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braires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caracteres, conformément à la feuille imprimée attachée pour modele fous le contre-feel des Préfentes; que l'Impétrant fe conformera en tout aux Réglements de la Librairie, & notam ment à celui du 10 Avril 1725; qu'avant de l'expofer en, vente, le Manufcrit qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Ouvrage, fera remis dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre trèscher & féal Chevalier Chancelier de France le Sieur DE LAMOIGNON, & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliotheque publique un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle dudit Sieur DE LAMOIGNON, & un dans celle de notre très cher & féal Chevalier Garde des Sceaux de France, le Sieur DE MAUPE OU: le tout à peine de nullité des Préfentes: du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant ou fes ayants caufe, plei nement & paisiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons que da copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement où à la fin dudit Ouvrage, foit tenue pour duement fignifiée; & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'Original. Commandons au premier notre Huiffer ou Sergent fur ce requis, de faire, pour l'exécution d'icelles, tous Actes requis & néceffaires, fans demander autre permillion, nonobftan clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires: Car tel eft notre plaifir. Donne à Verfailles le trente & unieme jour du mois de Décembre, l'an de grace mil fept cent foixantecinq, & de notre Regne le cinquante & unieme. Par le Roi en fon Confeil.

LE BEGUE.

Regiftré fur le Regiffre XVI. de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, No. 634, fol. 412. conformément au Reglement de 1723, qui fait défenfes, art. 41. à toutes perfonnes, de quelque qualité & condition qu'elles foient, autres que les Libraires & Imprimeurs de vendre, débiter, faire afficher aucuns Livres, Pour les vendre en leurs noms, foit qu'ils s'en difent les Auou autrement ; & à la charge de fournir à la fuf dite Chambre neuf Exemplaires preferits par l'article 108. du même Réglement. A Paris, ce 9 Janvier 1766.

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LE BRETON, Syndic.
DICTION

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DICTIONNAIRE

D'ANECDOTES,

DE TRAITS SINGULIERS

ET CARACTÉRISTIQUES, &c.

ACTEUR.

A figure, dans un Acteur, fait la moitié de fon jeu. Celui qui repréfente un premier perfonnage dans une Tragédie, avec une figure ignoble, ou même cominune, paroîtra moins jouer fon rôle, que le parodier. On peut ici fe rappeller l'aventure d'un Acteur débutant au Théâtre François par le rôle de Mithridate, dans la Tragédie de ce nom. Il n'étoit point dépourvu de talents; il avoit même beaucoup d'intelligence & de feu mais fon extérieur n'étoit rien moins que héroïque. Dans la fcene où Monime dit à Mithridate: Seigneur, vous changez de vifage! un plaifant cris à l'Actrice: Laiffez-le faire. Le parterre perdit de vue auffi-tôt les

:

ne penfer qu'au pents du nouvel Acteur, pour

de convenance qui fe voit entre fon rôle & fa perfonne.

Tome I.

A

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دو

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Si on exige d'un Acteur une figure intéreffante; à plus forte raifon lui demande-t-on qu'il fe pénetre de la paffion ou du fentiment qu'il veut inf pirer. On avoit chargé une célebre Actrice de I'Opéra d'apprendre à une jeune éleve le rôle d'une Princeffe éprife de la plus violente paffion pour un intidele, de lui donner en conféquence plufieurs leçons; mais les leçons ne produifoient point leur effet. Enfin la maîtreffe, impatiente, dit un jour à l'Ecoliere : Ce que je vous demande eftil donc fi difficile? Mettez-vous à la place de l'amante trahie : fi vous étiez abandonnée d'un homme que vous aimeriez tendrement, ne feriez», vous pas pénétrée d'une vive douleur? ne cher,, cheriez-vous point.....? Moi! répondit l'Actrice, à qui s'adreffoit ce difcours, je chercherois les moyens d'avoir au plutôt un autre amant. En ce ,,cas, repliqua la maîtreffe, nous perdons toutes deux nos peines. Je ne vous apprendrai jamais à jouer votre rôle comme il faut. » Voyez le Comédien, par M. Remond de Sainte-Albine, 1751. Il y a des défauts corporels dont un Acteur doit toujours être exempt, fur-tout fi cet Acteur veut rendre ce défaut fur la fcene; autrement la vérité de l'imitation, en quoi confifte le plaifir de la Comédie, eft détruite; & l'Acteur difgracié de la nature, n'eft plus regardé que comme un objet de rifée. C'eft ce qu'éprouva un Comédien du Théâtre de Londres. Cet Acteur, après avoir, pendant trente années, joué la Comédie avec fuccès, eut le malheur de s'eftropier & de refter boiteux. Malgré cette difgrace, comme fa paffion étoit de jouer le tragique, il conclut de ce défaut, qu'il étoit l'homme du monde le plus propre à faire le rôle de Richard III, que Shakefpear, Auteur de cette Tragédie, a jugé à propos de repréfenter મે boiteux. Notre Comédien fe flattoit du plus brillant fuccès; il fe préfenta fur le Théâtre avec la plus grande confiance. Mais lorsqu'il vint à déclamer ces paroles: Les chiens aboient en me voyant

boiter, ce fut une rifée générale; il fut obligé de quitter la fcene. Cette Anecdote eft rapportée dans Année litteraire.

teur,

Le célebre Garrick, qu'on a nominé le Rofcius de l'Angleterre, peut nous rendre vraisemblable ce que l'on rapporte de plus furprenant des pantomimes anciens. L'Auteur des Lettres fur les Bal lets, qui a vu jouer à Londres cet excellent Acnous fait un tableau très-pathétique de la maniere dont il rempliffoit, dans une Tragédie, le rôle d'un tyran, qui, effrayé de l'énormité de fes crimes, meurt déchiré de remords. Le dernier Acte de cette Tragédie n'étoit employé qu'à peindre les regrets & la douleur. L'humanité triomphoit des meurtres & de la barbarie. Le tyran, fenfible à fa voix, déteftoit fes crimes, qui devenoient, par gradations, fes juges & fes bourreaux. La mort, à chaque inftant, s'imprimoit fur fon vifage; fes yeux s'obfcurciffoient; fa voix fe prêtoit à peine aux efforts qu'il faifoit pour articuler fa penfée; fes geftes, fans perdre de leur expreffion, caractérifoient les approches du dernier inf tant; fes jambes fe déroboient fous lui; fes traits s'alongeoient; fon teint, pâle & livide, n'empruntoit fa couleur que de la douleur & du repentir; il tomboit enfin dans cet inftant où fes crimes fe retraçoient à fon imagination fous des formes horribles. Effrayé des fantômes hideux que fes forfaits lui préfentoient, il luttoit contre la mort; la nature fembloit faire un dernier effort. Cette fituation faifoit frémir; il gratoit la terre; il creufoit en quelque façon fon tombeau. Mais le moment approchoit; on voyoit réellement la mort; tout peignoit l'inftant qui ramene à l'égalité; il expiroit enfin le hoquet de la mort & les mouvements convulfifs de la phyfionomie, des bras & de la poitrine, donnoient le dernier coup de pinceau à ce tableau terrible.

Garrick, fortement paffionné pour fon Art, fe dérobe à toutes fortes de diffipations les jours où

il doit remplir des rôles importants & férieux. Lorfque la fituation eft tragique, il s'en pénetre également vingt-quatre heures avant de la jouer. Perfonne au contraire n'eft fi gai que lui lorfqu'il a un rôle de Petit-Maître, de Poëte, de Nouvellifte à rendre. Cet Acteur poffede, indépendamment de ce que l'art & l'étude peuvent donner, une de ces phyfionomies qui fe montent & fe démontent pour prendre tel caractere qu'il leur plaît. Une jolie femme de Londres, qui reconnoiffoit ce talent à Garrick, vint le trouver pour avoir le portrait d'un Seigneur Anglois qu'elle aimoit, & qui ne vouloit pas fe laiffer peindre. Il s'agiffoit d'étudier la phyfionomie du Lord, & de fe revêtir fi bien de tous fes traits, que le Peintre pût faire un tableau reffemblant fur cette phyfionomie empruntée. L'Acteur, en conféquen ce, examine le tic, le caractere particulier de fon modele, étudie les traits qui le caractérisent le plus, & les copie fi parfaitement, que ce n'eft plus Garrick, c'eft le Lord lui-même. L'Acteur fe préfente, avec ce yifage compofé, à un Peintre habile, & fait tirer fon portrait. Tout le monde y reconnoît fans peine le Lord en queftion, qui, le premier, paroît inquiet fur les moyens que l'on a pris pour le peindre fi reflemblant. Voyez Pantomimes, Déclamation, Comédie.

ALCHIMISTE.

UN nouvel Adepte, qui fe vantoit d'avoir

trouvé le fecret de faire de l'or, demandoit une récompenfe à Léon X. Ce Pape, le protecteur des arts, parut acquiefcer à cette demande; & le charlatan fe flattoit déjà de la plus grande fortune. Lorfqu'il revint folliciter fa récompenfe, Léon lui fit donner une grande bourfe vuide, en lui difant, Que puifqu'il favoit faire de l'or, il n'avoit befoin que d'une bourfe pour le contenir.

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