Province de Peicheli. le jour, ou qui marchent durant la nuit; ils doivent encore avoir foin qu'on nettoie les rues, qu'on les balaye chaque jour, qu'on les arrofe le matin & le foir dans les temps fecs, & que les jours de pluie on en enleve la boue; ils ont ordre d'y travailler eux-mêmes, & de faire écouler les eaux. Le palais de l'Empereur s'éleve au milieu de la ville Tartare il offre un amas prodigieux de grands bâtimens, de vastes cours & de fuperbes jardins; il est enfermé de toute part d'une double enceinte; le terrein qui est entre la premiere & la seconde, eft occupé par les maisons des Officiers de la Cour, des Eunuques, & par différens Tribunaux, dont les uns font chargés de fournir les chofes néceffaires au service du Prince, les autres de maintenir l'ordre, de juger les différends, & de punir les fautes commises par les Officiers de la Famille Impériale. On donne une lieue & demie de circonférence à l'enceinte extérieure de cet immense palais. Quoique l'Architecture Chinoise n'ait aucun rapport avec celle d'Europe, cependant le palais Impérial de Peking ne laisse pas de frapper & d'en imposer aux yeux, par l'étendue, la grandeur, la difpofition réguliere des appartemens, & par la structure finguliere des toits à quatre pentes, ornés fur l'arête d'une plate-bande à fleurons, & relevés par les extrémités; ces toits font couverts de tuiles verniffées, & peintes d'un fi beau jaune, qu'elles jettent de loin un auffi grand éclat que fi elles étoient dorées. Au dessous de ce toit fupérieur il s'en forme un autre également brillant, qui naît de la muraille, foutenu par un grand nombre de poutres enduites d'un vernis vert, & femées de figures dorées : ce second toit, avec la faillie du premier, forme une espece de couronnement à ces édifices. Le palais de l'Empereur eft à peu de diftance de la porte du Sud de la ville Tartare; on y entre par une cour spacieuse, dans laquelle on defcend par un escalier de marbre, orné de deux grands lions de cuivre & d'une balustrade de marbre blanc, qui forme un fer à cheval, le long d'un ruiffeau qui traverse le palais en ferpentant, & dont les ponts sont auffi de marbre. Au fond de cette premiere cour, s'éleve une façade percée de trois portes; celle du milieu n'est que pour l'Empereur, les Mandarins & les Grands paffent par les portes latérales. Ces portes introduisent dans une feconde cour, qui eft la plus vaste du palais; elle a environ trois cents pieds de long, fur deux cent cinquante de large; une immenfe galerie l'environne de toutes parts, & fur cette galerie font les magasins des chofes précieuses, qui appartiennent en propre à l'Empereur: car le tréfor public eft confié à la garde d'un Tribunal fouverain, nommé Hou-pou. Le premier de ces magasins est rempli de vases, & d'autres ouvrages de différens métaux; le fecond renferme les plus belles efpeces de peaux & de fourrures; le troisieme, des habits fourrés de petit-gris, de peaux de renard, d'hermine & de zibeline, que l'Empereur donne quelquefois en préfent à fes Officiers ; le quatrieme est un dépôt de pierres précieuses, de marbres rares, & de perles pêchées en Tartarie; le cinquieme, qui est à deux étages, est plein d'armoires & de coffres, où fe trouvent les étoffes de foie à l'ufage de l'Empereur & de fa famille; les autres renferment les fleches, les arcs, & autres armes enlevées à l'ennemi ou offertes par différens Princes. Province de Pe-tcheli. Province de Pe-tcheli. C'eft dans cette feconde cour que fe trouve la falle Royale, nommée Tai-ho-tien ou Salle de la grande union; elle eft bâtie fur une terraffe haute d'environ quinze pieds, revêtue de marbre blanc, & ornée de balustrades artistement travaillées. C'est devant cette falle que fe rangent tous les Mandarins, lorfqu'aux jours marqués ils viennent renouveler leurs hommages, & faire les cérémonies déterminées par les Loix de l'Empire., Cette falle, qui eft prefque carrée, a environ cent trente pieds de longueur; fon lambris eft fculpté, vernissé en vert, & chargé de dragons dorés; les colonnes qui en foutiennent le faîte en dedans, ont fix à sept pieds de circonférence vers leur base, & font enduites d'une espece de maftic revêtu d'un vernis rouge; le pavé eft en partie couvert de tapis, en façon de turquie, très - médiocres; les murailles font fans aucun ornement, fans tapifferies, fans luftres & fans peintures. Le trône, qui eft au milieu de la falle, confifte en une eftrade affez élevée, fort propre, & fans autre infcription que le caractere Ching, que les Auteurs de Relations ont interprété par le mot Saint. Mais il n'a pas toujours cette fignification, car il répond quelquefois mieux à notre mot latin eximius, ou aux mots françois, excellent, parfait, très-fage. Sur la plate-forme qui est vis-à-vis cette falle, sont de grands vafes de bronze, dans lefquels on brûle des parfums, lorsqu'il se fait quelque cérémonie ; on y voit auffi des candélabres façonnés en oiseaux, & peints de diverses couleurs, ainfi que les bougies & les torches qu'on y allume. Cette plate-forme fe prolonge vers le Septentrion, & porte deux autres falles un peu moins grandes ; l'une eft une rotonde percée de beaucoup de fenêtres, & toute brillante de vernis; c'est là que l'Empereur change d'habits avant ou après la cérémonie; l'autre est un fallon dont la porte eft tournée vers le nord; & c'est par là que l'Empereur, fortant de fon appartement, doit paffer pour venir recevoir, fur fon trône, les hommages des Grands de l'Empire; alors il est porté en chaise par des Officiers habillés d'une longue veste rouge brodée de foie, & couverts d'un bonnet furmonté d'une aigrette. Il feroit difficile de donner une defcription exacte des appartemens intérieurs qui forment proprement le palais de l'Empereur & de fa famille il n'y a pour l'ordinaire que les femmes & les eunuques qui puissent y pénétrer. Après Pe-king, Pao-ting-fou eft la ville la plus confidérable de la province, & c'est là que le Vice-Roi fait fon féjour; cette ville en a vingt autres dans son district, trois du fecond ordre, & dix-fept du troifieme. Son terroir eft agréable, & l'un des plus fertiles de la Chine. Il faut passer néceffairement par cette ville, pour fe rendre de Pe-king dans la province de Chan-fi. Ho-kien-fou vient enfuite; deux villes du fecond ordre & quinze du troifieme en dépendent. On n'y trouve rien de remarquable, que la propreté des rues. Tchin-ting fou eft une grande ville qui a près de quatre mille pas de circuit; fon reffort est extrêmement étendu, il comprend trente-deux villes, dont cinq font du fecond ordre, & vingt-fept du troifieme. Elle a au nord, des montagnes où les Chinois prétendent trouver quantité de simples & d'herbes rares on y voit auffi quelques monumens Province de Pe-tcheli. Province de Pe-tcheli. ou efpeces de temples élevés en l'honneur des Héros : il en est un, entre autres, qui eft confacré à la mémoire du premier Empereur de la dynastie des Han. • Chun-te-fou, n'a pas un district fort étendu, car elle n'a dans fon reffort que neuf villes du troisieme ordre, mais toutes fort peuplées. La campagne y eft riante & fertile, par la quantité d'étangs & de rivieres qui l'humectent & l'arrofent; fes écreviffes font renommées: on y trouve un fable fin & délié, dont on se sert pour polir les pierres précieuses, & qui fe débite dans tout l'Empire; fon territoire abonde auffi en pierres de touche, & l'on prétend que ce font les meilleures de la Chine. Quang-ping-fou est fitué dans la partie méridionale du Pe-tcheli, entre les provinces de Chan-tong & de Ho-nan. Elle a dans fa dépendance neuf villes du troifieme ordre ; toutes les campagnes font arrofées de rivieres; parmi fes temples, elle en a un confacré à ces hommes que les Chinois prétendent avoir trouvé le secret de se rendre immortels. Tai-ming-fou a fous fa jurifdiction une ville du fecond ordre, & dix-huit du troifieme: on n'y voit rien de remarquable. Yung-ping-fou eft fitué fort avantageufement dans le Noifinage de la mer; on tire beaucoup d'étain des montagnes qui l'environnent; on y fabrique auffi le papier. Non loin de cette ville est un fort nommé Chan-hai, qui eft comme la clef de la province de Leao-tong; ce fort est près de la grande muraille. Yung-ping-fou ne compte dans fon reffort qu'une ville du fecond ordre, & cinq du troifieme. Fuen-hoa-fou eft une ville confidérable par fa grandeur, |