurs évêchez, ils feroient moins expofez aux attaques de leurs ennemis. Cette démiflion se fit un peu après la féparation du parlement, puisqu'il paque le feptiéme de Juillet les chapitres de ces deux fiéges demanderent la permiffion d'élire d'autres évêques, ce qui leur fut accordé. Mais la difgrace des deux prélats alla plus loin, ils n'eurent pas plûtôt mis l'acte de leur résignation entre les mains du roi, qu'ils furent accufez d'avoir des fentimens contraires aux fix articles, & mis en prifon à la tour, où Latimer demeura tant que le roi vecut, Schaxton se retracta pour avoir sa liberté; mais il ne fut pas pour cela rétabli dans son évêché.

XXV.

4

pas

Quoique l'affaire des fix articles ne fut faOrdonnance du vorable aux partifans du Lutheranisme en Anglepeuple de lire la terre, l'archevêque de Cantorbery eut cependant

roi qui permet au

bible.

affez de pouvoir auprès du roi pour en obtenir une grace qui releva un peu leurs efperances. Cranmer avoit déja obtenu qu'il y auroit dans chaque églife une bible attachée avec une chaîne, afin chacun eût la liberté de l'aller lire ; mais comme beaucoup de gens négligeoient de le faire; l'archevêque

que

l'archevêque aïant trouvé une occafion favorable, réprefenta au roi qu'il étoit néceffaire d'accorder AN. 1539. à fes fujets la permiflion d'avoir la bible dans leurs maisons, afin que chacun pût se convaincre plus aifément que la prétendue autorité du pape n'avoit aucun fondement dans la parole de Dieu. Gardincr qui connoiffoit de quelle conféquence étoit la demande de Cranmer, mit tout en ufage pour parer le coup; mais il ne put réuffir, & le roi publia une proclamation dans laquelle il difoit, qu'il vouloit bien permettre à fes fujets de s'inftruire des veritez de la religion dans la parole de Dieu, & que pour cet effet il auroit foin de leur mettre entre les mains une exacte traduction de la bible. Il ajoûtoit néanmoins que pour prévenir les inconveniens qui pourroient naître de la diverfité des verfions, il feroit fait une défense aux libraires de vendre d'autres bibles que celles qui feroient approuvées par Cromwel, à qui les lettres patentes de la permiffion furent adreffées, comme au vicegerent du roïaume pour le spirituel.

XXVI. Cromwel projet

de Cleves.

regne de Henri Burnet hift. de la

Dans ce même temps le roi eut envie d'époufer une quatriéme femme. Cromwel toujours te de marier Henprêt à favorifer ce prince dans fes paffions, l'af- riavec la princefle fermit dans fon deffein, & fe hâta de lui cher- Milord Herbert cher une femme comme il le defiroit. Il jetta dans l'hiftoire du yeux fur Anne fœur du duc de Cleves & de la viii. ducheffe de Saxe, & fe fit un merite auprès de cette princeffe de l'avoir propofée au roi. La princeffe de Cleves faifoit profeffion du Lutheranifme: mais elle avoit toutes les qualitez qui pouTome XXVIII.

les

M.m

refor.1. 3. p. 370.

Sander. de fchif

..

La

XXVII.

Za princelle de

Cleves arrive en

Angleterre.

Burnet ut sup.

voient plaire à un prince paffionné. Dès que CromAN. 1539. wel lui en eut fait le portrait tel qu'il le jugea à propos, on remarqua l'impatience où le roi étoit de la poffeder, & ce prince chargea Cromwel luimême de faire réuffir cette affaire. Cromwel s'y appliqua en homme intereffé à un bon fuccès, & tout étant bien difpofé felon fes vœux, la princeffe arriva en Angleterre dans le mois de Decembre 1539. Henri impatient de la voir alla jufqu'à Rochester fans être connu; mais fa surprise fut très-grande, lorfqu'il la trouva très-differente du portrait qu'on lui en avoit fait. Dès-lors il conçut pour elle une averfion dont il ne put jamais fe défaire, & fon dégoût fut fi grand, que dans le moment même, il auroit rompu le mariage fi l'état de fes affaires lui eut permis de faire un femblable affront aux ducs de Saxe & de Cleves, & de leur renvoïer leur sœur : il ne laissa pas de dire en jurant qu'on lui avoit amené une cavale Flamande,& qu'il fe repentoit extrêmement d'avoir pouffé les chofes fi loin; mais l'amitié des Proteftans lui étant très-néceffaire dans la conjoncture délicate où il fe voïoit, il réfolut enfin de faire le facrifice & d'épouser celle qu'il ne pouvoit fouffrir.

XXVIII.

vin avec la veuve

Ce fut vers le même temps que Calvin fe maria Mariage de Cal auffi à Strasbourg, afin de donner en sa personne d'un Anabaptiste. un exemple de la liberté qu'il accordoit à ceux de Papyr Malon de fa fecte d'ufer d'une femme, même après avoir Beze in vita Cal. fait vœu de continence perpetuelle en prenant les ordres facrez. Il époula une nommée Idelette Burie veuve d'un Anabaptifte, à laquelle il avoit

elog. p. 418.

vini ad hunc an

um.

fait changer de fentimens & de fecte, afin de se lier à elle, il n'en n'eut qu'un fils qui mourut avant lui.

AN. 1539.

Promotion de

& feq.

num 1539. n. 37.

Le douzième de Decembre de cette même XXIX. année le tint un confiftoire fecret qui dura douze cardinaux pape jufques à deux heures de nuit, dans lequel il fit par le pape Paul une promotion de douze cardinaux. Le premier ciacon, in vitis étoit Frederic Fregofe Genois archevêque de Saler- Pont. t. 3. p. 660. ne, évêque de Gubio, il eut le titre des faints Jean Raynald. ad an & Paul. Le fecond Pierre de la Baume-Montrevel François, évêque de Geneve & archevêque de Befançon, qui cut le même titre des faints Jean & Paul. Le troifiéme Antoine Sanguin de Meudon, François, évêque d'Orleans, puis archevêque de Toulouse, il cut le titre de fainte Marie in Porticu. Le quatriéme Hubert Gambara Bressan, évêque de Tortone, qui eut le titre de faint Sylveftre. Le cinquiéme Ascagne Parisiano natif de Tolentin, évêque de Gaëte puis de Rimini, on lui donna le titre de fainte Pudentiane. Le fixiéme Pierre-Paul Parifio Italien de Cozence, il eut le titre de fainte Balbine, & fut évêque de Nufco. Le feptiéme Marcel Cervin évêque de Nicaftro, fon titre fut celui de fainte Croix de Jerufalem. Le huitiéme Barthelemi Guidoccioni Lucquois, évêque de Terni puis de Lucques, il eut le titre de faint Cefaire. Le neuviéme Denis Laurerio de Benevent, general de l'ordre des Servites, il eut le titre de faint Marcel. Le dixiéme Henri de Borgia de Gandie Espagnol, évêque de Squillace, on le nomma cardinal du titre des faints Nerée & Aquillée. Le onzième Jacques Savelli Romain

qui fut d'abord diacre cardinal du titre de fainte AN. 1539. Lucie. Le douzième Michel Silvius Portugais, évêque de Visco, qui cut le titre des douze apôtres.

XXX.

nal de Clefi.

Ciacon. ut fu

Panvin. de Rom.

pont.

Aubery vies des Gardinaux.

Ces douze cardinaux remplacerent abondamMort du cardi- ment ceux qui étoient morts cette année, car on n'en compte que trois. Le premier est Bernard prà tom. 3.p. 16. Clefius ou de Cloff évêque de Trente né dans le Tirol. L'empereur Maximilien I. l'avoit honoré d'une charge de confeiller de l'empire, & Sleidan lib. 6. lui avoit donné l'évêché de Trente qu'il gouverna pendant vingt-cinq années. Après la mort de ce prince, Clefi s'attacha à Ferdinand d'Autriche frere de Charles V. qui le fit grand chancelier de Boheme & de Hongrie, & fon premier fecretaire. Il fut auffi envoïé à Boulogne pour affifter au couronnement de Charles V. & s'acquitta avec honneur de plufieurs ambaffades. En 1526. il se trouva à la diéte de Spire, & l'empereur lui procura le chapeau de cardinal que lui donna le pape Clement VII. en 1530. Cette nouvelle dignité contribua à le rendre plus confiderable en Allemagne, où il s'oppofa avec beaucoup de zéle & de vigueur aux deffeins des Proteftans. Il mourut d'apoplexie en dînant le vingt-huitiéme de Juillet de cette année âgé de cinquante-cinq ans & fut enterré dans la cathedrale de Trente. L'on a quelques lettres de lui à Nausea, à Jean Faber & d'autres. Erasme lui dédia quelques-uns de fes ou

Mort du cardi

vrages.

Le fecond Laurent Campege recommandable nal Campege. par la vertu & par fa fcience, étoit de Boulogne en Italie, fils de Jean Campegi fçavant ju

Ciacon, ibid. ut

suprat.3.p.384..