que ce genre, négligé trop long-temps, soit goûté de ceux qui s'amusent à donner de semblables productions, et qu'ils se persuadent bien qu'une intrigue qui n'est pas compliquée, des images simples, des événemens qui ne tiennent ni à l'enchantement ni au surnaturel, seront toujours mieux accueillis des gens de goût, que ces écarts de limagination, ces rêves de la folie, qui annoncent bien plutôt une absence de moyens qu'une production du génie. On a cependant quelque regret que, dans ce charmant ouvrage, l'introduction fasse un peu trop pressentir les faits qui doivent attacher le plus. D'ailleurs, etoit ce bien par le P. Carlo et sur un billet de lui que le manuscrit devoit être remis à deux voyageurs qu'il ne connoît pas, qu'il n'a vu qu'un moment, et qu'il ne doit probablement revoir jamais? Et pourquoi la marquise Justiniani a-t-elle attendu dix ans à publier certe histoire, et paroît elle-même mettre si peu d'importance à sa publicité, qu'elle dise aux voyageurs en le lui remerrant : J'exige de vous que vous ne le communiquiez à personne ici; Lorsque vous serez arrivé dans votre pairie, vous en ferez l'usage qu'il vous plaira. Il semble que c'est y mettre à la fois et de l'intérêt et de l'indifférence. MANUEL LATIN, ou Choix de compositions françaises et Recueil de Fables et Histoires latinės, ouvrage classique adopté concurremment avec la Grammaire élémentaire latine du même auteur, par le Prytanée français et par la plupart des écoles centrales seconde édition, considérablement augmentée, enrichie de deux vocabulaires très-bien imprimée. Par J. E. J. F. Boinvilliers, professeur de belles-lettres à l'école centrale de l'Oise, et membre de plusieurs sociétés littéraires. Prix 2 francs so cent. A Paris, chez Barbou, rue des Mathurins. NOUVELLES RÉCRÉATIONS PHYSIQUES ET MÉTAPHYSIQUES, contenant ce qui a été imaginé de plus curieux dans ce genre, et qui se découvre journellement, auxquelles on a joint les causes, leurs effets, la manière de les construire, et l'amusement qu'on en peut tirer pour étonner et surprendre agréablement. Nouvelle édition. Par M. GUYOT, de la société littéraire et militaire de Besançon. A Paris, à la Librairie, rue Saint-André-des-Arcs, no. 46. 3 vol. in-8°. fig. en noir, 15 fr., et fig. enluminées 18. Cet ouvrage est trop connu pour en faire Panalyse. Nous dirons seulement que cette édition sort des presses du citoyen Crapelet, et que les figures, au nombre de 105, sont plus soignées qu'elles ne l'ont été jusqu'à présent. D'UN homme de qualité qui s'est retiré du monde. PARMI les romans dont la plume féconde de M. l'abbé Prevost a enrichi la littérature, celui-ci est un des plus intéressans. Tout y concourt également à former l'esprit et le cœur; et l'utile y est constamment réuni à l'agréable. On y trouve, comme dans la plupart des romans de cet auteur une foule d'événemens tragiques, de catastrophes sanglantes, de la magie, des songes, des visions, des pressentimens. Il ne faut pas s'en étonner. M. Prevost a sans doute voulu par-là réveiller l'attention de ses lecteurs; peut-être IIeme ANNÉE. Tome. V. A aussi n'a-t-il fait que suivre l'impulsion de son génie particulier, naturellement sombre et vaporeux. Le genre de sa mort sembleroit en quelque sorte justifier cetre foiblesse. Frappé d'apoplexie au pied d'un arbre, entre Chantilly et Saint - Firmin, où il avoit une maison de campagne, un chirurgien maladroit voulant s'assurer de sa mort, la lui donna réellement en enfonçant un instrument fatal dans la poitrine du malade; et M. Prevost ne recouvra la connoissance que pour se convaincre qu'il mouroit moins encore victime de la nature, que de l'ignorance de son esculape Comme ces Mémoires se divisent très-naturellement en deux parties, l'une dans laquelle l'homme de qualité voyage seul, et seul éprouve diverses aventures; l'autre où il parcourt, comme mentor d'un jeune seigneur, une partie de l'Europe, nous avons cu, sans déroger à la loi que nous nous sommes prescrite de ne point isoler nos extraits, pouvoir former de ces Mémoires deux analyses qui se succéderont immédianalys tement. M. l'abbé Prevost lui-même auroit dû donner deux titres différens à deux ouvrages si disparates. Cette remarque d'ailleurs si naturelle, n'a point échappé au P. Bougeant, dans le Voyage du Prince Fanferédin au Pays de Romancie. On sait que cet auteur ingénieux avoit pour but dans cet ouvrage de critiquer la manie des romans, comme Cervantes s'étoit proposé de ridiculiser la manie de la chevalerie errante dans son ini mitable Don Quichotte. Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux. TEL EL est le but de l'auteur dans cet ouvrage, en partie romanesque et en partie historique; tel est le point de vue sur lequel il fixe, en débutant, l'attention de ses lecteurs. Ma maison, dit le rédacteur présumé de ces mémoires, étoit illustre et féconde en grands hommes. Mes ancêtres étoient, depuis plusieurs siècles, établis dans une province voisine de la France, (l'Artois sans doute), et qui, après avoir été long-temps soumise à l'Espagne, avoit enfin passé sous la domination française. Mon aïeul, le comte de ***, étoit le second de quatre frères; lui seul se sentit le cœur français, et vint offrir ses services à Louis XIV. L'accueil qu'il reçut de ce monarque fut tel qu'il l'es |