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racinez. L'on donna la charge de faire executer cet arrêt aux juges ordinaires d'Aix, de Tourves, de faint Maximin & d'Apt. Les uns vouloient qu'on en fufpendit l'execution, les autres au contraire la follicitoient fortement; entr'autres les archevêques d'Arles & d'Aix, qui promettoient de fournir en partie aux frais de la guerre.

AN. 1545

LXIII.
On fufpend l'exe-

Sleidan

Sauprès

pag. 534. Duplex hist. de France vie de

Franc. I.hoc ann.

De Thou ut fuprà.

Pendant ces conteftations de part & d'autre, l'affaire fut differée fur les remontrances d'un gentil- cution de cet arhomme d'Arles nommé d'Allens, qui fe fervit rét. d'une hiftoire affez plaifante arrivée à Chaffanée à Autun, lorfque n'étant encore qu'avocat il s'étoit chargé d'une caufe contre les habitans du territoire, qui fe plaignoient que les rats mangoient tous leurs bleds, & qu'il prit la défense de ces rats; cela fut caufe que l'on differa l'execution de l'arrêt, & que les troupes affez nombreuses qui étoient déja affemblées, furent renvoïées jufqu'à ce que l'on fût informé de la volonté du roi. On prétend que cette suspension arriva auffi en partie für les remontrances de Guillaume du Bellay feigneur de Langey, qui pour lors étoit lieutenant de roi en Piemont, qui jugea l'arrêt trop fevere, & qui crut qu'on devoit fe contenter de quelques foumiffions c sque. firent les habitans de Merindol ; d'autant plus, dit-il, qu'aïant reçu ordre de sa majefté de s'informer particulierement de cette affaire, & de mander à la cour la verité, il avoit trouvé après une perquifition exacte, que ceux qu'on nommoit Vaudois dans ces montagnes, étoient des gens qui depuis trois cens ans avoient pris des terres en friche, à la charge Tome XXVIII.

Yyy

1

AN. 1545
De Thou. hift.lib.

6. fous Henri II. À

l'an 1550.

Vide fuprà liv.

CXXXVIII. 2.35.

86.

lefquelles leurs ancêtres étoient nez, & cultivant les montagnes de Provence par un travail prodigieux, ils avoient rendu ce païs affez fertil & propre à nourrir du betail. Quand la reformation parut, & qu'ils eurent appris ce qui fe paffoit en Allemagne, ils reprirent courage, ils le reconnurent freres de ceux qu'on appelloit Proteftans, & firent venir de leurs docteurs pour les instruire. Ce qui fit qu'ils fe multiplierent beaucoup, & qu'ils firent une profeffion ouverte de l'hérefie qu'ils tenoient de leurs peres, entretenant une grande correfpondance avec les Lutheriens d'Allemagne, qui leur envoïoient de temps en temps de leurs miniftres pour les animer davantage, & pour y prêcher publiquement la nouvelle doctrine. Le parlement de Provence voulant arrêter les defordres & craignant quelque prochain foulevement de la part de ces heretiques, leur fit donner un ajournement perfonnel, à la requête du procureur general. Barthelemi Chaffanée grand jurifconfulte étoit alors premier prefident; & les accusez aïant refufe de comparoître après trois citations, parce que leurs amis leur avoient confeillé de ne le pas faire, s'ils ne vouloient être brûlez vifs, ils furent condamnez par contumace le dix-huitième de Novembre 1540. & l'on prononça contre eux ce terrible & fanglant arrêt, par lequel tous les habitans de Merindol étoient conDe Thon. hift. damnez au feu, leurs maisons, leurs bois, leurs retraites à être rafées & brûlées, leurs biens & leurs personnes confisquez au roi, les arbres de leurs jardins, de leurs vergers & des forêts voifines dé

LIII.

Arrêt contre les habitans de ces deux bourgs.

ut fuprà lib.6.

racinez,

racinez. L'on donna la charge de faire executer cet arrêt aux juges ordinaires d'Aix, de Tourves, faint Maximin & d'Apt. Les uns vouloient qu'on

de

fufpendit l'execution, les autres au contraire la follicitoient fortement; entr'autres les archevêques d'Arles & d'Aix, qui promettoient de fournir en partie aux frais de la guerre.

&

Pendant ces conteftations de part & d'autre, l'affaire fut differée fur les remontrances d'un gentilhomme d'Arles nommé d'Allens, qui fe fervit d'une hiftoire affez plaifante arrivée à Chassanée à Autun, lorfque n'étant encore qu'avocat il s'étoit chargé d'une caufe contre les habitans du territoire, qui fe plaignoient que les rats mangoient tous leurs bleds, & qu'il prit la défenfe de ces rats; cela fut caufe que l'on differa l'execution de l'arrêt, que les troupes affez nombreuses qui étoient déja affemblées, furent renvoïées jufqu'à ce que l'on fût informé de la volonté du roi. On prétend que cette fufpenfion arriva auffi en partie für les remontrances de Guillaume du Bellay feigneur de Langey, qui pour lors étoit lieutenant de roi en Piemont, qui jugea l'arrêt trop fevere, & qui crut qu'on devoit le contenter de quelques foumiffions que firent les habitans de Merindol; d'autant plus, dit-il, qu'aïant reçu ordre de sa majesté de s'informer particulierement de cette affaire, & de mander à la cour la verité, il avoit trouvé après une perquifition exacte, que ceux qu'on nommoit Vaudois dans ces montagnes, étoient des gens qui depuis trois cens ans avoient pris des terres en friche, à la charge Tome XXVIII.

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d'en païer la rente à leurs maîtres, & que par un traAN. 1545 vail affidu ils les avoient renduës fertiles & propres au pâturage & au grain. Qu'ils étoient gens de beaucoup de fatigues & de peu de dépense; qu'ils païoient exactement la taille au roi, & les droits à leurs seigneurs ; qu'à la verité on les voïoit rarement à l'églife; qu'y étant ils ne se mettoient point à genoux devant les images, qu'ils ne faifoient point dire de meffes ni pour eux ni pour les morts, qu'ils ne faifoient point le figne de la croix, qu'ils ne prenoient point d'eau benite, qu'ils n'ôtoient point le chapeau devant les croix, que leurs céremonies étoient differentes des nôtres ; que leurs prieres publiques fe faifoient en langue vulgaire; qu'enfin ils ne reconnoiffoient ni le pape ni les évêques, & avoient feulement quelques-uns d'entr'eux qui leur fervoient de miniftres & de pafteurs dans les exercices de leur religion.

LXIV.
Le roi pardonne

aux Vaudois à
condition qu'ils

abjureront leurs

erreurs.

Maimbourg hift.

du Calvinisme som. 1. liv. 2. pag.

123. 124.

Ce rapport aïant été fait au roi, il envoïa au parlement d'Aix une déclaration dattée du dixhuitiéme Fevrier 1541. par laquelle il pardonnoit à ces Vaudois, pourvû que dans trois mois ils abjuraffent leurs erreurs. Et afin qu'on pût plus facilement connoître ceux qui fouhaitoient de jouir de cette grace, il ordonna au parlement de faire venir à Aix des députez de ces endroits pour faire abjuration au nom des autres ; & en cas que quelques-uns ne vouluffent pas obéir, il commanda qu'ils fuffent punis felon les ordonnances, & que tous fes officiers & gens de guerre prêtassent main-forte à la cour pour l'execution de fes ar

rêts. Cette déclaration étoit du huitiéme Février, & fut verifiée en parlement. François Chaï, & Guillaume Armand députez de Merindol vinrent à Aix & prefenterent requête au parlement, pour fupplier que leur cause fût revûë, & qu'on fit une affemblée de théologiens pour conferer fur les points de leur doctrine, n'étant pas raisonnable qu'ils s'avoüaffent héretiques s'ils n'étoient convaincus, ni qu'ils fuffent condamnez fans être ouis. Le premier prefident Chaffanée qui avoit beaucoup réflechi fur les bons avis de fon ami d'Allens, prit les députez à part en presence des gens du roi, les exhorta à reconnoître leur erreur, & à ne point contraindre leurs juges par une trop grande opiniâtreté, à les traiter plus rigoureusement qu'ils ne defiroient. Mais voïant qu'il perfiftoient à vouloir qu'on leur fit connoître en quoi ils étoient dans l'erreur, il obtint enfin d'eux qu'ils envoïeroient les articles de leur doctrine au parlement qui les feroit tenir au roi.

AN. 1545

LXV. Ceux de Cabrie res envoient au

de foi.

Les habitans de Cabrieres bourg du comtat Venaiffin se voïant déja attaquez par les troupes les troupes du vicelegat d'Avignon, & craignant d'éprouver le mê- roi leur profeflion me fort que les autres mirent auffi par écrit leur profession de foi assez semblable à celle des Lutheriens ; & en envoïerent une copie au roi qui la fit examiner. Ils en envoïerent une autre copie à Jacques Sadolet, qui étoit alors évêque de Carpentras & cardinal, & qui fuivant fon naturel plein de douceur & de bonté, reçut très-bien ceux qui la lui porterent, & leur dit, que toutes les choses qu'on

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