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Ce qui paroîtra fans doute de la derniere inconféquence, c'est qu'on ne défend dans aucun endroit la vente de la raque & de ces vins factices. Il entre tous les jours à Pe-king une grande quantité de charrettes remplies de cette marchandise; on en paye le droit d'entrée à la porte, & elle fe vend publiquement dans plus de mille boutiques, répandues dans la ville & dans les fauxbourgs. Si l'on vouloit efficacement l'exécution des loix qu'on porte contre ces liqueurs, ne feroit-on pas fermer les boutiques où l'on vend cette raque ? n'en défendroit-on pas le débit fous quelque peine févere, telle que l'exil ou une amende confidérable? Mais il faudroit que les Grands s'interdiffent les premiers l'ufage de ces boiffons, & il leur en couteroit trop pour donner cet exemple au peuple.

Fertilité de la Chine; caufes des famines fréquentes qu'on y éprouve.

ARTICLE IV.

Mines de la Chine; métaux, pierres, terres, argiles, &c. LES montagnes de la Chine font en fi grand nombre & fituées fous des climats fi variés, qu'elles doivent renfermer des minéraux de toute efpece. On y trouve, en effet, d'abondantes mines d'or, d'argent, de fer, de cuivre, d'étain, de plomb, de mercure; des marbres, des cristaux, du cinabre, des pierres d'azur, &c. L'or & l'argent feroient beaucoup plus communs dans cet Empire, fi la politique Chinoife permettoit l'exploitation de toutes les mines qui recelent ces métaux; mais les Empereurs ont toujours craint, en offrant au peuple l'appât de ces richeffes fictives, de les détourner des travaux plus

Mines de la Chine, métaux, pierres, terres, argiles, &c.

utiles de l'agriculture. Une grande partie de l'or qui existe Mines de la Chine, à la Chine, fe recueille dans le fable des rivieres & des terres, argiles, &c. torrens qui defcendent des montagnes, fituées fur les limites

métaux, pierres,

occidentales des provinces de Se-tchuen & d'Yun-nan. Cette derniere province est sur tout très-riche en mines d'argent. Les peuples Lo-los, dont nous avons déjà fait mention, & qui habitent la partie la plus voifine des royaumes d'Ava & du Pégou, doivent tirer beaucoup d'or de leurs montagnes, puisque leur usage est de renfermer une grande quantité de lames d'or dans les bieres des perfonnes illuftres qu'ils veulent honorer. Leur or n'est pas beau à la vue, peut-être parce qu'il n'est pas suffisamment purifié. Il paroît que les Lo-los ne font pas plus habiles à fondre l'argent, qui eft encore plus mêlé & plus noir, mais qui devient pur & auffi brillant que tout autre, lorfqu'il a paffé par le creufet des Ouvriers Chinois. Le meilleur or de la Chine & le plus cher, eft celui qu'on trouve dans les districts de Li-kiang-fou & de Yangtchang-fou. Comme l'or n'eft pas monnoyé, on l'emploie dans le commerce, & il devient marchandise. La consommation de ce métal eft peu confidérable : il n'est guere mis en œuvre que par les Doreurs ou pour de légers ornemens; il n'y a que l'Empereur feul qui ait une grande quantité de vaiffelle d'or,

Les mines de fer, de plomb, d'étain, doivent être trèscommunes & très-abondantes, puifque ces métaux fe donnent à bas prix dans toute l'étendue de l'Empire. M. Dortous de Mairan avoit demandé au P. Parennin s'il existoit quelques monumens qui puffent déterminer l'époque où l'usage du fer avoit été introduit à la Chine. Ce célebre Miffion

terres, argiles, &c.

naire lui répondit que l'ufage de ce métal y étoit trèsancien, & qu'il paroiffoit avoir été connu des premiers con- Mines de la Chine, métaux, pierres, ducteurs des Chinois, puisqu'il en est fait mention dans le Chou-king, au chapitre Yu-kong, où il eft rapporté que le fer vient du territoire de Leang-tcheou. On ne dit cependant pas que ce fut là qu'on eut la premiere connoiffance du fer; mais comme la Chine a commencé indubitablement à fe peupler par l'oueft de Pe-king, ce fut à Leang-tcheou que les Chefs des Chinois reconnurent cette terre propre à la fusion du fer. Comment le grand Yu, s'il eût manqué d'instrumens de fer, auroit-il pu réuffir à couper les montagnes ou exécuter ces vaftes canaux, qu'il fit creufer pour donner un libre cours aux eaux qui inondoient les terres? D'ailleurs on ne trouve à la Chine aucune de ces anciennes pierres tranchantes, travaillées pour suppléer à l'usage du fer; du moins les Lettrés actuels n'en ont jamais entendu parler.

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Les mines de cuivre des provinces d'Yunnan & de Koei-tcheou fourniffent, depuis un grand nombre d'années, toute la petite monnoie qui fe frappe dans l'Empire. Outre le cuivre commun, les Chinois en ont un autre qu'ils appellent Pe-tong, ou cuivre blanc; il est fi fin & si purifié, qu'il a la touche de l'argent. Ce cuivre est naturellement blanc lorfqu'on le tire de la mine, & lorfqu'on en caffe les grains, on les trouve encore plus blancs dans l'intérieur qu'à leur surface. On a fait un grand nombre d'expériences à Pe-king, pour s'aflurer que ce cuivre ne doit fa blancheur à aucun mélange. On en fabrique différens ouvrages; mais pour l'amollir & empêcher qu'il ne foit trop caffant, on eft obligé d'y mêler un peu de

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Mines de la Chines métaux, pierres, terres, argiles, &c.

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tutenague ou d'autre semblable métal. Ceux qui veulent lui conferver fon éclat & fa belle couleur, y mêlent une cinquieme partie d'argent. On ne trouve ce cuivre que dans la province d'Yun-nan. Les Japonois en apportent à la Chine une autre efpece qui eft jaune, & qui se vend en lingot. Celui-ci a la touche de l'or, & les Chinois l'emploient pour exécuter différens bijoux. On prétend que ce cuivre n'engendre point de vert-de-gris.

Les Chinois connoiffent encore une autre espece de cuivre, appelée ¡fe-lay-tong, ou cuivre qui vient de luimême. Il paroît que ce n'eft autre chofe qu'un cuivre rouge détaché des hautes montagnes par les grandes pluies, & qu'on trouve enfuite dans le fable & parmi les cailloux, lorfque les torrens fe font defféchés. Les Médecins Chinois attribuent aux bracelets de fe-lay-tong la propriété de fortifier les bras contre les attaques de la paralyfie.

Les mines de charbon de pierre font en fi grande. quantité dans toutes les provinces de cet Empire, qu'il n'eft peut-être aucune contrée de la terre où elles foient auffi communes & auffi abondantes. Ce minéral fe trouve avec profusion dans les montagnes des provinces de Chen-fi, de Chan-fi & de Petche-ly; auffi l'emploie-t-on dans tous les fourneaux des Ouvriers, dans les cuifines de toutes les maifons, & dans les poêles qui échauffent les appartemens pendant l'hiver. Sans ce fecours, les bois de chauffage, qui font rares & fort chers, ne pourroient suffire à la confommation des provinces feptentrionales.

On recueille la pierre d'azur dans plufieurs cantons de la province d'Yun-nan, & elle ne differe en rien de celle qu'on nous apporte en Europe. Elle fe trouve auffi dans

métaux, pierres,

la province de Se-tchuen & dans le district de Tai-tongfou de la province de Chan-fi, qui fournit peut-être le plus Mines de la Chine, beau yu-che de la Chine; c'est une espece de jafpe d'un blanc femblable au blanc de l'agate : il eft tranfparent lorfqu'il eft mis en œuvre, & quelquefois tacheté.

Le plus beau cristal de roche de la Chine vient des montagnes de Tchang-tcheou-fou & de Tchang-pou-hien de la province de Fo-kien, fituées fous la latitude de 24 degrés 10 minutes. Les Ouvriers de ces deux villes font très-habiles à le mettre en œuvre; ils en font des boutons, des cachets, des figures d'animaux, &c.

L'Yun-nan fournit de véritables rubis, mais qui font fort petits: il se vend annuellement, dans la capitale de cette province, une grande quantité d'autres pierres précieuses; mais on affure qu'elles viennent d'ailleurs, & fur-tout des royaumes voisins d'Ava & de Laos. On fait qu'il existe, à la distance de deux cents fenes ou cordes de la ville de Mohang-leng, capitale de Laos, une mine de pierreries, qui a environ cent fenes de profondeur, & d'où l'on tire des rubis dont quelques uns font aussi gros que des noix. On y trouve auffi des émeraudes, & l'on affure que le Roi de Laos en poffede une dont la groffeur égale celle d'une orange. Un ruiffeau passe à travers cette mine, & en détache plusieurs pierres précieuses qu'il entraîne avec fes eaux. Il arrive quelquefois qu'on en ramasse dont le poids est d'un quart ou d'un tiers d'once.

Les carrieres de marbre font très-communes à la Chine, & fur-tout dans la province de Fo-kien. Ces marbres ne le céderoient point à ceux d'Europe, fi les Ouvriers Chi

terres, argiles, &c.

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