Images de page
PDF
ePub

femme de l'académicien Colletet, la célèbre Claudine (voir dans Tallemant des Réaux l'Historiette de Colletet). A croire la Fameuse comédienne, Lauzun n'était pas seul chargé de consoler mademoiselle Molière des froideurs du comte de Guiche. Elle avait encore pris, dans ce but, un lieutenant aux gardes et beaucoup d'autres jeunes gens.

(28) Il mourut le 4 novembre 1664. Sa part fut continuée à sa femme jusqu'à Pâques 1665. (Registre de La Grange.)

d'é

(29) Brécourt était entré dans la troupe en même temps que La Thorillière, en juin 1662. Ils venaient l'un et l'autre de la troupe du Marais. Leur enrôlement éleva à 15 le nombre des parts qui, jusque-là n'avait été que de 10, de 12 et de 13. (Registre de La Grange.) Brécourt se prit un jour de que relle avec un cocher sur la route de Fontainebleau, et le tua d'un coup pée. Il fut obligé de fuir en Hollande, et entra dans une troupe française que le prince d'Orange avait organisée. Il n'obtint la permission de revenir dans sa patrie qu'en prenant, pour le ministère français, le rôle d'agent de police.

En 1678, étant à la chasse du roi à Fontainebleau, il fut attaqué par un sanglier qui l'atteignit à la botte et le tint long-temps en échec. Brécourt parvint à lui enfoncer son épée dans le corps jusqu'à la garde. Le roi, qui avait été témoin de cette lutte, lui demanda s'il n'était point blessé, et lui dit qu'il n'avait jamais vu donner un si vigoureux coup d'épée.

Un contraste assez singulier qu'on n'avait point encore fait ressortir, c'est que cet infatigable duelliste composa un écrit intitulé Louange au roi sur l'édit des duels. Il est également auteur de quelques pièces de théâtre bien dignes de l'oubli où elles sont ensevelies depuis long-temps. Nous avons rapporté sa fin tragique, note 12 de ce livre, page 232. Il mourut laissant pour vingt mille francs de dettes au delà de sa succession. ( Histoire du Théâtre français, par les frères Parfait, tom. VIII, pag. 406 et suivantes; le Théatre français, par Chapuzeau, pag. 188).

(30) On lisait dans la Revue encyclopédique de mai 1827, t. xxxiv, p. 516: « Serait-il vrai qu'au 10 août les archives de la Comédie-Française eussent été dépossédées du peu de manuscrits de Molière qu'elles conservaient par un poète qui eut ensuite l'art de se parer de ces dépouilles illustres, et qui n'aurait eu le droit de se donner pour le continuateur du Misanthrope que comme les brigands qui mettent les habits de ceux qu'ils ont volés? »

Dans le numéro du mois de jum, page 814 du même volume, M. Eusèbe Salverte a réclamé contre ce qu'il y avait d'offensant et d'injuste dans cette assertion pour Fabre d'Églantine, en faisant observer que son Philinte est de plus de trois ans antérieur au 10 août 1792.

Un de nos amis nous a répété plusieurs fois qu'il tenait de Grandmesnil qu'en 1799 la Comédie-Française possédait encore quelques papiers de Mo lière, mais qu'ils devinrent la proie de l'incendie qui consuma actuellement celle de l'Odéon, le 18 mars de la même année.

sa salle,

Il ne reste aujourd'hui que des signatures de Molière, M. Guérard a trouvé à la Bibliothèque du roi une sorte de minute du dernier des pla cets mis en tête du Tartuffe. Elle a été copiée dans l'Isographie. Mais

après avoir bien examiné cette pièce, nous n'hésitons pas à dire qu'elle n'est pas de la main de Molière,

(31) Le Tartuffe fut joué entier au Rainey le 29 novembre 1664. Dans l'édition des OEuvres de Boileau de 1701, au sujet de ce vers de la satire III, Molière avec Tartuffe y doit jouer son rôle,

on lit la note suivante, qui est de Boileau lui-même : « Le Tartuffe, en ce temps-là, avait été défendu, et tout le monde voulait avoir Molière pour le lui entendre réciter, »

(32) Le Festin de Pierre composa quinze fois consécutives le spectacle à lui seul et fit faire quinze recettes très-productives. La cinquième fut de 2390 liv., chiffre qu'on n'avait jamais atteint jusque-là. Si, après ces quinze représentations, la pièce disparut de l'affiche, ce fut donc uniquement par l'influence de la cabale dévote.

(33) Dans notre première édition, nous avions, d'après quelques argu. ments assez spécieux de la Notice de M. Étienne sur le Tartuffe, penché vers l'opinion que les Observations du sieur de Rochemont pouvaient bien n'être autres que le livre, dont Molière parle dans son premier placet, composé par un curé de Paris qui se serait caché sous le voile du pseudonyme, Plus tard, en relisant attentivement les Observations, nous avons acquis la certitude qu'elles étaient postérieures au placet de Molière, car (p. 25) elles reprochent à Molière d'y avoir dit que le légat avait approuvé son Tartuffe. Enfin, depuis lors, nous avons trouvé le titre du livre du curé de Paris. (Voir précédemment page 119.)

[ocr errors]

(34) Dans un manuscrit de la Bibliothèque royale intitulé: Journal des bienfaits du Roi, on lit au tome 1, qui comprend depuis 1661 jusqu'en 1670, à la date d'août 1665 : « Le roi donne à une troupe de comédiens, dont Mo» lière était comme le chef, une pension de 7000 livres. Après avoir longtemps joué dans les provinces, ils s'étaient établis à Paris sous le titre de » Comédiens de Monsieur, et le roi leur avait donné la salle du Petit-Bour→ » bon et ensuite celle du Palais-Royal, Ils jouèrent plusieurs fois devant le roi, » et Molière fit plusieurs comédies pour les divertissements que le roi donnait » à toute la cour; et Sa Majesté en fut si contente qu'au mois d'août 1665 elle » leur donna une pension de 7000 livres avec le titre de troupe du roi, » La Grange, dans la Préface de l'édition des OEuvres de Molière de 1682, fixe également cette pension au même chiffre. Mais ce que nous ne saurions expliquer, c'est que, dans son Registre, à la date de la concession et aux époques de partage, il la présente et la fait figurer comme n'étant que de 6000 livres ; puis à Pâques 1671, il la tire hors ligne pour 7000 livres, mais sans dire en aucune façon pourquoi ce changement, et sans avoir rien mentionné qui puisse servir à l'expliquer. Outre le traitement annuel de 7000 livres accordé à la troupe de Molière, ce prince gratifiait celui-ci et ses camarades de larges et fréquentes rémunérations à l'occasion des représentations qu'ils donnaient » la cour, Le Registre de La Grange en fait connaître le nombre et l'importance, et l'on conserve en outre à la Bibliothèque royale, comme aussi M. Campenon a laissé dans sa collection d'autographes, des quittances données par Molière au trésorier de l'argenteric du roi, et à celui des Menus

Plaisirs pour sommes allouées pour habits et ajustements de la troupe à l'occasion de fêtes royales et nourriture pendant différents séjours à la cour.

(35) Cette ordonnance du roi, datée du 9 janvier 1673, « fait défense à toutes sortes de personnes, de quelque qualité, condition et profession qu'elles soient, de s'attrouper et de s'assembler au-devant et aux environs des lieux où les comédies sont récitées et représentées; d'y porter aucune arme à feu, de faire effort pour y entrer, d'y tirer l'épée et de commettre aucune violence ou d'exciter aucun tumulte, soit au dedans ou au dehors, à peine de la vie, et d'être procédé extraordinairement contre eux comme perturbateurs de la sûreté et de la tranquillité publiques. » (Le Théâtre-Français par Chapu zeau, pag. 253 et suiv.)

Hubert, qui, dans la scène d'épouvante racontée par Grimarest, joue un rôle si burlesque, était entré dans la troupe à Pâques 1664, à la place de Brécourt. Il venait du théâtre du Marais. Sa femme pouvait être en ce moment dans la salle auprès de son mari, mais elle ne faisait point partie de la troupe.

(36) On avait jusqu'ici toujours fixé la représentation de l'Amour médecin à la cour au 16. Le Journal des bienfaits du roi, manuscrit de la Bibliothèque du roi, que nous avons déjà eu occasion de citer, lui donne positivement (t. 1, 1661-70, septembre 1665) la date du 15. Le Registre manuscrit de La Grange montre également qu'elle est antérieure au 16.— L'immense perruque des médecins résista aux traits de Molière, et la génération qui nous a précédés a vu ce ridicule usage dans toute son exigence. Dans son Éloge his torique de Corvisart, M. Cuvier, après avoir parlé des brillants débuts de ce savant médecin, ajoute : « Rien ne lui manquait plus, si ce n'est d'être lui-même à la tête d'un hôpital où il pût suivre en liberté les vues que son expérience naissante lui suggérait : les premiers maîtres de l'art l'en jugeaient digne ; il se croyait lui-même au moment d'atteindre cet objet de ces vœux, lorsqu'une cause, la plus légère du monde, le repoussa pour plusieurs années. Les habitudes et l'extérieur des médecins n'étaient guère moins antiques que le régime de la Faculté. Si Molière leur avait fait quitter la robe et le bonnet pointu, ils avaient au moins gardé la perruque à marteau que personne ne portait plus, et c'était dès leur entrée en fonctions qu'ils devaient s'en affubler. On assure que M. Corvisart et M. Hallé ont été les premiers à donner le scandale de ne la point prendre, et que cette légèreté, comme on l'appelait, leur nuisit beaucoup. Ce qui est certain, c'est que, dans l'occasion dont nous parlons, elle fut cause du désappointement de M. Corvisart, et cela de la part de la personne dont il aurait dû le moins s'y attendre. Une dame célèbre, dont le mari a été la cause, au moins occasionnelle, des plus grandes innovations qui aient eu lieu en France depuis l'établissement de la monarchie, venait de fonder un hôpital, et M. Corvisart souhaitait ardemment d'en être chargé; mais il se présenta en cheveux naturels, et cette innovation-là, elle n'osa prendre sur elle de la favoriser, Dès le premier mot elle lui déclara que son hôpital n'aurait jamais un médecin sans perruque, et que c'était à lui d'opter entre cette coiffure ou son exclusion. Il aima mieux garder ses cheveux,»

I Madame Necker.

(Recueil des Éloges historiques lus dans les séances publiques de l'Institut royal de France par M. le baron Cuvier, t. 1, p. 365.)

(37) Ce second enfant était une fille qui survécut à son père, et dont nous aurons occasion de parler plus tard, Elle fut nommée Esprit Madeleine; elle eut pour parrain le comte Esprit de Modène, et pour marraine Madeleine Béjart, sa tante. (Dissertation sur Molière, par M. Beffara, p. 15.)

(38) La maison qu'occupait Molière Auteuil était à l'entrée du village, du côté de la rivière. Elle a été détruite, et le terrain qu'elle occupait fait partie maintenant de la propriété de M. le duc de Praslin, (OEuvres de Molière, édition de M. Auger, tom. 1, pag. 132.)

(39) L'abbé Le Vayer, fils de La Mothe-le-Vayer, fut enlevé en septembre 1664, à l'âge de 35 ans environ, à sa famille et à ses amis. « Il avait, dit un commentateur de Boileau, un attachement singulier pour Molière, dont il était le partisan et l'admirateur. » Molière, à l'occasion de sa mort, adressa à son père un sonnet imprimé pour la première fois dans l'édition des OEuvres de Molière donnée par M. Auger, tom. 1x, pag. 503. Boileau lui avait dédié sa quatrième satire.

(40) On lit dans les Mémoires de L. Racine sur son père (Lausanne, 1747, pag. 32) que, lors de son premier ouvrage, il fut pris en amitié par Chapelain, qui lui offrit ses avis et ses services, et, non content de les lui offrir, parla de lui et de son ode si avantageusement à M. de Colbert que ce ministre lui envoya cent louis, et peu après le fit mettre sur l'État pour une pension de six cents livres en qualité d'homme de lettres.

On ne peut justifier Racine en disant qu'il n'attaquait Chapelain que comme auteur, car, outre que de semblables distinctions ne sont pas d'un cœur reconnaissant, personne d'ailleurs n'était plus que lui sensible à la critique; on sait qu'il pardonna difficilement à Chapelle, qu'il sollicitait de se prononcer sur sa Bérénice, de lui avoir répondu en riant: Marion pleure, Marion crie, Marion veut qu'on la marie; et la rime indécente qu'Arlequin mettait à la suite de la reine Bérénice le chagrinait au pomt de lui faire oublier le concours du public à sa pièce, les larmes et les éloges de la cour, » (Mémoires sur Jean Racine, Lausanne, 1747, pag. 90.)

(41) Grimarest rapporte l'anecdote suivante : « En revenant d'Auteuil, à son ordinaire, bien rempli de vin, car il ne voyageait jamais à jeun, il eut querelle au milieu de la petite prairie d'Auteuil avec un valet nommé Godemer, qui le servait depuis plus de trente ans. Ce vieux domestique avait l'honneur d'être toujours dans le carrosse de son maître. Il prit fantaisie à Chapelle, en descendant d'Auteuil, de lui faire perdre cette prérogative, et de le faire monter derrière son carrosse. Godemer, accoutumé aux caprices que le vin causait à son maître, ne se mit pas beaucoup en peine d'exécuter ses ordres. Celui-ci se met en colère, l'autre se moque de lui. Ils se gourment dans le carrosse le cocher descend de son siége pour aller les séparer. Godemer en profite pour se jeter hors du carrosse; mais Chapelle irrité le poursuit et le prend au collet; le valet se défend, et le cocher ne pouvait les séparer. Heureusement Molière et Baron, qui étaient à leurs fenêtres, aperçurent les combattants. Ils crurent que les domestiques de Chapelle l'assommaient, ils

accoururent au plus vite, Baron, comme le plus ingambe, arriva le premier et fit cesser les coups, Mais il failut Molière pour terminer le différend, « Ah! Molière, disait Chapelle, puisque vous voilà, jugez si j'ai tort. Ce coquin de Godemer s'est lancé dans mon carrosse, comme si c'était à un valet de figurer avec moi. Vous ne savez ce que vous dites, répondit Godemer; monsieur sait que je suis en possession du devant de votre carrosse depuis plus de trente ans, pourquoi voulez-vous me l'ôter aujourd'hui sans raison? — Vous êtes un insolent qui perdez le respect, répliqua Chapelle; si j'ai voulu vous permettre de monter dans mon carrosse, je ne le veux plus; je suis le maître, et vous irez derrière ou à pied. — Y a-t-il de la justice à cela? dit Godemer; me faire aller à pied présentement que je suis vieux et que je vous ai si bien servi pendant si long-temps! Il fallait m'y faire aller pendant que j'étais jeune, j'avais des jambes alors; mais à présent je ne puis plus marcher. En un mot comme en cent, ajouta ce valet, vous m'avez accoutumé au carrosse, je ne puis plus m'en passer, et je serais déshonoré si l'on me voyait aujourd'hui derrière. Jugez-nous, Molière, je vous en prie, dit M. Chapelle, j'en passerai par tout ce que vous voudrez. Eh bien! puisque vous vous en rapportez à moi, dit Molière, je vais tâcher de mettre d'accord deux si honnêtes gens. Vous avez tort, dit-il à Godemer, de perdre le respect envers votre maître, qui peut vous faire aller comme il voudra. Il ne faut pas abuser de sa bonté ainsi je vous condamne à monter derrière son carrosse jusqu'au bout de la prairie, et là vous lui demanderez fort honnêtement la permission d'y rentrer je suis sûr qu'il vous la donnera. Parbleu! s'écria Chapelle, voilà un jugement qui vous fera honneur dans le monde. Tenez, Molière, vous n'avez jamais donné une marque d'esprit si brillante. Oh! bien, ajouta-t-il, je fais grâce entière à ce maraud-là en faveur de l'équité avec laquelle vous venez de nous juger. Ma foi, monsieur, dit-il encore, je yous suis obligé, car cette affaire-là m'embarrassait; elle avait sa difficulté, Adieu, mon cher ami, tu juges mieux qu'homme de France. »

(42) Bret, dans son Supplément à la Vie de Molière (t. I, p. 78 de l'édition de 1773), dit qu'en 1667 Lulli eut à soutenir une affaire horrible et criminelle contre l'intendant-général des bâtiments de S. A. Monsieur. Nous ignorons de quelle affaire Bret voulait parler; mais nous étions porté à croire que, quelle qu'elle fût, elle n'était ni horrible ni criminelle, puisque le 9 septembre de l'année suivante, le roi et la reine lui avaient fait l'honneur de tenir son fils sur les fonts de baptême (Dissertation sur Molière, par M. Beffara, p. 15), et que Louis XIV déplora sa perte en disant qu'il avait perdu deux hommes qu'il ne recouvrerait jamais, Molière et Lulli. (Addition à la Vie de Molière, par Grimarest, p. 62.) Nous ne nous étions pas trompé. Nous nous sommes assuré que ce procès ne pouvait être honteux ou horrible que pour son adversaire. Voici ce qu'on lit dans l'Histoire du théâtre de l'Acadé mie royale de musique en France, 2e édition, 1re partie, pag. 46 et 47: Lulli eut un grand procès en 1675 contre Henri Guichard, intendant des bâtiments de S. A. R. MONSIEUR, frère unique du roi Louis XIV. Il eut avis que Guichard, qui avait fait les premiers établissements de l'Opéra, jaloux des grands avantages que Lulli retirait du privilége que le roi lui avait accordé, avait formé le dessein de l'empoisonner dans du tabac préparé à cet effet. Lulli en porta sa plainte au roi, qui voulut bien prendre connaissance

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »