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fils aîné vinflent fe rendre à lui, à quoi il conA N. 1545. fentit. Il vint donc avec fon fils Charles-Victor, tous deux conduits par Maurice, & le foumirent au lantgrave qui dit au pere, que s'il étoit tombé entre fes mains, il ne l'auroit pas laiffé vivre long-temps, mais qu'il ne vouloit pas le traiter felon qu'il le meritoit ; qu'en obéiffant à l'empereur & acceptant le fequeftre il eut mieux pourvû à les affaires. On lui donna des gardes, & à fon fils; on obligea les troupes à mettre les armes bas & à ne fervir de fix mois; on leur ôta leur artillerie compofée de dix huit pieces de canon & l'armée du lantgrave reprit la forteresse de Stembruc, & exigea des peuples le ferment de fidelité.

LXXXIV.

Le pape nomme

Les légats du pape qui devoient fe trouver au fes legats pour le concile indiqué à Trente, étoient déja nommez, concile à Trente. Il y en avoit trois, fçavoir Jean Marie del Monte Palla hift.cone cardinal évêque de Palestrine, Marcel Cervin carSleidan in con m. dinal prêtre du titre de fainte Croix, & Raynaud

Trid. lib. 5. c. 8.

lib. 16. p. 559.

ann. n. I. 10.

Raynaid. ad hunc Polus cardinal diacre du titre de fainte Marie in Cofmedin. Le pape leur joignit trois évêques, Thomas Campegge évêque de Feltri, neveu de celui qui avoit été cardinal de ce nom, Thomas de faint Felix évêque de la Cava dans le roïaume de Naples, & Cornelio Muffo, cordelier, évêque de Bitunte dans la Poüille, & grand predicateur.

LXXXV. Arrivée des légats

à Trente.

Dès que ces légats eurent été nommez, ils parPallavicin. ut tirent de Rome, & arriverent au commencement Juprà lib 5. c. 8. du mois de Mars, à l'exception de Polus qui y vint un peu plus tard que les autres, pour éyi

1. 3. to 9.

Raynald.hoc ann.

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ter les embuches que Henri VIII. auroit pu lui tendre fur le chemin. Le pape ne les chargea d'aucune AN. 1545. bulle de légation ni d'inftruction par écrit, croïant qu'il fuffifoit de les leur envoïer lorfqu'ils feroient prêts d'ouvrir le concile,comme il fit en effet bientôt après, par les lettres dattées du feptiéme de Mars, avec la bulle dans laquelle il disoit, qu'il envoïoit fes légats à Trente comme des anges de paix, avec pouvoir d'y prefider, de faire tous les décrets qu'ils jugeroient à propos pour le bien de l'églife, & de les publier dans les feffions felon la coûtume; de proposer, conclure & executer tout ce qui feroit néceffaire pour extirper les erreurs ramener les peuples à l'obéiffance du faint fiege, rétablir la liberté ecclefiaftique, reformer l'église dans tous ses membres, procurer la paix entre les princes chrétiens, faire & ordonner tout ce qu'ils jugeroient être de l'honneur de Dieu, & de la propagation de la foi, reprimer par cenfures & peines ecclefiaftiques les rebelles & opiniâtres, de quelque condition qu'ils fuffent: & par une autre bulle fuivante il permettoit à fes légats de transferer le concile dans quelqu'autre ville plus commode, & plus fûre, s'il arrivoit qu'ils ne puffent le continuer librement à Trente; avec défense aux autres prélats de proceder à cette continuation, fur peine d'encourir les cenfures ecclefiaftiques. On avoit Pallavicin. ut sudeffein d'abord à Rome d'ajoûter dans la premiere prà c. 9. n. 4. bulle que les légats ne procederoient qu'avec le confentement du concile; mais ils representerent que c'étoit trop refferrer leurs pouvoirs, & demanTome XXVIII.

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derent qu'on effaçât cette condition, ce qui leur AN. 1545 fut accordé.

Les cardinaux del Monte & de fainte Croix firent leur entrée publique dans la ville de Trente, accompagnez feulement du cardinal Madrucce évêque de la ville, & accorderent des indulgences à ceux qui feroient vraiment penitens & se seroient confeffez, & qui vifiteroient la cathedrale le jourqu'on commenceroit le concile. Ils avoient choifi cette église pour le lieu des féances; peu de jours après arriverent les trois évêques nommez plus haut ; & le vingt-deuxième de Mars Didace HurArrivée de Men- tado de Mendoza ambaffadeur de l'empereur aude l'empereur. près de la republique de Venise, entra dans la vilPallavic. ut fu- le muni d'amples pouvoirs dattez de Bruxelles du Raynald.hoc ann. vingtiéme de Février; il y fut reçû par les légats. m4 Seq. affiftez du cardinal Madrucce & des trois évêques.

LXXXVI.

doza ambaffadeur

prà l. s. c. 8. n. J

qui fe trouvoient les feuls à Trente, parce que les autres n'y étoient pas encore arrivez. Quatre jours. après, c'eft-à-dire le vingt-fixiéme du même mois, if eut audiance des légats dans la falle du logis du cardinal del Monte, & produifit fes pouvoirs. Il y fit un discours dans lequel il parla" du zéle de l'empereur pour la tenue de ce concile, des obftacles involontaires qui en avoient retardé la convocation, & des ordres qu'il avoit donné aux: évêques d'Espagne de s'y trouver au plûtôt, assurant même qu'ils étoient déja en chemin ; que l'empereur auroit fort fouhaité d'y affifter en perfonne; mais que fes infirmitez & fes grandes affaires ne lui permettoient pas de faire ce voïage..

Il s'excufa enfuite fur fes propres indifpofitions qui avoient retardé fon arrivée de quelques jours & fit AN. 1545lire fes patentes.

Le lendemain vingt-feptiéme de Mars les légats s'assemblerent dans la même falle & répondirent à cet ambassadeur, qu'ils avoient beaucoup de confiance dans la pieté de l'empereur, & qu'ils efperoient qu'ils ne feroit rien que pour le bien de la religion.

Le huitiéme d'Avril l'ambaffadeur du roi des Romains étant arrivé, l'on tint une congregation folemnelle pour le recevoir; l'ambassadeur y prefenta les lettres de Ferdinand fon maître, dattées de Wormes le vingt-quatrième de Mars, dans lefquelles ce prince offroit tous les foins & fa protection en faveur du concile, ce que l'ambassadeur affura encore de vive voix, ajoûtant que le roi des Romains ne manqueroit pas d'envoïer au plûtôt ses lettres patentes en forme, & des personnes mieux inftruites de fes intentions. Dans cette congregation Mendoza qui y affiftoit voulut avoir une place au-deflus du cardinal de Trente, fur cette prétention, que reprefentant la perfonne de l'empereur, il ne devoit ceder qu'aux légats qui reprefentoient le pape, après lequel fon maître étoit le premier; mais cette conteftation n'eut pas de fuite alors, & l'on trouva le moïen de faire affeoir l'ambaffadeur & le cardinal de telle maniere qu'on ne pouvoit diftinguer lequel des deux avoit la prefe

rence.

LXXXVI. Arrivée de l'am

der du roi des Romains à

Trente.

Pallavic. ut fup.

Raynald. n. 6.

LXXXVIII. Les légats étoient fort indéterminez s'ils ouvriLe pape mande à roient le concile ou non, mais comme ils étoient les légats d'ouvrit B b b b ij

le concile.

1, n. 1. & 6.

prefque feuls à Trente, il n'y avoit pas d'apparenAN. 1545. ce de le faire avec fi peu de monde. Dans cette inPallavic.l. 5. c. certitude ils écrivirent au pape pour lui reprefenter que l'empereur paroiffant se soucier fort peu du concile & qu'y aïant lieu de craindre que l'on n'entreprît de juger la caufe de la religion dans la diéte indiquée à Ratisbonne, ils jugeoient à propos de commencer le concile feulement par une meffe du Saint-Esprit qui en feroit comme l'ouverture, afin de prévenir par-là tout ce que l'empereur pourroit faire dans la diéte après qu'il y seroit arrivé, d'autant plus qu'on feroit toujours en liberté de continuer, ou de furfeoir, ou de transferer le concile fuivant la conjoncture des affaires. Le pape après avoir examiné ces raifons, prit la refolution d'ordonner à fes légats de faire l'ouvertu re du concile pour le troifiéme de Mai jour de l'invention de fainte Croix. Et là-deffus les légats déclarerent à Mendoza, & aux autres ambassadcurs la réfolution du pape, fans toutefois leur dire le jour qui leur avoit été marqué. Mais malgré le zele des légats on ne put encore rien faire au jour indiqué, parce que Pierre de Tolede viceroi de NaIes ordres du vi- ples défendit aux évêques, de ce roïaume d'aller different la tenue tous en perfonne au concile, pour ne point laiffer les diocefes fans pafteurs, & fit une ordonnance pour charger de procuration quatre prélats seulement à fon choix qui iroient au nom de tous les autres : il avoit déja fait connoître son dessein à plufieurs évêques, par le grand chapelain du roïaume, mais tous aïant répondu qu'ils prétendoient affifter au concile en perfonne, fuivant le droit qu'ils en

LXXXIX

ceroi de Naples

du concile.

Pallav. hift. conc.

Trid. lib. 5. c. 1o.

f

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