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me du mois d'Août ; & lui-même fuivit deux heu

AN. 1536. res après, accompagné du duc d'Albe, du marquis du Guaft, de Ferdinand Gonfague & du comte de Horn; & laiffant le refte de fes troupes dans un vallon proche de la mer, où elles ne pouvoient pas être découvertes, il s'avança vers la ville jufqu'à la portée du canon, fe mit derriere quelques mafures de maifons détruites, & fit approcher le marquis du Guast avec les arquebufiers pour reconnoître l'endroit foible de la place qu'on lui avoit defigné. Ce marquis le reconnut & vit qu'il étoit très-bien fortifié, mais en fe retirant pour aller trouver l'empereur, il fut découvert par ceux de la ville, & effuïa le feu de plusieurs batteries qu'on tiroit inceffamment, & dont le canon tua & blessa plufieurs de fes gens : ce qui obligea l'empereur de fe retirer dans le vallon, ne jugeant pas à propos de s'expofer pour reconnoître la fituation des lieux. Antoine de la Rochefoucaud feigneur de Barbefieux, commandoit dans cette place, & avoit avec lui les feigneurs de Montpefat, de Villebon, de la Roche-du- Maine, de Boutieres, de Rochechouard, d'Amboife, & beaucoup d'autres officiers de marque, avec une garnison de vaillans foldats au nombre de fix mille hommes.

XXXIV.

Il fe retire & en reconnoitre Ar

Voie auparavart

les.

L'empereur defefperant de réduire la ville de Marseille, & ayant déja perdu le comte de Horn, & beaucoup de fes gens dans une fortie que les affiegez avoient faite, envoïa le marquis du Guaft pag. 336.338. pour reconnoître la ville d'Arles, & voir fil'on pourroit plus facilement s'en rendre maître. Mais comme on trouya la ville encore mieux fortifiée

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Du Bellay liv. 7.

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que

que Marseille, & munie d'une garnison plus nombreuse, l'empereur ne fongea plus qu'à fe retirer, AN. 1536. fort confus de n'avoir pû faire aucune expedition.

Il alla donc s'embarquer proche de Nice, d'où il fe rendit à Genes.

Le pape convo

que par une bulle concile à

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Mantoüe.

Sip. n. 13.

Ponian, rer. mes

morab. lib. 3. Pallavic. hift. concil. Trid. lib.z.

Raynald.boc anno n. 33. & 34. & Seg.

sidan in comm. lib. 1. pag. 332.

Les deux cardinaux Carpi & Trivulce, que le XXXV. pape avoit envoïez vers l'empereur & le roi de France, pour les porter à la paix, furent chargez de leur remettre la bulle, qu'il venoit de publier pour la convocation du concile general à Mantoüe, ainfi qu'il en étoit convenu avec l'empereur, dans le temps que ce prince étoit à Rome. Cette bulle fut cap 19. n. 10. dreffée & publiée dans le confiftoire le deuxième de Juin, ou le vingt-ncuviéme de Mai felon le cardinal Pallavicin. Le pape y dit que depuis le commencement de fon pontificat, il n'a rien fouhaité avec plus d'ardeur que de purger l'églife des erreurs & des herefies nouvelles, & d'y rétablir J'ancienne difcipline: que n'aïant point trouvé de moïen pour y réuffir que d'affembler un concile general, comme il s'étoit toûjours pratiqué autrefois en de femblables occafions, il en avoit fouvent écrit à l'empereur & aux autres rois, dans l'efperance d'obtenir non-feulement cette convocation, mais encore l'union de tous les princes chrétiens contre les infideles, la liberté d'un grand nombre de chrétiens qu'ils tiennent en fervitude, & la converfion des autres à la foi. Qu'à cet effet, en vertu du plein-pouvoir que Dieu lui avoit donné, en le chargeant du foin de fon églife, il convoquoit le concile general de toute la chrétienté pour levingt-troifiéme de Mai de l'année suivante 1537. Tome XXVIII.

E

à Mantoüe, lieu fertile & commode pour une telAN. 1536. le assemblée. Qu'il ordonnoit à tous les évêques & prélats de s'y trouver au jour prescrit selon l'obligation du ferment qu'ils ont prêté au faint fiege, & fous les peines énoncées dans les faints canons. Qu'il prioit l'empereur, le roi de France, & tous les autres fouverains & princes, de contribuer au repos & au falut de la chrétienté en affiftant en perfonne à ce concile, ou du moins en y envoïant leurs ambaffadeurs, comme ces deux monarques l'ont promis à Clement VII. fon predeceffeur & à lui-même, & en obligeant tous les prélats de leurs états à s'y rendre, & y demeurer jufqu'à la fin, pour y déterminer ce qui feroit neceffaire à la reformation de l'églife, à l'extirpation des herefies, & à l'entreprise de la guerre contre les infideles. Cette bulle fut fignée par le pape & vingt-fix cardinaux. On rapporte encore une autre bulle Paul Autre bulle pour III. donna pcu de temps après celle-ci, pour reformer la ville & la cour de Rome, qui eft, dit-il, la capitale de toute la chrétienté, la fource de la doctrine, des mœurs & de la difcipline, afin qu'aïant purifié fa propre maison, il pût plus aisément purger toutes les autres. Mais comme une fi grande entreprise furpaffoit les forces d'un feul homme,

XXXVI.

la reforme de la cour de Rome.

le

que

pape prit pour ajoints les cardinaux d'Oftie, de San-Severino, Ghinucci, & Simonette avec quelques évêques, avec ordre fous de très-rigourcufes peines de leur obéir entierement. Cette congregation s'appliqua auffi-tôt à la réformation de la penitencerie, de la daterie & des mœurs de la cour Romaine; mais ce fut fans fuccès. Le pape nom

ma auffi des nonces pour aller vers les princes leur intimer la bulle de convocation de concile. Pierre Vorft évêque d'Aqui dans le Milanez fut chargé de la porter aux princes Proteftans affemblez à Smal kalde, & devoit être accompagné de Mathias Helt vicechancelier de l'empereur, pour exhorter les Lutheriens à fe trouver au concile. Pamphi le Strafolde fut envoïé en Pologne, Denis Laurie re de Benevent religieux fervite au roi d'Ecoffe; Jean Poggio en Espagne, Rodolphe Carpi évêque de Faenza, qui fut fait cardinal, fut deputé vers le roi de France, d'autres à l'empereur, au roi des Romains, en Portugal.

AN. 1536.
Pallavicin. hift.

conc. Trid. lib. 4.
n. L.

XXXVII. Ouvrage de Jean

n. 36. & 37.

ann. 2.p.496.tom.

archiv. Vatic.

parut en même temps un ouvrage en forme de memoire du fçavant Jean Faber ou le Févre Faber touchant le évêque de Vienne en Autriche, pour prouver la concile neceffité d'un concile, & la maniere dont on de- Raynald.hoc ann. voit s'y conduire pour en tirer quelque fruit. Le Paul 111. brev. cardinal Madrucce qu'on appelloit le cardinal de 13. concil. M.S. Trente, prefenta cet écrit à Paul III. qui en remer- fign. n. 3200. p. cia l'auteur par un bref datté de Rome le dixiéme 244 de Septembre de cette année. Le Févre fait voir dans cet ouvrage, qu'il n'en eft pas du concile qu'on doit affembler, comme de ceux des premiers ficcles, où il ne s'agiffoit que de quelques erreurs particulieres en petit nombre, qu'aujourd'hui la foi eft attaquée prefque dans tous les articles; que cha+ cun veut abonder dans fon propre fentimment; que dans la même famille compofée de dix perfonnes en Allemagne, chaque perfonne pense differem+ ment fur la religion. Il rapporte enfuite la maniere d'examiner les livres de Luther, de Carloftad,

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d'Oecolampade & des autres, & d'en faire des ex AN. 1536. traits: il traite encore de l'herefie des Anabaptistes. Le Févre écrivit auffi à Jean Moronc évêque de Modene, pour › pour lui representer la neceffité d'affembler au plûtôt le concile, le nombre des villes & des roïaumes que l'herefie avoit infectez, les proses grez infinis, les artifices des heretiques, & tout ce qui pouvoit contribuer au rétablissement de la religion.

gne.

484.

XXXVIII.

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Herman de Weiden ou Wida archevêque & Contile de Colo- électeur de Cologne, donna auffi en affemblant un L'abbe collect concile dans fa ville capitale, des preuves de fon conc. tom. 14 pag. zéle pour la foi catholique, qu'il abandonna néanmoins dans la fuite pour embraffer les nouvelles. herefies. Le concile qu'il tint cette année fut compofé de fes fuffragans & de plufieurs autres perfonnes habiles, & l'on y traita bien des matieres importantes, comme des devoirs des évêques, outre la prédication de la parole; des clercs majeurs de leurs fonctions, de leurs mœurs, & des vices qu'ils doivent éviter ; des églifes metropolitaines cathedrales, & collegiales, & des obligations de ceux qui les deffervent ; des curez, de leurs vicaires, & des autres miniftres de la parole de Dieu, comme des religieux mendians qu'on doit admettre aux faintes fonctions, de la vie & des mœurs des curez; des viccs qu'ils doivent éviter, & des vertus qui leur font propres ; de la prédication de la pa→ role de Dieu; des qualitez du prédicateur, & de la maniere dont il doit remplir cette fonction; de l'administration des facremens en particulier, & des fepultures; de la fubfiftance des curez & de

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