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CVI. Réforme du cler

le légat.

Sleïdan ibid.

que autre maniere convenable au befoin des affaiAN. 1541. res de l'Allemagne & de toute la Chrétienté. Enfuite pour montrer le grand defir qu'il avoit de la gé propofée par reformation, il manda à tous les évêques de fe trouver dans fon logis, & leur fit un très-long difcours, les exhortant à éviter foigneufement toute apparence de luxe, d'avarice & d'ambition, & tout ce qui pourroit fcandalifer les peuples; à tenir leurs domeftiques dans le devoir, d'autant que le peuple juge des mœurs & de la conduite de fon évêque par l'ordre qui s'obferve dans sa maison ; à demeurer dans les lieux les plus habitez de leurs dioceses, & à mettre dans les autres des hommes fideles pour veiller fur les actions des ecclefiaftiques; à vifiter exactement leurs diocefes ; à conferer les benefices à des gens de bien qui aïent du mérite & de la capacité ; à emploïer leurs revenus au foulagement des pauvres; à mettre des prédicateurs pieux, fçavans, moderez, & qui n'aiment point la difpute; à faire les reglemens neceffaires pour l'instruction & l'avancement de la jeunesse, en établissant des écoles, & des colleges; les Proteftans aïant emploïé ce même moïen pour attirer toute la noblesse à leur parti. Il donna copie de ce discours à l'empereur, aux évêques & aux prin

CVII.

cun des deux par

tis.

ces.

Aucun des deux partis ne fut fatisfait ni des Il ne fatisfait au- difcours ni de la conduite du légat. Les Protestans aïant lû les deux écrits, l'un presenté à l'emSuprà lib. 14. pag. pereur & l'autre adreflé aux évêques, y firent une réponse de concert dans laquelle ils fe plaignoient de l'injure qu'on leur faifoit, & de la ma

Sleidan ibid. ut

444.

niere dont il les traitoit, eu égard à la haute idée qu'ils s'étoient formée de fa profonde érudition; ils le blâmoient fort de ce qu'il fembloit animer & exciter les princes à ufer de rigueur & à fe rendre crucls; enfin ils lui donnoient à entendre qu'il fe trompoit fort de penfer qu'ils puffent jamais approuver les erreurs qu'ils condamnoient à prefent, ou qu'ils s'accordaffent avec l'église catholique tant qu'elle foutiendroit des vices fi manifeftes. Les Catholiques ne paroiffoient pas plus contens de la réponse du légat, parce qu'il fembloit y approuver les articles accordez dans la conference. Comme cette réponse étoit ambiguë, ils la prirent en ce fens, que le cardinal ne s'oppofoit pas aux articles dont on étoit demeuré d'accord, & qu'il vouloit bien qu'ils fuffent observez jufqu'à la tenuë du concile. Ils prétendoient que Gropper & Phlug n'étant pas affez profonds théologiens avoient erré dans la conference fur l'article de la juftification, & qu'on en pourroit inferer que l'homme étoit justifié par la feule foi fans aucunes bonnes œuvres ; erreur condamnée dans la diéte d'Aufbourg.

AN. 1541.

CVIII.

liques & aux Pro

aftum tom. 2. p.

Contarin apprenant que fa réponse se prenoit Autre réponse du en divers fens par les Catholiques, & par les Pro- légat aux Cathotestans, fit un troifiéme écrit dans lequel il dit teitans. qu'aïant prefenté à l'empereur depuis peu ce qu'il Extat. apud Golpenfoit fur les affaires de la religion, à l'occafion 225 des dernieres conferences, & étant informé que Rayna les princes & états de l'empire donnoient differen- Sleidan. lib. 14. tes interpretations à fa réponse, quelques-uns l'expliquant comme s'il avoit dit qu'on devoit ab

Raynald. hoc ann.

n.

pag. 444.

1

cepter les artiles dont on étoit tombé d'accord, AN. 1541. & les tolerer jusqu'à la tenuë du concile ; d'autres au contraire croïant que fans rien approuver, il avoit renvoïé toute l'affaire au pape & au faint fiege dont il falloit attendre la décision dans un concile general. Pour ôter les differentes pensées, il déclare par cet écrit qu'il n'a rien voulu décider dans le premier, ni définir qu'on dût recevoir, tolerer, même obferver certains articles dudit traité jufqu'au futur concile, comme à present il ne décide & ne définit rien là-deffus, fon intention aïant toûjours été de referver generalement tous les articles ou accordez ou débattus au jugement du pape & du faint fiege apoftolique dans un concile ou autrement, comme il l'a déja déclaré par écrit à l'empereur & le confirme encore à prefent.

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Cependant l'empereur n'eut aucun égard à cette déclaration de Contarin, & communiqua le douziéme de Juillet à la diéte tout ce qui s'étoit paffé, même jufqu'aux lettres & aux memoires du légat, On y délibera fi les articles dont les deux partis étoient convenus, ne feroient pas reçû du moins jufqu'au temps de la célebration du concile general, & que s'il n'y avoit pas d'efperance qu'il put s'affembler, ou qu'il fut renvoïé trop loin, on ne convoqueroit pas alors une diéte de l'empire pour y traiter des affaires de la religion. A cette propofition l'empereur conclut qu'après avoir fait toute la diligence nécessaire, il ne reftoit plus qu'à déliberer, fi l'on devoit, fauf l'édit de la diéte d'Aufbourg, recevoir les articles accordez dans

la conference comme une doctrine chrétienne fans les mettre d'avantage en difpute; du moins jufqu'au concile, ou renvoïer l'affaire à une diéte de l'empire. Qu'il lui femble qu'on ne peut décider autre chofe, & qu'on doit inceffamment finir, & faire un décret touchant la religion & la paix, pour enfuite réunir toutes leurs forces contre le Turc, & faire échouer les grands préparatifs que cet ennemi commun fait par mer & par terre pour s'emparer de toute le chrétienté, fur quoi il attend leur avis, refolu d'aller trouver le pape pour fçavoir de lui ce qu'il y a lieu d'efperer, & delà revenir en Allemagne pour mettre ordre aux affaires de l'empire.

AN. 1541.

CX. Réponse des électeurs aux propo

reur

Sleidan, ibid.

Le feiziéme de Juillet les princes électeurs répondirent qu'ils jugeoient à propos qu'on reçût unanimement ces articles, & qu'on les obfervât ions de l'empejusqu'au temps du concile general qui pourroit encore les examiner, ou du moins jufqu'à la tenuë d'un concile national ou d'une diéte, attendú que ce feroit un moïen très-propre pour conduire à une parfaite réconciliation entre les deux partis. Que s'il y a quelque esperance d'accorder le refte ils le prient de s'y emploïer & d'ufer de fa bonté ordinaire pour y réuffir; mais que fi les conjonc tures du temps ne le permettent pas; alors il s'emplore auprès du pape & des autres princes pour affembler un concile general en Allemagne dans quelque lieu commode, ou un national avec la permiffion du fouverain pontife, qui y envoiera un légat. Enfin s'il ne peut rien obtenir, ce qu'ils e croïent pas, ils le prient de revenir en Alle

Z z iij

magne pour y rétablir entierement la paix par AN. 1541. d'autres moïens, & conferver pour l'empire le même zéle qu'il avoit témoigné jufqu'à prefent. Les Protestans firent la même réponse, déclarant seulement qu'ils fouhaitoient un concile libre & chrétien en Allemagne, mais qu'ils n'en accepteroient jamais un où le pape & fes miniftres feroient les juges des caufes de la religion. Ils prioient auffi l'empereur d'abolir ou du moins de fufpendre le décret d'Aufbourg, comme inutile à la paix,

CXI.

-Les princes Catholiques font contre l'obferva

tion des articles accordez.

lib. 14. p. 445.

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Mais les princes Catholiques, parmi lesquels les évêques tenoient un des premiers rangs avec les deux ducs de Baviere & Henri de Brunswick, furent d'un avis contraire, & reprefenterent à Sleidan-ut fuprà l'empereur, qu'y aïant beaucoup de vices, de fectes, d'hérefies & de divifions non feulement en Allemagne, mais encore parmi les autres nations, il n'y avoit qu'un concile general qui pût les extirper, & qu'aujourd'hui il ne leur étoit pas poffible de confentir à aucun changement de religion, de ceremonies, & de rites dépuis fi longtemps en ufage, puifque le légat promettoit un concile dans peu de temps, & que l'empereur en devoit traiter avec le pape; fur quoi ils supplient très-humblement le pape de prendre cette affaire à cœur, afin qu'en arrachant l'ivraïe du champ de l'églife, la colere de Dieu Sappaife, & que l'on puiffe travailler au falut des hommes. Que fi l'on ne peut obtenir un concile general, ajoûtent-t'ils il faudra recourir à un national en Allemagne ou du moins à une diéte des états de l'empire; &

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