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religion; ce qui regardoit principalement CranAN. 1536. mer, Cromwel, Shaxton, Latimer, & quelques autres qu'on regardoit comme les chefs & les fauteurs de la reformation, & qui fouvent faifoient des railleries contre l'ufage de la confefsion, contre l'invocation des Saints, contre l'eau benite, & plufieurs autres ceremonies de l'églife. Un Ecoffois nommé Alexandre Aleffe, homme fçavant que Cranmer tenoit chez lui, avoit fait dans l'affemblée un long difcours pour prouver qu'il n'y avoit que deux facremens qui fuffent d'inftitution divile baptême & la fainte céne. Stockesley évêque de Londres entreprit de le réfuter ; & fut secondé par l'archevêque d'York & d'autres prélats. Mais Cranmer prit la parole & s'étendit beaucoup fur l'autorité de l'écriture, l'ufage des facremens l'incertitude de la tradition, & les corruptions que les moines, difoit-il, avoient fait glisser dans la doctrine du chriftianisme, & l'évêque d'Hereford l'appuïa, en difant aux autres prélats, que le monde ne vouloit plus être la dupe des ecclefiaftiques, qui jufques-là avoient débité tant de faufsetez, qu'on fe trompoit fort fi on prétendoit le gouverner comme auparavant. Ainfi toutes les plaintes des bien-intentionnez, n'curent aucun fuccès. Cromwel fait Cranmer & Cromwel n'avoient jamais si bien été vicegerent de l'é- dans l'efprit du roi, qui peu de temps après donna glife Anglicane. à ce dernier une nouvelle marque de fon eftime, en le créant son vicegerent dans toutes les affaires ecclefiaftiques.

LXVII.

Sanderus lib.1.

pag. 155.

,

&

On fut bientôt convaincu de fon grand crédit,

quand on vit qu'il avoit perfuadé au roi de retrancher du culte public une partie des céremonies ; & les ennemis de la réformation eurent encore plus fujet de s'allarmer, quand quelques jours après Cromwel alla porter à l'assemblée du clergé des articles dreffez par le roi même, qui comme chef fouverain de l'églife d'Angleterre, avoit cru devoir faire quelques changemens, même dans les dogmes. Le clergé eut ordre de les examiner, & d'en faire fon rapport. A cette nouvelle, les deux partis fe diviferent ouvertement, l'un pour avancer la réformation, l'autre pour s'oppofer à fes progrès; Cranmer à la tête du premier étoit foutenu par l'évêque d'Ely, Shaxton de Salisburi, Latimer de Vorchefter, Barlow de Saint-David, Fox de Hereford, Hilfey de Rochefter. Au contraire Lée archevêque d'York, chef du parti qui étoit dans les interêts du pape, avoit pour lui Stokelley évêde Londres, Tonftal de Durham, Gardiner de Winchester, Longland de Lincoln, Sherburn de Chichester, Nix de Norwick, Kitte de Carlifle.

que

AN. 1536.

LXVIII. Articles de la

religion enAngle

terre faits par le clergé.

3. p. 293. 294;

Cependant après beaucoup de contestations de part & d'autre, le parti de Cranmer eut le deffus, & l'affemblée convint des articles fuivans au nombre de dix. 1°. Que la fainte écriture feroit po- Burnet hift. de la fée comme le fondement de la croïance, conjoin- reform. tom. 1.liv. tement avec les trois fimboles des Apôtres, de Nicée, de faint Athanafe & les quatre premiers conciles generaux, & que tous les évêques & les prédicateurs auroient foin d'enfeigner les peuples, conformément à cette écriture & à ces fimboles.

2o. Que le baptême eft un facrement néceffaire AN. 1539. aux enfans pour obtenir la remiffion du peché originel & la vie éternelle; & qu'aucune perfonne baptifée ne devoit être rebaptifée, que les adultes qui recevoient ce facrement, devoient témoigner de la repentance & de la contrition de leurs pechez. 3°. Que la pénitence inftituée par Jesus-Christ, eft néceffaire pour obtenir la rémiffion des pechez, qu'elle eft compofée de trois parties, la contrition, la confeffion & la fatisfaction; que la confeffion au prêtre eft nécessaire, & que l'absolution a été inftituée par Jefus-Christ, qui a donné au prêtre le pouvoir de remettre les pechez; qu'il ne faut pas condamner l'ufage de la confeffion auriculaire, & que la fatisfaction de Jesus-Christ n'empêche pas les fruits de la pénitence, ou les œuvres fatisfactoires, telles que font la priere, le jeûne, l'aumône, la reftitution des chofes mal acquifes, la réparation des injures, &c. 4°. Que dans le facrement de l'eucharistie, on reçoit veritablement & en substance le même corps de JefusChrist, conçû de la Vierge, fous les enveloppes, ou, comme parle l'original Anglois, fous la forme & la figure du pain. 5°. Que pour être justifié & recevoir la rémiffion de fes pechez, il faut avoir la contrition, la foi & la charité. 6o. Qu'on devoit apprendre aux peuples que l'ufage des images étoit fondé fur l'écriture fainte, qu'elles fervoient à donner un bon exemple aux fidéles, & à exciter leur devotion ; qu'ainfi il falloit les conserver, leur faire brûler de l'encens, ploïer le genou devant elles, leur faire des offrandes, leur rendre

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AN. 1536.

du refpect, en confiderant ces hommages comme
un honneur relatif qui fe rapportoit à Dicu, & non
à l'image. 70. Qu'il eft bon d'honorer les Saints
& de les prier d'interceder pour les fidéles, fans
néanmoins croire qu'ils ayent par eux-mêmes la
vertu d'accorder les chofes que Dieu feul peut don-
ner. 8°. Qu'on peut invoquer les Saints, en retran-
chant tous les abus qui pourroient fe gliffer dans
cette invocation, & pourvû qu'on le faffe fans fu-
perftition: que leurs fêtes doivent être obfervées;
mais que fi le roi jugeoit à propos d'en retrancher
quelques-unes, on fe conformeroit à sa volonté.
9o. Qu'on devoit retenir les céremonies ufitées
dans l'églife comme les ornemens des prêtres, l'eau
benite, le pain beni, les rameaux, les cierges allu-
mez., la benediction des fonts baptifmaux, les
exorcifmes dans le baptême, la céremonie de don-
ner des cendres au commencement du carême,
celle de fe profterner devant la croix & de la bai-
fer, pour
célebrer la mémoire de la paffion de Jefus-
Christ. 10o. Enfin à l'égard du purgatoire, on réfo-
lut d'enseigner aux peuples que c'étoit une bonne
œuvre & une action charitable de prier pour les
morts, & de faire dire des meffes pour la déli-
vrance des ames des trépaffez; cette priere aïant
un fondement certain dans le livre des Macha-
bées, étant reçûë dès le commencement de l'é-
glife. On ajoûte à cet article, que néanmoins l'é-
criture ne marquant ni le lieu où étoient ces ames,
ni les peines qu'elles fouffroient, il falloit les re-
commander à la miféricorde de Dieu, & retran-
cher divers abus établis à la faveur du purgatoire,

AN. 1536.

LXIX.

On vend les

comme la vertu attribuée aux indulgences des papes, pour en retirer les ames, la vertu de certaines meffes dites en certains lieux & devant certai→ nes images. La plupart de ces articles font très-catholiques, & les erreurs des Lutheriens & des Sacramentaires y font très-nettement condamnées. Ils furent fignez de Cromwel, de l'archevêque Cranmer, de dix-fept évêques, de quarante abbez ou pricurs, & de quarante archidiacres & députez de la chambre baffe du clergé. Dès que cet acte eut été figné, on le préfenta au roi qui le confirma, & qui donna ordre qu'on le publiât, & qu'on y fit une préface en fon nom. Et à chacun de ces articles, le roi disoit, qu'il ordonnoit aux évêques de les annoncer aux peuples, dont il leur avoit commis la conduite langage jufqu'alors fort inconnu dans l'églife. Quoique tout ne fut pas compris dans ces articles, & qu'il n'y foit fait aucune mention de la confirmation, de l'extrême-onction, de l'ordre & du mariage, il est très-constant d'ailleurs que Henri ne changea rien dans ces facremens, non plus que dans les autres points de notre foi; mais il voulut en particulier exprimer dans ces articles, ce qu'il y avoit alors de plus controverfé, afin de ne laiffer aucun doute de fa perfeverance dans l'ancienne foi, du moins à cet égard.

:

Dans ce même temps, Henri fuivant le confcil biens de l'églife à de Cromwel, & voulant engager plus fortement la, nobleffe du roïaume dans fes fentimens

la nobleffe.

Burnet. hift, de la

reform.com.x.liv. 3. pag. 305.

ven

dit aux gentilshommes de chaque province, les terres des couvens qui avoient été fupprimez, &

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