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de notre Mont de Piété, qu'il est superflu de les peler ici.

rap

Le jeu, & tout divertiffement qui mene à l'oifiveté, est abfolument interdit aux jeunes gens. L'étude forme à peu près leur seule occupation. Elle paroîtroit bien fatigante à la jeunesse de nos contrées; mais dans un pays où le mérite, & le feul mérite, mene à tout, & où l'ignorance eft condamnée à n'être jamais rien, l'encouragement est à côté du dégoût.

Police intérieure des villes de la

Chine

CHAPITRE IX.

Police générale.

LA sûreté des voyageurs, la commodité du transport

des hommes & des denrées paroît avoir occupé férieu- Police générale. fement l'Administration Chinoife. Le grand nombre de canaux dont la Chine est entrecoupée, facilite le second objet. La maniere dont les routes publiques font entretenues, vient à l'appui du premier.

Ces chemins ont par-tout beaucoup de largeur; ils font pavés dans toutes les provinces méridionales, & dans quelques autres; mais alors on n'y fouffre ni chevaux, ni chariots. On a comblé les vallées, percé les rochers. & les montagnes, pour y pratiquer des routes commodes, & d'un plan uni. Elles font, pour l'ordinaire, bordées d'arbres fort hauts, & quelquefois de murs d'environ huit à dix pieds, pour empêcher les voyageurs d'entrer dans les campagnes. Les ouvertures qu'on y a pratiquées

de distance en distance, donnent fur des chemins de traPolice générale. verfe qui menent à différens villages. Les grands chemins offrent de distance en distance des repofoirs, où l'on peut fe mettre à l'abri des intempéries de l'hiver, & des exceffives chaleurs de l'été. On y voit auffi des Temples, des Pagodes; l'afile en eft ouvert le jour, & fouvent refufé la nuit. Les Mandarins ont feuls le droit d'y refter, quand ils le jugent convenable. Ils y font logés avec toute leur fuite, reçus avec appareil, & fervis avec affection.

On ne manque point d'hôtelleries dans les grands chemins, & même dans les chemins de traverse. Les premieres font fort vaftes; mais toutes font mal pourvues de provisions : il faut même y porter son lit avec soi, ou fe réfoudre à coucher fur une fimple natte. Le Gouvernement ne les oblige qu'à donner le couvert à quiconque le réclame en payant.

L'Administration a foin de faire imprimer l'itinéraire général de l'Empire, foit par terre, foit par eau, depuis Pe-king jufqu'aux frontieres les plus reculées. Ce livre est le guide de tous les voyageurs. Lorsque c'est un Mandarin, ou tout autre Officier qui voyage par ordre de l'Empereur, il est logé, conduit & défrayé aux dépens du Souverain.

Au bord des grands chemins, on voit d'efpace en efpace des tours fur lesquelles on a élevé des guérites pour les fentinelles, & des bâtons de pavillon pour faire les fignaux en cas d'alarmes. Ces tours, bâties, pour l'ordinaire, en terre cuite, font d'une forme carrée, & n'ont guere que douze pieds de hauteur. Elles ont pourtant

des crenaux, lorfqu'elles bordent les chemins qui conduifent

à la Cour : celles-ci ont de plus fur leur fommet des cloches Police générale. de fer fondu, assez groffes.

La Loi exige que ces tours foient placées de cinq en cinq lys; il doit y en avoir alternativement une petite & une grande, celle-ci munie d'un corps-de-garde. Cinq lys reviennent à une demi-lieue de France. On voit parlà que les chemins de la Chine font bien gardés, & que les voleurs ne peuvent s'y maintenir long-temps.

On retrouve à la Chine l'établissement des poftes; mais elles ne font pas publiques; les feuls Courriers de l'Empire, les feuls Officiers chargés des ordres de la Cour ont le droit de s'en fervir. Les derniers ont toujours une escorte.

A cela près, les voyageurs trouvent beaucoup de facilité à faire tranfporter leurs équipages; ils n'ont pas même besoin de s'en occuper bien attentivement. On trouve dans chaque ville un grand nombre de porte-faix. Ceux-ci ont un Chef commun; & c'est à lui qu'on s'adresse pour régler les conditions & le prix du transport; il en reçoit le montant, & répond de tout : il fournit autant de porteurs qu'on lui en demande, & remet au voyageur un pareil nombre de marques. Ce dernier en remet une à chacun des porteurs, lorfqu'ils ont rendu leur charge au lieu indiqué. Ils reportent cette marque à leur Chef, qui les paye fur l'argent qu'il a reçu d'avance.

Cet établissement eft dirigé par la Police générale de l'Empire. Dans les grandes routes, l'on trouve dans la ville qu'on eft prêt à quitter, plufieurs Bureaux de cette efpece, qui ont une correfpondance établie dans celle

où l'on veut se rendre. On fait, avant le départ, insPolice générale. crire dans l'un de ces Bureaux tous les objets qu'on veut faire transporter. A-t-on befoin de 200, 300, 400 porteurs? on les trouve. Tout eft pesé fous les yeux du Chef, & le prix du port eft de dix fous par cent livres chaque jour. On tient au Bureau une liste exacte de tout. Vous payez d'avance; &, dès ce moment, vous n'êtes plus obligé de vous mêler de rien : vous retrouvez à votre arrivée dans l'autre ville tous vos effets chez le Correspondant, & ils vous font remis avec la plus fcrupuleufe fidélité.

C'est encore la Police qui régit les Douanes, parce que, dans cet Empire, tout fe fait pour le compte de l'Empereur. Ces Douanes font peut-être les plus douces du Monde entier; elles ne concernent guere que les Marchands, qu'on a soin de ne point fatiguer par d'exceffives recherches. S'agit-il d'un voyageur qui n'est point Marchand, ou dont l'extérieur seul annonce qu'il ne l'est pas? fes ballots ne font point fouillés par les Commis, quoiqu'ils en aient le droit : ils n'exigent même de lui aucune rétribution.

On

paye, foit par piece, foit par charge; &, dans le premier cas, le Marchand en est cru d'après fon livre.

C'est le Vice-Roi de chaque province qui nomme un Mandarin de confiance pour la régie des Douanes de tout le district. Les Douanes du port de Canton & des ports du Fo-kien font dirigées chacune par un Mandarin particulier. Ce font auffi des Mandarins qui ont l'infpection des poftes.

CHAPITRE

CHAPITRE X.

Finances.

L'OUVRAGE, intitulé la Dixme Royale, qu'on attribue au Maréchal de Vauban, paroît avoir été calqué sur ce qui fe pratique à la Chine. La plupart des impôts s'y payent en denrées. Le Cultivateur des vers à foie paye en foie, le Laboureur en grain, le Jardinier en fruits, &c. Cette méthode eft fimple & commode; elle n'oblige point le Particulier à échanger péniblement les productions de fon fol & de fon industrie contre une somme arbitraire en argent, pour en porter une partie au trésor Impérial. Cet échange est toujours onéreux pour le contribuable; & c'est ce que l'Administration Chinoise a voulu pré

venir.

Cette facilité, accordée aux fujets, ne gêne en aucune maniere le Souverain. Il a, dans chaque province, un grand nombre de stipendiaires, foit Mandarins, soit Officiers, foit foldats, soit pensionnaires de toute espece. On leur fournit en nature de quoi fe nourrir & se vêtir; parlà, les denrées perçues dans telle ou telle province y font confommées prefque fans déplacement. Ce qui en reste est vendu au profit du tréfor Impérial.

Les tributs en argent, car il en faut dans toute espece d'Administration, résultent particuliérement des Douanes, de la vente du fel, qui fe fait au profit de l'Empereur; des droits d'entrée perçus dans les ports, & des autres droits impofés fur le commerce. A cela près, le Qqq

Finances.

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