Je ne sais pourquoi ce nom, ni pourquoi son caract. péj. On sait que la Marianne est aussi un terme péj. pour «< la République ». Dans ce dernier cas, le nom peut venir du buste de la République considéré comme la représentat. d'une fausse Marie (sainte Vierge). C'est ainsi qu'on appelle aussi qqfois à Lyon la République la Poutrône (v. ce mot). Mais la même explicat. ne peut se donner pour bise, et Marianne n'a pas en général de sens péj. MARIE-GRAILLON surnom donné à une femme malpropre; de graillon (dans sentir le graillon, l'odeur de graisse brûlée). « Il épouse une Marie-Graillon. »> Le nom de Marie est devenu un terme générique pour femme. Cp. la Marie-Salope, navire qui, à Marseille, cure le port; Marie-bon-bec, parleuse; béarn., pr. Marie-brasoc, femme malpropre. Cp. aussi pr. Mario-meco, fr. sainte-nitouche; vfr. mariole, pr. marioto, marionnette. de Marie. Mais le singulier, c'est que ce nom de Marie-Graillon se retrouve jusque dans la Suisse occidentale (v. marigraillon dans Bridel). * MARINGOTTA (maringota) s. f. Voiture légère à 2 roues, très en usage sur la route de Paris (Coch). » — On me dit qu'au temps des rouliers c'était une voiture légère à un seul cheval, qui suivait les voitures des rouliers. Chaque train de roulier avait sa maringotte. Je ne comprends pas bien quel en était l'usage dans cette circonstance; peut-être était-elle destinée aux provisions et aux bagages des rouliers. Coch. dit « qu'on les nomme ainsi parce que les premières se sont faites à Maringues en Auvergne ». Parmi les étym. proposées, celle de Coch., marjolaine, fleur, est encore la plus plausible. Cp. muguet, petit-maître, de muguet, fleur. Mariole, poupée, n'est cependant pas absolum. impossible (v. margoulin), Quant à margouler, frauder, présenté par Grandg., il n'est pas admissible, g ne s'adoucissant pas devant o, et le sens ne se prêtant pas à cette explicat. MARLAN V. merlan. MARLO - PÊCHARET (marl' pêcharė ) s. m. - Martin-pècheur. De marlo « merle », et pêcharet. Morphologisme de martin pêcheur. Le suff. eret, aret, ajouté au rad. (pêch-aret) n'est pas très rare. Cp. folli-aret, part-eret, roi-pet-eret. Peut-être à l'orig. le subst. a-t-il été fait av. l'infinit. du verbe, auquel a été ajouté le suff. et pêcher + et. Ou est-ce un 2e suff. ajouté au fr. eur: pêcheur-et pêcharet? Quant à marlo, il a été substitué au fr. martin, de martinpêcheur, quoique le merle n'ait aucun rapport av. l'oiseau, mais uniquem. parce que le nom de merle était connu et celui de martin ignorė. MARNEFFE v. marnèfle. MARNÈFLE (marnèfle) MARNEFFE (marnèfe) s. f. - Mazette, personne faible, musculairem. ou moralem., molle, lache, sans courage. Pr. marnèfle, flagorneur; lgd. marnéfio, suborneur. D'après Roquef. vfr. manèfle, proxénète. M. Mistral indique av. raison l'étym. de it. maner(o)le. Chute de la 1re post. ton. (52); épenth. der (184 6o, e). On a marnèrle, où e se durcit en f, comme on l'éprouvera si l'on essaye de prononcer marnècle. Le durcissem. a toujours lieu, du reste. à la finale des mots (cp. bref, de brevem). Quant à manevole, c'est manus, plus le suff. it. ole, d'abilis, le tout répondant au fr. « maniable ». La finale e, au lieu de o en ln., est due au type it. Pour la forme marneffe cp. In. catoffle, prononcé souvent catoffe; vfr. guimple, devenu guimpe; In. étape, de stapel; étampe, de stapel. Cp. aussi l'échange inverse dans vfr. épitafle pour épitaphe (Du C.). Le sens de vfr. manèfle, proxėnète, concorde av. l'étym. manus: manefle « qui prête la main ». Peut-être connexe au piém. marossé, maquignon, ruffian; milan. marossê, fém. marossera; bergamasque et bresciano marosser, même sens; piém. marossè, lomb. marossa, tromper sur la vente des chevaux. Le piém. et le ln. ont beaucoup de mots communs. Maross vient sans doute du vha. marah « equus » comme le font remarquer MM. Flechia et G. Paris (on le retrouve au reste dans le mot maréchal). Dans l'it. dialectal murosser, er représente le suff. arius. Le correspondant In. serait marossairo. fém. marossairi marossiri. Il faut supposer, à l'ex. du piém. et du lomb., un v. marossi, faire l'entremetteur; d'où un subst. v. marôssi, qui aurait passé à marochi sous une infl. inconn. MAROJO (marojo, oja); ap Coch MAROUJO, JA adj. Printanier, en parlant des fruits, des fleurs. Celos fruits sont maroujos, ces fruits sont précoces. Étym. inconn. Peut-être formé sur mar(s), lorsque s était déjà tombée (on dit mór, mars, et on a dit jadis mar), av. l'addit. d'un suff. par analog. av. vernojo « qui est hivernal ». Le mois de mars est le symbole de la précocité printanière. Ojo représente aticum = ajo ojo. * MAROUJO v. marojo. MARPAILLA (marpalla) MARPALIA; ap. Coch. MARPALLIA adj. deo 2 g. Écrasé, gâté, abimé. « On s'eit tout mar pallia en chéiant, il s'est fait beaucoup de mal entombant. » (Coch.) Assez marpalia, Ein tré Isotrs la Zobet se lève « Suffisamment abîmée, En trois temps la Zobel se lève. » (Mort de la 2.) Adj. particip. de marpailli. MARPAILLI (marpa!hî) v. a. — - Écraser, gåter, abimer, souiller. For. marpailla, gaspiller; dph, marpauda einmarpalha, rouer de coups, éventrer, ap. Mistral; dph. marpaillé einmarpailli, goinfrer. ap. Charbot. Voironnais marpailler; Blanchet ajoute: « dans le rom. (?) marpailler, gâter, déchirer ». Vos raisonnoz tous doux comma de vré piou gnairo, Eu volant marpaly quou pouro melonairo. « Vous raisonnez tous deux comme de vrais peigneurs de chanvre, En voulant abimer ce pauvre marchand de melons. » (Mel.) D'un rad, marp (?) et d'un suff. fréq. ailli. Ce rad. n'a rien fourni à la plupart des langues romanes: it., esp., port. On ne le retrouve pas davantage en celt. ni en germ. Mais il parait avoir donné le vfr. marpaut. goinfre, voleur, vaurien, usitė encore en dph., et le vfr. marpas, sale, vilain. On le retrouve encore dans le dph. marpa, qui paraît signifier blessure, broiement, dans les vers suiv. du Batif. (au mot agropô, j'ai bien à tort identifié marpa av. harpa, sur la traduction inexacte, par M. Lapaume, de marpa par serre): Et peu l'acomparauo coll. Poussière de plàtras, menus débris provenant de la démolit. d'un mur, décombres. Fr. merrain bois de construction, bois préparé pour les tonneaux. Plus luin al aparciout doze bouches d'airain, << Plus loin il aperçoit douze canons Qui font d'une maison un tas de décombres.» (Brey.) C'est sans doute le fr. merrain av. une dérivat. de sens, materiamen signifiant en général choses propres à la construction; d'où un dér: « choses provenant de la construct. » Le passage de e init. à a a eu lieu sous infl. de r (66). MARRAIRO (marėro) s. m.; ap. Coch. MARREROS s. m. pl. Coch. dit: « Los marrèros, les pionniers qui descendent des montagnes du Velay pour travailler dans la plaine pendant les hivers. » Aujourd'hui le marrairo est le terrassier, en général. Je ne sais pourquoi Coch. a employé le plur. Vo zou saides, ménòs, noutro meimb'honoreiro Veyont dou mêmo zio l'orfevre et lo marraio. « Vous le savez, camarades, nos membres honoraires Voient du même œil l'orfèvre et le terrassier. » (Discours). De* marrarius, celui qui travaille à la houe, à la pioche, à la pelle. Arius = airo (13). MARREROS v. marrairo. MARRO (marô) v. n. Travailler de peine. Vos n'ein dzirioz pôs tant de quelo biaux monsus, Que vo fant bien marrò par vo crachi dessus. « Vous n'en diriez pas tant de ces beaux messieurs Qui vous font bien peiner pour ensuite vous cracher dessus. » (Mel.) Los de toujor marrô sins avi paix ni trêva. Las de toujours peiner sans relâche. » (Mon.) Demarrare, de marra, pelle. Ch. de are en 6 (14 3°). L'idée primit. est celle du travail de terrassier (v. marrairo). MARRONO (marònô) v. n. — - Gronder, murmurer, être mécontent, grognon. MARSIA (marsia); ap. Coch. MERCIA Averse, ondée de courte durée. Vaiquia una mercia, voici une ondée (dans Coch., qui donne cette forme mercia comme usitée à Cond.) Ys avisauviant la reviri quando vegni una marcia», ils regardaient la rivière quand il survint une averse (Dial.). Son chapio n'ara pou d'ina marcia de bugnes. Son chapeau n'aura pas à redouter de recevoir une averse d'excréments. » (Hym.) De (im-)mersia pour (im)mersio. La forme de Cond. met à néant toute étym. qui serait tirée de mars, averse du mois de mars, a ne passant pas à . Dans la forme marsia ch. de e en a sous infl. de r (24). MARSOTTA (marsôta) s. f. A St. Mart. Centaurée à grosse tête des blés, bluet. Il y a une graminée nommée marsette des prés. Dans marsette, l'r est probablem ̧ épenthétique, et le nom orig. doit être massette, de la forme de la plante, car elle est aussi nommée fléau. De même la massette aquatique tire son nom de la forme de son épi. Je crois que la marsotta doit aussi son nom à sa forme, qui a qq. ressemblance av, celle d'une petite massue. Au rad. s'est ajouté le suff dim. otta, au lieu de ette dans les mots fr. L'épenth. de rest si commune (184 6' c) qu'elle ne fait pas difficulté. Le phénom. de l'épenth. de rse remarque dans le pr. marsourau pour massourau, massurau, centaurée scabieuse (Mistral, Azaïs). * MARTINETS (martinė) s. m. pl. « Fonderie de cuivre ou de fer. Ainsi nommés des marteaux que l'eau fait mouvoir.» (Coch.) On désigne aujourd'hui sous ce nom, non pas des fonderies de cuivre ou de fer, mais de petites forges où l'on fabrique des ustensiles de ménage en fer. Ces petites usines sont toutes établies le long des cours d'eau. Ss.-rom. martinet, forge, atelier de clouterie. M. lat. martinetus, forge dont les marteaux sont mus par un moulin. Du rad. mart, de martellum, av. un 1er suff. in et un 2e suff. et. La réunion de ces deux suff. est ordinairem. très dim. (cp. tantinet, sadinet), mais ici au contraire le mot désigne des instruments beaucoup plus gros que des marteaux. MASSOU (massou) s. m. Tombereau; on dit aussi CHOR MASSOU par opposit. au char à ridelles, nommé simplem, chôr. Répond au m. lat. massultus, espèce de char: «Per illud possint facile transire cum bobus, massulto, pedes, eques, etc... Boves meos, qui sont onerati massulto et fumo... » (Du C.. à massultus). Le rad. du mot, selon Du C., serait ma(n)sus, parce que le char faisait partie du matériel de la mansa. Cette orig. est confirmée par mansou, à Montreux train à un cheval pour amener des bois. La 2 partie du mot est fort bizarre et obscure, car il n'existe pas de suff. ultus. De massou massultus le m. lat. avait dér. massoda, massultata, charge du massou. Cette charge était celle de deux barotta, mot encore usitė pour brouette. MASSU, UA (massu, ua) adj. — Gros, robuste. Jusqu'à tant qu'un golat, plus massu qu'in toriau... « Jusqu'à ce qu'un homme très grand, plus robuste qu'un taureau... » (Mėn.) De massa, av. suff. ou, d'osus (35). MASSUQUE, express. donnée par Coch. av. la significat. de « il me semble, je crois ». * C'est le même que m'assorë (v. ce mot), du b. lat. assecurare, vpr. asegurar, pr. assegura. Mais la format. est obscure. Le pr. dit m'assegure, je crois, je suis certain. C'est probablem. m'assegure qui a été transformé en m'assègue m'asseugue m'assugue et m'assuque, sans que je puisse dire sous quelle infl. s'est opérée la régress. originaire de l'acc. Que le mot ait été m'assugue avant d'être m'assuque, le fait est certain, puisque le même phénom. s'est passé en pr., où partout g fin. s'est durci en c (cp. castigo castig castic). Quoi qu'il en soit, le mot est aujourd'hui hors d'usage. Le b. dph. a massi« peut-être », qui n'est pas le même mot. MASTOQUE (mastoke) adj. des 2 g. Lourd, grossier, trop gros en parlant des choses ou des personnes. Norm. mastoc, lourdaud; Vosges mastoque, lourd, grossier; genev, matoque, sotte, nigaude. Étym. inconn. On pourrait y voir le fr. masse, plus une 2e partie toc toque, qui dans l'est de la France signifie souche. Le phonème pėj. oc oque, av. le caract. de lourdeur, de stupidité, se retrouve dans gnoque. Comme sens cp. pr. materiau, homme lourd, sans esprit. MASUA (mazua); à Paniss. MONZOTTA (monzôta); à Villefr. MOSO! (môzoi) s. f.; ap. Coch. MAZUÈS s. f. pl. Gév. mesères - Fourmi. Il semble bien qu'on doive le rapprocher du vha, ameiza, mha. ameise, angl. emmet, même sens; d'un type goth. qui, suiv. Grimm, a m. pu être Sobriquet donné aux terroristes * amaitô ou* amaitei. Au rad. se serait pendant la Révolution. Dans mon enfance ajouté le suff. a, d'ata, ou le suff. dim. on ne les désignait encore que sous ce nom. otta, suiv. les endroits. Mais dans ce cas Voici ce que dit Coch.: « Dénomination la format. est singulièrem. obscure. En donnée pendant la Révolution à ceux qui, effet, l'all. ameise est accent. sur a init. Sous prétexte de liberté, se livraient à (cette accentuat. s'accuse davantage dans tous les excès, en opposition aux Muscale pl. aemse). Or, pour qu'ameiza ait pu dins, qui tenaient le parti des honnêtes donner masua, il faut admettre qu'il y a gens. >> eu progress. de l'acc. sur la médiale, sup posit. des plus extraordin. Je ne sais pas davantage expliquer le passage de mazua à monzotta à Paniss. Cp. cependant Madalena devenu Mondeleine. La forme de Coch. est le plur. rég. de masua, mais devrait être écrite masuë(8). In. Se dit des paquets de chanvre que les femmes portent au marché. Evidemm. de mataxa matacsa, mais on devrait avoir mataissi, et en admettant que le mot est formé sous infl. de la phonet. br., metaisse. Je ne sais pas expliquer cette irrég., mais il arrive qqfois que ac donne a (cp. voironn. ma, de mag(idem). * MATELOTTA (matelòta) s. f. Lgd. mateloto Espèce de gilet sans poches et sans manches que le paysan met sous sa veste. Ce vêtement est presque toujours en molleton. » (Coch.) Cette express. est aujourd'hui inusitée. De fr. matelot, sans doute parce que ce vêtement était à l'orig. porté surtout par les matelots. * MATEVON v. mathevon. MATHEVON; ap. Coch. MATEVON s. Quai tai don cela grand féta U compare Matheron. « Qu'est donc cette grande fète, Que nous avons dans Lyon, Disait la mère Tête Au compère Mathevon. » (Chans. politique, contemporaine de la Révolut. et qui doit être de Revér.). « Le mot matevon vient d'un taffetatier de Lyon qui figurait dans une farce appelée la Vogue de Saint-Denis de Bron et qui se mêlait de parler de politique. » (Coch.) L'orig. indiquée par Coch., contemporain de la Révolut. paraît exacte. Mathevon est un nom propre lyonnais, et les noms de personnages de comédie sont devenus souvent populaires (cp. Gilles, Riflard, Dandin etc.). Matheron, n. propre. est un dér. de Matthieu, (cp. Mathivet). Toutefois j'ai lu, je ne sais plus où, que le nom de Mathevon « révolutionnaire » venait du pat. matevonna, étêter un arbre; d'où mathevon, coupeur de tétes. Je ne connais pas le pat. matevonna, mais on dit motto (autrefois motta), ébrancher un arbre, et il se peut que qq. paysan ait trouvé plaisant d'en forger un mathevonnô sur mathevons coupeurs de têtes ». Cette explicat. me semble plus probable que l'inverse. D'après le Supplém. au Dictre de l'Académie, cité par Mistral, le nom de Mathevon aurait existé non seulem. à Lyon, mais encore dans l'est et dans le midi de la France. Dans ce cas, il s'y serait étendu de Lyon; mais je doute de l'exactitude du renseignem, |