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ès arts il s'engagea de foutenir l'oppofé d'Arifto

col. 2 tom. 2.

36.

rif.tom. 6. p. 307.

te fur tout ce qu'on lui propoferoit. Il s'en tira AN. 1543. avec affez de fuccez : ce qui lui infpira l'envie append. pag. 13. d'examiner plus à fonds la doctrine de ce prince pag. 136. des philofophes. Les deux premiers livres qu'il Bee epift. 34. 6 compofa à cette occafion furent les inftitutions Hit. univers. Padialectiques, Inftitutiones dialectica, & remarques fur Ariftote, Ariftotelica animadverfiones, qui exciterent de grands troubles. Pierre Danés profesfeur de la langue Grecque puis évêque de Lavaur, fut commis par le roi François I. avec Jean de Salagnac docteur en théologie, Jean Quentin docteur en droit & quelques autres fçavans, pour examiner les fentimens & la conduite de Ramus, dont Antoine de Govea Portugais l'un des plus grands philofophes de fon temps s'étoit déclaré la partie adverfe. Par le jugement que la faculté rendit dans cette année 1543. Ramus fut interdit de fa profeffion, & fes livres défendus. Les commiffaires faisant leur rapport au roi, déclarerent à ce prince qu'on trouvoit dans ces livres beaucoup d'impudence, & une profonde ignorance, & que l'auteur devoit être évité dans le roïaume comme une peste très-dangereuse, mais il fut maintenu.

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LXXXI.

& de l'empereur,

Anton. de Vera

Si ces cenfures réïterées faifoient voir le zéle de la France pour la faine doctrine, Paul III. Entrevuë du pape affectoit auffi de montrer fon impatience pour la tenue du concile. Voulant en conferer avec Char- hift. de Charles V les V. qui venoit en Italie, il lui envoïa plusieurs personnes pour l'engager à avoir avec lui unc cn

pag. 230.
Pallav. hift. cone.
Trid. lib. 5. c. 2

trevûë fur ce fujet, & ce prince l'aïant promise AN. 1543 Paul III. refolut de fe rendre à Buffeto petite ville sur la riviere d'Ongina à une licuë du Pô entre Cremone & Parme, par où l'empereur devoit néceffairement paffer. Če voïage du pape aïant été propofé dans un confiftoire, plufieurs cardinaux opinerent qu'il ne lui convenoit pas d'aller trouver l'empereur, eu égard à fa dignité, à ses infirmitez & à fon grand âge, dans une conjoncture où il ne paroiffoit aucune esperance d'heureux fuccès ; qu'il convenoit mieux d'envoïer des nonces pour traiter avec ce prince ; mais comme il paroiffoit que Paul III. defiroit fort de faire ce voïage l'opinion pour l'affirmative l'emporta ; le pape fans confiderer ni fa vieilleffe, ni la longueur du chemin, ni les grandes chaleurs qui regnoient alors, laiffa le foin du gouvernement de Rome entre entre les mains du cardinal Carpi & s'en alla à Buffeto. Il envoïa au-devant de lui deux légats, Parifio qu'il avoit rappellé de Trente & Cervin, pour aller recevoir l'empereur, & il y arriva luimême le vingt-troifiéme de Juin le même jour que l'empereur, qui étoit accompagné du cardinal Farnefe.

LXXXII. Sujets de leurs

feto.

Ils logerent tous deux dans le même palais, & Conferences à Buf- le lendemain jour de faint Jean-Baptifte le pape célebra la meffe, après laquelle il fe rendit dans. Pella #ffon appartement avec l'empereur. Charles V. reAnton de Vera ut connut dès cette premiere conference qu'il avoit Belcar. in comm. penfe jufte en croïant que le pape n'avoit d'autre deffein que de le porter à faire la paix avec Fran

prà cap. 2. n.

çois I. puifque ce fut la premiere chofe qu'il propofa. Le cardinal Grimani que le pape avoit mené AN. 1543. avec lui comme un homme très-habile dans les negociations, fit un long difcours à l'empereur, pour l'exhorter à cette paix, mais ce fut inutilement, ce prince déclara toujours qu'il n'y avoit point de confideration qui pût l'obliger de pardonner à un homme qui n'avoit cherché qu'à le furprendre en tant d'occafions, & que quand le roi de France lui-même demanderoit la paix il ne la lui accordcroit pas : il s'expliquoit avec une certaine aigreur qui faifoit affez voir combien il étoit éloigné de tout accommodement; il se plaignoit particulierement de ce que le roi de France avoit fait tous ses efforts par ruses, cabales & argent,pour corrompre les princes d'Allemagne,même ceux qui lui étoient les plus affectionnez, pour les obliger à quitter fon parti & à prendre les armes contre lui, en leur propofant des traitez fort avantageux, comme il y avoit réufli à l'égard du duc de Cleves. Il ajoûta que pour montrer le caraetere de ce prince, il fuffifoit de confiderer l'alliance qu'il avoit faite avec les Turcs dont les infidéles mêmes avoient été fcandalifez, & dit encore beaucoup d'autres choses.

Le pape ne parut pas perfuadé des raisons de l'empereur. Il le pria même avec beaucoup de douceur de vouloir confiderer qu'il ne pouvoit jamais faire d'action plus glorieufe ni plus utile la religion, que de pardonner à un ennemi qu'il avoit vaincu & fes armes & par

LXXXIV.

l'empereur à faire:

fa

à

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Le pape exhorte paix avec le roi France.

Extat in act.com

Alexand. Farne

fit. fcriptis ab par fa magna- fio vice-cancelli Mmm iij

da fign. 133. pag.

410.

nimité. Quelles benedictions,lui dit-il,la chrétienAN. 1543. té ne vous donnera-t'elle pas, fi elle voit que vous M.S.cardin.Spa- lui donniez la paix ? Quelle gloire ne vous acquererez vous pas dans toute la terre, fi au lieu de porter les armes contre les Chrétiens, vous les tournez contre les Turcs? Quel triomphe n'en feront pas les Anges mêmes dans le ciel, fi par votre moïen ils entendent chanter parmi les hommes ce même cantique qu'ils chanterent autrefois à la naiffance de celui qui eft appellé dans l'écriture le roi pacifique. Un discours fi patetique n'ébranla point l'empereur, il étoit trop irrité pour écouter de femblables propofitions, ainfi les conferences après avoir durées trois jours fe rompirent, fans avoir rien conclu fur ce qui regardoit la France. Charles V. après avoir pris congé du pape partit pour l'Allemagne par le chemin le plus court,qui est celui de Trente, fans s'arrêter en aucun lieu, & le pape s'en retourna à Rome fans autre fruit que d'avoir impofé filence aux médifans qui lui auroient reproché de s'être un peu trop menagé s'il n'avoit pas entrepris ce voïage.

LXXXV.

Ambaffadeurs des

princes Proteftans à l'empereur.

Sleidan ut fuprà

lib. 15. pag. 494.

L'empereur étoit encore en Italie lorfque le due de Brunfwick vint le trouver à Cremone pour lui porter fes plaintes contre les princes Proteftans qui l'avoient dépouillé de fes états. Ceux-ci aïant reçu les lettres de l'empereur écrites de Genes, & apprenant qu'il s'approchoit avec fes troupes, s'affemblerent à Smalkalde le vingt-quatrième de Juin pour lui envoïer leurs députez, & pourvoir à la défenfe des états de Brunfwick; cette affem

blée finit le vingt-uniéme de Juillet, & fur la fin du même mois les ambaffadeurs des Proteftans, François Burcart, George Bemelberg, Christophle Veninger, & Jacques Sturmius arriverent à Spire où l'empereur étoit depuis quelques jours; ils eurent audiance le deuxième du mois d'Août & dirent à peu près les mêmes chofes qu'ils avoient déja dites au roi des Romains. Ils conclurent que fi on leur affuroit la paix, qu'on reformât la chambre imperiale comme il avoit été arrêté à Ratisbonne & qu'on rendît les contributions égales, ils ne manqueroient pas de fournir aux befoins de l'empire.

AN. 1543

LXXXVI.

pereur aux ambaf

Sleidan ut fupra

P.4.5.

Deux jours après ils reçurent la réponse de l'empercur qui leur fut communiquée par Naves cn pre- Réponse de l'emfence de Granvelle. Elle contenoit qu'à l'égard fadeurs Protef de la paix on y avoit fi bien pourvû dans les dié- tans. tes precedentes, qu'ils avoient fujet d'être contens: que quant aux juges de la chambre imperiale ils ne pouvoient être dépofez fans être auparavant entendus: qu'au refte on feroit là-deffus les informations dans le mois d'Octobre, & qu'ils feroient punis s'il se trouvoient coupables: que pour l'égalité & la moderation des contributions, elle ne peut fe faire que du confentement de tous les états; qu'il les prie de confiderer la fituation de l'empire qui eft telle, qu'il y a beaucoup à craindre s'ils n'accordent un prompt secours à l'exemple des autres états que pour le prefent il eft obligé d'emploïer toutes fes forces contre le roi de France & le duc de Cleves, pour empêcher qu'on ne

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