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étoit à craindre qu'il n'y eut du trouble. Que pour toutes ces raifons il lui fembloit plus à propos de choifir Mantouë ou Plaisance ou Boulogne ou Ferrare, villes affez grandes & très-commodes. Que cependant fi elles n'agréoient pas, le pape ne refu→ foit pas qu'on tînt le concile dans la ville de Trente voisine d'Allemagne. Il ajoûta que le deffein de Paul III. avoit été d'en faire l'ouverture à la Pentecôte,mais que ce terme étant trop court il le differeroit jufqu'au treizième du mois d'Août,& qu'il les fupplioit tous d'y contribuer de concert, & d'oublier tous sujets de divifion.

AN. 1542.

XXXII.
La ville

& ac

feptée pour le steiden ıbid vt up. 14. p. 4. 2.

lieu du concile.

Pallav. ut fujvšt

7. Cochlée in a.

fcript. Luth, hos

Ferdinand & les princes Catholiques avec les vicaires de l'empire remercierent le pape de festave de rebonnes intentions, & dirent qu'ils acceptoient la ville de Trente,puifqu'il n'y avoit pas moïen d'obtenir quelque autre ville d'Allemagne comme Ratisbonne ou Cologne. Les Proteftans au contraire n. 9. n'approuvoient ni le concile du pape ni le lieu où l'on vouloit l'affembler; & même ils déclarerent ann. p. 30. qu'ils ne confentiroient jamais qu'il en fût fait mention dans le décret de la diéte. Après quelques autres décifions fur des affaires civiles, on conclut la diéte le onzième du mois d'Avril, & l'on en indiqua une autre à Nuremberg pour le mois de Janvier de l'année fuivante.

Luther compofa cette année après la diéte de Spire un petit ouvrage intitulé, Difcours militaire, dans lequel il paroit retracter ce qu'il avoit autrefois enfeigné touchant la guerre contre le Turc; fçavoir, qu'il falloit vouloir non feulement ce que Dieu veut que nous voulions, mais abfolument

XXXIII. Ouvrage de In

ther intitulé Lif

cours militaire. Sleidan bid. us

up. l. 14. p. 483

& fcq,

Spon, adune

n. n. 4.

.

tout ce que Dicu veut d'où il concluoit que AN. 1542. combattre contre le Turc, c'étoit refifter à la volonté de Dieu qui nous vouloit vifiter. En quoi il fut condamné par Leon X. dans la cenfure de fes propofitions. Mais dans l'ouvrage qu'il publia cette année il difoit au contraire qu'auffi-tôt que le magiftrat commanderoit de prendre les armes contre les Turcs, il ne falloit épargner ni ses biens ni fa perfonne. Il exhorta les princes à ne point s'endormir contre un ennemi fi cruel & fi vigilant, qui veut detruire, dit-il, la doctrine de l'évangile par fon Alcoran; mais que ce n'est point l'affaire du pape, que ce devoir n'appartient qu'à l'empereur, qui doit s'y porter, non par efprit de vengeance, ou dans la vûë de quelque interêt, ou pour acquerir de la gloire, mais uniquement pour défendre fes fujets des perfecutions de ce tyran. Qu'il ne faut point exciter ce prince à cette guerre, fous le fpecieux pretexte qu'il eft le chef de toute la Chrétienté, le protecteur de l'églife, & le défenfeur de la foi ; parce que ces titres font trop remplis d'orgueil & font injure à Jesus-Chrift, qui feul défend son église. Luther exhorte enfuite les Chrétiens qui font esclaves chez les Turcs à fouffrir patiemment, & à ne point abandonner la vraïe foi. Il finit par une priere à Dieu contre la fureur & la barbarie de ces infidéles.

XXXIV.

Apologie d'Ec

Eckius fit auffi dans le même temps une apo kins contre Bucer, logic contre Bucer en faveur des Catholiques, Cochl. in act. à l'occasion de ce que ce théologien Protestant & fcript. Luther. avoit écrit fur les actes de la diéte de Ratisbonne.

hoc ann. p. 303.

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Il montre premierement dans ce livre, que le nombre des articles difputez & débattus dans la con- A N. 1542. ference, furpaffe de beaucoup ceux que Bucer dit avoir été accordez. Enfuite il fait plufieurs obfervations fur tout ce qui eft reprehenfible dans ce livre presenté aux théologiens, & dans chaque chapitre du même ouvrage, au nombre de vingt-trois. En troifiéme lieu il refute un grand nombre d'erreurs Lutheriennes contenues dans les écrits de ceux qui l'avoient figné, de même que les défaites & les calomnies de Bucer contre la réponse des princes Catholiques & des états à l'occafion de ce livre. Il prend la défense des réponses & des déclarations du cardinal Contarin legat du pape que Bucér avoit fort maltraité. Enfin il examine la réponfe donnée à l'empereur par les Proteftans touchant les articles accordez & débattus, & fait voir combien elle eft foible & mal fondée : il y eut auffi dans la même année une autre apologie d'Albert Pighius contre Bucer.

XXXV.
Paul III. convo-

le concile à Tren

Le pape volant que les princes Catholiques avoient accepté la ville de Trente pour le lieu du que par une bulle concile, & qu'il n'y avoit plus de pretexte pour te. en rétarder la convocation, publia le vingt-deu Pallav.hift.conc. xiéme de Mai de cette année la bulle d'indiction. Trid. lib. 4. c. 17, pour le premier de Novembre fuivant. Il fit envoïer aufli-tôt deux originaux de cette bulle, le premier au roi des Romains, qui avoit l'autorité de l'empereur en Allemagne, afin qu'il en donnât avis à tous les princes & villes libres de l'une & l'autre communion, avec ordre de nommer les députez qui devoient y affifter de leur part. Le fecond

Tome XXVIII.

Fff

à Charles V. qui avoit beaucoup à cœur cette con

AN. 1542. Vocation.

XXXVI. Bulle du pape

tion de ce concile.

Bullar. in 4. Paul 111. bull. 33. Raynald.hoc ann.

n. 13.
Labbe collec.
conc.tom. 14 pag.
726. & feq.

Paul III. difoit dans cette bulle: Que depuis pour la convoca- fon exaltation, il avoit cherché tous les remedes propres aux maux de la chétienté; que n'en aïant point trouvé de meilleur que de tenir un il s'étoit enfin refolu de le convoquer. concile, Et après avoir parlé des deux convocations précedentes à Mantoüe, & à Vicenfe, il expofoit les raisons qui l'avoient contraint de le fufpendre fi long-temps , pour attendre celui que Dieu avoit deftine pour l'execution de ce pieux deffein. Mais que venant à confiderer que tout temps cft bon, quand il s'agit de fon fervice, il avoit pris la refolution de n'attendre pas d'avantage le confentement des princes. Que puifqu'il ne pou voit plus difpofer de Vicenfe, & que les Allemands defiroient la ville de Trente, quoiqu'une autre ville plus avancée dans l'Italie lui eut été plus commode, il vouloit bien par une affection paternelle s'accommoder à leurs defirs, & defignoit le premier jour de Novembre fuivant pour ouvrir le concile, donnant ce terme afin que fa bulle pût être publiée par tout, & que les évê

ques
euffent le loifir de s'y rendre : il ajoûtoit en-
fuite que fe confiant fur l'autorité de Dieu, le
Pere, le Fils & le faint-Efprit, & des bienheureux
apôtres faint Pierre & faint Paul, laquelle il exer-
çoit fur la terre, de l'avis & du confentement des
cardinaux, la suspension du concile préalablement
levée, il convoquoit à Trente ville libre & com-
mode à toutes les nations, le concile œcumenique

& general, pour être commencé à la Touslaint, puis continué & achevé; y appellant tous les patriarches, archevêques, évêques, abbez, & tous autres qui de droit ou par privilege, ont voix déliberative dans les conciles generaux; leur enjoignant en vertu de la fainte obéiffance, & du ferment qu'ils lui ont prêté, aufli-bien qu'au faint fiege, & fous les peines portées dans les canons contre les défobéiffans, de s'y trouver en perfonne, & en cas qu'ils euffent quelque empêchement legitime, d'en juftifier, & d'y envoïer leurs procureurs ; priant l'empereur, le roi très-chrétien, & les autres rois, ducs & princes, d'y vouloir aufli afsister, ou du moins d'y envoïer leurs ambassadeurs gens de vertu & de mérite, & tous les évêques leurs fujets A quoi il invitoit encore plus expreflément les prélats & princes d'Allemagne, puifque c'étoit principalement à leur occafion que le concile étoit convoqué & dans une ville qu'ils avoient defirée, afin que l'on pût traiter avec plus de fuccès les affaires de la religion chrétienne, la reformation des mœurs, l'union & la concorde des princes & des peuples, & les moïens de s'opposer aux entreprises des barbares & des infideles. Donné à Rome le deuxième des calendes de Juin.

Charles V. aïant reçû un exemplaire de cette bulle, répondit au pape le vingt-cinquiéme d'Août pour le feliciter fur la convocation du concile, & lui témoigner la joïe qu'il en reffentoit. Mais il fema fa réponse de plaintes aigres & ameres contre le roi de France, qui ne venoient gueres au

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