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Le skating-ring a été remplacé par le lawn-tennis; si l'on a la digestion difficile, on prend une pastille de pepermint. A-t-on soif? on boit un sherry gobler ou un verre de pale-ale. A-t-on faim? on mange un sandwich. Voyage-t-on, c'est en sleeping-car. Vrai la moutarde anglaise et les pickets m'en montent au nez. Oh! l'anglomanie! Pour moi, les Anglais n'ont inventé qu'une chose utile: les water-closets. Vive l'anglomanie!

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LA RAGE DE FERMER... (LES THÉATRES)

« Messieurs, on ferme! >>
Un gardien du Louvre.

Notre aimable confrère, M. Henry de Pène, a commencé avec esprit une campagne contre la rage des fermetures de théâtres. Notre ami Henri de La Pommeraye lui emboîte le pas, et en sa double qualité de critique distingué et de professeur émérite au Conservatoire, il aborde un terrain qui lui est familier. Après eux viennent de nombreux journalistes ès-théâtres abondant dans les mêmes idées. Nous croirions manquer à notre rôle si nous ne protestions de toutes nos forces contre cette rage qui a pour effet de faire de Paris la ville des plaisirs une immense nécropole.

Jadis aucun théâtre ne fermait, sauf l'Odéon et le théâtre Italien. On jouait des pièces de circonstance, comme les Plaisirs de l'été, les Environs de Paris, les Canotiers de la Scine, le Chevalier Printemps, Paris dans l'eau., etc.

Ces directeurs qui canent devant les premiers bourgeons ne nous feront jamais accroire que les nombreux étrangers, les provinciaux et tous les parisiens obligés de rester chez eux ne préféreront pas aller entendre une pièce bien faite et amusante plutôt que de passer la soirée à la terrasse d'un café ou dans le promenoir de l'Eden dont les anges ont les ailes rien moins que blanches.

Il ne faisait pas moins chaud il y a vingt ans qu'aujourd'hui, au contraire, car on portait du coutil et de l'alpaga dès le dimanche de Pâques (que le thermomètre et le baromètre ont changé!) et malgré toutes les provocations de la nature en fête de printemps, malgré

toutes les caresses d'un premier soleil bienfaisant, on ne fermait pas les théâtres, et ils faisaient recette même pendant la canicule.

Est-ce à dire que les impressarii d'alors étaient moins... ou plus... avisés que ceux d'aujourd'hui ?

A MM. Claretie, Ritt, Gailhard, Duquesnel, Floury, Monza, Derenbourg, Léon Marx et autres qui ne ferment pas, de nous répondre. (Affranchir s. v. p.)

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LA RAGE DU JEU

Il faut des jeux au peuple, des dieux aux sacrifices.

SOUMET.

M. Camescasse, préfet de police, a fait fermer nombre de cercles ouverts. D'aucuns disent que M. Gragnon, notre populaire et nouveau préfet, en laisse rouvrir quelques-uns, à la condition qu'ils puissent se gérer eux-mêmes.

Henri IV disait, la balle qui doit me tuer (il ne prévoyait pas le couteau) n'est pas encore fondue. Le préfet de police français qui oserait dire « Le jeu sera banni de France » mériterait d'être exposé sous verre au cercle de la rue Royale ou aux Mirlitons.

En effet à ceux qui prétendent que l'on ne joue plus, nous pourrions répondre que dans tous les cafés on joue:

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Les échecs sont particulièrement en faveur au café de la Régence, où l'on fait des matchs par correspondance. Le Monde illustré donne toutes les semaines les résultats de parties engagées entre Paris et Saint Pétersbourg, entre Vienne et Pékin. Chez les horizontales et dans les tables d'hôte du quartier Bréda où l'on cartonne, le Rams

fait fureur. Le noble jeu de billard règne en souverain à l'Elysée où notre président ne fait jamais grâce à une fausse-queue.

L'écarté s'aristocratise quand il est joué dans les soirées du monde où il y a signature de contrat. Les grands parents tournent le roi de cœur pendant que les fiancés se jurent amour éternel.

Les petits porteurs de télégrammes font la nique à M. le ministre des postes et télégraphes en jouant aux billes et à saute-mouton pendant que les destinataires badauds font galerie pour les voir. Le jeu de mains sera toujours jeu de vilains même pratiqué par la beauté. Les soldats jouent à la drogue dans les casernes et c'est toujours le conscrit qui écope. Une rage que la police est impuissante à modérer, c'est le jeu de bonneteau qui fait tant de victimes sur la voie publique et sur les voies ferrées; demandez plutôt aux préfets qui ne voyagent plus que armés jusqu'aux dents. Sur l'Esplanade des Invalides, jeux de boules et de quilles pour les écloppés de Mars et Bellone.

On ne joue plus guère le tric-trac que chez les bourgeois rococos de la rue des Dames, lequel jeu des dames reste en faveur partout et principalement aux promenoirs des Folies-Bergères et de l'Eden, et au Jardin de Paris.

Le jeu des petits chevaux qui a fait rage pendant si longtemps dans tous les casinos de France et de Navarre, n'est plus guère en faveur à Paris où il est distancé de plusieurs longueurs par le jeu des grands chevaux et des chevaux de bois qui tourneront tant que la terre

tournera.

Les jeux du cerceau, de la balle, du ballon, du volant, de la corde, de la toupie et du sabot font toujours la joie des enfants et la tranquillité des parents dans tous nos squares, promenades, et jardins publics.

Le tonneau et le jeu de bouchon n'ont pas encore émigré des tonnelles de nos restaurateurs extra-muros.

Chez les mastroquets et liquoristes intra-muros on joue au tourniquet et au zanzibar; on joue également aux dés dans quelques brasseries derrière la Bourse entre commis d'agents de change venant jouer leurs bocks, en se montrant le point... gagnant.

Le jeu de Bourse sérieux se joue à côté dans ce grand temple grec où Plutus fait la hausse et la baisse. Le dimanche en été, lorsque tous les Parisiens vont se faire rôtir à la campagne, les concierges et les garçons marchands de vin se livrent à des parties effrénées de palets dans les rues désertes, et l'innocent passant qui rêve aux palais qu'il n'aura jamais en reçoit un dans les jambes.

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