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Province

de Chen-fi.

Lan-tcheou n'eft qu'une ville du fecond ordre, & releve de la précédente; mais comme elle fe trouve fituée près de la grande muraille, & qu'elle est dans le voisinage des principales portes de l'oueft, on la met au rang des cités les plus importantes de l'Empire": on en a même fait la capitale de la partie occidentale de la province, & le fiége du Gouverneur. Son territoire est baigné par le fleuve Jaune. Des peaux qui viennent de Tartarie, & différentes efpeces d'étoffes de laine, font les feuls objets du commerce de cette ville: on y fabrique même une étoffe groffiere où il n'entre que du poil de vache: on l'emploie en redingotes, pour se garantir de la neige.

Province de Se-tchuen.

ARTICLE X I.

Province de Se-tchuen.

LA province de Se-tchuen est bornée au nord

par le

par

le

dans cette

Chen-fi, au levant le Hou-
par
quang, au midi
Koei-tcheou, & au couchant par le Royaume de Thibet
& quelques peuples circonvoifins. Outre un grand nombre
de forts & de places de guerre, on compte
province dix villes du premier ordre, & quatre-vingt-huit
du fecond & du troifteme. Le grand fleuve Yang-tfe-kiang
traverse le Se-tchyen, qui eft une province très-riche, non
feulement par la quantité de foie qu'elle produit, mais
encore par fes mines de fer, d'étain & de plomb; par fon
ambre, fes cannes à fucre, fes pierres d'aimant & d'azur,
fon mufc, fes chevaux qui font très-recherchés; par fa
rhubarbe & la racine de fou-lin, que les Médecins Chinois

font entrer dans prefque toutes leurs recettes; & par mille autres productions utiles, qu'il feroit trop long de nommer. Cette province, qui eft très-éloignée de la mer, tire tout le fel qu'elle consomme de ses montagnes, où l'on creuse des puits qui en fourniffent abondamment.

La capitale du Se-tchuen, qu'on appelle Tching-tou-fou, étoit autrefois le féjour des Empereurs, & l'une des plus grandes & des plus belles villes de la Chine; mais en 1646, elle fut prefque entiérement ruinée durant les guerres civiles qui ont précédé la derniere invasion des Tartares. Ses temples, fes ponts, & les débris de fes anciens palais, font encore pour les Étrangers des objets d'admiration. Son commerce & les mœurs de fes habitans n'ont rien qui la diftingue, non plus que fa fituation, qui eft cependant affez agréable. Le Pere Martini, dans fon Atlas Chinois, dit qu'on voit, dans le voifinage de cette ville, un oiseau rare & fingulier, appelé tong-hod-fang, c'est-à-dire, l'oifeau de la fleur de tong-hoa. Le vulgaire prétend que c'eft cette fleur qui le produit, qu'il croît, qu'il vieillit & qu'il meurt avec elle. Cette opinion ridicule vient fans doute de ce que les nuances de la fleur ont quelque reffemblance avec celles du plumage de l'oifeau. Tching-tou-fou a dans fa jurisdiction fix villes du fecond rang, & ving-cinq du troifieme.

Pao-ning-fou, Chun-king-fou & Su-tcheou-fou, font des villes très-ordinaires, que les Géographes & les Voyageurs ne font qu'indiquer. La premiere comprend fous fa jurifdiction dix villes, dont deux du fecond ordre; la feconde neuf, dont deux du fecond ordre, & la troifieme dix du troifieme ordre.

Province

de Se-tchuen.

Province

de Se-tchuen.

Tchong-king-fou eft une des villes les plus marchandes de la province; elle doit en grande partie fon commerce à fa fituation, qui eft au confluent de deux rivieres remarquables, dont l'une, appelée Hin-cha-kiang ou Sable d'or, reçoit dans fon cours toutes les eaux des montagnes qui bornent la Tartarie limitrophe; l'autre est le Ta-kiang, qui a fa fource hors de la Chine, & qu'on nomme communément Yang-tse-kiang.

Tchong-king eft bâtie fur une montagne, & s'éleve en amphithéatre. L'air Y eft fain & tempéré; les coffres de cannes entrelacées qu'on y fabrique, & la bonté de fon poiffon, n'ont pas peu contribué à la rendre célebre. Cette ville a dans fon diftrict trois cités du fecond ordre, & onze du troifieme.

Koei-tcheou-fou, Ma-hou-fou, Long-ngan-fou, & Tfuny-fou font des villes affez commerçantes; les peuples qui habitent les montagnes de leur territoire, font extrêmement groffiers & ignorans. Le reffort de la premiere comprend une ville du fecond ordre, & neuf du troifieme; celui de la seconde n'en contient qu'une du troifieme rang; celui de la troisieme en renferme trois du même ordre; & celui de la quatrieme deux du fecond rang & quatre du troisieme.

Tong-tchuen-fou est une place de guerre, dont les habitans font tous de vieux foldats, qui de pere en fils embraffent le métier des armes. Cette province, outre ses villes du premier ordre, en compte auffi quelques-unes du fecond, qui ont plufieurs forts importans, foumis à leur jurisdiction. Telles font Tong-tchouen-tcheou, Kia-ting-tcheou, & Ya-tcheou qui domine la frontiere de la province du côté du Thibet.

ARTICLE

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LA province de Quang-tong eft la plus confidérable

des provinces méridionales de la Chine; elle est bornée au nord-est par le Fo-kien; au feptentrion par le Kiang-fi; au couchant par le Quang-fi & le royaume de Tong-king. Tout le reste est baigné des eaux de la mer.

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Le pays eft mêlé de plaines & de montagnes; les terres font fi fertiles, qu'elles produifent deux fois l'année. Le commerce & la fécondité du fol raffemblent dans cette province tout ce qui peut contribuer aux délices de la vie; elle fournit de l'or, des pierres précieuses, de la foie, des perles, du bois d'aigle, de l'étain, du vif-argent, du fucre, du cuivre, du fer, de l'acier, du falpêtre, de l'ébene, & quantité de bois de fenteur très-recherchés.

Outre une grande partie des fruits de l'Europe & de ceux qui croiffent dans les Indes, elle en a plufieurs qui lui font particuliers, tels que les Li-tchi, les Long-yven, dont nous parlerons dans la fuite. Toutes fes côtes font très-poiffonneuses; elles fournissent une grande quantité d'huîtres, d'écreviffes, de crabes, de tortues d'une groffeur extraordinaire. Les Chinois emploient les écailles de celles-ci pour fabriquer de très-jolis ouvrages.

On nourrit dans cette province une multitude prodigieuse de canards domestiques; les foins & l'industrie particuliere avec laquelle les Chinois de cette contrée les élevent, les ont multipliés plus que par-tout ailleurs; ils en

K

Province

de Quang-tong.

Province

de Quang-tong.

font éclore les œufs dans un four ou dans du fumier, & ils ne tiennent point cette pratique de l'Égypte. Ils en chargent un grand nombre de petites barques, & les menent par troupeaux paître fur le bord de la mer, où, lorfque fes eaux font baffes, ces oifeaux trouvent des huîtres, des chevrettes, & autres coquillages femblables. Ces petites flottes vont ordinairement de compagnie, & bientôt tous les canards fe mêlent fur le rivage; mais lorsque la nuit vient, il fuffit de frapper fur un baffin pour les raffembler: auffi-tôt toutes les bandes se forment, & chacune retourne au bateau qui l'avoit amenée. Les Chinois ont le fecret de faler une grande quantité de chair de canards, fans qu'elle perde rien de fa premiere faveur; ils favent aussi en faler les œufs, en les couvrant d'un enduit d'argile mêlé de fel. La faumure, dans laquelle on les laifferoit tremper, ne pénétreroit point à travers les pores de la coque; l'observation a fait connoître aux Chinois, que l'argile feule, chargée de fel, a cette propriété. Ces œufs falés font très-fains, & l'on en permet l'ufage aux malades.

Quoique le climat de cette province foit très-chaud, l'air y eft pur, & le peuple robufte & fain; il eft fur-tout trèsindustrieux, & l'on ne peut lui refufer d'être éminemment doué du talent de l'imitation; il fuffit de lui montrer la plupart de nos petits ouvrages d'Europe, pour qu'il en exécute de semblables avec une justesse surprenante.

Quoique cette province ait beaucoup fouffert durant les guerres civiles, elle est aujourd'hui une des plus floriffantes de l'Empire; & comme elle est la plus éloignée de la Cour, fon gouvernement eft un des plus confidérables. Celui qui en est le Vice-Roi, l'eft auffi du Quang-fi, & il réfide à

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