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» Une visite chez M. de La Bazinière, Trésorier de l'Épargne, idem, 330 liv. » Une visite chez M. le duc de Roquelaure, l'Étourdi et le Cocu, 25 louis d'or: 275 livres.

» Une visite chez M. le duc de Mercœur, le Cocu imaginaire, 150 livres. » Une visite chez M. le comte de Vaillac, l'Héritier ridicule et le Cocu, 220 livres.

» POUR LE ROI.

» Le samedi 16 octobre, au Louvre, le Dépit amoureux et le Médecin volant. » Le jeudi 21 octobre, l'Étourdi et les Précieuses, au Louvre.

» Le mardi 26 octobre, l'Étourdi et les Précieuses, au Louvre, chez S. E. M. le cardinal Mazarin, qui était malade dans sa chaise. Le Roi vit la comédie incognito, debout, appuyé sur le dossier de ladite chaise de Son Éminence (Nota qu'il rentrait de temps en temps dans un grand cabinet). Sa Majesté gratifia la troupe de 3000 livres.

» Le 23 novembre, un mardi, on a joué à Vincennes, devant le Roi et Son Éminence, Dom Japhet et le Cocu.

» Le samedi 4 décembre, joué au Louvre, pour le Roi, Jodelet prince. » Le 25 décembre, joué au Louvre D. Bertrand et la Jalousie de GrosRené.

» La troupe a reçu, dans l'intervalle qu'elle n'a point joué en public, CINQ

MILLE CENT QUINZE LIVRES. »

(50) Don Garcie fut représenté de nouveau le 29 septembre 1662 devant le roi, et en octobre 1663 à Chantilly, et deux fois à Versailles. On voit par là que Molière affectionnait son rôle. Mais il essaya en vain de reprendre Don Garcie en novembre 1663 sur le théâtre du Palais-Royal. Cette pièce ne put être jouée que deux fois, le 4 et le 6, bien qu'elle fût appuyée de la première et de la seconde représentation de l'Impromptu de Versailles, (Registres de la Comédie-Française.)

(51) Suzanne de Bruc, femme de Jacques de Rougé, seigneur du PlessisBellière. Pour justifier l'épithète de complaisante que nous lui avons donnée, il nous suffira de citer le passage suivant d'une lettre de Conrart : « J'ai ouï assurer de bonne part qu'on a trouvé une lettre d'elle à M. le Surintendant, la plus infâme qui se puisse imaginer: ce qui est incroyable, quoique personne ne doute ici qu'elle soit vraie. Je vous ai découvert, lui dit-elle, une fille qui ne vous coûtera que trente pistoles; et, si, vous la trouverez autant à votre goût que celles qui vous coûtent tant d'argent. » Je suis assuré du moins qu'elle était de la plupart de ses intrigues, nonobstant sa dévotion extérieure, ses simagrées et la liardiesse qu'elle avait de prétendre au gouvernement des enfants de France, que le roi a donné si justement à madame de Montausier. " (Mémoires de V. Conrart, publiés par M. Monmerqué,

pag. 257.)

(52) Les Mémoires du temps, et entre autres ceux de Saint-Simon, de Bussy-Rabutin et de Choisy; les lettres de madame de Sévigné, etc., etc., contiennent sur Fouquet un grand nombre des faits qui précèdent. M. Walckenaër, dans le cadre duquel cet épisode et tous ses détails rentraient nécessairement, en a tracé un tableau fort intéressant, auquel nous croyons de

voir renvoyer nos lecteurs, Histoire de la Vie et des Ouvrages de La Fontaine, in-8°, troisième édition, pag. 75 et suiv.

(53) Grimarest, page 49, dit que ce ne fut pas M. de Soyecourt, mais une personne qu'il a des raisons pour ne pas nommer, qui dicta cette scène tout entière à Molière dans un jardin. Nous avons aussi nos raisons pour accorder plus de confiance à Ménage, auquel on doit la première version, qu'à Gri

marest,

(54) Outre la comédie des Fâcheux, faite, apprise et jouée en quinze jours, nous voyons encore Molière composer et faire jouer, en huit jours, l'Impromptu de Versailles; en cinq, l'Amour médecin.

(55) La Monnoye, trompé probablement par ce bruit, dit, en parlant de Chapelle, dans la préface de son Recueil de pièces choisies tant en prose qu'en vers, La Haye, 1714 : « C'est à lui qu'est due une grande partie de ce qu'ont de plus beau les comédies de Molière, qui le consultait sur tout ce qu'il faisait, et qui avait une déférence entière pour la justesse et la délicatesse de son goût. »

Callières a adopté la même opinion (voir page ij de la préface des OEuvres de Chapelle et de Bachaumont, 1755). On lit aussi dans la Vie de Molière, par Grimarest, pages 226 et 227, et dans le dictionnaire de Moréri, qu'à la suite d'un défi porté par Molière à Chapelle, celui-ci traita le sujet du Tartuffe dont Molière lui avait donné le plan, et que « une famille de Paris, jalouse avec justice de la réputation de Chapelle, se vantait de posséder l'original du Tartuffe, écrit et raturé de sa main. » Il n'est pas douteux que Molière sachant très-bien, par la scène des Fâcheux, quoi s'en tenir sur le talent de Chapelle pour la comédie, ne lui aura pas proposé une sorte de cartel littéraire; il l'est encore moins qu'il n'aura nullement pu profiter de l'œuvre de son ami.

LIVRE DEUXIÈME.

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(1) L'Histoire du Théâtre français des frères Parfait contient (tom. XI, pag. 323, 324 et 325) plusieurs passages d'auteurs contemporains, qui tous font l'éloge de la grâce et des talents de la femme de Molière. On y voit qu'elle avait la voix extrêmement jolie, qu'elle chantait avec un grand goût le français et l'italien, et que personne n'a mieux su se mettre à l'air de son visage par l'arrangement de sa coiffure, et plus noblement par l'ajustement de son habit; que La Grange et elle faisaient voir beaucoup de jugement dans leur récit; et que leur jeu continuait encore lors même que leur rôle était fini; qu'ils n'étaient jamais inutiles sur le théâtre; qu'ils jouaient presque aussi bien quand ils écoutaient que lorsqu'ils parlaient...; que si mademoiselle Molière retouchait quelquefois ses cheveux, si elle raccommodait ses nœuds ou ses pierreries, ses petites façons cachaient une satire judicieuse et spirituelle; qu'elle entrait par là dans le ridicule des femmes qu'elle voulait jouer. »

On lit aussi dans une Lettre sur la Vie et les ouvrages de Molière et sur les comédiens de son temps, insérée au Mercure, mai 1740, et attribuée à la femme de l'acteur Poisson, fille de Du Croisy, laquelle fit, comme son père, partie de lá troupe de Molière, et joua d'original le rôle de l'une des Grâces de Psyché: « Elle (mademoiselle Molière) avait la taille médiocre, mais un air engageant, quoique avec de très-petits yeux, une bouche fort grande et fort plate; mais faisant tout avec grâce, jusqu'aux plus petites choses, quoiqu'elle se mit très-extraordinairement, et d'une manière presque toujours opposée à la mode du temps. »

(2) Voici la teneur de leur acte de mariage, inscrit aux registres de SaintGermain-l'Auxerrois :

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Jean-Baptiste Poquelin, fils de sieur Jean Poquelin et de feue Marie Cresé d'une part, et Armande-Gresinde Béjard, fille de feu Joseph Béjard et de Marie Hervé, d'autre part, tous deux de cette paroisse, vis-à-vis le PalaisRoyal, fiancés et mariés, tout ensemble, par permission de M. de Comtes, doyen de Notre-Dame et grand vicaire de monseigneur le cardinal de Retz, archevêque de Paris, en présence dudit Jean Poquelin, père du marié, et de André Boudet, beau-frère du marié; de ladite Marie Hervé, mère de la mariée, Louis Béjard et Madeleine Béjard, frère et sœur de ladite mariée. »

Cet acte est signé J.-B. Poquelin (c'est Molière); J. Poquelin (c'est son père); Boudet (son beau-frère); Marie Hervé; Armande-Gresinde Béjard; Louis Béjard, et Béjart (Madeliene), sœur de la mariée. (Dissertation sur Molière, par M. Beffara, pag. 7.)

Grimarest a prétendu que Molière, redoutant le dépit jaloux de Made. leine Béjart, lui cacha pendant neuf mois son mariage avec Armande, et que

Dans les actes qui concernent cette famille on trouve écrit, tantôt Béjart et tantôt Béjard.

ce ne fut qu'au bout de ce temps qu'un éclat de la jeune personne étant venu révéler ce mystère, il put consommer cette union. C'est une fable grossière. On ne tint point ce mariage caché à Madeleine Béjart, puisqu'elle signa l'acte de mariage de sa sœur.

Les registres de Saint-Germain-l'Auxerrois font foi que la célébration du mariage eut lieu le 20 février. C'était un lundi, et le lundi gras. La Grange, qui évidemment ne tenait pas son registre jour par jour, qui n'avait entendu d'abord en faire qu'un livre de comptabilité et de répartition, auquel il ajouta postérieurement des interlignes et des notes marginales sur les événements survenus dans la troupe; La Grange, par une addition faite à ce qui est relatif à l'interruption de Pâques 1661, dit : « M. de Molière épousa ArmandeClaire-Élisabeth-Gresinde Béjart le mardi gras de 1662. » Et au mardi 14 février 1662, après avoir mentionné comme représentation au théâtre les Visionnaires et l'École des maris, et avoir indiqué qu'on alla en visite le même jour chez M. d'Ecquevilly, il ajoute par renvoi en marge : « Mariage de M. de Molière au sortir de la visite. » Tout cela, comme nous le prouve l'acte authentique, n'est qu'une longue suite de confusions. Le lundi 20, jour du mariage, n'était point un jour de représentation. Il n'y a pas non plus de visite indiquée ce jour-là sur le registre.

"

(3) « Il y avait eu vraisemblablement entre Madeleine Béjart et Molière une association pour l'administration du spectacle; car on trouve sur le Registre de La Grange, sous les dates des 20 juillet, 3 et 17 août 1659, des sommes payées pour vieilles décorations et frais à mademoiselle Béjart et à Molière. » (Dissertation sur Molière, par M. Beffara, pag. 21.) Nous voyons ailleurs, sur le même registre, Madeleine être la caissière de Molière et toucher pour lui, en novembre et en décembre 1661, en quatre prélèvements successifs, des droits d'auteur pour les Fâcheux montant à 100 louis d'or. Le louis d'or était alors de 11 livres. En juin 1662, elle perçoit encore pour le compte de Molière, en deux fois, 19 louis, qui paraissent être applicables encore aux droits de la même pièce. Au 12 mai 1663, on voit encore Molière toucher, lui-même cette fois, 880 livres pour la même pièce, après la mesure adoptée, à partir du 26 décembre 1662, à l'occasion de la première représentation de l'Ecole des Femmes, de lui allouer deux parts pour droits d'auteur quand on donnait ses pièces, ce qui avait presque constamment lieu, et ce qui portait à cette date le nombre des parts à dix-sept.

(4) La version de l'abbé d'Olivet a été généralement adoptée. Nous devous dire que depuis qu'elle s'est accréditée on a trouvé, et nous avons pu blié les Historiettes de Tallemant des Réaux, dans lesquelles on lit cette autre origine du mot si comique d'Orgon :

« En une petite ville de quelque province de France, un homme de la cour alla voir un capucin. Les principaux le vinrent entretenir. Ils lui demandérent des nouvelles du roi, puis du cardinal de Richelieu. « Et après, dit le gardien, ne nous apprendrez-nous rien de notre bon père Joseph? — Il se » porte fort bien, il est exempt de toutes sortes d'austérités. -Le pauvre

"

» homme! disait le gardien. - Il a du crédit; les plus grands de la cour le Le pauvre homme! Il a une bonne litière quand

» visitent avec soin.

» on voyage.

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Le pauvre homme!

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Un mulet pour son lit.

Le pauvre

» homme! — Lorsqu'il y a quelque chose de bon à la table de M. le cardi»nal, il lui en envoie. - Le pauvre homme! "3 Ainsi, à chaque article, le bon gardien disait : « Le pauvre homme! » Comme si ce pauvre homme eût été bien à plaindre. C'est de ce conte-là que Molière a pris ce qu'il a mis dans son Tartuffe, où le mari, coiffé du bigot, répète plusieurs fois : Le pauvre homme! (Historiette du Père Joseph.)

"

Entre ces deux versions nos lecteurs auront à choisir. Nous ajouterons tou tefois que rien n'indique sur le registre de La Grange que Molière ait fait, à la fin de l'été de 1662, en Lorraine, le voyage pour suivre le roi, pendant lequel il aurait entendu l'exclamation de Louis XIV sur M. de Rhodez.

(5) Le comte du Broussin ne tint cette conduite que pour plaire au Commandeur. Molière ne lui en garda pas rancune; car nous le verrons, en 1664, lire chez lui une partie du Misanthrope; mais Boileau, bien qu'il fréquentát ces deux seigneurs, dit en 1673, en parlant de Molière, dans son Épitre VII : L'ignorance et l'erreur à ses naissantes pièces En habits de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d'œuvre nouveau.

.

Et seconaient la tête à l'endroit le plus beau.
Le commandeur voulait la scène plus exacte;

Le vicomte indigné sortait au second acte.

(6) « Le Portrait du Peintre ne fut pas imprimé tel qu'il avait été offert sur le théâtre. » (OEuvres de Molière avec les remarques de Bret. Paris, 1773, tom. II, pag. 576.)

Molière dit dans l'Impromptu de Versailles, en parlant de ses ennemis : « Je leur abandonne de bon cœur mes ouvrages, ma figure, mes gestes.. pour en faire tout ce qu'il leur plaira...; mais, en leur abandonnant tout cela, ils me doivent faire la grâce de me laisser le reste, et de ne point toucher à des matières de la nature de celles sur lesquelles on m'a dit qu'ils m'attaquaient dans leurs comédies; c'est de quoi je prierai civilement cet honnête monsieur qui se mêle d'écrire pour eux. »

Ces matières graves sont, selon les uns, ses principes religieux, que Boursault semblait vouloir incriminer à propos du sermon d'Arnolphe :

Votre ami, du sermon nous a fait la satire;
Et, de quelque façon que le sens en soit pris,
Pour ce que l'on respecte on n'a point de mépris.

D'autres pensent que c'était l'honneur marital de Molière, qui avait été attaqué dans un passage supprimé du Portrait du Peintre.

(7) Molière fait allusion dans les Fâcheux, acte I, scène 1, aux convulsions de civilités que les gens de cour prodiguaient aux personnes qu'ils rencontraient. Il revient encore à ce ridicule usage dans sa tirade du premier acte du Misanthrope, acte I, scène 1:

Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode

Qu'affectent la plupart de nos gens à la mode, etc.

(8) Le fait relatif au duc de La Feuillade et les habitudes de langage des personuages mis en scène se trouvent dénaturés de la façon suivante dans un manuscrit intitulé: Mélanges de M. Philibert de Lamare, conseiller au parlement de Dijon, commencés en 1673 (fonds Bouhier, XXXIV, pag. 327) : « Molière,

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