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nous promettons de notre côté de demeurer toû-
jours attachez à l'ancienne religion, au concile,
la doctrine des faints peres qui eft parvenuë juf-
qu'à nous, & aux décrets de l'empire, nommé-
ment à celui d'Aufbourg, & nous nous flattons
que ceux qui ont reçû le décret ne refuseront pas
de l'executer, vû que depuis peu il a été confir-
mé dans la diéte de Haguenau. Nous ne confen-
tons pas, continuent-ils, qu'on recoive les articles
accordez feulement pour quelque-temps, attendu
qu'il y en a quelques-uns qui ne font pas débat-
tus & qui paroiffent fuperflus, comme le pre-
mier, le second, le troifiéme, & celui du peché
originel, qui ont été autrement traitez à Wormes.
De plus la néceffité demande qu'on ordonne une
nouvelle conference, puifque dans les écrits qu'on
a produits, l'on a emploïé des termes qui ne font
point conformes aux expreffions des faints
& aux ufages de l'églife; on y a mêlé certaines
maximes qui ont befoin d'être corrigées, & d'ail-
leurs les articles accordez font de peu d'importan-
ce. Mais parce qu'on n'eft pas d'accord fur les
principaux points, comme ceux de la céne, de
l'adoration de l'euchariftie, de la tranfubftantia-
tion, de la messe, du mariage des prêtres, des
deux efpeces, de la confeffion, penitence & fa-
tisfaction, & autres que les Proteftans combat-
tent; il femble qu'il n'y a aucune efperance de re-
conciliation outre que nos théologiens ont re-
laché plus qu'il ne falloit avec les Proteftans. De
toutes ces raifons nous concluons qu'il vaux mieux
laiffer à part tous les actes de la conference, & re-

peres,

AN. 1541.

mettre la décision des controverfes au concile gene A N. 1541. ral ou national, ou à la diéte. Ce qui donna lieu à cette réponse des Catholiques,fut qu'ils trouvoient que l'empereur avoit fait un parti trop avantageux aux Proteftans, & que les trois docteurs Catholiques s'étoient laiffez furprendre, faute d'avoir été d'accord enfemble.

CXII.

Sleidan. ibid. ut

fup. lib. 14. pag.

446.

Les autres villes Catholiques, comme Cologne, Plaimes des villes Metz, Spire, Wormes, Haguenau, Ratisbonne, Schwinfurt, Colmar, Rotembourg, & autres, fe plaignirent à l'empereur de ce qu'on ne les admettoit pas aux déliberations, & de ce que les princes ne leur communiquoient aucune de leurs réponfes, & prierent qu'on ne les privât pas de leur droit, & dirent que plufieurs d'entre-elles ne faifoient aucun refus de recevoir les articles dont on étoit convenu.

CXIII.

à l'empereur.

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Le légat fe plaignit auffi à l'empereur qu'il, Plaintes du légar avoit fait entendre dans la diéte que tout s'étoit fait avec fon agrément, auffi-bien que du mauvais fens qu'on avoit donné à fa réponse, en lui imputant d'avoir confenti à l'accord qu'on vouloit obferver jufqu'au concile. Il ajoûta, que fon fentiment avoit toûjours été qu'on remît toute l'affaire à la difpofition du pape, qui promettoit foi de bon pafteur, & de chef univerfel de l'églife, de faire regler tous les differends par un concile general, ou par une autre voie équivalente, fans paffion & fans autre interêt que celui du fervice de Dieu. Que dans cette vûë le pape auffi-tôt après fon élection, avoit envoié des nonces aux princes pour la célebration du concile, &

dans

dans la fuite que fes légats étoient arrivez à Vicenfe pour cet effet. Que s'il avoit fouffert tant de fois qu'on traitât en Allemagne des affaires de la religion, quoique ce fut à lui feul d'en juger ; c'étoit par pure complaifance pour l'empereur, qui affuroit toujours que tout fe faifoit pour le mieux. Qu'il n'étoit pas jufte que l'Allemagne voulut, au prejudice du faint fiege, s'attribuer ce qui appartenoit à toutes les nations chrétiennes; qu'il ne falloit donc pas abuser davantage de la bonté du pape, en voulant déterminer dans une diéte imperiale ce qui ne devoit être décidé que par le vicaire de Jefus Chrift & par toute l'églife : mais envoïer le livre en question, & tous les actes de la conference, avec les avis des uns & des autres, & attendre la refolution du faint fiege.

Outre ces plaintes, le légat envoïa une lettre à tous les états le vingt-fixième de Juillet, pour demander qu'on ôtât la clause d'un concile na tional d'Allemagne, parce que les differends de la religion concernant l'église univerfelle ne pouvoient être terminez dans de femblables conciles; qu'il l'avoit déclaré de vive voix à l'empereur, & qu'il le vouloit déclarer encore par ce manifefte. Il fit plus; car voïant que tous les princes Catholiques, & même les ecclefiaftiques demandoient unanimement un concile national, à quoi il avoit un ordre exprès de s'oppofer, quand même les Allemands le voudroient faire fous le nom du pape, & en prefence de ses léTome XXVII.

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AN. 1541

CXIV. Lettre du legat à

tous les états. sleidan. ibid. nt

Suprà lib. 14. pag.

447.

gats ; il reprefenta à l'empereur qu'un concile naAN. 1541. tional ne le pouvoit tenir fans faire un tort trèsconfiderable à l'autorité du pape, à qui ce feroit ôter le pouvoir qu'il a reçu de Dieu, pour l'attribuer à une nation particuliere; ce qui alloit à la perte des ames. Que l'empereur pouvoit fe reffouvenir combien il avoit cu d'éloignement lui-même pour le concile national lorfqu'il étoit à Boulogne, & que pour en éviter la demande, il n'avoit plus voulu fe trouver aux diétes depuis l'année 1532. connoiffant qu'il étoit pernicieux à l'autorité imperiale, d'autant que li fes fujets voïoient qu'on fit quelque changement dans la religion, ils entreprendroient d'en faire faire auffi dans

CXV.

Contre le concile national..

sleidan. ut fuprà.

Raynald. ad hunc ann. n. 18.

l'état.

a

Il n'en demeura pas-là, car il rendit public un Ecrit du même quatrième écrit adreffé aux Catholiques, dans lequel il difoit, qu'après avoir mûrement confideré quel préjudice fouffriroit la religion, fi les controverfes de la foi fe remettoient à la décifion d'un concile national; il fe croïoit obligé de les avertir qu'ils devoient fupprimer entierement cette clause, “étant certain qu'un femblable concile ne peut terminer ces differends, dont la décifion appartient à toute l'églife. De forte que fi un tel concile décidoit ces matieres, toutes fes décisions feroient nulles & fans autorité. Que s'ils ôtoient: cette clause, ils feroient une chofe très-agreable au pape qui eft le chef de l'églife, & de tous les conciles; comme au contraire s'ils ne le faifoient pas, ils lui cauferdient beaucoup de chagrin,

& ne manqueroient pas d'expofer l'Allemagne & d'autres païs à de grandes féditions qui pourroient avoir des fuites très-fâcheufes. Qu'il ne leur faifoit enfin ces remontrances que pour obéir au papé, & s'acquitter des devoirs de fa charge. Le jour même on répondit au légat qu'il ne tenoit qu'à lui de prévenir tous les inconveniens. qu'il craignoit, en follicitant le pape d'affembler un concile fans differer plus long-temps, ce qui feroit ceffer toutes les demandes d'un concile national, comme tous les états de l'empire le defiroient. Mais on ajoûtoit, que fi le concile general promis tant de fois & depuis tant d'années, ne fe tenoit pas effectivement & au plûtôt, l'Allemagne fe trouveroit dans la néceflité abfoluë de recourir au concile national, ou à une diéte, pour y décider les queftions en presence d'un légat.

AN. 154.

CXVI.
Les Proteftans ré-

futent les écrits da

légat.

Sleidan. ibid. p. 447. 448. Raynald. ad hune

ann. n. 17.

aft.. 2. p. 100.

Extat. apud Gol

Les théologiens Proteftans firent une plus ample réponse aux écrits de Contarin; ils prétendoient montrer qu'il ne pouvoit naître aucune fédition en décidant les controverfes de foi felon la parole de Dieu, & en corrigeant les abus felon la doctrine de l'églife & des canons. Que l'on n'avoit jamais contefté aux conciles nationaux le droit de terminer les queftions de foi; Jefus-Christ aïant promis fon affiftance toutes les Math.cap. 18. fois que deux ou trois perfonnes feroient assemblées en fon nom. Qu'on avoit vû plufieurs conciles non feulement nationaux, mais même de très-peu d'êvêques qui avoient donné leur décifion fur

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