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veau teftament. D'Argentré ut

juprà tom. 2. pag.

141. & feq.

fçavoir fi l'on mettroit cet ouvrage au nombre AN. 15 44. des livres défendus. Les Dominiquains fe donne jetan fur le nou- rent beaucoup de mouvement pour l'empêcher, mais ils ne purent en venir à bout, & le livre fut cenfuré le neuviéme d'Août. La cenfure porte que Cajetan avance dans fon ouvrage beaucoup de chofes contre la pratique de l'églife & la doctrine des faints peres, qu'il en revoque d'autres en doute quoiqu'établies dans l'évangile & dans les épitres. Qu'enfin il y a des dogmes erronnez,faux, impies & même quelques-uns d'héretiques & contraires à la foi, des nouveautez, des choses mêmes abfurdes, qui peuvent induire l'efprit en differentes erreurs d'où elle conclut qu'il faut ou fupprimer entierement ces commentaires ou du moins les corriger. Et pour prouver ce qu'elle avance, elle rapporte ce qui eft digne de reprehenfion; que Cajetan par exemple, affure contre l'ufage reçu dans l'églife, que faint Mathieu n'a pas écrit fon évangile en hebreu, mais en grec. Qu'il eft permis à un homme chrétien de repudier fa femme pour fait d'adultere, & d'en épouser une autre, quoiqu'il ne foit pas permis à la femme de quitter fon mari pour le même fujet. Que fur ces paroles ceci eft mon corps, il s'efforce de perfuader que le pronom ceci, hoc, ne démontre ni le pain materiel, ni le corps de Jefus-Chrift, mais une certaine substance nouvelle fans qualité. Que fur le chapitre fixiéme de faint Marc, il dit qu'il n'y a point de précepte donné par Jesus-Chrift fur la couleur des habits, leur figure, la barbe,

les cheveux & autres chofes indifferentes, comme fur la difference des viandes, & que l'églife n'a pas étendu fes foins à la figure des fouliers des habits & autres vêtemens; ce qui est, dit la faculté, taxer tacitement l'habit des religieux. Sur le chapitre neuviéme de faint Marc, il dit, que le feu qui brûle les damnez, n'est pas naturel, mais métaphorique, auffi-bien que le ver qui les ronge.

Dans le commentaire fur faint Luc, la faculté reprend un endroit du chapitre premier, où le cardinal Cajetan dit, que ces paroles de l'ange à la Vierge, Vous êtes benie entre toutes les femmes, fe doit entendre d'un fouhait que fait Gabriël, comme s'il difoit, foïez benie entre toutes les femmes; ce qui eft toutefois dit affirmativement, cette fainte Vierge aïant été benie dès le premier moment de fa conception. En expliquant le chapitre fixiéme de faint Jean, il parle contre le fentiment de l'églife & celui des docteurs, lorsqu'il dit que la manducation dont parle Jesus-Chrift, ne doit pas être prife à la lettre. Ce qui favorife l'erreur des Sacramentaires. Au chapitre huitiéme du même faint Jean, il avance que l'hiftoire de la femme adultere n'eft point autentique, parce qu'elle ne fait pas partie de l'évangile. Au chapitre vingt uniéme fur ces paroles: Paiffez mes brebis, il ne les entend que des feuls predeftinez qui doivent être gouvernez & conduits par faint Pierre, quoique ce faint apôtre ait été chargé du foin de tous les chrétiens, auffi bien des mauvais que des bons. Dans le deuxième chaV v viij

AN. 1544.

AN, 1544.

LIII.

que

pitre des actes des apôtres, il affure faussement l'ame de Jefus Chrift féparée de fon corps, a fouffert les penalitez, parce que cette féparation même eft penalité, de même que l'habitation en enfer. Ce que la faculté traite de manifestement faux & d'impie. Dans la premiere aux Corinthiens chapitre quatorziéme, il conclut contre l'ufage commun de l'églife, qu'il eft plus convenable pour l'édification des fideles, de faire les prieres publiques dans une langue qu'ils entendent, qu'en latin. Dans le troifiéme chapitre de la premiere à Timothée, il avance que l'écriture ne défend en aucun endroit d'avoir plufieurs femmes. Et dans le dixième chapitre aux Hebreux il dit, que cette épitre n'eft point canonique, qu'elle eft dou reufe, & que fon autorité ne peut rien déterminer dans ce qui eft de foi. On y reprend encore beaucoup d'autres endroits, & le douzième d'Aout la faculté détermina qu'on mettroit le commentaire parmi les livres défendus avec ceux de le Fevre & d'Erafme.

Le quatriéme de Novembre on fit lecture dans l'affemblée d'une propofition françoise extraite d'un certain ouvrage de Platon que Dolet avoit traduit, & qui étoit conçû en ces termes: Après la mort, tu ne feras plus rien du tout. Ce qui parut héretique à la faculté, & conduire à l'opinion des Saducéens & des Epicuriens. On fait voir que cet endroit eft mal traduit, & que ces mots rien du tout, ne fe trouvent ni dans le grec ni dans le latin.

Dans cette année pendant qu'Eftienne évêque Deputez du cler- de Vvinchester en Angleterre publioit un livre

AN. 1544.

fon archevêque.

sleidan in comm.

lib. 16. p. 525. & Seg.

fcript. Lutheri

affez vif contre Bucer, dans lequel ce prélat foutenoit entr'autres chofes le célibat des prêtres ; l'archevêque de Cologne s'efforçoit d'introduire la gé de Cologne à religion proteftante dans fon électorat pour pouvoir fe marier, comme il fit dans la fuite. On a vû plus haut comment fon clergé uni avec l'uni- Cochlaus in act. verfité, lui étoient oppofez, & s'emploïoient ad ann. 1545. Pe fortement à empêcher que l'erreur ne s'introdui- 31 sît dans le diocefe. Ils lui écrivirent dans cette année, & lui envoïerent des députez pour lui demander deux chofes, la premiere de se désister de fes entreprises, & de n'exciter aucun trouble dans l'église”, jusqu'à ce que le concile en eut ordonné. La feconde, de renvoïer inceffamment les nouveaux prédicateurs de la réforme. Mais le prélat ne laiffa pas de paffer outre, fans faire aucun cas de leur requête. Ce qui caufa de grands malheurs dans la province. Ses ecclefiaftiques revinrent à la charge, & le prierent encore par ce qu'il y avoit de plus facré, de fe reflouvenir de fon devoir & des promeffes qu'il avoit faites à l'église de Cologne, au pape & à l'empereur, d'interdire ceux qui prêchoient des erreurs, & d'attendre la décifion du concile; affurant que s'il ne le faifoit, ils fe pourvoiroient devant le magiftrat fuperieur, & n'oublieroient rien afin de pourvoir à leur confcience, & détourner la colere de Dieu : qu'ils l'entreprendroient avec regret, mais qu'ils y feroient forcez, s'il continuoit dans fes mauvais deffeins. Mais toutes leurs remontrances & leurs prieres ne produifirent aucun effet. Ce qui les obligea de convoquer une affemblée du chapitre & des prin

cipaux du clergé dans l'églife cathedrale pour le AN. 1544. neuvième d'Octobre.

LIV. Affemblée du

même prélat.

Sleidan ut fuprà.

Etant tous affemblez, ils firent lire tous les acelergé contre ce tes qui avoient été faits contre l'hérefie depuis vingt trois ans, entr'autres l'édit de Vvormes qui condamnoit Luther & le mettoit au ban de l'Empire du confentement de l'empereur & de tous les princes, les édits d'Aufbourg, de Ratisbonne & le dernier de Spire. Ils reprefenterent que leur archevêque ne faifoit aucun cas de toutes ces ordonnances; qu'il avoit même embraffé une conduite toute contraire; qu'il avoit appellé Bucer, apoftat de la profeffion monaftique, diffamé par deux mariages inceftueux, grand partifan de la doctrine des Sacramentaires, qu'on lui avoit commis le foin d'inftruire; qu'il s'étoit affocié d'autres ouvriers auffi corrompus que lui, par l'autorité defquels on avoit publié une certaine formule de réformation imprimée & repanduë par l'ordre de l'électeur. Qu'ils s'étoient vivement oppofez à toutes ces violences, fans que Farchevêque eut voulu ni les écouter ni attendre le concile, ni differer jufqu'à la prochaine diete. Que pour toutes ces raifons, voïant le danger auSon appel au par quel la religion eft expofée dans la province, que tout y eft déja dans le trouble & dans la confufion qu'il n'y a aucun lieu d'efperer que leur Raynald ad hunc prélat rentre dans lui-même & change de conduite, puisqu'au contraire tout ce qu'ils font ne fert qu'à l'irriter d'avantage & le rendre plus furieux, ils font forcez d'avoir recours au dernier remede, d'appeller au pape & à l'empereur

LY.

pe & à l'empereur contre l'archevêque.

Sleidan ut fuprà.

annum n. 14.

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