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ATHALIE,

TRAGÉDIE TIRÉE DE L'ÉCRITURE SAINTE,

PAR J. RACINE

ANNOTÉE

PAR L. F. CHAUMONT, B.A.

MAÎTRE DE LANGUE FRANÇAISE.

BOD

ÉDIMBOURG: SETON ET MACKENZIE.

LONDRES: WHITTAKER ET CIR.

MDCCCLVIII.

285.0.87.

COMPOSÉE EN 1690.

ÂGE DE RACINE, 51 ANS.

La Tragédie d'Athalie fut composée pour la maison de Saint-Cyr, mais n'y put être représentée. Elle parut pour la première fois sur le Théâtre Français, en 1716, dix-sept ans après la mort de Racine.

BODLE

NUSTIO

ÉDIMBOURG: T. CONSTABLE, IMPRIMEUR ROYAL.

EXPOSITION DU SUJET D'ATHALIE.

APRÈS la mort d'Ochosias, sixième roi de Juda, Athalie sa mère ordonna de massacrer les enfants de ce prince, s'empara du trône, et établit dans Jérusalem le culte de Baal. Mais Josabeth, sœur d'Ochosias et femme du grand-prêtre Joad, sauva du massacre Joas, le dernier fils du roi, à peine âgé d'un an. Elle l'a élevé secrètement, sous le nom d'Éliacin, dans l'intérieur du temple de Jérusalem. Ce jeune prince n'a encore que huit ans, lorsque Joad entreprend de le remettre sur le trône. Deux motifs l'engagent à ne pas attendre davantage pour tenter cette révolution : 1. Les discours des impies, qui accusent d'erreur les promesses de Dieu, parce qu'une prophétie avait annoncé qu'un roi puissant, qui ferait cesser partout la discorde et la guerre, règnerait sur Juda; 2. L'intention formelle manifestée par Athalie de substituer le culte de Baal à celui du vrai Dieu, dans le temple de Jérusalem. Afin de mieux faire éclater la puissance de Dieu, Joad ne veut employer pour cette grande entreprise que ses prêtres et ses Lévites, dont il s'est borné à doubler le nombre. Il leur fait, par avance, jurer fidélité au roi successeur de David, qu'il leur montrera quand il en sera temps. Abner, l'un des principaux officiers des rois de Juda, est au nombre

des soutiens de cette sainte conjuration, qui doit éclater ce jour même, fête de la Pentecôte.

Cependant Athalie, effrayée par un songe dans lequel elle a vu un jeune enfant qui lui perçait le sein d'un poignard, est sortie pour aller prier Baal. Une crainte superstitieuse la pousse dans le temple du Dieu des Juifs, qu'elle veut apaiser. A peine entrée, elle reconnaît parmi les Lévites le jeune enfant qu'elle a vu en songe. Elle veut s'approcher; mais les prêtres la forcent à sortir du temple, qu'elle souille par sa présence, et dont l'entrée est d'ailleurs interdite aux femmes. Alors elle se rend dans le vestibule de l'appartement du grand-prêtre, et là ordonne qu'on lui amène l'enfant qu'elle vient de voir, et qui n'est autre que Joas sous le nom d'Éliacin. Elle l'interroge, cherche à pénétrer le mystère de sa naissance, et reconnaissant dans toutes ses réponses la haine du culte de Baal et une aversion profonde pour elle-même, elle sort furieuse contre Joad et Josabeth, qui ont assisté à cet entretien.

Athalie ne tarde pas à manifester sa colère: elle envoie demander qu'on lui livre Éliacin. Joad refuse, et cette tentative lui fait hâter l'heure de l'exécution de son grand dessein. Joas avait jusqu'alors ignoré le secret de sa naissance; il le lui révèle, assemble les prêtres et les Lévites, et leur présente le jeune prince comme le descendant de David qu'il leur avait promis. Mais, au même instant, on apprend qu'Abner est arrêté et que l'armée d'Athalie cerne le temple. Joad, ferme au milieu du danger, se prépare à soutenir l'assaut, lorsqu'Abner survient. Il est envoyé par Athalie pour proposer la paix, à condition qu'on lui

livrera Éliacin et un trésor que l'on dit gardé dans le temple. Joad refuse d'abord; mais cédant aux observations d'Abner, il feint de se rendre ; il remettra le trésor, si Athalie, avec quelques officiers seulement, veut le venir prendre elle-même; quant à l'enfant, il expliquera devant elle le mystère de sa naissance. Pendant qu'Abner va porter cette réponse à la reine, Joad arrête ses dernières dispositions, et fait cacher les prêtres et les Lévites. Athalie arrive sans crainte, et lorsqu'elle demande l'enfant et le trésor qu'on lui a promis, le grand-prêtre fait tirer un rideau, lui montre Joas assis sur son trône, et le proclame roi de Juda. Athalie, furieuse, ordonne à ses officiers de se jeter sur le jeune prince. Joad appelle les Lévites à la défense de leur roi; alors Athalie menace de son armée. Au même instant, elle apprend que Joas est proclamé par tout Jérusalem, que son armée a pris la fuite, que le peuple a brisé les portes du temple de Baal et mis son prêtre à mort. Athalie éclate alors en imprécations. Quand elle se retire, Joad ordonne la vengeance. Entraînée hors du parvis du temple, cette reine impie périt par le glaive des Lévites, et Jérusalem se réjouit d'être délivrée de son joug.

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