MATHAN. Le ciel nous le fait voir1 un poignard à la main: ABNER. Mais, sur la foi d'un songe, Dans le sang d'un enfant voulez-vous qu'on se plonge? Vous ne savez encor de quel père il est né, Quel il est. MATHAN. On le craint; tout est examiné. ABNER. Hé quoi, Mathan! d'un prêtre est-ce là le langage? Vous m'avez commandé de vous parler sans feinte, Madame: quel est donc ce grand sujet de crainte ? 1 Nous le fait voir-Shows him to us. 2 Dans ces deux vers, d'ailleurs très-beaux, son sort et le sort ont paru trop près l'un de l'autre; le premier étant pris pour l'état, et le second pour la destinée.-ACADÉMIE. 3 Des entrailles-Affection. Un songe, un faible enfant, que votre œil prévenu ATHALIE. Je le veux1 croire, Abner, je puis m'être trompée : Hé bien, il faut revoir cet enfant de plus près; Qu'on les fasse tous deux paraître en ma présence. ABNER. Je crains... ATHALIE. Manquerait-on 2 pour moi de complaisance ? De ce refus bizarre où seraient les raisons? Je sais sur ma conduite et contre ma puissance SCÈNE VI. ATHALIE, MATHAN, SUITE D'ATHALIE. MATHAN. Enfin je puis parler en liberté ; Je puis dans tout son jour mettre la vérité. 1 Je veux-I am ready. Je puis-I may. 2 Manquerait-on-Would they fail. 3 Je veux bien-I condescend. Quelque monstre naissant dans ce temple s'élève,1 ATHALIE. Oui, vous m'ouvrez les yeux : Je commence à voir clair dans cet avis des cieux. Mais je veux de mon doute être débarrassée : Un enfant est peu propre à trahir sa pensée ;3 Souvent d'un grand dessein un mot nous fait juger. Laissez-moi, cher Mathan, le voir, l'interroger. Vous cependant, allez; et, sans jeter d'alarmes, A tous mes Tyriens faites prendre les armes. SCÈNE VII. JOAS, JOSABET, ATHALIE, ZACHARIE, ABNER, JOSABET, aux deux Lévites. O vous, sur ces enfants si chers, si précieux, ABNER, à Josabet. 4 Princesse, assurez-vous, je les prends sous ma garde. 1 Quelque monstre naissant s'élève-some new criminal attempt is plotting. 2 A devancé le jour-was before day-light. 3 Un enfant est peu propre à trahir sa pensée-seldom is a child inclined to speak against his own mind. In connexion with these two lines in the next scene: "Cet âge est innocent: son ingénuité 4 On ne dit point assurez-vous pour rassurez-vous.-ACADÉMIE. ATHALIE. Oh ciel! plus j'examine, et plus je le regarde ... C'est lui! D'horreur encor tous mes sens sont saisis (montrant Joas.) Épouse de Joad, est-ce là votre fils? Pourquoi vous pressez-vous de répondre pour lui? C'est à lui de parler. JOSABET. Dans un âge si tendre Quel éclaircissement en pouvez-vous attendre ? ATHALIE. Cet âge est innocent: son ingénuité N'altère point encor la simple vérité. Laissez-le s'expliquer sur tout ce qui le touche. JOSABET, à part. Daigne mettre, grand Dieu, ta sagesse en sa bouche ! Je suis, dit-on, un orphelin Entre les bras de Dieu jeté dès ma naissance, ATHALIE. Vous êtes sans parents? JOAS. Ils m'ont abandonné. ATHALIE. Comment? et depuis quand ? 2 JOAS. Depuis que je suis né. ATHALIE. Ne sait-on pas au moins quel pays est le vôtre ? JOAS. Ce temple est mon pays: je n'en connais point d'autre. ATHALIE. Où dit-on que le sort vous a fait rencontrer ? JOAS. Parmi des loups cruels prêts à me dévorer. 1 En prose, mon nom est Eliacin 2 Depuis quand - How long? |