avec les formalités réhabilitation, & tout ce qui étoit néceffaire pour la L'année suivante, ce même Roi de Corée envoya un autre » J'ai vu le compliment du Roi : je le fais; que la » Cour à qui il appartient le fache. Les termes de ce » Placet ne font pas convenables, on y manque au respect : j'ordonne qu'on examine, qu'on délibere, & » qu'on m'avertisse «. D'après cet ordre, le Li-pou, ou Tribunal des Rits, condamna le Roi de Corée à une amende de dix mille onces Chinoises d'argent, & à être privé pendant trois ans des préfens qu'on lui accorde chaque année, lorfqu'il envoie payer fon tribut. Je terminerai cet article par une observation qui tient à l'Histoire naturelle de la Chine, & qui semble fournir une nouvelle preuve des révolutions qu'a fucceffivement éprouvées la furface de notre globe. On lit dans un Livre Chinois, intitulé Quang-yu-ki, que l'ancienne ville où Kipé, Roi de Corée, avoit établi fa Cour, étoit bâtie dans un lieu qui fait aujourd'hui partie du territoire de Yong-ping-fou, ville du premier ordre de la province de Pe-tche-li. Si l'on admet ce fait comme certain, il semble qu'on doit en conclure que ce territoire étoit alors de la dépendance de la Corée, & que le golfe de Leao - tong, qui sépare aujourd'hui ce royaume de la province de Pe-tche-li, n'existoit pas encore, s'eft formé que dans la fuite; car il n'est pas probable qu'un Souverain eût voulu placer fa Cour hors de ses A a & ne De la Corée, De la Corée. Etats, ni dans un lieu où il en eût été féparé par une mer d'un trajet étendu. Cette conjecture ne paroîtra point deftituée de vraifemblance, fi on l'appuie de quelques autres faits qui paffent pour conftans parmi les Chinois. Lorfque Yu, furnommé le Grand, entreprit de conduire & de diriger les eaux qui avoient inondé le plat pays de plufieurs de Chun & de Yao, il comprovinces, fous les regnes mença par la riviere de Hoang-ho, dont les débordemens caufoient plus de ravages. Il alla la rechercher jufque dans le fond de la Tartarie, d'où il dirigea fon cours à travers les provinces de Chan-fi, de Chen-fi, de Ho-nan & de Pe-tche-li. Vers fon embouchure, pour affaiblir la rapidité de fes eaux, il les partagea en neuf canaux, par lesquels il contraignit ce fleuve de fe jeter dans la mer orientale, près du mont Kie-che-chan, qui formoit alors un promontoire. Depuis Yu jufqu'à nos jours, c'est-à-dire, dans l'efpace d'environ 3950 ans, le fleuve Hoang-ho s'eft tellement écarté de fon ancien cours, que fon embouchure se trouve aujourd'hui de fix degrés plus avancée vers le midi. Il se déchargeoit autrefois dans la mer, fous le 40° degré de latitude; il s'y jette aujourd'hui à la hauteur d'environ 34 degrés. On doit remarquer encore que la montagne Kie che-chan, qui tenoit autrefois à la terre ferme de Yong-ping-fou, le trouve actuellement à cinq cents lys, ou cinquante lieues en mer, au midi de cette ville. Si la mer a pu couvrir de fes eaux cette étendue de terrein, qui fait aujourd'hui partie du golfe de Leao tong, ne nous eft-il pas permis de conjecturer que de pareils déborde mens ont pu former fucceffivement la totalité de ce De la Corée. ARTICLE I I. LES Royaumes du Tong-king & de la Cochinchine formoient autrefois une des plus vastes provinces de la Chine, qu'on nommoit Ngan nan, repos auftral. Trois cents ans avant l'Ere chrétienne, ces pays étoient encore incultes, & n'étoient habités que par des peuples fauvages. Ils n'avoient ni livres ni caracteres, ne connoiffoient aucune forme de gouvernement, & n'obfervoient aucune Du Tong-king. ر regle dans les mariages. Ce ne fut, dit-on, que l'an 214 Du Tong-king. avant J. C., que ces contrées commencerent à changer de face. Le fameux Ki-hoang-ti, Empereur de la Chine, ayant récemment conquis le Tong-king & la Cochinchine, fit raffembler des diverfes parties de fon Empire, plus de cinq cent mille personnes, qu'il envoya dans les extrémités méridionales des provinces de Quang-fi & de Canton, & dans le Tong-king & la Cochinchine. L'arrivée d'une fi nombreuse Colonie remplit ces deux royaumes de familles Chinoifes qui s'y établirent, & c'est par elles que les caracteres, le gouvernement & la religion des Chinois commencerent peu à peu à s'y introduire. Mais les peuples du Tong - king se lafferent bientôt d'avoir les Chinois pour maîtres; ils fe liguerent avec les Cochinchinois, & réunirent leurs forces pour fecouer ce joug étranger. Deux Dames Tonquinoises se mirent à la tête des révoltés; elles étoient fœurs, & avoient toutes deux les qualités guerrieres qui forment les Héroïnes. Elles firent fortifier les frontieres, disciplinerent des troupes nombreuses, & les animerent à la défenfe de la Patrie. Le Général Mayven, qui fut envoyé contre elles à la tête d'une armée formidable, eut befoin de tout fon courage & de toute fon habileté dans l'art militaire, pour attaquer avec fuccès l'armée Tong-kinoise. Le terrein lui fut intrépidement difputé, & il ne put avancer qu'en livrant fans ceffe de nouveaux combats. Dans toutes les actions, les deux Héroïnes firent également admirer leur intelligence & leur bravoure. Elles périrent enfin, les armes à la main, dans une bataille fanglante, qui fut livrée près du lac Sy-hou. Les troupes Tong-kinoises furent taillées en pieces, & le Tong-king Il est peu de pays où les révolutions aient été plus fréquentes qu'au Tong-king: tantôt paifiblement foumis à la domination Chinoise; tantôt livré à la révolte, & gouverné par des ufurpateurs ardens à s'entre-détruire; tantôt déchiré par des guerres inteftines ou étrangeres; tantôt dans l'abaissement ou donnant des loix à ses voisins, cet Etat, pendant plufieurs fiecles, paroît avoir été en butte à toutes les convulfions politiques. La Chine, ennuyée des guerres qu'elle avoit déjà foutenues, & fatiguée de l'humeur inquiete & turbulente de ce peuple, exceffivement jaloux de fa liberté, abandonna le projet de s'affervir ce royaume. Elle confentit enfin Du Tong-king. |