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baffadeurs à la

Pallav. hift.cone.

Trid. lib. 5. cup 5,

n. 2. & 3.

ne manqueroit pas d'adreffer fes plaintes aux princes contre lui, avoit envoïé fes ambaffadcurs à la AN. 1544diéte pour juftifier fa conduite. Ces ambaffadeurs ce envoie fes amétoient, le cardinal Jean du Bellay, François diete de Spire. Olivier, chancelier d'Alençon & le bailli de Sleidan uti fuprà Dijon. Ils arriverent à Nancy en Lorraine dans b. 15. p. 505. le mois de Janvier, & s'y arrêterent jufqu'à ce qu'ils euffent reçu le fauf-conduit de l'empereur vers lequel le roi avoit dépêché un berault à Spire, avec des lettres à Charles V. pour demander ce fauf-conduit. Le herault revêtu de fa cotte d'armes, arriva à Spire fur la fin de Février. Granvelle le fit arrêter & lui donna fon logis pour prifon, avec défenfe d'en fortir, & à toutes perfonnes de lui parler. Il eut beau dire qu'on violoit en fa perfonne le droit des gens, on ne voulut pas l'écouter, & quatre jours après fon arrivée, on le congedia après beaucoup de paroles outrageantes, en lui difant, qu'il étoit bienheureux de s'en retourner fa vie fauve, que fon maître ennemi de l'Allemagne n'avoit que faire de fe mêler des affaires de l'Empire; qu'on lui pardonnoit pour cette fois plus par la bonté de l'empereur, que pour fon propre merite, mais qu'il le gardât bien à l'avenir de fe charger de pareilles commiffions, dont il ne fe tiréroit pas fain & fauf, étant contre les loix des heraults de paroître où eft l'empereur, fans fa permiffion; quant aux lettres dont ce herault difoit être chargé, on ne voulut pas les recevoir. On lui donna cette réponse par écrit, & un cheval pour le conduire à Nancy, où les ambassadeurs l'attendoient, & fe préparoient à partir aufQ¶¶

Tome XXVIII.

AN. 1544.

XXV.

On leur refuse

& ils s'en retour

nent en France.

fi-tôt qu'ils auroient reçu le fauf- conduit.

Le rapport du heraut les furprit beaucoup, & ne fçachant quel parti prendre, ils confulterent un fauf conduit, le duc de Lorraine qui leur confeilla de fe retirer en France, ce qu'ils firent. Quoique ce duc fut Sleidan ut fuprà neutre, comme il craignoit pour les états si la guerre continuoit entre les deux monarques, il fouhaitoit fort de les voir en paix; mais Charles Spond. hoc ann. V. n'y paroiffoit pas fort difpofé, & croïoit qu'il y alloit de fon honneur & de fa réputation de

lib. 15. pag. 506.

Extat. tom. 3. re

rum German.

edit. Freher.

22.

Belear. ut fuprà.

le com

n'entrer en aucun accommodement avec la France
jufqu'à ce qu'il l'eut reduite. Les ambaffadeurs
François firent imprimer le difcours qu'ils devoient
faire dans la diéte de Spire. Ils y parloient de l'an-
cienne alliance des François & des Allemands, ils
fe juftifioient fur l'accufation de leurs ennemis
qui publioient que leur roi avoit fait alliance avec
le Turc; ce qu'ils n'accorderent que pour
merce, & pour vivre en paix, comme font enco-
re les Venitiens, les Polonois & autres. Et quand
même, difoient-ils, il y auroit une véritable con-
federation, on ne pourroit la condamner juste-
ment, qu'on ne condamne en même temps
Abraham, David, Salomon, Phinées, les Ma-
cabées qui ont fait la même chofe, & depuis
eux les empereurs Honorius, Conftantin

Theodofe le Jeune, Juftinien II. Palcologue,
Leon, les Frederics, & même les Sarrazins rap-
porterent fur leurs épaules en Italie Frederic II.
qui en avoit été chaffe par le pape. Est-ce au
roi de France qu'on doit s'en prendre, fi le
Turc a fait des incurfions dans la Hongrie,

G Barberousse.est venu en Afrique après la prise de Tunis ? Et fi ce corfaire a paru depuis peu fur la mer de Genes, c'est parce qu'il cherchoit André Doria, & ne pouvant le rencontrer, il a mis le fiege devant Nice de fon plein gré. Toutes ces raisons des ambaffadeurs ne parurent pas convainquantes : auffi les Allemands n'y curent aucun égard, & ptomirent tous des fecours à l'empereur contre la France.

A N. 1544

XXVI. Secours des Allo

lemands à l'empereur contre le roi

de France. Sleidan ut fupra

liv.

15. p. 515.

Spond. hoc ann

1.4.

Ils jugerent qu'on pourroit arrêter plus facilement le Turc, fi auparavant on réduifoit le roi de France. Ils convinrent donc d'accorder un fubfide pour entretenir pendant fix mois quatre mille gendarmes & vingt mille hommes de pied. L'empereur hf. v. 15. devoit aider fon frere Ferdinand d'une partie de cet agent pour fortifier les villes voifines des Turcs. Il fut auffi ordonné qu'on taxeroit chacun par tête dans toute l'Allemagne, felon le revenu des familles, fans excepter perfonne ; défenfes furent faites fous de très groffes peines à tous les naturels Allemands ou autres qui auroient été naturalifez en Allemagne, de porter les armes au fervice de la France ou de fes allicz.

Les électeurs & les autres états écrivirent auffi aux Suiffes le deuxième d'Avril pour leur faire des reproches fur les fecours qu'ils avoient accordez au roi de France, dont la conduite eft, difoientils, d'autant plus déteftable, qu'il concoure à l'agrandiffement d'une nation perfide,qui ne penfe qu'à détruire la religion; ils leur parlent des entreprises de la flote des Turcs fur les côtes de Genes & fur Nice, & les fupplient humblement

2.

qu'à l'avenir, ils ne permettent pas que leurs fu

·AN. 1544 jets fervent dans les armées du roi de France, &t foient à fa folde; que fi quelqu'un des leurs font déja en chemin, ils les rappellent, & qu'ils fe condui. fent de telle forte, qu'ils ne paroiffent pas negli ger le falut de la republique. Sur la fin d'Avril les Suiffes répondirent aux princes, qu'ils fçavoient de leurs officiers que jamais aucun Turc n'avoit paru dans l'armée françoife, qu'ils n'avoient point entendu parler d'une femblable alliance, que quand fur leurs plaintes, ils en avoient écrit au roi, ce prince s'étoit plaint à fon tour qu'on avoit calomnié, jufqu'à refufer indignement d'entendre fes ambaffadeurs. Qu'à prefent fi l'empereur veut entendre à quelques propofitions de paix, le roi de France promet de fecourir les Allemands & les Hongrois contre Soliman. Que pour ce qui les regarde en particulier, ils font tellement dévoüez au fervice de France, qu'ils ne peuvent se refuser à fon roi toutes les fois qu'il aura besoin d'eux. Que leur avis eft donc qu'on écoute fes ambassadeurs, qu'on faffe quelque bon accommodement, & que s'ils y peuvent quelque chofe, ils s'y emploïeront volontiers. Cette réponse ne fatisfit pas: les princes qui ne pensfoient qu'à fufciter des enne

XXVII. Accufation du duc de Savoie

Contre François I.

mis à la France.

Le vingt-feptiéme d'Avril Charles duc de Savoie accula encore François L. par fes ambassadeurs, qui dirent en pleine affemblée, que ce roi outre pràl. 15. p. 512. les injures & les outrages qu'il avoit faits au duc Belcar. in comm. dans les années dernieres, avoit encore fufcité Barberouffe amiral de la floté de Soliman', qui aidé

Sleiden uti fu

Mb, 23.12.559

du fecours de la France, s'étoit emparé de la ville de Nice par compofition, & l'avoit pillée contre AN. 1544la foi donnée, après avoir fait plufieurs Chrétiens `captifs qu'ils ont mis dans les chaînes. Qu'ils fupplioient donc les princes d'affifter le duc leur maî tre réduit dans un état fi malheureux, vû qu'il y avoit lieu de croire que les infideles aidez des troupes françoifes, ne manqueroient pas d'affieger une feconde fois le château de Nice avant que de fe retirer. Il est vrai que notre fouverain, ajouterent-ils, s'eft adreffé au pape pour lui demander du fecours; mais les décimes qu'il lui a accordées fur le clergé de fes états, font si peu de chofe pour un prince, qui n'occupe pas là dixiéme partie de fon païs, que fans d'autres fecours, il fuccombera infailliblement. Ils excuferent enfuite le duc de ce qu'il n'étoit pas venu à la diete à caufe de fon âge, de la longueur du chemin & des dangers auxquels il fe feroit exposé, ajoutant d'ailleurs qu'il étoit fi pauvre, qu'il n'avoit pas dequoi fournir aux frais du voiage, & qu'à peine pouvoit-il avoir dequoi entretenir fon fils & fa maison. Ce difcours ne fervit qu'à augmenter les préventions des princes contre le roi de France, & à les déterminer à la guerre.

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XXVIII. Autres actes de

L'empereur créa folemnellement dans cette diéte grand maître des chevaliers de Pruffe Volfgang l'affemblee de Melking, en la place d'Albert de Brandebourg, Spire. qui avoit joui de cette dignité pendant plufieurs années, qui s'étoit marié, & que la chambre im- Spond. hoc anniperiale avoit condamné comme héretique. Comme il étoit vassal du roi de Pologne, l'ambassa

Qqq jij

$13.

n.6..

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