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Province de Chan-tong.

de ses écluses, tout en fait un objet d'étonnement pour les Voyageurs Européens ; ils y admirent le même génie qui a présidé à l'exécution de notre célebre canal de Languedoc.

Outre les vers à foie ordinaires, on trouve encore dans cette province une autre espece d'infecte, affez semblables à nos chenilles, qui donnent à la vérité une foie plus groffiere, mais dont on fabrique des étoffes beaucoup plus fermes. Comme celles-ci font plus de durée, il s'en fait un grand débit dans toute la Chine.

C'est dans cette province qu'eft né l'immortel Kong-futfé ou Confucius, le plus éclairé, le plus fage & peut-être celui des Philofophes qui ait le mieux mérité ce nom.

Tfi-nan-fou, capitale du Chan-tong, eft fituée au midi de la riviere de Tfing - ho ou Tfi. Cette ville eft grande & bien peuplée; mais ce qui la rend refpectable aux Chinois, c'eft qu'elle a été la réfidence d'une longue fuite de Rois, dont les tombeaux, élevés fur les montagnes voifines, forment un très-bel aspect.

Tfi-nan a fous fa dépendance quatre villes du fecond rang, & vingt-fix du troifieme. Ces villes n'ont rien de particulier, excepté Yen-tching, où il fe fait une efpece de verre fi délicat & fi fragile, qu'il fe rompt lorsqu'on l'expose aux moindres injures de l'air.

Yen-tcheou-fou, qui est la seconde ville de la province, est fituée entre deux rivieres; l'air y eft doux & tempéré, & le féjour en eft extrêmement agréable.

Le reffort de cette cité est très-étendu; elle a sous fa jurisdiction quatre villes du fecond ordre, & vingt-trois du troifieme. Une de ces villes, nommée Tçi-ning-tcheou, ́ ́ n'est inférieure à sa métropole, ni par fa grandeur, ni par

la multitude de fes habitans, ni par la richeffe de fon commerce. Sa fituation fur le bord du grand canal y attire une foule de Négocians étrangers. Une autre non moins célebre, est Kio-feou, qui a donné naissance à Confucius : on y voit encore plufieurs monumens élevés en l'honneur de ce grand homme.

On affure que dans les environs d'une troifieme, on ramassoit autrefois beaucoup d'or, & c'eft peut-être ce qui lui a fait donner le nom de Kin-kiang ou terre dorée.

Tong-tchang-fou a dans fon reffort trois villes du fecond ordre, & quinze du troisieme. Lin-tçin-tcheou, fituée fur le grand canal, eft la plus remarquable de ces cités; elle est l'abord de tous les vaiffeaux, &, pour ainfi dire, le magasin général de toutes les marchandifes qu'on peut défirer. Parmi les édifices qu'on y admire, est une tour octogone partagée en huit étages, dont les dehors, revêtus de porcelaine, font chargés de diverfes figures artiftement travaillées; au dedans, les murs font incruftés de marbres de différentes couleurs : on a pratiqué dans l'épaiffeur du mur un escalier par lequel on monte à tous les étages, d'où l'on paffe dans de fuperbes galeries ornées de baluftres dorés. Toutes les corniches & les faillies de la tour font

garnies de clochettes, qui, agitées par le vent, forment une harmonie affez agréable; le dernier étage renferme une idole à laquelle la tour eft confacrée ; cette statue est de cuivre doré. Près de cette tour, font quelques temples d'idoles d'une affez belle architecture.

La ville de Tfin-tcheou-fou n'est ni moins étendue, ni moins riche que la précédente. La principale branche de fon commerce est le poiffon; on y en pêche en fi grande

Province

de Chan-tong.

Province

de Chan-tong.

quantité, qu'on afsure que le feul profit qu'on tire des peaux

eft confidérable.

Les Auteurs de Relations rapportent qu'il s'engendre au ventre des vaches du pays, une pierre jaune, que les Chinois appellent pour cette raifon nieou-hoang; elle eft groffe comme un œuf d'oie, & auffi fragile que le plus tendre crayon. Les Médecins, qui en font très-grand cas, prétendent qu'elle guérit les catarres & les fluxions les plus invétérées. Cette ville a dans fon reffort une ville du fecond ordre & treize du troifieme.

Ten-tcheou-fou & Lai-tcheou-fou, qui font les deux dernieres villes du premier ordre, ne font remarquables que par leur fituation; elles ont chacune un havre fort commode, une garnison nombreuse, & plufieurs vaisseaux armés qui défendent leurs côtes. Une ville du fecond ordre & sept du troisieme relevent de la premiere; la seconde n'en compte que fept dans sa jurisdiction, dont deux font du fecond ordre.

Province

de Chan-fi.

ARTICLE I X.

Province de Chan-fi. ·

LA
province de Chan-fi, qui est une des plus petites
de l'Empire, est bornée au levant par celle de Pe-tcheli,
au fud par le Ho-nan, au couchant par le Chen-fi, & au
nord par la grande muraille. Les Chinois difent que c'est
dans cette province que les premiers habitans de la Chine
fixerent leur féjour. Le climat en est sain & agréable; la
terre y eft fertile; on y trouve du mufc en abondance;

quantité de porphyre, de marbre & de jafpe de diverses couleurs; la pierre d'azur y eft très-commune, auffi bien que les mines de fer, les falines & le cristal.

Parmi les montagnes dont cette province eft couverte, il en eft quelques-unes d'inhabitables & d'affreuses; mais les autres font cultivées avec foin, & coupées en terraffes depuis le pied jufqu'à la cime, ce qui forme un très-bel afpect. On en trouve même plufieurs, au fommet defquelles font de vaftes plaines qui ne font moins fécondes que les plus riches campagnes.

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Les habitans de cette province font robustes & civils, mais extrêmement ignorans ; les femmes ont la réputation d'être belles.

Cette province a des vignes, & le raifin qu'on en recueille est le meilleur qui croiffe dans toute cette partie de l'Asie. Il feroit facile aux Chinois d'en fabriquer un très-bon vin; mais ils préferent de faire fécher ces raisins, qu'on tranfporte & qu'on vend dans toutes les provinces de l'Empire. Ses montagnes lui fournissent auffi une grande quantité de charbon de terre; les habitans pilent ce charbon, le détrempent & en forment des pains : cette fubftance a de la peine à s'enflammer; mais lorsqu'elle eft embrafée, elle donne un feu très-vif & qui dure long-temps: on s'en fert spécialement pour chauffer les poêles, la plupart conftruits de briques comme en Allemagne; mais les Chinois donnent à ces poêles la forme de petits lits, fur lefquels ils fe couchent en effet pendant la nuit.

Le Chan-fi ne comprend que cinq villes du premier ordre, & quatre-vingt-cinq du fecond & du troifieme.

La capitale de la province s'appelle Tai-yuen-fou. Cette

Province de Chan-fi.

Province

de Chan-fi.

ville, qui est ancienne, a environ trois lieues de circuit; mais elle est bien déchue de l'état de fplendeur où elle étoit, lorfque les Princes du Sang de la derniere famille Impériale, Tai-ming-tchao, y faifoient leur résidence; les palais qu'ils occupoient n'offrent plus qu'un amas de ruines & de triftes débris. Les feuls monumens qui reftent, font les fépultures de ces Princes, qu'on voit fur une montagne voifine. Ce lieu funéraire eft décoré avec magnificence; tous ces tombeaux font en marbre ou en pierres de taille; ils font accompagnés d'arcs de triomphe, de ftatues de Héros, de différentes figures d'animaux, de lions, & furtout de chevaux : ces ftatues & ces figures font distribuées avec goût & fymétrie. De vieilles forêts de cyprès, plantées en échiquier, & auxquelles la hache n'a jamais touché, forment une fombre enceinte autour de ces tombeaux.

Tai-yuen-fou a dans fa dépendance cinq villes du fecond ordre, & vingt du troifieme. Ses principaux articles de commerce font des ouvrages & des uftenfiles en fer, différentes fortes d'étoffes, & en particulier des tapis en façon de Turquie.

Pin-yang-fou ne le cede à la capitale, ni par la bonté de fon terroir, ni par l'étendue de fon reffort, qui contient fix villes du second ordre & vingt-huit du`troisieme. On trouve près de Ngan-y un lac dont l'eau est aussi falée que celle de la mer, & dont on tire une grande

quantité de fel.

Lou-ngan-fou n'a dans fa dépendance que huit villes du troisieme ordre; mais elle est située dans un lieu agréable, & prefque à la fource de la riviere de Tfo-tfang-ho. Fuen-tcheou-fou, ville ancienne & commerçante, est

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