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Avec Alphonse, la canne à pêche. N'insistons pas.

Avec un cultivateur, le coupe-choux!

Avec un coiffeur, le fer... Ça le défrisera.

Avec un tailleur, le fusil à aiguille.

Avec un arroseur, la lance. Ce qu'Alphand sera vexé.

Avec un commissaire-priseur, le fusil à tabatière. bénisse!

Avec Arban, le fusil à piston.

Dieu vous

Le duel aux mauviettes.

Il a lieu au moment de la chasse : les deux adversaires s'attablent au restaurant; le garçon leur sert deux mauviettes. Les témoins dînent à la table à côté. Au bout de quelques instants, un des adversaires pâlit, chancelle et tombe sous la table en se tortillant comme un serpent pharaon dans le creux d'une assiette. C'est le vaincu! Le malheureux est tombé sur la mauviette empoisonnée !

Le duel au poisson.

Il y a encore le duel à l'arête; celui des adversaires qui s'étrangle en mangeant une carpe au bleu passe au... vert.

Enfin il y a pour les piliers d'estaminet, le duel au bitter. On mêle à cet apéritif un peu de cyanure de potassium et l'on est photographié à tout jamais pour le grand voyage.

Terminons par un duel homérique qui fit époque en son temps.

LA RAGE DU DUEL

Le duel aux hannetons.

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Ce duel étrange eut lieu, lorsqu'éclata la première brouille du banquier Mirès avec Millaud, le fondateur du Petit Journal. Il y avait eu entre eux des mots un peu vifs; une rencontre fut décidée.

On était au printemps; le duel eut lieu à Arcachon.

Les témoins, tous quatre amis des adversaires, chargèrent les pistolets avec des... hannetons!

On plaça les combattants à vingt-cinq pas, en leur recommandant d'attendre le signal pour tirer.

Au bout d'un instant, chacun vit un point marron surmonté d'une petite aigrette apparaître au bout du canon de son pistolet.

Cette balle d'un nouveau genre se mit à battre des ailes et s'envola en bourdonnant, au milieu des éclats de rire de la société.

Comment ne pas déjeuner après cela?

Du reste, 39 fois sur 43, les duels finissent par un déjeuner.

Un duel entre polémistes

Le plus souvent se passe ainsi.

La fin du duel est des plus tristes,

Ou le plus souvent celle-ci :

A respirer l'air d'la nature
L'appétit arrive, soudain,
Surtout si ça sent le lapin!
On veut bien s'casser la figure
On ne veut pas mourir de faim!

LA RAGE DU VOLAPUCK

Maintenant tout est bien changé; on parle argot; c'est plus facile et cela demande moins d'étude. PRIVAT D'ANGLEMONT.

Je demande que l'on expulse du territoire français celui qui a inventé cette scie dont nous assomment les camelots du boulevard. N'est-ce pas assez que notre belle langue se soit « enrichie » d'argot d'atelier ou de théâtre, d'expressions d'écurie ou de caserne, de mots anglais, de phrases bizarres et de termes plus que crus en bonne odeur auprès de messieurs les réalistes.

Pourquoi au lieu de dire, c'est chic, comme jadis, ce que tout le monde comprenait, dire : c'est bécarre, vlan, ah? Allez donc dire cela à votre boucher, vous verrez quelle réjouissance il en aura, et à votre boulanger qui du coup vous octroiera un pain!

:

Pourquoi au lieu du mot cocotte, qui désignait bien la jeune personne qui a perdu tous ses droits à la fleur d'oranger, et ne demande qu'à vous manger dans la main, dire maintenant horizontale? On a essayé de lancer dans la circulation les agenouillées et les momentanées, mais cela n'a pas pris. Demi-mondaine me plaisait et de graves académiciens emploient ce mot plutôt qu'hétaïre qui a fait son temps.

A la rigueur, je comprends que certains mots tombent en désuétude, et qu'on les remplace par d'autres. Mais pourquoi cette langue universelle. Où voyez-vous la nécessité que le mot pain, par exemple, ne se dise plus braut en allemand, breath en anglais et je ne sais comment en espagnol? Ce serait une révolution chez les nourrices dont le lait tournerait quand elles voudraient apprendre ce dialecte pour donner ensuite des leçons à leurs nourrissons, pour lesquels l'heure

LA RAGE DU VOLAPUCK

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du sevrage aurait sonné en même temps que celle de l'instruction laïque et obligatoire.

Voyez-vous à la Sorbonne tous ces savants réunis dans un amphithéâtre et se prenant aux cheveux (ceci est une figure, car tous les savants sont chauves et ceux qui ont des cheveux les ont achetés chez leur perruquier), histoire d'enfanter un nom collectif. Prenons le mot amour par exemple. En français c'est charmant, n'est-ce pas? Et en italien, amor, c'est doux à l'oreille et cela fait bien avec accompagnement de musique. En allemand, liebe est déjà dur; en anglais love est plus moelleux. Le Hollandais dira, je crois, libbbbtt, l'Espagnol crrrr, et le Hottentot, hou-hou. Tâchez d'amalgamer une ou deux voyelles avec trois ou quatre consonnes de chaque idiome et vous arriverez au mot: blague, qui est, je crois, la seule traduction de ce satané volapuck, qui me rappelle le vol aérien du lutin Puck dans le Songe d'une Nuit d'été!

Ne soyez pas étonné si, après cette digression, on m'offre un cabanon chez le docteur Blanche!

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LA RAGE DU RÉALISME AU THÉATRE

Et tout ce qu'elle a pu dans un... tel accessoire
C'est de me renfermer dans une grande armoire.

MOLIÈRE.

La rage n'est pas un accessoire, mais certains accessoires me mettent en rage et je proteste contre la rage des accessoires réalistes au théâtre.

Pourquoi se servir d'une épée véritable qui peut transpercer l'artiste au lieu de l'épée qui rentre dans sa gaine?

Pourquoi employer, comme dans l'Assommoir un véritable seau d'eau pour le flanquer à la tête de Gervaise et l'enrhumer?

Pourquoi de la soupe aux choux, comme dans l'Ami Fritz, soupe dont le fumet vous prend à la gorge? Du vrai champagne qui peut mettre en état d'ébriété l'artiste en scène et quelquefois ami d'un léger plumet, ou un poulet authentique qui fait bafouiller le comique, lequel manque de s'étrangler avec le sot-l'y-laisse.

Aussi je propose de revenir. quant aux accessoires de théâtre, au vieux jeu, le seul qui ne puisse jamais faire de victimes.

Qu'on nous rende le poulet de carton truffé au chocolat, l'eau en toile peinte; le feu dont la flamme est suffisamment imitée par le scintillement du paillon. Les véritables armes à feu et les véritables armes blanches sont d'un maniement toujours homicide au théâtre : remplaçons-les par le pistolet à bouchon, le sabre de bois et le poignard en zinc qui rentre dans sa garde.

Le réalisme avait déjà forcé quelques directeurs à mettre entre les mains de leurs traitres, comme MM. Montal, Péricaud, Paul Deshayes, etc., etc., des fioles de vrai poison... subtil; brisons ces fioles et rendons à Lucrèce Borgia, à Castaing, à la Brinvilliers, à l'Aïeule le

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