ans, en reconnoissance, disoit-il, du foin que ce AN. 1540. prince avoit pris de délivrer l'église Anglicane de la tyrannie du pape. Henri accepta ce prefent, le parlement y donna son approbation, & la chambre des communes accorda malgré elle un subfide auffi grand que fi le roi eut été engagé dans une dangereufe guerre. A la fin du parlement, Henri accorda une amniftie à fes fujets avec les reftrictions ordinaires, en exceptant la comteffe de Salisburi mere du cardinal Polus & Thomas Cromwel; enfuite le parlement fut caffé le vingt-quatriéme de Juillet.

LXVII, Execution de Thomas Cromwel.

lib. 1. p. 195. Sleidan. in comm. lib. 13.p.422. Spond. hoc anno. 33.7.

Peu de jours après Cromwel fut executé. Comme fon fupplice avoit été differé de près de fix femaines, il crut que le roi lui pardonncroit en Sanderus de fchif. confequence d'une lettre très foumife qu'il lui avoit écrite, & que ce prince s'étoit fait lire par trois fois ; mais les pourfuites de fes ennemis curent le deffus. Henri expedia un ordre pour lui faire couper la tête dans la place qui eft devant la tour, le vingt-huitiéme ou le vingt-neuviéme de Juillet. Comme il laiffoit un fils pour lequel il avoit beaucoup de tendreffe, il ne voulut rien dire fur l'échaffaut qui put lui porter quelque préjudice. Il fe contenta de marquer aux affiftans, qu'il recevoit de bon cœur la mort que le ciel lui envoïoit pour ses pechez. Il pria Dieu pour la profperité du roi, & affura qu'il mouroit dans la profeffion de la religion catholique; ce qui fut differemment interpreté, quelques-uns prétendant qu'il entendoit par ces mots les erreurs de Luther

dans

dans lesquelles il avoit vécu. Il demanda ensuite les prieres des affiftans, & un moment après il eut la tête tranchée. Tous fes biens furent confifquez, on donna la liberté à fes domeftiques, & le roi leur commanda de chercher à l'avenir un meilleur maître.

AN. 1540.

LXVIII. Supplice de Ro

bert Barnes en

Angleterre.

Burnet ibid. ut

fuprà. 405. Lutheran. lib. 30 110. & feq.

Scekendorf. hift.

Quelques jours après la mort de Cromwel, il s'éleva une nouvelle perfecution contre les Protestans, dans laquelle furent compris Barnes, Gerard & Jerôme prêtres, qui avoient fuivi la doctrine de Luther avant prefque tous les autres. Ils furent condamnez au feu, comme convaincus P. d'avoir femé des hérefies & falfifié l'écriture fainte. On condamna auffi à mort cinq autres perfonnes, dont l'une étoit accufée d'avoir foutenu l'autorité du pape, une autre d'avoir eu correfpondance avec le cardinal Polus ; enfuite trois autres convaincus d'avoir nié la fupremacie du roi.

Robert Barnes le plus célebre des trois prêtres qui furent executez dans cette perfecution, avoit été profeffeur en théologie & envoïé en Allemagne par le roi pour conferer avec les théologiens Proteftans fur l'affaire du divorce, & obtenir d'eux une consultation favorable au prince. La conduite de Barnes en cette occafion plût beaucoup au roi; ce qui fit qu'on l'emploïa pour entretenir correspondance avec les princes Allemands, & on l'envoïa plufieurs fois vers eux pour des négociations importantes; mais Henri oublia tous les fervices qu'il lui avoit rendus, dès qu'il le fçut Lutherien, fi l'on n'aime mieux dire, ce qui eft peut être plus vrai, que ce qui caufa la disgrace Tome XXVIII.

Rr

fuorum operum ɔ fol. 421.

de Barnes, fut la liberté avec laquelle il parla au A N. 1540. roi pour l'empêcher de repudier Anne de Cleves, Luther in tom. 7. Quoi qu'il en foit, le Lutheranisme fut au moins le prétexte de fa condamnation. En effet pendant le carême de cette année 1540. Barnes refuta en chaire le sermon que l'évêque Gardiner avoit prêché contre la doctrine de Luther, il prit le même texte que ce prélat avoit pris, mais il enfeigna une doctrine toute contraire touchant la juftification. Il attaqua même d'une maniere indécente la perfonne de ce prélat, & plaifanta fort fur son nom qui fignifie Jardinier. Les amis de Gardiner en porterent leurs plaintes au roi, qui ordonna que Barnes en feroit fatisfaction, qu'il figneroit certains articles, & qu'il fe retracteroit en chaire. Tout cela fut executé, mais de telle forte, qu'on fe plaignit que dans une partie du fermon il avoit eu l'adreffe de foutenir ce qu'il avoit retracté dans l'autre. Sur ces plaintes, il fut envoïé à la tour par ordre du roi, & il n'en fortit que pour fouffrir le dernier fupplice.

Il expofa fa créance avant que de mourir, rejetta la juftification par les œuvres, l'invocation des Saints, & d'autres articles, & fit fupplier le roi de s'emploïer à une bonne reformation. On a deux ouvrages de lui, l'un qui contient les articles de fa foi, imprimez d'abord en latin avec une preface de Pomeranus, enfuite en Allemand à Nuremberg en 1531. & qui contient dix-neuf théfes felon les principes de Luther. L'autre eft l'hiftoire des papes depuis faint Pierre jufqu'à Alexandre III. dediée au roi d'Angleterre, dans laquelle

il maltraite fort les fouverains pontifes. Ce livre fut imprimé à Wittemberg en 1536. avec une preface de Luther; mais comme il étoit devenu fi rare qu'on pouvoit le compter pour perdu, on en fit une nouvelle édition à Leyde en 1615. qui contient auffi la vie des papes de Jean Baleus.

A N. 1540.

LXIX. Catherine Ho

ward eft déclarée

Le huitiéme du mois d'Août Catherine Howard qu'Henri avoit épousée en fecret, on ne fçait pofitivement quel jour, fut déclarée reine. reine d'Angleter

re.

Elle étoit tellement dévoüée au duc de Norfolk fon oncle, & à l'évêque de Vinchester, qu'elle ne fe gouvernoit que par leurs confeils. Comme elle avoit beaucoup d'afcendant fur l'efprit du roi, il y a beaucoup d'apparence qu'elle l'auroit enfin engagé à fe livrer à la conduite de ces deux miniftres, qui étoient favorables à la religion catholique, & qui auroient peut-être travaillé à la retablir, fi la difgrace de la nouvelle reine qui arriva fur la fin de l'année suivante n'eut renversé leurs bons deffeins. Cependant ils fçurent profiter autant qu'il leur fut poffible du temps que la reine fut en faveur pour donner quelques atteintes à la reforme. Ils en vouloient fur-tout à l'ar chevêque de Cantorbery, qui fe trouvoit dans une fituation affez facheufe depuis qu'il avoit Burnet hift. de la perdu fon ami Cromwel. Déja on entendoit en 390.91. differens endroits faire des plaintes contre lui, on le regardoit comme le protecteur, & le principal chef des novateurs. Mais comme il avoit une lâche complaisance pour tout ce que le roi fouhaitoit, & qu'il ne s'étoit jamais opposé à ses

reform.liv.3.pag.

volontez, il se maintint dans la faveur malgré ses

AN. 1540 ennemis.

LXX. Inftruction fur

Cependant on ne laiffa pas d'appercevoir quella religion dreffee ques changemens dans la religion depuis la mort

par l'autorité

d'Henri VIII.

de Cromwel. Les commiffaires que le roi avoit nommez pour les affaires de la religion, drefferent d'abord une expofition de la doctrine chrétienne, concernant les inftructions nécessaires pour un fidéle. Ils commencerent par l'explication de la foi en géneral, où en difant que c'est la foi qui nous juftific, on n'entendoit pas une foi détachée de la charité, de l'efperance, de l'amour de Dieu & de la pénitence; mais une foi jointe avec ces difpofitions chrétiennes, & comprenant la fou miffion à l'évangile & l'obéïssance à la religion de Jefus Chrift. On entroit enfuite dans l'explication du fimbole des apôtres ; & c'eft-là où après avoir parlé en bons Catholiques, ils font un difcours également long & faux pour montrer que l'églife Romaine eft déraisonnable en faifant confifter l'unité de l'églife catholique dans la foumiffion à l'évêque de Rome, fans être, difentils, appuïé là deffus,'ni de l'écriture ni des faints Sur les facremens. peres. Delà ils pafferent à l'examen des fept facremens, dont on conferva le nombre, quoique Cranmer infiftât beaucoup pour qu'on n'en admit que deux feulement. On déclara que la pénitence confiftoit dans l'abfolution donnée par le prêtre. En parlant de l'euchariftic, on établit pofitivement le dogme de la tranfubftantion, la concomittance du fang avec la chair; on dit que