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re des reglemens fur les affaires de la religion, fut très-piqué de les trouver toujours opiniâtres à déclarer qu'ils vouloient un concile dans une ville fituée au cœur de l'Allemagne, où l'autorité du pape ne pût donner aucune ombre de jaloufie à perfonne, & qu'ils prétendoient de plus que ce prince lui-même ou le grand chancelier de l'Empire devoit y prefider, & non d'autres. Charles V. fut furpris encore de ne voir aucuns des princes Proteftans en perfonne à cette diete 3 l'exception de l'archevêque de Cologne & de l'électeur Palatin; encore le premier n'étoit-il pas déclaré Lutherien; ainfi l'on n'y traita point des affaires de la religion, comme l'on avoit projetté; mais après avoir difcuté plufieurs affaires qui furvinrent, l'empereur rompit la diéte, & en indiqua une autre à Ratisbonne pour le quatrième de Janvier fuivant. Cependant le clergé de Cologne & l'univerfité profiterent de l'affemblée de Wormes pour continuer leurs pourfuites contre leur archevêque, qui par toutes fes entreprises ne tendoit qu'à introduire la nouvelle prétendue reforme dans fon diocefe, & à foutenir les miniftres Lutheriens. L'empereur aïant reçu leurs plaintes, donna fur la fin de Juin des lettres patentes par lefquelles il prenoit le clergé & l'université fous fa protection, défendant à tous fes fujets d'inquiéter les ecclefiaftiques & les catholiques de l'électorat de Cologne, & de les vexer dans leur religion, dans leurs perfonnes, dans la poffeffion de leurs biens & de leurs droits, à peine d'être mis au ban de l'Empire. Par d'autres lettres, il Aaaa ij

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ajourna l'archevêque à comparoître devant lus AN. 1545. dans trente jours, ou de commettre un procureur pour répondre aux accufations intentées contre lui, faifant toutefois deffenfes de rien changer & innover, & lui ordonnant de rétablir les chofes qu'il pouvoit avoir changées, dans l'état où elles étoient auparavant. Il commanda la même chofe aux habitans d'Andernac, Bonn, Campen & autre villes de l'électorat. Le pape de fon côté cita auffi l'archevêque le dix huitiéme de Juillet fuivant, Henri Stolberg doïen de l'église cathedrale de Cologne, & cinq chanoines tous de naiffance & de familles très-diftinguées, à comparoître dans foixante jours, parce qu'ils approuvoient leur prélat, & blámoient fort la conduite de ceux qui lui étoient oppofez. En rompant la diéte de Wormes, l'empereur ordonna une conference de quatre docteurs de part & d'autre, c'est-à-dire, des Catholiques & des Proteftans, & convint de deux arbitres, avec un autre ordre de fe rendre à Ratisbonne au commencement de Decembre pour être en état d'ouvris les conférences avant la diéte. Il renouvella auffr & confirma les édits des années precedentes qui concernoient la paix, défendant à tous d'agir au contraire. Il remit la reformation de la chambre imperiale à la diéte prochaine, en maintenant jusques alors les juges dans leurs jurisdictions. Les princes Catholiques confentirent à tous ces artieles, à l'exception de celui qui concernoit la conference entre quatre docteurs, dont ils ne vouLurent jamais convenir. Les Proteftans rappellant

auffi la procedure précedente, dirent qu'il n'avoit pas tenu à eux que l'affaire de la religion n'eut AN. 1545. été décidée, repeterent ce qu'ils avoient dit du refus du concile & de la chambre imperiale, & infifterent fur le dernier decret de Spire, proteftant qu'ils ne recevroient point celui-ci de Wormes, dans les points où il étoit contraire au précedent.

&

Henri de Brunswick qui étoit allé trouver le roi de France pendant la diete, aïant appris à fon retour qu'un certain Frideric Rifeberg levoit des troupes fur les frontieres de la Saxe pour le roi d'Angleterre, fe fervit de cette occafion pour perfuader à François I. que s'il lui envoïoit de l'argent, il diffiperoit aifément ces levées. Il reçut, à ce qu'on croit, quelques milliers d'écus n'aïant pu empêcher Rifeberg de lever des foldats, il emploïa cet argent à faire la guerre aux princes Proteftans qui l'avoient dépouillé de fes états. L'empereur entre les mains de qui l'on avoit mis les terres de ce prince en fequeftre, lui écrivit auffi tôt de ne point prendre les armes, & de pourfuivre fon droit en juftice, avec menaces de le mettre au ban de l'Empire, s'il n'obéiffoit. Mais Henri ne fit aucun cas de ces ordres, & ne laiffa pas d'affembler des troupes, & de fe mettre en devoir de recouvrer par les armes ce qu'on lai avoit ôté. Il s'avança du côté de Rotterbourg ville du territoire de Bréme, dans le deffein de joindre fes troupes à celles de l'évêque de Bréme fon frere; mais comme le fenat de Bréme avoit pris les devans pour défendre la place, & y avoit mis garniAaaa iij

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fon, il fut obligé de traver fer le païs de Lunebourg AN. 1545 où il caufa beaucoup de dommages, & rentra dans fa province où il fe rendit maître d'abord du château de Stembruc, & fouragea enfuite le païs en brûlant les villages & les villes voifines. Il envoïa enfuite un trompette à Brunswick, à Hanovre, à Minden, à Bréme & à Hambourg, pour leur fignifier qu'elles cuffent à réparer les torts qu'on lui avoit faits, & à fe détacher de la conjuration de Smalkalde, c'eft ainfi qu'il appelloit cette ligue, & qu'en cas de refus il mettroit tout à feu & à fang. Après avoir ravagé tout le païs du comte de Deckelbourg allié des Proteftans, huit cent cavaliers & trois mille fantaffins vinrent fe joindre à lui, & avec ce renfort il alla mettre le fiege devant la fortereffe de Wolfenbutel, qui étoit la principale de ses états, & obligea le peuple à lui prêter ferment.

LXXXI.

Expeditions du

wick.

Sleidan ut fuprà b. 16. pag. 546

Le lantgrave de fon côté affembla fept mille lantgrave contre hommes, avec feize cens cavaliers, trois regiHenri de Brunf- mens d'hommes d'ordonnance & vingt-trois picces de canon, & s'avança jufqu'à Northeim dans la principauté de Calemberg. Erneft de Brunfwick fils de Philippe vint fe joindre à lui par ordre de l'électeur de Saxe, avec mille chevaux, trois mille fantaffins, fix mille hommes de milice, & douze pieces d'artillerie. Maurice gendre du lantgrave s'y rendit auffi accompagné de mille cavaliers, cinq mille hommes d'infanterie, & quelques pieces de canon. Mais Henri ne les attendit il leva le fiege de Wolfenbutel, dont la garnison fe défendoit avec beaucoup de valeur

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pas,

& alla

camper près le village de Calfeld, à une lieuë du lantgrave. Le lendemain quelques regimens de fes AN. 15.45. cavaliers s'approcherent de Northeim & voulurent commencer l'action, mais aïant été vigoureu-fement répouffez, ils fe retirerent dans leur camp. Jean de Brandebourg gendre de Henri voulut s'emploïer pour la paix, il s'adreffa à Maurice, ille pria de gagner le lantgrave son beau perc. Mais celui-ci s'excufa, difant qu'il ne pouvoit rien.faire que du confentement de fes allicz, Il y cut cependant une fufpenfion d'armes jufqu'au lendemain" après midi, dans l'efperance qu'Henri fe foumettroit aux conditions qu'on lui impoferoit, qu'il donneroit caution qu'il n'inquiéteroit perfonne pour la religion, qu'il fe rendroit à Maurice en lui remettant tous les états, & qu'il repareroit les dom-mages qu'il avoit causez, felon l'eftimation de per

fonnes integres.

Mais Henri rejetta toutes ces conditions, ent propofa d'autres bien differentes, & alla infulter les gens du lantgrave. Le vingtiéme Octobre il parut vouloir renonër la negociation mais les autres ne voulurent rien écouter. On attaqua fes troupes, on les canoua, le combat fut affez rude; le duc de Brunfwick dépecha un heraut vers Maurice pour demander à lui parler. Le lantgrave fans aucune réponse fit paffer toute fon armée, la rangea en bataille, faluant toûjours l'ennemi à grands coups de canons. Henri envoïa coup fur coup deux députez pour faire la même demande. Le lantgrave leur dit que le feul moïen d'accorder la paix étoit qu'Henri & fon

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