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voir de les difpenfer de leurs vœux & de les renvoïer pour de juftes causes, & par tout hors en France, ils confervent le domaine & la proprieté de leurs biens, quoiqu'ils ne puissent en joüir ni en difpofer indépendamment des fuperieurs.

AN. 1542.

LXXI.

& des profez.

On appelle encore parmi eux coadjuteurs fpirituels, ceux qui font en public les vœux de chafte- Des coadjuteurs té, de pauvreté & d'obéiffance, mais qui ne font pas le quatrième qui regarde les miffions qu'il plaira au pape de leur ordonner. Ceux-là peuvent être non feulement regens dans les colleges, mais recteurs de ces mêmes colleges, & on peut aufli les élire pour assister à la congregation generale, mais ils n'ont point de voix dans l'élection du general; & les profez des quatre vœux les précedent toujours. Les coadjuteurs temporels font les fimples freres, qu'on appelle ainfi, parce qu'ils aident la focicté dans les chofes ferviles, & qui font les moins importantes. Enfin les profez font ceux qui font publiquement avec les trois vœux ordinaires, celui d'obéissance au pape pour le regard des missions ils font l'effentiel de l'ordre, & ils font obligez à unc obfervation exacte de la pauvreté évangelique. C'eft le general qui fait les provinciaux, les fupericurs des maisons profeffes, & des maifons de probations, appellées noviciats, & les recteurs des colleges; & afin qu'il connoiffe tous les fujets qui font propres pour remplir les poftes, les provinciaux de toute l'europe lui écrivent une fois tous les mois, les fuperieurs des maisons & les maîtres de novices tous les trois mois, & ceux des Indes lorsque la Tome XXVIII. LII

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Bouhours vie de 25.252.

S. Ignace liv.

p.

3.

commodité de la navigation fe prefente. On lui AN. 1542. envoïe auffi de trois en trois ans les catalogues de chaque province, dans lefquels on marque l'âge de chaque religieux, fes forces, fes talens naturels, fon avancement dans les lettres & dans la vertu, & toutes fes qualitez bonnes & mauvaises. La congregation generale lui donne cinq affiftans, d'Italie, de France, d'Espagne, d'Allemagne & de Portugal; elle lui donne auffi un admoniteur qui est en droit de lui representer ce que lui ou les affiftans auroient remarqué d'irregulier dans fon gouvernement ou dans fa perfonne. En cela faint Ignace fit reflexion que le general pourroit peut-etre mal ufer de fon autorité, & qu'il falloit la temperer par des contrepoids & des correctifs de plus d'une forte.

LXXII. Arrivée de François Xavier au port de Goa.

François Xavier après avoir paffé l'hyver à Mozambique, aborda heureusement au port de Goa ville capitale des Indes fur la côte Occidentale de Bouhours vie de la prefqu'ifle en deça du Gange, une des plus bel

S. Xavier p. 71.

les & des plus confiderables de tout l'Orient pour fon commerce. L'évêque étoit alors Jean d'Àlbuquerque religieux de l'ordre de faint François, celebre par fa pieté & par fa doctrine. Xavier ne fut pas plûtôt débarqué, qu'il alla prendre fon logement à l'hôpital, malgré le viceroi qui lui en préparoit un dans fon hôtel. Il alla enfuite rendre fes devoirs à l'évêque, il lui montra les pouvoirs autentiques de fa légation, à laquelle il étoit nommé par le pape, & fe profterna aux pieds du prélat,proteftant qu'il lui remettoit tout entre fes mains, &

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qu'il ne vouloit ufer de fon pouvoir que fous fes aufpices & avec fon agrément. L'évêque charmé de A N. 1542. sa modestie l'embrassa tendrement, lui rendit fes lettres, & l'affura qu'il pouvoit user en toute liberté & dans toute leur étendue des pouvoirs que le faint fiege lui avoit donnez.

Xavier ainfi autorifé à prêcher l'évangile, commença les fonctions de fa miffion par les maux qu'il crut être les plus preffans. Il prit un grand foin des malades de l'hôpital, paffant les nuits auprès d'eux pour leur apprendre à fouffrir en Chrétiens & se préparer à la mort. L'après-midi il alloit vifiter les pauvres prifonniers qu'il affiftoit des aumônes qu'on lui donnoit dans la ville. Il alloit dans toutes les rues une fonnette à la main pour avertir les peres & meres d'envoïer leurs enfans & leurs efcla. ves au catechisme. Dès qu'il fçut affez la langue du païs pour la parler, il fit des prédications publiques où tout le monde accourut. Il en gagna beaucoup par les moïens d'une complaifance ingenieufe que fa charité lui infpiroit. Comme le grand obftacle au progrès de l'évangile étoit l'amour du plaifir & la pluralité des femmes, il attaqua ce défordre & il l'abolit avec un empire fi abfolu', que nul homme engagé dans ces crimes n'osoit paroître dewant lui, Il y eut plus de quatre cens mariages prétendus caffez par fon ordre, les liens les plus forts & les plus étroits engagemens rompus, & l'on vit enfin revivre le chriftianifme dans Goa.

LXXIII.

Commencement

de fa miffion à

Goa.

Turfelin ut fup: lib.2.cap. 2. 3.

LXXIV.
Il va fecourir les

Aïant ainfi reglé les affaires de la religion dans ce lieu, il passa à la côte de la Pescherie dans la nouveaux Chré

tiens à Comorin.

prefqu'ifle de deça le Gange vis-à-vis de l'ifle de AN. 1543. Ceylan entre le cap de Comorin & le canal de la Croux, pour renouveller parmi ces peuples l'efprit & les exercices du chriftianisme qu'ils avoient déja reçus, mais que la négligence des pasteurs qui leur avoient été envoïez, & les revolutions du païs avoient presque effacées entierement. Xavier en fit bien-tôt un nouveau peuple, & pour leur laiffer une prédication toujours fubfiftante, il traduifit en leur langue le catechifme & les prieres des Chrétiens. Il fit détruire prefque tous les temples & les pagodes ou idoles de la Côte, & fit bâtir des églifes & des chapelles dans tous les bourgs & les villages avec l'autorité du viceroi & les fecours des Portugais dont ces peuples étoient tributaires.

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Pendant que la religion s'étendoit ainfi dans les Indes, elle étoit toujours fort troublée dans l'europe, malgré les frequentes diétes qu'on tenoit en Allemagne pour pacifier les diffentions. Le temps de celle qui devoit fe tenir à Nuremberg étant arrivé, le roi des Romains s'y rendit le dix-feptiéme de Janvier 1543. accompagné de deux de fes fils. Granvelle étant parti de Trente s'y rendit aussi avec fon fils l'évêque d'Arras, Frederic Palatin, l'évêque d'Aufbourg, & Jean de Naves y étoient en qualité d'envoïez de l'empereur. La gouvernante des Païs-Bas y avoit auffi fes ambaffadeurs. Les Proteftans y presenterent leur requête à Ferdinand & aux lieutenans de l'empereur, dans laquelle ils rappelloient comment la paix avoit été donnée à Nuremberg, & comment ceux de la chambre im

periale l'avoient violée, & ajoûtoient que l'empereur les avoit affuré à Ratisbonne que le tout feroit AN. 1543. obfervé; que cependant ; que cependant on n'en avoit rien fait, ce qui les obligeoit de déclarer que fi on ne leur rendoit pas justice, ils n'accorderoient aucun fecours contre le Turc.

Ferdinand ne manqua pas de leur repliquer qu'il y avoit un concile indiqué à Trente qui regleroit toutes chofes; que cependant il auroit foin de reformer la chambre imperiale, mais qu'on ne pouvoit refufer la juftice au duc de Brunswick à qui il falloit rendre ce qu'on lui avoit pris, à quoi les Proteftans répondirent qu'ils ne reconnoiffoient point ce concile, qu'ils ne s'y trouveroient point, & que comme on ne les avoit fatisfait en aucune chofe, ils ne pouvoient déliberer entr'eux fur les autres affaires. Le roi des Romains néanmoins & les députez des états firent un décret par lequel il fut ordonné qu'on fortifieroit les places voifines des Turcs, & que chacun des princes contribueroit aux frais néceffaires pour ces réparations & pour la guerre contre Soliman. Le troifiéme de Juillet on regla ce qui regardoit la reformation de la chambre,& l'on ordonna qu'elle feroit faite felon ce qu'on avoit arrêté à Ratisbonne ; mais on ajoûta que ceux qui refuferoient le fecours, feroient fujets à cette chambre. Les Proteftans s'oppoferent à ces conclufions, déclarant qu'elles avoient été prifes fans leurs avis,qu'on n'avoit rien arrêté touchant la paix, & qu'il y avoit trop d'inégalité dans les contributions. Et parce qu'à l'arrivée de l'empereur il y auroit guerre contre le duc

di

tes

LXXVI. Réponse de Fer

and aux plaindes Proteftans.

Sleidan ut fuprà 1. 15. p. 284.

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