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il envoïa ordre à Antoine de Leve de paffer la Sefia; ce qu'il fit le huitiéme de Mai, & bien-tôt après, il se trouva maître de Foffan par la trahison du marquis de Saluces.

AN. 1536.

XXVII.

lib. 21. n. 41. &

42.

Du Bellay. liv. 6.

Paul fove lib. 31.

Ce marquis qui étoit Italien,avoit un procès pen- Trahiton du mardant à la chambre imperiale pour le marquifat de quis de Saluces. Montferrat qui lui étoit difputé par le duc de Sa- Belcar. in comm. voye, & par celui de Mantouë. Antoine de Leve qui avoit beaucoup de crédit auprès de l'empereur, l'affura qu'il gagneroit fon procès, s'il vouloit prendre le parti de l'empereur contre la France, & pour lui ôter toute défiance, il lui promit à cette condition fa fille en mariage. Le marquis promit tout, & fe fervit de l'autorité que le roi lui avoit confiée, pour favorifer les imperiaux. Comme il étoit chargé de faire fortifier Foffan, au lieu de faire avancer le travail, il trouvoit tous les jours quelque moïen pour ne rien conclure, il fit fécretement déferter tous les pionniers, il détourna les vivres, les poudres & le canon. Montpefat qui commandoit dans Foffan, quelque foible qu'il fut, fit d'abord une fortie, où les gens gagnerent les tranchées des ennemis, en tuerent grand nombre, & les mirent toutà-fait en déroute. Le lendemain ils en firent une autre auffi vigoureufe, où de Leve fut obligé de prendre la fuite. Mais comme il étoit porté dans une chaife, parce qu'il avoit la goutte, fes porteurs craignans d'être pris eux-mêmes, le jetterent dans un champ de bled & s'enfuïrent. Malgré cet avantage les affiegez manquans de vivres, & le voyans abandonnez par le marquis de Saluces qui venoit de fe retirer dans fon château de Ravel, envoïerent

XXVIII.

par les troupes

Imperiales.

lib. 21. n 43.

Du Bellay liv. 6.

de Leve,la Roche-du-Maine pour capituler.De Leve AN. 1536. permit aux affiegez de demeurer encore dans la plaPrife de Foffan ce un mois, au bout duquel ils la rendroient, s'ils n'étoient pas fecourus, & en fortiroient avec leurs Belcar. ut fuprà armes, enseignes déploïées, & tout leur équipage de guerre, en laiffant feulement l'artillerie, les mup.275.280.&suiv. nitions, & les chevaux qui feroient plus hauts de fix paumes & quatre doigts. Il leur fut auffi permis d'acheter des vivres autant qu'ils en auroient befoin,& de faire paffer dans la ville l'argent que le roy leur envoïeroit, mais ce fecours n'étant point venu, les afficgez remirent la place entre les mains d'Antoine de Leve dans le mois de Juillet; & auffi-tôt Montpefat fit partir Martin du Bellay pour aller rendre compte au roi de tout ce qui s'étoit passé.

XXIX. Entrée de l'empe

reur en Provence,

1.299.334.

L'empereur voïant que les troupes avoient été fi long-temps à prendre une place auffi peu confideraDu Bellay liv. 7. ble que Foffan, ne voulut pas pourfuivre le fiége de Turin qui étoit une ville fortifiée,& très-bien pourvûe de foldats & de munitions, & alla droit en Provence, dont il vouloit fe rendre maître. Il fe faifit d'abord d'Antibes, d'où il s'avança jufqu'à Frejus, & aïant laiffé cette ville à fa gauche, il fe rendit à Aix, trouvant par tout le pays abandonné, parce que François I. avoit donné de fi bons ordres pour ôter à l'ennemi les moïens de fubfifter, qu'il avoit fait faire le dégât par tout. On admira dans cette occafion le zéle des Provençaux pour le roi & pour leur patrie, car ils brûlerent eux-mêmes le foin & fa paille fans attendre l'ordre des officiers, pour empêcher que les ennemis ne s'en prévaluffent. Auffi le roi content de leur zéle les déchargea de toutes

de

XXX.
Mort du dauphin

France.

fortes d'impôts, & de tailles pendant dix ans. Ce prince enfuite divifa fes troupes en deux AN. 1536. dont corps, le premier fe campa fous Avignon, près de Cavaillon entre le Rhône & la Durance dans une large prairie, fous le commandement du maréchal de Montmorenci. Le roi avec l'autre corps d'armée fe posta à Valence pour foutenir le premier, s'il étoit néceffaire. Pendant que ce prince étoit à Valence, il lui vint un fecours de douze mille Suiffes qui anima beaucoup le cœur des François, & embaraffa extrémement les Imperiaux. Mais pendant que le roi congratuloit les Suiffes fur leur zéle pour fes interêts, il reçut la nouvelle affligeante de la maladie du dauphin fon fils aîné, & prefque aufsi-tôt il apprit fa mort arrivée à Tournon le douzième du mois d'Août. Ce prince n'avoit que dix-huit ans & Du Bellay liv 7. fix mois,ce fut le cardinal de Lorraine qui porta cet-Bar, in comme te triste nouvelle au roi, les autres feigneurs n'aïant b. n. 52. pas voulu s'en charger. Dès que ce cardinal eût ï abordé François I. ce prince lui demanda auffi-tôt des nouvelles de la fanté de fon fils. Le cardinal lui aïant répondu en begaïant & d'une voix chancelante, qu'il venoit d'apprendre que fa maladie étoit très-dangereufe, & qu'elle augmentoit toujours: J'entens ce langage, dit le roi, mon fils eft mort vous n'ofez pas franchir le mot. Le cardinal ayant jetté un profond foupir fans parler, le roi se retira feul auprès d'une fenêtre, où en foupirant & levant les mains vers le ciel. » Mon Dieu, dit-il, je fçai qu'il eft jufte que je fupporte patiemment tout ce «< qui vient de votre main toute- -puiffante: mais de « qui dois-je attendre que de vous-même la constan- «

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24.

Ferron in Franc

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pour

» ce, & un courage affez ferme pour ne pas fuccomAN. 1536. »ber à des coups fi rudes: déja, mon Dieu, vous m'avez affligé en suscitant contre moi tant d'enne»mis qui décrient ma réputation,&maintenant comble de malheurs, il vous a plû d'y ajouter la » mort de mon fils: Que vous refte-t'il à faire? finon que vous m'anéantiffiez devant les hommes ; & fi » vous avez réfolu de le faire, inftruisez-moi, du moins, & faites-moi connoître votre volonté, afin que je n'y réfifte pas, & que je me fortifie dans la patience, vous qui êtes affez puissant pour tirer la force de la foibleffe même. » On foupçonna que le dauphin avoit été empoisonné, & l'on arrêta le comte Sebastien Montecuculli fon échanson, qui avoüa une action fi déteftable, & dit, qu'il y avoit été follicité par Antoine de Leve & François de Gonfague generaux de l'armée de l'empereur. Montecuculli fût tiré à quatre chevaux dans la ville de Lion le feptiéme d'Octobre, & ceux qu'il avoit accufez, niérent hautement d'avoir cu part fi noire perfidie. Le pape honora la mémoire du dauphin,& lui fit faire un fervice folemnel à Rome, tel qu'on en fait pour les cardinaux. Et dès le lendemain que le roi eût appris la nouvelle de fa mort, il fit appeller Henri duc d'Orleans fon fecond fils, qu'il qualifia du titre de dauphin, donnant celui de duc d'Orleans à Charles fon autre frere,qu'on nommoit auparavant duc d'Angoulême. Le roi en préfence de toute fa cour exhorta Henri à imiter celui auquel il fuccedoit, & même s'il étoit possible, à le furpaffer en vertu & en mérite, & à fe rendre fi parfait, que ceux qui aujourd'hui regrettoient la perte

XXXI.

Henri duc d'Or

leans devient dau

phin.

Du Bellay ut

fuprà p. 326.

à une

du premier, trouvaffent dans le second dequoi s'en dédommager.

AN. 1536.

L'empereur s'a

Feron. in Franc.I.
Du Bellay. liv. 7.

Belcarius lib. 21.

Comme l'empereur voïoit fon armée ferrée de XXXII. près & fort maltraitée par les païfans & les monta- vance vers Aix. gnards qui fortans des bois où ils fe tenoient cachez, & aïant rompu les paffages les plus étroits, faifoient de temps en temps un grand carnage des foldats qui s'écartoient du gros des troupes, ce prince commença à s'appercevoir qu'il s'étoit laiffé trop légerement engager dans cette entreprise. Il ne lailla pas de faire avancer fon armée vers Brignoles, où il s'arrêta quatre jours, jufqu'à ce que tous fes gens fuffent arrivez. Delà il alla à faint Maximin, & enfuite à Aix vers le milieu du mois d'Août : mais il ne voulut pas entrer dans cette ville, parce qu'elle étoit fi déferte & fi dépourvûë de tout, que cette conquête ne lui auroit fervi de rien, les habitans eux-mêmes l'aïant réduite en cet état, parce qu'on ne pouvoit la deffendre; il se campa donc fous cette ville où les vivres commencerent à lui manquer, enforte qu'à peine trouvoit-on du pain pour fa table. Le mauvais air du païs, joint à cette difette, caufa en peu de temps toutes fortes de maladies contagieufes qui faifoient mourir dans un feul jour des centaines de foldats, & en obligeoient une infinité d'autres à deferter.

XXXIII.
Il fe prefente de

pour en faire le

Cependant comme l'empereur voïoit fon que honneur étoit intereffé à ne pas fe retirer, fe retirer, fans vant Marseille avoir fait quelque exploit, il refolut d'affieger Marfeille. Il choifit pour ce fiege trois mille Efpagnols, quatre mille Italiens, & cinq mille lanfquenets qu'il envoïa devant la nuit du quatorze au quinzić- 56.p.680..

Du Bellay. lib.

Bar. lib. 2. n.

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