LXXVI. Wormes. fcriptis Lutheri 309. Sleidan in comm. Comme l'empereur dans la derniere diéte de AN. 1545. Spire en avoit indiqué une autre à Wormes qui commença le vingt-quatriéme de Mars, Charles Diéte tenue à V. n'aïant pu se trouver à l'ouverture, comme il Cochl. in act.& l'efperoit, parce qu'il étoit incommodé de la gouker ann. p. 50. te, fes ambaffadeurs y affifterent avec l'éveque d'Aufbourg, créé cardinal fur la fin de l'année précedente, Frederic de Furftemberg & Ferdinand roi des Romains qui y prefida, & qui propofa d'abord les deux motifs de cette affemblée: fçavoir, la religion & la guerre contre les Turcs. Il dit d'abord que l'empereur n'auroit pas manqué de fe trouver avec eux, fi fa goute ne l'avoit pas arrêté, & que comme fa maladie duroit, il l'avoit prié de remplir fa place, mais qu'aïant appris qu'il commençoit à fe mieux porter, on fe flatoit que dans pcu il honoreroit cette affemblée de fa prefence. Que le defir qu'il a de voir tous les princes unis & dans la religion & contre le Turc, lui a fait faire la paix avec la France, aïant eu plus d'égard en çela au bien public, qu'à fes avantages particuliers, Ferdinand ajoûta que l'empereur avoit obtenu du pape l'indiction du concile, qui devroit être déja commencé depuis le quinziéme de Mars; qu'il y avoit déja envoïé fes ambaffadeurs; qu'il n'avoit pas néanmoins négligé de faire ce qui avoit été ordonné dans la diéte de Spire, & que suivant fa teneur, il avoit chargé quelques gens de biens & fçavans, de mettre par écrit un projet de reformation, qu'il avoit entre fes mains: mais que comme cette affaire étoit d'une extrême im portance & demandoit une mûre déliberation, tant par rapport au concile qu'on devoit incef- AN. 1545. famment commencer, que touchant la guerre des Turcs, il étoit plus à propos de furfeoir pour le prefent l'affaire de la réforme, & d'en laisser la décision au concile, duquel fi l'on n'avoit rien de bon à esperer, on indiqueroit à la fin de cette diéte une affemblée où l'on prendroit des réfolutions convenables, & où l'on regleroit tout ce qui regarde la doctrine & la difcipline. Que quant à ce qui regarde la paix, l'empereur croïoit que tout avoit été reglé dans les derniers édits, & qu'il n'y avoit plus rien à defirer là-dessus; enforte que fi l'on ufoit envers quelqu'un de vio+ lence, il devoit recourir à la chambre imperiale, aux fubfides de laquelle il les prie de contribuer pour y nommer des juges au plûtôt. Que ce qui preffe davantage eft la guerre des Turcs, que l'empereur promet de conduire en perfonne, fi fa fanté le lui permet ; mais qu'ils doivent fournir de leur part ce qui a été ordonné, & même au plûtôt, parce qu'on apprend que les infidéles fe difpofent à venir en Hongrie avec une puiffante armée pour de-là fe jetter fur l'Allemagne, qu'ainfi ils déliberent entr'eux s'ils iront attaquer Pennemi, ou s'ils demeureront fur la deffenfive afin qu'il le mande à l'empereur à qui le pape & le roi de France ont promis d'envoïer du fecours. Le troifiéme d'Avril les Proteftans auxquels l'archevêque de Cologne & l'électeur Palatin s'étoient joints, répondirent que cette diéte aïant été principalement indiquée pour l'affaire de la reAN. 1545. ligion, & les chofes étant difpofées à un accommo dement par les conferences précedentes, il y avoir lieu d'efperer qu'on y pourroit réuflir. C'eft pourquoi ils fouhaitoient qu'en premier lieu on traitât de cette affaire, comme le bien de l'état fembloit l'exiger, parce qu'ils ne doutoient point qu'elle ne fe terminât heureusement, fi l'on s'y conduifoit avec un esprit défintereffé, & dans la vûë de fervir Dicu. Que fi la brieveté du temps & le danger preffant dont le Turc menaçoit l'Allemagne, ne permettoit pas de le faire prefentement; on devoit du moins expliquer & déclarer plus précisément l'article qui concerne la paix de la religion, dont on n'étoit convenu que jufqu'au futur concile.Mais ils ajoûterent, qu'ils ne reconnoiffoient point celui qu'on avoit indiqué à Trente pour legitime, tel qu'on l'avoit promis dans les diétes preceden tes; qu'ils avoient fouvent déclaré les raifons de leur refus ; & qu'ainfi, i falloit conclure une paix abfolue qui ne dépendit point d'un concile papal & qui fut entretenue jufqu'à ce qu'on eut décidé cette affaire d'une maniere fainte & chrétienne; & parce que cette paix ne pouvoit être arrêtée, fi l'on ne regloit l'adminiftration de la juftice, comme on l'avoit ordonné dans la derniere diéte de Spire, il ne tiendra pas à eux que le décret n'ait fon plein & entier effet. Que fi on leur accordoit ces deux articles, ils ne refufoient pas qu'on déliberât sur l'affaire des Turcs. Les autres princes & états Catholiques, & prin cipalement cipalement les archevêques de Maïence & de Treves étoient d'avis que l'affaire de la religion fût renvoïée au concile, que le pape avoit déja convoqué; que la chambre imperiale fut reglée, fuivant les anciennes loix de l'Empire, & que la juftice s'y rendit felon le droit écrit. Qu'au refte, on devoit députer quelques-uns de l'assemblée pour conferer ensemble fur la guerre du Turc. Que quant aux fubfides de la chambre, ils en promettoient la moitié pour fix ans, & prieroient l'empereur de fournir le refte. Ferdinand repliqua aux Proteftans qu'on les fatisferoit fur ce qui regardoit la chambre imperiale, mais que n'aïant point pris d'autres précautions pour la paix dans la diéte de Spire, fi non que la liberté de la religion fubfifteroit jufqu'au futur concile, qui étoit déja indiqué, ils ne devoient rien demander d'avantage fur cet article, & qu'il ne s'agiffoit plus à prefent que de déterminer les moïens qu'on devoit prendre pour s'opposer aux Turcs. Les Proteftans infifterent & déclarerent qu'ils n'attendoient aucun bien du concile où le pape feroit maître; qu'ainfi ils prioient l'empereur qu'avant la fin de la diéte, il en affignât une autre où l'on pût trouver les moïens de s'accorder avec douceur fur la religion. Qu'il avoit été ordonné à Spire, qu'on ne troubleroit perfonne à cette occafion, & que de là dépendoit la paix d'Allemagne. Que c'étoit pour empêcher cet accord, que Le pape avoit publié fon concile, dans lequel lui & les fiens pourroient définir ce qu'il leur plairoit. Qu'ils étoient prêts à fournir des fecours Tome XXVIII. Aaaa A N. 1545. LXXVII. dinand, & replique des Protelsleidan. ut suprà lib. 16. pag. Répoufe de Fer 532. & $33. contre les Turcs, mais qu'il falloit qu'on les afAN. 1545. furât auparavant, qu'on ne les inquieteroit point fur leur religion. Ils parlerent encore de la chambre imperiale & des subsides ; & toutes leurs conteftations durerent tout le mois d'Avril, jufqu'au feptiéme de Mai, fans qu'on put les accommoder. LXXVIII. pereur à Wormcs & du légat. Sleidan. in comm. lib. 16. p. 538. Jcript. Luth. hoc ann. pag. 309.. Ferdinand voïant les princes Proteftans fi atta Arrivée de l'em chez à leur fentiment, remit toute l'affaire à l'arrivée de l'empereur, qui étoit parti de Bruxelles le douzième d'Avril, & qui ne vint qu'à peCochlee in act.&tites journées, à cause de fa goute. Ce qui fut cause qu'il n'arriva à Wormes que le seizième de Mai. Le cardinal Farnefe neveu du pape y arriva aufli le lendemain, mais il n'y demeura pas long-temps, parce qu'aïant propofé à l'empereur. de foutenir le concile, & de fe déclarer contre les Proteftans; ce prince qui avoit befoin du fecoursde ceux-ci contre les Turcs, ne voulut point rompre avec eux, & lui répondit que & lui répondit que le pape pouvoit commencer le concile, s'il le jugeoit à propos, mais que pour lui il ne s'en mêleroit point LXXIX. L'empereur trou obtinez à refufer le conele. du tout. Le comte de Grignan que le roi de France avoit ve les Lutheriens envoïé à la diéte, y déclara le vingtiéme de Juin que le roi fon maître approuvoit l'affemblée du sidan. p.543. concile de Trente, & exhorta les princes d'Allemagne, & même les Proteftans à ne s'y pas oppofer; mais quoi qu'il put dire, ces derniers n'y voulurent jamais confentir; ainfi l'empereur qui s'étoit promis que les Lutheriens auroient des fentimens plus moderez, quand il s'agiroit de fai |