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variées des opérations et des caractères de la force invisible qui agit dans toutes les parties de l'Univers, par le moyen du soleil, de la lune et des au

tres astres.

CHAPITRE III.

DES IMAGES ET DES STATUES SIMPLES OU COMPOSÉES.

LES images et les statues inanimées ne firent que retracer à l'esprit les mêmes idées que l'on avait cherché à rendre par des emblèmes empruntés des animaux, des végétaux et des minéraux. L'image du bœuf, dulion, de l'aigle, de l'ibis, du scarabée, etc., rappela celle des animaux destinés eux-mêmes à rappeler d'autres idées, par les qualités symboliques qui leur étaient attribuées. C'est ainsi que l'écriture peignit les sons qui eux-mêmes étaient destinés à réveiller des idées, et la peinture d'un mot et d'un nom fit naître l'image de la chose que ce mot ou ce nom indiquait. Le veau d'or des Juifs, par exemple, leur rappelait Apis, qui lui-même rappelait à l'esprit d'un Egyptien le taureau des constellations, auquel s'unissaient au printemps le soleil et la lune, les deux principaux agens de la végétation sublunaire. Les cornes du bélier, placées sur la statue d'Ammon, réveillèrent l'idée du bélier des temples, qui lui-même représentait celui des signes du zodiaque, comme nous l'avons déjà vu en par

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lant de la statue d'Eléphantine '. La chèvre sacrée des Phliasiens était l'image de la chèvre céleste que les Egyptiens représentaient par des chèvres vivantes. Ainsi les choses signifiées sont les mêmes; il n'y a de différence entre les symboles, qu'en ce que les uns prirent les animaux vivans pour symboles, et que les autres n'en prirent que les images. Du reste, le but allégorique est absolument le même. Ainsi le serpent d'airain chez les Juifs était censé avoir la vertu de guérir, comme l'avaient les serpens vivans qui représentaient Esculape; et les uns et les autres étaient une image du serpent des constellations, placé entre les mains d'Ophiucus ou de l'Esculape céleste.

Or, de même que les animaux des temples de l'Egypte étaient soumis à l'influence des animaux célestes qu'ils représentaient, comme nous l'avons vu dans Lucien', de même les idoles et les images des astres, faites en pierre, en bois ou en métal, étaient également frappées et sanctifiées par l'irradiation des feux sacrés des planètes et des constellations auxquelles on les avait consacrées. Nous rappellerons ici les passages d'Abulfarage et de Maimonide sur le culte des astres et de leurs images chez les anciens peuples livrés au sabisme, religion qu'on peut appeler la religion universelle du monde.

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Le premier de ces auteurs assure que les ado

1 Euseb., 1. 3, c. 12, p. 116.-2 Lucian, de Astrol., p. 986. 3 Abulf., Hist. de Dynast., p. 2.

rateurs de la Nature, connus sous le nom de Sabéens rendaient un culte à des idoles qui représentaient les différens astres et les substances célestes; que les Chaldéens entre autres, exacts observateurs des qualités ou des influences secrètes de chaque astre, avaient élevé et appris aux autres à élever des temples, disposés de manière à ce que les influences célestes pussent y descendre, y manifester leur nature et y projeter leurs rayons. Ils enseignèrent aussi à offrir les sacrifices les plus convenables et les plus analogues à la nature des différens astres. Il nous représente aussi les Grecs unissant le culte des astres à celui de leurs images symboliques. Le culte de la chèvre et de son idole chez les Phliasiens en est une preuve.

Le second ou Maimonide 1, en nous parlant de ces temples et de ces statues élevées aux étoiles, dit que ceux qui les élevèrent pensaient que les influences des astres y descendaient, et que l'intelligence qui y venait habiter communiquait aux hommes le don de prophétie, et leur donnait les avis les plus utiles et les plus salutaires. Ils croyaient que les arbres même, consacrés à telle ou telle étoile, plantés sous son nom et son aspect, et honorés de telle ou telle manière, recevaient de cette étoile une influence divine et une espèce d'intelligence qui, venant s'y établir, lui donnait une vertu prophétique, et procurait des songes à celui qui lui rendait des hommages. Il ajoute que ce sont

1 Maimon. More Nevoch., c.. 29.

ces idées superstitieuses qui ont donné naissance aux enchantemens, à la divination, à l'art augural, à la magie et à toute la fourberie sacerdotale.

Cette idée est absolument conforme à notre théorie sur l'ame universelle et sur l'action des intelligences' répandues dans les astres, lesquelles étaient supposées exercer leur énergie influentielle sur tous les objets qui les retraçaient sur la terre, tant dans le règne animal que dans le règne végétal et minéral.

Maimonide nous fait voir la liaison de ce culte avec les besoins de l'homme, dont le bonheur ou le malheur dépend de l'influence bonne ou mauvaise du ciel sur la terre; et par conséquent il prouve que ce culte idolâtrique était entièrement fondé sur l'astrologie, et né du besoin d'attirer les influences heureuses du ciel, ou de corriger celles qui étaient mauvaises.

« Si vous envisagez, nous dit ce savant 2, les raisons du culte des astres et de leurs simulacres, vous trouverez qu'il passait généralement pour certain, que le culte des astres attire la fécondité sur la terre; que la négligence de leur culte et les crimes par lesquels on les outrage, font tomber sur les villes et les campagnes les plus grands fléaux; que les efforts que le cultivateur fait pour défricher la terre et la rendre plus habitable, ne peuvent que plaire singulièrement aux astres ; que les prê

Tome iv, 1. 3, c. 6 et 7.2 Maimon. More Nevoch., c. 30, p. 120.

tres et les ministres de ces idoles annonçaient et publiaient dans toutes les assemblées religieuses que le culte qu'on leur rendait faisait descendre la pluie sur la terre, lui donnait la fécondité, et était cause que les arbres se chargeaient de fruits..... ; que les sages et les prophètes, dès la plus haute antiquité, voulaient que dans les jours de fêtes on fit retentir les instrumens de musique autour de ces idoles, assurant que les Dieux combleraient de leurs bienfaits ceux qui les honoreraient ainsi, écarteraient les maladies, et couronneraient la terre et les arbres de moissons et de fruits. >>

Ce préjugé général sur la nécessité du culte des statues des astres et de tous les corps célestes, était fondé, sans doute, sur l'empire absolu que le ciel et ses parties exerçaient sur le monde et dans toute la nature végétative. Car tous les anciens philosophes et tous les prêtres du sabisme étaient persuadés, dit le même auteur', que ce monde inférieur, dans lequel s'opèrent les générations et les destructions, est tout entier gouverné par les vertus et les influences des sphères célestes. Les idoles, étant censées attirer ces influences et en recevoir les émanations, durent nécessairement être honorées avec cette ferveur qu'inspire le besoin.

Aux témoignages d'Abulfarage et de Maimonide se joignent ceux de Porphyre et d'Hermès. Porphyre prétend que ceux qui fabriquaient les idoles

1 Maimon. More Nevoch, p. 2, c. 10. Myst. Egypt., c. 30.

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