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DE LA PROVINCE

D'AUVERGNE,

DRESSÉ

D'APRÈS LES JUGEMENTS DE MAINTENUE DE NOBLESSE RENDUS PAR M. DE FORTIA, INTENDANT

DE CETTE PROVINCE,

DURANT LA RECHERCHE DE 1666 et années SUIVANTES,

AVEC

Des notices sur diverses familles éteintes, et des extraits du Provincial de Guillaume Revel, héraut d'armes du roi Charles VII en 1450.

GÉNÉRALITÉ DE RIOM.

PARIS,

IMPRIMERIE DE MOQUET ET COMPAGNIE,

90, RUE DE LA HARPE.

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1841.

INTRODUCTION

AU NOBILIAIRE D'AUVERGNE.

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La province d'Auvergne (Alvernia, Arvernia) est bornée au nord par le Bourbonnais et le Berry, au sud par le Rouergue et le Gévaudan, à l'est par le Vélay et le Porez, et à l'ouest par la vicomté de Turenne, la Marche et le Quercy.

Les géographes divisent cette province en haute et basse Auvergne.

La haute Auvergne, hérissée de montagnes parmi lesquelles on distingue le Puy-de-Dôme et le Mont d'Or, est située au midi de la rivière de Rue, qui la sépare de la basse. Elle ne renferme que quinze villes, Saint-Flour, Chaudesaigues, Pierrefort, Murat, Allanche, Mauriac, Salers, Pléaux, la Roquebrou, Aurillac, Maurs Montsalvy, Arpajon de Séverac, Carlat et Massiac.

La basse Auvergne, beaucoup plus étendue et plus fertile, est située au nord et à l'est de la rivière de Rue. On la divisait en trois districts: la Limague, regardée comme le pays le plus délicieux de la France, les Montagnes (à l'orient et à l'occident de la Limagne) et le Brivadois et le Langendois, qui s'étendent depuis l'Alagnon jusqu'au Vélay. Les principales villes de la basse Auvergne sont Clermont, Montferrand, Riom, Beaumont, Combronde, Aigueperse, chef-lieu du comté de Montpensier, Vodable, Vieillebrioude, Thiers, Ambert, Maringues, Saint-Pourçain, Artonne, Cusset, Ebreuil, Pontgibaud, Hermenc, Arlenc, Pont-du-Château, Billom, Lezoux, Besse, Issoire, Vic-leComte, Sauxillanges, Usson, Saint-Germain-Lembron, Ardes (chef-lieu du duché de Mercœur), Blesle, Auzon, Brioude, la Chaise-Dieu, la Voulte et Langeac.

L'Auvergne fut sans contredit le pays le plus célèbre de la Gaule Celtique par les longues guerres que ses rois firent aux Romains, et par les colonies que ses peuples fondèrent dans la Lombardie, la Bohème, la Frise et la Westphalie. Lorsqu'après avoir balancé longtemps la fortune de César, la nation arvernienne succomba enfin avec Vercingétorix, et fut réduite en province romaine (46 ans avant J.-C.), elle conserva de beaux priviléges: entre autres l'établissement d'un sénat à l'instar de Rome. Elle obtint aussi le droit de bourgeoisie romaine pour Augustonemetum, sa capitale, patrie d'Avitus, qui fut élevé à l'empire en 455.

Comme province romaine, l'Auvergne comprenait avec son territoire le Vélay et le Bourbonnais. C'est assez dire qu'elle avait perdu la plus grande partie des états soumis à sa domination, qui s'étendait sous ses rois de la Loire à la Méditerranée, y compris Narbonne jusqu'aux confins de Marseille, et des Pyrénées jusqu'à l'Océan et au Rhin. Cette province était passée sous la domi

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nation des Visigoths depuis l'an 474, lorsque Clovis la conquit en 507. Incorporée au royaume d'Austrasie en 544, elle en fut séparée en 630, pour faire partie du duché d'Aquitaine, et fut gouvernée par des comtes amovibles, soit au nom de la maison d'Aquitaine jusqu'en 770, soit depuis cette époque pour les rois de France.

Lorsque l'hérédité commença à s'introduire dans les grands fiefs de la couronne, l'Auvergne eut pour 1er comte héréditaire Bernard II, dit Plantevelue, père de Guillaume le Pieux, comte d'Auvergne en 886, mort sans postérité, et d'Adelinde, mariée avec Acfred, comte de Carcassonne, et dont le fils aîné, Guillaume II, dit le Jeune, succéda à son oncle Guillaume le Pieux en 918. Guillaume II et son frère Acfred, qui gouverna pendant deux ans après lui, étant morts sans enfants en 926 et 928, Ebles, comte de Poitiers, fut investi du comté d'Auvergne par le roi Charles le Simple. Raimond-Pons, comte de Toulouse, lui succéda en 932. Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, donna en 979 à Gui I, vicomte d'Auvergne, l'investiture du comté d'Auvergne, dont il se réserva la suzeraineté comme duc d'Aquitaine.

Cette nouvelle dynastie, continuée par Guillaume V, frère et successeur de Gui, s'est divisée en deux branches principales au milieu du XIIe siècle, après une querelle de succession qui arma la France contre l'Angleterre. Guillaume VII, comte d'Auvergne, avait eu deux fils, Robert III et Guillaume IX, dit le Vieux. Le premier mourut avant le second, laissant de Marquise d'Albon, sa femme, fille de Guigues IV, dauphin de Viennois, un fils, Guillaume VIII, dit le Jeune. Celui-ci avait à peine succédé à son père qu'il vit son oncle, Guillaume IX, lui disputer le comté d'Auvergne, prétendant que la représentation n'avait point lieu en ce pays. Dépossédé en 1155, Guillaume VIII, secondé par l'Angleterre, continua la guerre contre son oncle jusqu'en 1169. Elle fut terminée à cette époque par un traité qui garantit à Guillaume IX la possession du comté d'Auvergne, et restreignit comme nous allons l'indiquer l'apanage de la branche aînée.

DAUPHINS D'Auvergne.

Guillaume VIII, comme comte d'Auvergne, et Ier comme dauphin, conserva le comté de Vélay, et eut dans le partage de l'Auvergne la châtellenie de Vodable, Ludesse, Issoire, le Cheyla, Tourzel, Meillaud, Saint-Ilpize, Combronde, Langeac, Saint-Herem, Saligny, ainsi que la moitié de la ville de Clermont. Longtemps avant ce partage et dès 1449, Guillaume le Jeune avait adopté du comte Guigues d'Albon, son aïeul, le titre de dauphin, et pris pour armoiries un dauphin au lieu du gonfalon d'Auvergne, conservé par les descendants de Guillaume le Vieux, son oncle. A partir du traité de 1169, Guillaume I, et ses successeurs portèrent le titre de comtes de Clermont et de Montferrand avec celui de dauphins d'Auvergne. C'est cette portion de territoire qu'on appelait la principanté d'Auvergne, pour la distinguer du comté d'Auvergne proprement dit, de la terre d'Auvergne dont nous parlerons plus bas, et du comté de Clermont dont jouirent les évêques de cette ville (1) depuis 1202 jusqu'en 1552, qu'un arrêt du parlement, rendu en faveur de Catherine de Médicis, les en dépouilla sur ce fondement, que Robert, évêque de Clermont, n'ayant eu ses droits sur la ville de Clermont qu'à titre de dépôt de Gui Il,

(4) Ce comté se composait d'une partie de la ville de Clermont et de sa banlieue et des châtellenies de Chamalières et de Montrognon.

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